Signal 100 tome 1 : vivre constamment dans la peur
Décidément, le genre du survival game est toujours autant prolifique en matière de titres. Aujourd’hui, on va s’attarder sur un nouveau manga qui se sert de ce style, mais d’une façon bien différente. Il s’agit de Signal 100, édité chez Delcourt Tonkam, dont le premier tome est sorti il y a quelques jours seulement. Si l’on peut trouver que ce type d’œuvre est devenu beaucoup trop fréquent, ce seinen parvient cependant à offrir une alternative surprenante et terrifiante. Ici, le danger ne vient pas seulement des autres, mais aussi de chaque action que l’on effectue au quotidien. Avec les fameuses règles de ce jeu de la mort, ce récit a tout pour proposer une lecture rafraîchissante et prenante. On a donc décidé de vous partager notre ressenti complet sur ce manga qui ne nous ménage aucunement. Il va falloir faire attention, car le moindre geste peut amener à une mort brutale.
La vengeance d’un professeur
Signal 100, scénarisé par Arata Miyatsuki et dessiné par Shigure Kondo, nous fait suivre la classe 2-C du lycée privé Seishin. Les élèves de celle-ci s’avèrent particulièrement indisciplinés et entachent la réputation de l’établissement. Monsieur Shimobe, leur professeur principal, ne peut rien espérer d’eux et est même devenu leur souffre-douleur. Du fait du comportement de ses étudiants et de son incapacité à se faire écouter, cet enseignant subit un avertissement de la part du proviseur. Il va devoir régler la situation s’il ne souhaite pas être sanctionné. C’est à cet instant, qu’il va se décider à faire appel à tout son savoir-faire en matière de psychologie. Retournant voir sa classe, il va leur annoncer que le cours de mathématiques de la cinquième période se déroulera en salle d’audiovisuel. Exigeant la présence de chacun, Shimobe n’hésite pas à se faire humilier par les voyous du groupe et à promettre de payer pour qu’ils acceptent de venir. Alors qu’ils arrivent dans la pièce qui doit leur servir de cours, leur prof n’est pas présent. Après dix minutes d’attentes, les élèves sont bien décidés à partir, mais la porte est verrouillé.
À cet instant, ils ne le savent pas encore, mais ils vont bientôt vivre un enfer sans nom. Les lumières s’éteignent d’un coup et un film bien étrange est diffusé sur l’écran de la salle. De plus, un bruit assourdissant va venir attaquer les tympans de ces adolescents. D’un coup, tout s’arrête et tous semblent perdus. C’est alors que le professeur Shimobe fait son entrée pour leur déclarer qu’il vient de tous les hypnotiser à travers de multiples suggestions transmise par ce qu’ils ont vu. Ne croyant aucunement ses dires, l’un des étudiants va se mettre à le frapper. Sans savoir pourquoi, le jeune homme va alors se suicider en explosant sa tête contre un mur. L’horreur s’empare alors de ses camarades tandis que leur enseignant ricane. Ce dernier va alors se jeter par la fenêtre après avoir dévoilé une dernière information. Il existe exactement cent actions à ne pas faire sous peine de subir le même sort que leur ami. L’incompréhension et l’effroi règnent alors entre ces murs alors que chacun n’ose plus bouger. Après tout, le simple fait de marcher serait-il un facteur déclencheur de l’hypnose ? C’est le début d’un jeu de survie macabre où chaque décision peut conduire à d’atroces souffrances.
Une grande partie de la force de Signal 100 vient de cette partie qui se joue. Si l’on retrouve certains codes du genre, l’auteur parvient à insuffler une dose de nouveauté dans ses pages. Le simple jeu de survie est remplacé par un affrontement constant où chaque participant doit se méfier des autres et de lui-même.
Un survival game original
Quand on lit le synopsis de Signal 100 et qu’on se lance dans cette aventure, on ne s’attend pas forcément à avoir quelque chose d’inédit. Pourtant, c’est tout à fait le cas et cela vient en grande partie du système régissant l’hypnose subit par la 3-C. En réalité, on pourrait presque dire qu’il ne s’agit pas d’un survival game. Le seul élément qui transforme ce récit en jeu de survie est la condition nécessaire pour être délivré. Cela ajoute un second facteur déterminant à la survie de chacun, car le danger peut venir de n’importe où. L’idée d’axer cette histoire sur cent signaux pouvant mener à la mort est vraiment intelligente de par l’ajout qu’elle apporte en matière de tension et de suspense. On est constamment à l’affût du moindre geste, car on nage vraiment en eaux troubles. Le lecteur est aussi désemparé que les élèves qu’il suit et on peut facilement se transposer à n’importe lequel d’entre eux. Il y a donc cette profonde immersion qui joue un rôle crucial dans la puissance et l’efficacité de ce seinen. Une oeuvre qui parvient à nous chambouler de par l’épée de Damoclès qui flotte au-dessus de toutes ces têtes.
D’ailleurs, le fait qu’il soit nécessaire de répondre à un critère pour sortir de cette prison psychologique est aussi un très bon point. Si cela peut faire penser, dans un premier temps, à bon nombre de séries appliquant cette méthode, en vrai, cet aspect propulse ce voyage oppressant à un tout autre niveau. Les coups bas deviennent monnaie courante et il n’est pas tant question de violence physique que de manipulation. Tout se joue sur la stratégie et le fait de profiter des plus faibles. Ce point accentue encore plus ce côté malsain qui se dégage de chaque page. On est réellement dégoûté et effaré devant les tactiques qui sont mises au point. De ce fait, on éprouve une multitude de sentiments qui se confondent tel que la rage, la peine, l’effroi et la tristesse. Les agissements ignobles auxquels on assiste nous débectent, mais en même temps on comprend la plupart de ces lycéens qui ne font que suivre les ordres de par la crainte qui guide leur coeur. Ainsi, on est vraiment pris entre deux feux et rend cette licence encore plus forte et saisissante. Les pires atrocités ont lieu devant nos yeux sans que l’on puisse détourner le regard. Une expérience très troublante et qui marque grandement notre esprit.
