ATRAIL

Atrail tome 1 : la fin d’une vie toute tracée

Pour finir cette semaine, on a décidé de parler d’une autre nouvelle licence qui est arrivée il y a peu. Il s’agit du premier tome d’Atrail qui a rejoint le catalogue de Doki-Doki. On avait été très interloqué par le synopsis qui nous avait été présenté. La curiosité était donc bien présente et elle s’est transformé en véritable plaisir une fois que l’on s’est aventuré au sein de ces pages. En effet, l’étrangeté du contexte laisse place à une aventure de science-fiction originale et qui dénote grandement avec ce que l’on a pu connaître en terme de héros. Une oeuvre qui offre une expérience assez unique et qui chamboule les codes que l’on a l’habitude de voir. Entre humour et traitement des personnages de l’univers intéressant, cette série possède de nombreux atouts. Il est grand temps de découvrir le quotidien d’un adolescent qui va s’effondrer du jour au lendemain.

Iori et son planning chargé

Atrail-menace

Une terrible menace.

Atrail, scénarisé par Gorô Taniguchi et dessiné par Akihiko Higuchi, nous propulse dans le quotidien tout à fait ordinaire de Iori Shijima. Ce garçon lambda est entouré de nombreux amis sympathiques ainsi que choyé par une mère qui l’aime de tout son coeur. Une vie classique et fort agréable que notre lycéen a tout fait pour organiser comme tel. En effet, son seul but est de pouvoir mener une existence plan-plan. Il va même jusqu’à tout noter dans un petit carnet qu’il suit scrupuleusement sans jamais dévier du planning qu’il s’est concocté. Un adolescent un peu étrange, mais qui ressemble à la majorité des autres enfants de son âge. Pourtant, un événement sans précédent va venir bouleverser ses petites habitudes qu’il aime tant. Une terrible menace qui va prendre la forme d’un immense objet cubique serti de deux grands yeux et répondant au nom d’Atrail. S’il ne comprend pas ce qu’il se passe, cela ne semble pas être le cas de tous ceux qui l’entourent tandis que de multiples vaisseaux débarquent à leur tour.

Sans savoir pourquoi, il se retrouve pris entre deux camps qui se disputent sa possession. Le premier est le “Régime” et cherche à protéger Iori de l’influence que pourrait avoir “L’innovation” sur lui. Ses anciens camarades dévoilent alors leur vrai visage tandis que notre héros est sous le choc d’apprendre que toute sa vie n’a été qu’un tissu de mensonges. Tout ceci fut monté de toute pièce afin de pouvoir utiliser le don qu’il possédait en temps voulu pour contrer le danger qui plane à présent au-dessus de leur tête. Poursuivi par tous ces gens, ce garçon qui ne souhaitait que tranquillité va se retrouver aspiré au coeur d’une tempête qu’il n’aurait jamais imaginé. Il doit à présent relever de multiples défis et accepté le rôle qu’on lui confie dans l’espoir de sauver le destin de l’humanité. Malheureusement pour les êtres humains, Iori semble bien décidé à réaliser son rêve de normalité. C’est à présent à lui de faire le choix entre les deux chemins qui se dessinent devant lui.

Ce qui choque le plus dans Atrail, dans un premier temps, est le personnage de Iori. Cet étudiant, qui a toujours organisé sa vie, va devoir faire face à la terrible vérité. Pourtant, au lieu de s’inquiéter de cela, il va avoir un comportement bien singulier qui va jouer grandement sur notre surprise et notre plaisir de le suivre. Un héros qui refuse d’en devenir un.

Un héros à l’objectif simple

On a l’habitude de voir de simples adolescents être ou devenir les élus qui peuvent sauver le monde d’une terrible catastrophe. C’est exactement le cas ici sauf que tout cela va offrir un retournement captivant. Habituellement, les héros finissent rapidement par accepter le destin grandiose qui les attend et à accomplir leur devoir. Un schéma classique qui est introduit dans Atrail pour être mieux détruit par la suite. En effet, Iori n’en a rien à faire de la tâche qu’on lui incombe. Tout ce qu’il désire, c’est de pouvoir réaliser son plan de vie qu’il a mis tant de temps à construire. Il y a donc un fort décalage qui s’effectue entre ce qu’il devrait accomplir et son véritable souhait. Un écart qui est mené avec autant d’ingéniosité que d’humour et qui sert pleinement à la surprise que peut ressentir le lecteur. Un parti-pris qui parvient à nous faire éclater de rire tout en désamorçant la gravité de la situation. On a ainsi une opposition totalement déjantée entre ce qu’on lui demande d’être et ce qu’il souhaite réellement.

Cependant, il ne faut pas voir en ce choix scénaristique une simple envie d’offrir un récit décalé. Cela permet aussi de réfléchir un peu à ce que cela signifie vraiment d’être un héros et le changement que cela apporte à un étudiant qui a toujours eu un quotidien banal. En réalité, Iori a toujours eu une vie agréable et sans prise de tête qui lui permettait d’être heureux. Pourtant, ce bonheur n’était qu’un écran de fumée et la vérité a détruit tout ce qu’il avait bâti. Dans son refus de protéger l’humanité, on sent qu’il y a une volonté de vouloir se raccrocher à ce rêve que fut sa vie jusqu’à présent. On voit donc ce jeune homme d’une toute autre manière et on arrive alors à avoir une certaine sympathie et empathie à son égard. Un protagoniste qui est loin d’être un simple clown et qui est encore ignorant quant à la voie qu’il doit prendre. On est vraiment curieux de voir comment va évoluer ce garçon dans les prochains tomes.

