Psycho-pass

De quelle couleur est votre Psycho-pass ?

Il est temps de s’attaquer à un anime qui a su faire parler de lui. Je parle évidemment de Psycho-pass, un titre qui a donné ses lettres de noblesse au genre policier. Mais pourquoi cet anime mêlant thriller et science-fiction a réussi à s’élever parmi tous ses concurrents ? Il est temps de répondre à cela. Sortez vos dominateurs, on part à la chasse aux criminels !

Le futur s’appelle Sybil

Afin d’appréhender au mieux l’univers complexe de Psycho-pass, il est nécessaire d’expliquer les fondements du récit. Nous sommes propulsés au début de l’ère 2112 au Japon. La technologie a fait un pas considérable dans la vie de chacun. La plus grande avancée est le système Sybil. Ce dernier est présent partout et assiste les gens pour qu’il réussisse au mieux leur vie. Cette nouvelle façon d’exister n’est pas sans conséquence. Implanté dans chaque citoyen, un dispositif relié au système permet de mesurer l’état mental de n’importe qui. Il est donc ainsi possible de prévoir à l’avance les gens susceptibles de commettre des crimes grâce au Psycho-pass. Il s’agit d’un “coefficient de criminalité” qui, s’il est trop élevé, prévient la police qu’il faut arrêter l’individu.

On suit l’histoire de Akane Tsunemori, nouvelle recrue talentueuse, au sein de la division des enquêtes criminelles du bureau de la sécurité publique. Son calme absolu et son score très élevé en font la parfaite candidate pour ce poste. Elle prend le rôle de jeune inspecteur au sein de l’unité 1. Sa vie va cependant basculer au contact de ses coéquipiers que sont les Exécuteurs. Le système est-il vraiment un bienfait pour l’humanité ou une machination privant de liberté tous les concitoyens ? Cette question va hanter l’esprit de Tsunemori notamment à cause de son partenaire Shinya Kōgami et des criminels qu’ils poursuivent. Pour elle qui ne se posait pas de question quant à son avenir va finir par douter de ce destin qui lui est offert.

On sent tout au long des épisodes une très forte inspiration provenant de nombreuses autres oeuvres. Elle arrive à tirer le meilleur parti de chaque élément pour proposer un scénario sombre et palpitant. C’est un monde froid et obscur qui nous est dépeint.

Une triste utopie

Le décor de fond de cet anime nous montre une ville sombre et effrayante. Les bienfaits apportés par le système ont beau donner un semblant de sécurité, elle divise les gens. Les bas-fonds sont devenus le lieu de prédilection des gens voyant leur Psycho-pass augmenté. Tandis que les gens normaux suivent aveuglément les ordres qui leur sont donnés, les autres craignent de mourir face à la police. Derrière l’utopie qu’apporte Sybil se cache une triste réalité. Toute notion de libre arbitre disparaît pour ne laisser place qu’à une population obéissant aveuglément pour espérer trouver le bonheur. C’est une civilisation qui, même si elle semble heureuse, a perdu le fondement de ce qui fait la base d’une communauté. La liberté n’existe plus dans ce monde régit par un système informatique omniprésent et omnipotent.

On comprend vite que l’on est face à un univers très proche du roman “1984”. La notion de big brother prend tout son sens dans cet anime qui nous montre une société sous contrôle permanent. S’inspirant aussi d’autres oeuvres tels que Minority Report, on est face à un sujet souvent abordé. Est-ce que c’est vivre que de suivre imprudemment une soit-disant force supérieure ? Psycho-pass nous plonge dans un monde qui pourrait être le nôtre. Tout l’aspect science-fiction du titre ne sert qu’à appuyer davantage ce monde plus robotique qu’humain. Les gens sont des automates programmés pour faire ce qu’on leur dit de faire et c’est cette compréhension de la situation qui va travailler l’esprit de notre inspectrice. Comment faire face à un système qui apporte un bonheur éphémère à une multitude de gens ?

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Une ville qui cache un lourd secret

A cela s’ajoute la crainte reposant sur chacun. Le psycho-pass est une bombe à retardement pouvant se déclencher à tout instant et chez n’importe qui. Le moindre sentiment peut faire basculer la vie d’un homme à jamais.