En mettant en place un contexte aussi morbide, Signal 100 réussit parfaitement son pari qui est de nous faire frissonner. À l’image de ces élèves, le lecteur se met à craindre le moindre mouvement ou acte qui pourrait faire partie de la liste des interdits. Une histoire où l’atmosphère prend une part importante dans notre immersion.
Une angoisse omniprésente
Voilà peut-être l’élément le plus crucial de ce volume. L’ambiance est sans aucun doute l’une des pièces maîtresses qui font que l’on se sent emporté par ce qui nous est conté. Pour expliquer cela, il faut vraiment prendre l’ensemble du rythme et de la narration sur ce prologue. Tout d’abord, on nous présente la dure vie du professeur Shimobe ainsi que les adolescents perturbateurs qui s’en prennent à lui. Si on est frustré de voir un tel comportement, tout est organisé de façon très calme et plate. Le lecteur a vraiment la sensation d’assister à une journée classique dans ce bahut. C’est alors qu’arrive le moment fatidique. L’évènement qui va chambouler tout ce qui fut mis en place au départ. Le piège que tend l’enseignant tourmenté va provoquer une brusque et violente accélération de l’intrigue en passant par des scènes choquantes et éprouvantes. Tout ceci est pensé de manière à exprimer toute la folie et la perdition qui gouverne cette situation. En simplement quelques cases, le mangaka est parvenu à nous faire entrer dans un tout nouveau monde qui ne disparaîtra qu’à la fin de cette lutte.
La tension atteint alors son paroxysme et ne nous laisse plus aucun répit. À partir de cet instant, le lecteur et nos participants vont être aspirés dans une spirale infernale qui ne cesse d’accélérer. En premier lieu, il y a le facteur inconnu que représente les fameux cent signaux prohibés. On ne sait rien quant à ce qui est autorisé et ce qui est interdit. Le seul moyen de le savoir est lorsqu’il est déjà trop tard et qu’un des joueurs succombent à ces règles. Voilà aussi un point très bien maîtrisé, car la mort d’un des membres du groupe est autant une défaite qu’une victoire. On est écœuré par leur disparition, mais cela engendre aussi des indices quant aux actions possibles. La peur d’avancer dans cette obscurité est parfaitement construite et pousse encore plus ces pauvres âmes à la faute. On va même jusqu’à s’imaginer comment on agirait dans un tel cas. Bien évidemment, cela n’est qu’une petite partie de ce qui fait toute la substance de Signal 100. On peut aussi énumérer les trahisons, les relations entre les différents camarades et l’angoisse elle-même qui sont autant de variables à prendre en compte. Voilà une petite pépite qui sait faire bonne impression !
Loin des clichés habituels du survival game, Signal 100 réussit à apporter un vent de fraîcheur. On avance dans ce tome avec une boule au ventre constante. La peur s’empare de nous peu à peu à chaque fois qu’un étudiant ose commettre l’un des cent tabous. Une oeuvre qui ne laisse pas de marbre et qui propose un début particulièrement efficace.
Signal 100 réussi à nous hypnotiser
Ce premier volume de Signal 100 est sans conteste une très bonne introduction. On est totalement happé par ce qui se joue devant nous. La peur est constante dans ce seinen qui parvient à instaurer un rythme fort et qui ne laisse que peu de répit au lecteur. Le fait d’avoir imaginé un système aussi tordu rend ce jeu de survie encore plus prenant et terrifiant que la plupart des autres mangas de ce style. Rien ne nous est épargné durant cette partie qui est un véritable champ de mines. Le scénariste a réussi à une tension à deux niveaux ce qui permet à l’œuvre d’exprimer tout son potentiel. On retient sa respiration à chaque fois qu’un des étudiants tente quelque chose de nouveau, car le moindre faux pas est fatal. De plus, les conditions pour se libérer de cette hypnose forcent les membres de la classe à se tirer dans les pattes. Une aventure macabre qui joue autant avec ces adolescents qu’avec nous. Une incroyable et éprouvante surprise que cette lecture qui nous met la boule au ventre à chaque page que l’on découvre.
Vous l’aurez compris, on a été très satisfait de cette première excursion qui parvient à nous faire frissonner tout du long. On recommande grandement ce titre qui commence très fort. Cependant, ce seinen est avant tout réservé à un public averti de par les nombreuses scènes violentes. Si vous souhaitez un survival game qui change de l’ordinaire ou un récit qui vous prendra aux tripes alors Signal 100 saura sûrement vous combler. Alors que l’on compte déjà plusieurs victimes au sein de la classe, le destin de Rena Kashimura et de ses amis semble être compromis. Le jeu de dupes continue tandis que les élèves cherchent vainement à se raccrocher au moindre espoir. Nos étudiants parviendront-ils à se sortir de cette mauvaise situation ? Quels sont les autres signaux à ne pas effectuer ? Le danger est partout et cette école va devenir un immonde charnier où la ruse et les mensonges dicteront qui sera le grand vainqueur.
Laissez votre avis dans les commentaires concernant ce premier tome de Signal 100. Êtes-vous convaincu par ce prélude ? Qu’attendez-vous pour la suite des péripéties de la classe 2-C ? Pensez-vous qu’il s’agit d’un bon survival game ? 🙂
© Miyatsuki Arata & Kondou Shigure / Hakusensha