L’autre point qui a su marquer notre expérience au sein d’Atrail vient du changement qu’apporte la grande révélation de ce début d’histoire. Alors que l’on découvre que tout est une comédie, on commence à douter au même titre que Iori de l’ensemble de son entourage. On se demande s’il y a une once de vérité dans toute cette supercherie.

Mensonge ou vérité ?

Altrail-épilogue

La fin d’une vie pépère.

L’autre grand attrait que l’on a trouvé à cette introduction vient du moment fatidique où l’on apprend que toute cette existence n’était qu’une simple mascarade. A ce moment, quelque chose se brise dans l’esprit de notre protagoniste. Tout d’abord, il y a le choc d’apprendre le pouvoir dont il est doté et ce que cela implique quant au futur de la planète. On a pu en parler plus tôt, mais il est facile de comprendre pourquoi ce simple élève est déboussolé par cette avalanche d’informations. Tout ce qui se passe ainsi que les rencontres qu’il fait semblent surnaturels et brisent complètement le cocon qu’il avait mis tant de temps à construire. Après avoir compris ce qu’il se passait, il a continué à vouloir exaucer son souhait d’un quotidien classique. Cependant, une grande question vient alors le tarauder. Peut-il vraiment espérer faire confiance à ceux qui l’ont toujours entouré ? N’a-t-il été qu’un pion tout ce temps aux yeux de sa famille et de ses camarades ?

Un constat qui va le chambouler et qui le retient quelque peu à retrouver ses anciennes relations. Il se demande si sa fausse mère l’élevait plus pour accomplir son rôle que par porté par un véritable amour à son égard. Il y a donc cet éternel questionnement qui envahit la moindre de ses pensées au contact des autres. Un scénario finement orchestré qui avait un objectif bien précis. Dans une telle situation, les sentiments pouvaient-ils vraiment trouver leur place ? Le rôle de Iori étant si important, il est aisé pour lui de déduire que les gens ont accepté de jouer la comédie par sens du devoir que par une envie de l’aider et de le soutenir. Malgré ses doutes, il va aussi se rendre compte que certaines personnes qu’il a côtoyé pensent réellement à son bonheur. Il y a donc un conflit très intéressant qui se joue dans la tête de notre anti-héros et où on essaye de démêler le vrai du faux alors que la confiance devient une chose rare à donner.

Atrail est clairement une licence assez atypique qui pose des bases qui peuvent sembler classiques, mais qui finissent par prendre une tournure inattendue. Un début prometteur et qui peut amener à une épopée unique et captivante. On a envie de savoir s’il est encore possible de vivre une vie normale après une telle révélation.

Atrail titille notre intérêt

S’il peut dérouter au premier abord, Atrail n’en reste pas moins une expérience littéraire fascinante. Du fait qu’il ne s’agit ici que du premier tome, il est normal de voir l’auteur prendre son temps afin de poser le contexte ainsi que les différents éléments qui vont briser cette monotonie illusoire. Dès lors que cette barrière est détruite, on plonge dans une aventure attrayante qui parvient aisément à nous convaincre et à nous séduire. Cela vient en grande partie du personnage central de l’œuvre qui va bousculer les stéréotypes habituels du héros pour finalement essayer de rester fidèle à sa philosophie de vie. Une introduction qui apporte pas mal de questions tout en arrivant à nous offrir un très bon divertissement avec une bonne dose d’humour, d’actions et de mystères. Le comportement de Iori est tellement imprévisible du fait que l’on a l’habitude de suivre un cheminement classique dans ce genre de séries que cela accentue l’intérêt que l’on a pour la suite.

On ressort donc très content de ce premier contact avec la licence. Un récit de science-fiction qui peut encore réserver de belles surprises et qui affiche une aura unique qui parvient à éveiller facilement notre curiosité. Si vous aimez les lectures qui désamorcent les codes établis ou que vous souhaitiez vous immerger dans une épopée futuriste assez originale alors Atrail devrait être le titre qu’il vous faut. A présent que la vérité à éclaté, l’avenir de cet étudiant est plus que compromis. Réussira-t-il à faire fi du danger et à oublier le devoir qui est le sien ? Pour connaître la réponse à cette question, il va falloir être patient. En tout cas, cela va être difficile pour nous car on a vraiment eu une profonde sympathie pour ce garçon et que l’on espère le revoir bientôt. Une courte licence qui démarre de manière fort agréable.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre opinion ainsi que votre ressenti sur ce premier tome d’Atrail. Que pensez-vous qu’il adviendra à l’avenir pour notre héros ? Pourra-t-il contrôler son don ? Pourra-t-il continuer à vivre son quotidien lambda ? On est impatient de pouvoir discuter de ce titre avec vous. 🙂

© Taniguchi Goro & Higuchi Akihiko / Kadokawa Shoten