Birdcage Castle tome 1 : retrouver sa liberté
On a souvent eu l’occasion de discuter du genre du survival-game. Celui-ci n’a eu de cesse de se multiplier à travers un nombre hallucinant de titres. Ces œuvres ont eu plus ou moins de succès et on peut se demander si ce type de manga a su se renouveler. Après tout, il est toujours question de lutter pour vivre afin d’être le dernier à la fin de la partie. C’est avec cet état d’esprit que l’on s’est lancé dans le premier tome de Birdcage Castle. Ce seinen édité chez Doki-Doki semblait, à première vue, proposer un récit intéressant mais qui ne s’éloignait pas des sentiers battus. Pourtant, une fois la lecture terminée, on se rend compte qu’il s’agit d’une série possédant plusieurs subtilités qui rendent cette aventure assez unique. Une agréable surprise que l’on avait envie de vous partager. Il est donc temps de voir ce qui fait la force de cette oeuvre. On espère que vous êtes prêt à entrer dans le château de la cage aux oiseaux !
Tel un oiseau en cage
Birdcage Castle, imaginé par Minami Toutarou, nous fait suivre un groupe de six lycéens. Suite à la disparition mystérieuse d’une de leur camarade, ces élèves se sont regroupés afin de mener des recherches. Leurs pas les mènent dans un parc d’attractions désaffecté où se dresse un immense château. Il est dit que ceux qui y entrent à deux restent unis pour la vie. D’après certaines rumeurs, Kumo Shirasagi souhaitait vérifier cette légende urbaine. De plus, comme elle fut aperçue pour la dernière fois en compagnie d’un jeune homme, cette théorie semble être plausible. Nos six étudiants décident de parcourir ce fameux château de la cage aux oiseaux malgré l’ambiance assez angoissante des lieux. Une fois sur place, ils découvrent d’étranges chaînes où pendent à l’extrémité des sortes de colliers pour animaux. Loin de l’image que l’on peut se faire d’un endroit où se retrouve les amoureux, nos protagonistes commencent à se sentir oppressé. Ils ne savent pas encore qu’ils viennent de rejoindre un jeu mortel.
À peine se sont-ils aventurés un peu plus loin dans la bâtisse que les portes se referment. Ils sont pris au piège tandis qu’une voix s’élève dans la pénombre. Ce bâtiment était loin d’être inoccupé et avant même de pouvoir faire le moindre pas qu’un gaz se répand dans la pièce. Peu à peu, nos six victimes s’évanouissent tandis qu’une ombre menaçante s’approche d’eux. À leur réveil, ils découvrent avec effroi qu’ils ont tous l’un des colliers qu’ils ont vu auparavant. Semblant impossible à retirer, ils se rendent compte par la suite qu’ils sont enchaînés deux par deux. C’est alors que le maître des lieux s’adresse à eux. Se présentant sous le nom de l’Hibou Bleu, il déclare que les personnages vont devoir participer à une partie intitulée “La chasse à l’oiseau du bonheur”. L’objectif est simple, retrouvé celui qui est derrière tout cela et qui se cache dans ce château. Seuls ceux l’ayant trouvé pourront espérer sortir de cette prison. Cependant, ce jeu va mettre à l’épreuve la capacité de ce groupe à faire des choix. Chaque pair devra se faire confiance et avancer main dans la main pour surmonter les épreuves qui se dresseront sur leur chemin.
Ce qui fait la force principale de Birdcage Castle vient du déroulement de son jeu. Ici, il n’est pas question de s’entretuer mais de s’unir face à des décisions difficiles. Un titre qui joue avant tout la carte de la psychologie.
La confiance est mise à rude épreuve
Tout le principe de cette chasse à l’oiseau repose sur l’entraide. C’est ce qui différencie pas mal Birdcage Castle des autre survival-games. En effet, on a l’habitude de voir dans ce genre d’histoires un groupe de personnes qui doivent s’entretuer afin qu’il n’y ait qu’un gagnant. Ici, il n’est nullement question de violence entre les participants. Au contraire, tout repose sur le travail d’équipe et l’entente au sein de chaque binôme. C’est ce qui fait que ce jeu est aussi retors, car on s’attaque au coeur du problème soulevé par le récit. Nos protagonistes ont beau se connaître, ils ne sont pas forcément sur la même longueur d’onde. Entre la situation dans laquelle ils se retrouvent et les affinités qui les lie, tout est là pour offrir un cocktail explosif. Les tensions entre les joueurs se font rapidement sentir et cela instaure un climat de doute et de suspicion à l’égard de chacun. L’auteur a su créer dans ce premier tome un jeu de survie qui bouleverse les codes. Ce qui devait être une épreuve où il faut se serrer les coudes devient une partie où le bluff, la trahison et l’abandon sont les maîtres-mots.
