Street Fighting Cat T1 & 2 : la guerre féline est déclarée
Il n’est pas rare, dans le monde otaku, de voir émerger des titres aussi atypiques que singuliers. Celui dont je vais vous parler aujourd’hui fait clairement partie de cette catégorie. Il s’agit de Street Fighting Cat, édité chez Doki-Doki, qui a fait son entrée avec ses deux premiers tomes. On part ici d’une question simple, que font nos amis les chats, une fois que la nuit tombe ? La réponse que nous offre l’auteur est tout bonnement hilarante et invraisemblable. Il est grand temps de plonger au cœur d’un récit où les guerres de territoires sont le quotidien de nos chers félins. Préparez-vous à sortir les griffes et à vendre chèrement votre peau !
La dure vie d’un chat de gouttière
Street Fighting Cat, imaginé et dessiné par SP Nakatema, nous plonge dans la vie cachée des chats. Lorsque les humains s’endorment, ces mignonnes petites créatures envahissent les rues désertes. C’est à cet instant qu’elles laissent place à leurs bestialités primitives et se font la guerre. Les chats de gouttière luttent sans cesse pour conserver et agrandir leur territoire. Ce monde obscur et violent est régi par la loi du plus fort et seuls les plus grands clans arrivent à se hisser au sommet. C’est dans cet univers sans foi ni loi que l’on retrouve Hige, l’un des deux protagonistes de l’histoire. Ce chat avait fait la promesse avec un de ses amis d’atteindre la première place de la hiérarchie féline. Cependant, Hige n’est pas ce que l’on peut appeler un chat courageux.
Suite à un acte déshonorant, celui-ci est condamné à servir de sous-fifres et de punching-ball aux autres chats. Adepte de la fuite et des coups bas, il s’était fait une raison à sa position. Se satisfaisant de quelques miettes et acceptant avec dépit sa déchéance, il ne pouvait espérer sortir de cette situation sans se battre. Malheureusement, sa lâcheté était toujours là pour le rattraper et son destin n’était pas prêt de changer. Cependant, une rencontre va bouleverser sa vie. Acculé et sur le point d’être tabassé par ses tortionnaires, une ombre gigantesque vint se dresser entre eux et leur proie. Son sauveur fut Nobunaga, un ancien chat domestique à la carrure imposante. Mettant chacun de ses adversaires au tapis avec une facilité déconcertante, Hige restait subjugué par sa force. Il avait enfin trouvé le moyen de changer son destin et allait s’accrocher de toutes ses forces à ce nouveau venu. La guerre des territoires allait bientôt atteindre un nouveau cap !
Là où Street Fighting Cat fait fort, outre son synopsis délirant, c’est dans la construction de son univers. Le mangaka fait un travail remarquable pour donner vie à une société féline particulièrement dangereuse et violente.
Une histoire de conquête
Ce qui est frappant dès que l’on débute le premier tome est la richesse donnée à l’univers qui nous est dépeint. L’auteur a réussi à prendre un détail de la vie d’un chat, qui peut nous sembler anodin, et à créer toute une société autour de cela. La guerre des territoires est régie par des règles précises qui permet une certaine stabilité à ce conflit éternel. Il existe aussi une multitude de clans avec des membres aussi charismatiques qu’étranges. Je l’avoue, je ne m’attendais pas à une histoire aussi riche et fourmillant autant de petits détails pour rendre le tout vivant. Cela surprend le lecteur, mais pose aussi un petit souci au niveau de la lecture. En effet, il arrive parfois que l’on tombe sur des pages regorgeant de nombreux textes et dialogues. Cela alourdit un tant soit peu la lecture même si la raison de ce choix est compréhensible.
Cependant, une fois que l’on a passé cela, on comprend tous les enjeux qui se cache derrière ces luttes félines. Seuls les plus forts peuvent avoir le droit de garder les quartiers où la nourriture est divine. Les autres sont obligés de se contenter de ce qu’il trouve en rêvant de pouvoir goûter un jour à ces mets somptueux. De plus, la vie d’un chat de gouttière est loin d’être facile. Le monde de Street Figthing Cat ne laisse pas de place aux faibles et aux peureux. On arrive à ressentir une certaine pitié et tendresse envers ces chats qui se battent pour être reconnus. Au final, on oublie même par moment le côté félin pour observer une œuvre qui nous conte une pure guerre de gangs. À cela s’ajoute aussi l’importance des noms des deux héros. Hige devenant Hideyoshi, le fait de le voir suivre Nobunaga nous évoque fatalement les deux figures historiques auxquels ils correspondent.