La menace du Psycho-pass

L’omniprésence du système Sybil est une épée de Damoclès au-dessus de chaque personne. La menace du Psycho-pass est perpétuelle et force les gens à vivre selon un schéma précis. Ce n’est pas de la bienveillance qu’apporte Sybil mais une peur constante de voir son coefficient évolué. Il suffit d’être emporté quelques instants par un flot d’émotions pour que celui-ci grimpe en flèche. On se pose tout un tas de questions avec ce système. Est-ce qu’il est vraiment possible d’arrêter une personne qui n’a encore commis aucun crime ? La peur du système ne joue-t-elle pas sur l’état mental de chacun ? Est-ce qu’une personne sujette à une colère passagère est un criminel notoire ? Tant d’interrogations qui nous font craindre un univers où tout est observé.

Le risque n’est pas seulement de se faire arrêter par la police. Si le Psycho-pass est trop élevé il est fort possible qu’un individu tout à fait normal se fasse abattre sur-le-champ. On est face à l’extrême de la justice aveugle et impartiale. Il n’y a plus de procès ni de vraies enquêtes pour savoir si une personne est suspecte ou non. C’est son coefficient qui règle tout. Cela a beau apporter un semblant de tranquillité à la ville, celle-ci n’est que factice. C’est une société basée sur la crainte et la peur qu’installe le système Sybil. Toute cette pression est ressentie pour le spectateur dès le premier épisode et ceci jusqu’à la conclusion finale.

Le très bon exemple de cette situation est celle des Exécuteurs. Ces hommes sous les ordres des inspecteurs cachent un lourd secret. Ils sont les bourreaux prêts à faire le sale boulot quand la justice décide de la vie d’un homme. Ils sont les limiers des forces de l’ordre dans la poursuite des criminels.

Les chiens de la police

Il faut savoir que les Exécuteurs ne sont nullement au même niveau que celui des inspecteurs. Ce sont des hommes et femmes dont le Psycho-pass est devenu trop élevé. Au lieu de mourir, une nouvelle voie s’est offerte à eux. Ils deviennent les subordonnés des inspecteurs et sont en charge de traquer et éliminer tous les gens comme eux. On les appelle couramment les chiens des forces de l’ordre. Le principal objectif des inspecteurs est de réguler ces derniers afin qu’ils agissent dans les limites qui leur sont imposés. Si les ordres ne sont pas respectés la sentence tombe immédiatement. Equipés d’armes appelées les dominateurs, permettant de voir le Psycho-pass des gens, ils font la chasse aux potentiels criminels. La vision qu’ont ces hommes de Sybil est en totale opposition avec celle de la majorité des gens.

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Une équipe de police haut en couleur

Le principal représentant des Exécuteurs est Shinya Kōgami. Possédant un passé très particulier, son psycho-pass est devenu critique suite à de tragiques évènements. Se retrouvant sous les ordres de Tsunemori, il est celui qui va changer en grande partie sa vision du monde. Malgré la hiérarchie de base, cette dernière va être inversée, Kōgami devenant presque un mentor pour la jeune inspectrice. Il lui montre comment faisait la police avant l’arrivée de Sybil, lui apprenant tout ce qu’elle doit savoir en terme d’investigations. C’est à travers cet apprentissage et ses relations avec son nouveau mentor qui vont lui faire voir le monde sous un angle différent. Mais malgré cela, les Exécuteurs restent des criminels en sommeil qui seraient prêts à succomber à leurs pulsions. Il reste malgré tout des humains dont le système les a privés de tout leur droit. Ils n’ont plus qu’un but dans la vie et même si certains acceptent leur destin la majorité ne croit pas en l’utopie actuelle.

Pour appuyer son discours, le réalisateur Naoyoshi Shiotani à mis en place toute une dualité dans les divers protagonistes. Certains représentant l’extrême opposé des autres, c’est le choc de leurs convictions qui va provoquer le déclin ou l’essor de Sybil.

Une dualité

Tout au long des épisodes on voit des rivalités et des oppositions se former. Cela peut être aussi bien avec l’antagoniste principal du titre qu’entre les membres de l’unité 1. La première repose entre Nobuchika Ginoza, inspecteur vétéran, et Tsunemori la jeune recrue. Les différences qui les opposent viennent autant de l’expérience qui les sépare que de leur conviction. Pour Ginoza, le système Sybil est infaillible et doit être suivi à la règle. Contrairement à lui, Tsunemori ouvre son esprit et finit par se demander si cette technologie n’a pas trop de pouvoirs. C’est le face à face entre l’esprit rigide et la remise en cause de toute une méthode de vie. Ce duel nous montre à quel point Sybil arrive à imposer sa volonté alors qu’il est censé être l’outil de l’homme.