Cela fait que l’on est chamboulé à chaque fois que l’on voit ce groupe commencer à se tirer dans les pattes. Pourtant, on a l’habitude de ce genre de manigances dans les survival-games. Birdcage Castle parvient à surprendre le lecteur par ses situations alarmantes où chaque seconde compte. À cela s’ajoute le côté décisif et crucial de chaque décision prise par nos duos. On ne cesse de se demander quel choix on ferait si on était à leur place. Il y a cette forte sensation d’identité qui se joue tout au long de la lecture. On a presque l’impression que l’on fait partie intégrante de cette histoire sordide. Cette traque permet aussi de voir et de mieux appréhender le comportement de chacun. Notre esprit identifie ainsi les fonceurs et ceux qui ne font que suivre. L’objectif de cette terrifiante excursion est que les joueurs prennent conscience de l’importance de prendre la bonne décision. On comprend alors que choisir la bonne voie n’est pas forcément aussi facile qu’il n’y paraît. Un survival-game profond et tordu qui captive et retient notre regard tout au long des pages.
Si l’indécision est fatale au cours de ce périple, c’est ce qui rend le personnage central aussi fascinant. Ce jeune homme risque fort de devoir s’imposer s’il espère arriver jusqu’à la fin de cette course-poursuite.
Un héros indécis
Le fait que l’on suive un groupe d’individus ne signifie pas qu’il n’y a pas de héros. Dans Birdcage Castle, l’étudiant que l’on va suivre avant tout est Gin Kurobe. Il est l’archétype même du lycéen solitaire que les autres élèves préfèrent éviter. Il faut dire qu’il passe son temps à se parler tout seul et affiche un comportement assez étrange. Pourtant, lorsque l’on s’attarde sur lui, on découvre un jeune homme plus complexe que prévu. On apprend à le connaître notamment dès que la “Chasse à l’oiseau du bonheur” est lancée. Il est loin d’être un mauvais bougre et s’inquiète énormément pour ses compagnons. Gin fait de son mieux pour les aider et fait ainsi preuve d’un surprenant esprit de déduction et d’analyse. Malheureusement, notre protagoniste a aussi un très gros défaut qui va jouer en sa défaveur tout au long de leur escapade. Il est incapable de prendre une décision pour quoi que ce soit. Ses marmonnements sont là parce qu’il ne peut s’empêcher de tergiverser sur le moindre sujet.
C’est en découvrant cet aspect de sa personnalité que notre vision à son égard change brutalement. Même s’il fait preuve de capacités importantes pour survivre, son point faible risque fort de lui être fatal dans une partie où l’objectif est de décider. Le fait qu’il soit un atout pour avancer ne fait que le rendre encore plus précieux aux yeux des autres joueurs et du lecteur. On se retrouve alors à s’inquiéter pour ce personnage attachant qui semble n’avoir pas sa place en ce lieu. Cependant, cette difficulté à s’affirmer permet d’imaginer plusieurs évolutions possibles pour Kurobe. À quel point cette expérience pourra-t-elle le changer ? Est-ce qu’il va sortir de sa bulle pour s’imposer davantage ? Le fait d’avoir créé un héros à l’opposé des valeurs qu’il doit avoir pour survivre est un très bon choix. Cela installe une scission entre le jeu de survie et celui du personnage que l’on suit avec grand intérêt.
Au final, Birdcage Castle va bien plus loin qu’un bête survival-game. Apportant un contexte intéressant et assez inédit, cette première lecture s’avère fort agréable. Le parcours de nos survivants n’a pas fini de nous surprendre.
Birdcage Castle remporte la première manche
Birdcage Castle est un manga qui va bien plus loin que ce que l’on pouvait espérer. Si le synopsis de base a su éveiller notre curiosité, le récit en lui-même nous a conquis. Avec son concept de jeu très intéressant et qui prend à contrepied les autres titres du genre, ce seinen a de quoi offrir une expérience fascinante. Le fait de traiter de l’importance des décisions que l’on prend est un très bon thème. Cela offre une profondeur au récit tout en accentuant la tension que l’on peut ressentir. Le rythme de l’intrigue monte crescendo et on finit par être totalement embarqué dans ce qui nous est conté. De plus, ce premier tome pose à la fois les bases de l’histoire mais aussi de nombreux mystères. On ressort de cette aventure littéraire satisfait, mais avec l’envie d’en apprendre plus. Un très bon début qui promet de terribles situations pour l’avenir de la série.
On vous recommande donc chaudement ce manga qui démarre très fort. Si vous cherchez un survival-game qui change de ce que l’on a l’habitude de voir ou que vous souhaitiez un récit prenant et oppressant alors Birdcage Castle saura vous satisfaire. On est vraiment confiant pour les prochains volumes et le potentiel qui se dégage de cette oeuvre. Qu’est devenu Kumo Shirasagi ? Qui est ce Hibou Bleu ? Quels secrets cache ce château de la cage aux oiseaux ? Tant de questions qui donne envie de connaître le fin mot de toute cette histoire. C’est avec joie et une grande impatience que l’on attendra la prochaine escapade au sein de ce lieu sordide. Prendre une décision cruciale est souvent difficile surtout quand une vie est en jeu.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre opinion concernant Birdcage Castle. Êtes-vous confiant pour la suite de la partie ? 🙂
© Minami Toutarou / Square Enix