Après avoir lu ces deux tomes, on se rend compte de quelque chose. Street Fighting Cat n’est pas qu’une œuvre humoristique. Le contexte a beau être propice aux situations loufoques, ce shônen possède un fond bien plus sérieux qu’on pourrait le penser.
Au delà de l’humour
Si Street Fighting Cat propose son lot de réactions et moments hilarants, on comprend vite que cela va bien plus loin. Ce shônen propose un message “classique” mais qui marche à la perfection. Il cherche à nous faire comprendre que, malgré les difficultés il faut toujours aller de l’avant. Avoir le courage de faire face aux situations dangereuses est le seul moyen de prendre son destin en main. Cela est parfaitement retranscrit dans le récit à travers ses deux protagonistes et notamment Hige. Ce dernier a passé sa vie à fuir les problèmes et à se cacher du danger. D’ailleurs, il s’était résigné à sa vie de dernier et était persuadé que rien ne pouvait y changer. Sa vision du monde va totalement changer lorsqu’il verra Nobunaga en action.
Celui-ci n’a pas peur de se salir les mains. Il est prêt à tout pour obtenir ce qu’il souhaite même s’il doit prendre des coups. Il se refuse à utiliser des coups bas pour être victorieux et fait preuve d’une certaine prestance. Si Hige voit en ce dernier un moyen de grimper les échelons, cela évolue avec le temps. De simple outil et garde du corps, Nobunaga va devenir un ami mais surtout un modèle pour le chat peureux qu’il est. Street Fighting Cat, derrière son aspect comique, nous conte l’évolution d’un personnage. Cela est organisé de façon réfléchi et apporte une vraie valeur au récit qui prend un peu plus d’ampleur à chaque chapitre. Le mangaka arrive parfaitement à jongler entre ces deux facettes de son histoire. Un savant mélange entre humour, action et réflexion sur soi-même.
Au final, Street Fighting Cat arrive, en seulement deux tomes, à donner vie à son univers. Posant les bases d’un futur périple qui promet d’être marquant. Les aventures de Nobunaga et Hideyoshi viennent tout juste de débuter.
Street Fighting Cat marque son territoire
En conclusion, Street Fighting Cat est une très bonne surprise. Je n’attendais pas grand chose de ce manga qui pourtant m’a totalement plongé dans son histoire. L’humour très présent et les réactions de nos deux comparses nous font passer un excellent moment. De plus, l’œuvre va au-delà d’une simple comédie. Le message que cherche à véhiculer l’auteur est fort tout en étant subtil. À cela s’ajoute l’opposition de nos deux héros qui forment un duo singulier et inoubliable. Il ne faut pas oublier les autres chats qui sont aussi charismatiques que mémorables et offrent un sacré défi pour nos deux amis. On se laisse captiver par le périple d’Hige et de Nobunaga pour se hisser au sommet de la hiérarchie féline.
Je recommande donc chaudement ce shônen qui saura faire plaisir aux amoureux d’univers étranges et riches. Les fans de combat ne sauront pas en reste car Street Fighting Cat propose son lot d’affrontements dantesques. Pour finir, l’humour du manga saura conquérir ceux qui cherchent une lecture agréable et plaisante. Attention cependant à ne pas noyer le lecteur sous trop de textes ce qui briserait le rythme de lecture et la narration. Cela n’empêche qu’Esprit Otaku attend avec impatience la suite des aventures de Nobunaga et Hideyoshi. Arriveront-ils à se hisser au sommet de la guerre féline ? Hige trouvera-t-il le courage pour prendre son destin en main ? En attendant, je vais voir d’un autre œil les chats que je croise le soir !
Et vous, qu’avez-vous pensé des deux premiers tomes de Street Fighting Cat ? Quel est le félin qui vous a le plus marqué ? 🙂
©SP Nakatema / Shôgakukan