L’autre grande rivalité vient de l’antagoniste du scénario, Shōgo Makishima et de Kōgami. Ce méchant cherche à montrer le vrai visage de Sybil de par l’anomalie dont il fait preuve. Il n’hésite pas à tuer et à manipuler sans vergogne les gens qui l’entourent. L’écriture de ce dernier est tout bonnement bluffante. L’étiquette de méchant qu’on lui colle vient surtout de ses actes mais son souhait est de rendre à l’homme son libre arbitre. Kōgami comprend le souhait de son ennemi et en réalité ces deux hommes ne sont pas si différents. Malgré tout, la justice qui gouverne le cœur de notre Exécuteur le pousse à se tenir devant lui. Cependant, il sait qu’il est impossible de l’arrêter en suivant le système. Il est donc prêt à basculer à la limite de la justice pour coincer cet homme. De par ses actes, Makishima arrive à son tour à faire ouvrir les yeux à notre héros. Il lui rend sa liberté d’une manière subtile et finement orchestrée.

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Une rivalité inoubliable

Psycho-pass nous envoûte à travers ses enquêtes palpitantes. Pourtant, sa force réside aussi dans la façon dont est exprimé son message. On ressort de ce voyage avec une réflexion sur notre propre réalité et c’est ce qui fait qu’un manga ou anime transcende tous les autres.

Réflexion technologique et humaine

Comme démontré auparavant, une grande partie du récit est là pour véhiculer un message. Dans un monde où la technologie ne cesse d’évoluer ne peut-elle pas devenir une menace pour l’humanité. Les outils créés par l’homme peuvent-ils échapper à tout contrôle et inverser les rôles, c’est l’une des grandes réflexions de cet anime. Un pays dirigé par un système informatique déshumanise une population entière. Il faut suivre la voie que l’on nous trace sans pouvoir la choisir sous prétexte que c’est la meilleure pour nous. La notion même de réflexion et de choix disparaît pour laisser place à une foule de moutons suivant les instructions. C’est en réalité une société dénuée du moindre intérêt où les êtres humains laissent place à des automates. Les désirs, les émotions et les rêves ne font plus partie du quotidien de ces habitants.

Le véritable ennemi de cette histoire est le système Sybil ainsi que les Psycho-pass. Sous prétexte qu’il y ait eu une faiblesse mentale à un quelconque moment, il serait possible de commettre un crime. C’est au final la peur de nous-même qui régit la vie de chacun. Les joies du quotidien laissent place à un long couloir monotone dont la conclusion n’est pas forcément le bonheur. Les hommes de cet anime perdent le simple fait de penser par eux-mêmes, laissant juge le système pour toute leur décision. Outre le combat contre le crime, c’est un affrontement pour la liberté qui s’offre au spectateur. Il est presque impossible de ressortir de ce visionnage sans se poser la moindre question.

L’histoire qui nous est comptée est un pur seinen noir. Il n’est pas à mettre entre toutes les mains, que ce soit pour ces scènes assez violentes mais surtout pour l’intensité apportée au sujet traité. Il est clair que cet anime mérite amplement sa place parmi votre bibliothèque de séries.

Le destin des dominateurs

La puissance du récit saura combler autant les amateurs de bonnes enquêtes policières que ceux cherchant les oeuvres provoquant une réinterprétation de notre monde. Ses personnages soignés, son scénario sombre et haletant ainsi que l’univers dans lequel on se retrouve plongé est tout simplement fantastique. Un grand voyage bien différent de tout ce que l’on peut voir dans la japanimation. C’est ce genre d’anime qui montre l’intensité dont sont capables les dessins animés japonais. Esprit Otaku vous conseille fortement de plonger au coeur du système Sybil !

Cette analyse se concentre autour de la première saison. Une seconde partie est aussi sortie et même si elle a moins fait l’unanimité elle apporte son lot de surprises. Elle fera l’objet d’un prochain article tout comme l’OAV se situant après les deux saisons qui renoue avec l’esprit des premiers épisodes. En tout cas j’espère que cet article vous aura donné envie de découvrir Psycho-pass, une oeuvre magistrale qui vaut le coup d’oeil 🙂 !

N’hésitez pas à laisser en commentaires votre opinion sur la série ainsi que votre ressenti concernant le message du titre !

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