Dead Mount Death Play tome 1 : la venue du Maître des corps
On le sait, le style isekai est très fréquent de nos jours. On a vu de nombreuses œuvres appliqué ce genre pour donner corps à leur histoire. Ces titres ont su offrir de fantastiques voyages aussi étonnants que captivants. Le manga que l’on traite aujourd’hui a su nous montrer une nouvelle facette de ce type de conte et à en faire un début prometteur et palpitant où le mal s’invite dans la réalité. Le sujet du jour sera donc consacré au premier tome de Dead Mount Death Play, une franchise inédite qui vient agrandir le catalogue de Ki-oon. Surprenant serait un faible mot pour décrire l’expérience que l’on a vécu tout au long de cette introduction qui a su éveiller en nous une très grande curiosité. On peut même dire que l’on a été retourné par ce qui se déroulait devant nos yeux alors que l’on suit un personnage pour le moins atypique. Un voyage à la fois sombre et intéressant qui affiche un très grand potentiel. L’heure est donc venue de jouer les marionnettistes auprès d’un être cherchant juste à vivre paisiblement.
Un simple désir
Dead Mount Death Play est scénarisé par Ryogho Narita et dessiné par Shinta Fujimoto. Ce récit commence alors que le monde court un grave danger. Le fameux Maître des corps, un puissant démon nécromancien, affiche une puissance bien trop grande pour qu’il puisse vivre tranquillement sur ces terres. Pour l’ensemble de l’Humanité, le seul moyen d’éviter une catastrophe est d’éliminer cette menace potentielle. Pour cela, il mise tout sur le légendaire chevalier sacré qui a dédié son existence à éliminer les êtres des ténèbres. Il ne faut pas longtemps alors pour que les marionnettes du monstre et le héros, accompagné de ses troupes, se lancent dans une bataille colossale. Après de terribles affrontements, les deux ennemis jurés se font finalement face. Alors que le guerrier de la lumière s’apprête à asséner le coup de grâce, la créature lancer un dernier sort bien mystérieux. La paix semble revenue sur ces terres tandis que le corps sans vie du magicien gît au sol. Une question demeure pourtant. Quel était donc ce sortilège qu’il effectua avant de trépasser ? Tandis que le chevalier réfléchit à cela, un grand bouleversement est sur le point de se passer dans une toute autre dimension.
Ce périple change alors totalement de décor et la magie laisse peu à peu place à une réalité bien connu. Notre aventure continue au moment où un jeune garçon ouvre les yeux dans une ruelle sombre de Shinjuku. Déboussolé et épuisé, cet adolescent ne sait nullement où il est et surtout pourquoi il a une vilaine blessure au niveau du cou. Ce dernier mystère va rapidement être résolu avec l’apparition d’une demoiselle qui s’avère être une tueuse en série à qui l’on a confié la mission d’éliminer ce jeunot. Une course-poursuite se déclenche entre la proie et le prédateur jusqu’à un immeuble désaffecté. En parcourant ces pièces, le garçon peut sentir l’odeur de la mort qui imprègne chaque parcelle de cette bâtisse. Faisant de son mieux pour fuir, il finit par être acculé par cette terrifiante et redoutable meurtrière qui ne peut qu’être en extase devant la résistance de sa cible. C’est au moment où il s’apprête à rejoindre l’au-delà que le garçon aux cheveux blancs va dévoiler son vrai visage. En une fraction de seconde, il met à mal son agresseuse grâce à ses compétences en nécromancie. Le Maître des corps est de retour et il est bien décidé à ne laisser personne entraver sa quête personnelle.
Ce qui rend Dead Mount Death Play aussi fascinant à lire vient tout d’abord de l’individu que l’on doit suivre. Un être réincarné dans un monde qui lui est étranger et qui pourrait bien transformer cet endroit en un véritable enfer. Cependant, le Maître des corps est bien loin d’être le vilain que l’on nous a dépeint. Un anti-héros aux multiples facettes et qui apporte une complexité au récit ainsi qu’une bonne dose d’émotions en plus de moments épiques.
Un anti-héros efficace
Ce qui nous marque avant tout au moment de nous aventurer dans Dead Mount Death Play est son protagoniste. Tout le début du récit prête à confusion et ne nous laisse aucun indice concernant l’identité du jeune homme que l’on suit. On ignore totalement s’il s’agit du chevalier ou du nécromancien qui fut projeté dans cet univers parallèle. De ce fait, on est interloqué par le moindre détail qui pourrait permettre de faire la lumière sur ce mystère. Une introduction qui permet de s’impliquer dès le départ et qui nous plonge entièrement dans ce conte. Ce n’est qu’un peu plus tard que l’on comprend que cet adolescent que l’on a devant les yeux n’est autre que le terrible magicien. Ainsi, on a tout de suite l’image d’un être sans pitié qui n’hésite pas à éliminer ceux qui osent se dresser sur son chemin. C’est une approche pertinente et assez originale, car on suit un être capable de prouesses inimaginables dans un monde où le surnaturel n’existe pas. Son potentiel de destruction semble illimité et on se dit qu’il pourrait facilement renverser le pouvoir en place.
Cependant, là où ce titre nous étonne une fois de plus, c’est dans les motivations du nécromancien. Tout ce qu’il souhaite, c’est exister sans avoir à se soucier des autres. Il ne veut plus être poursuivi à cause de ses pouvoirs et du danger qu’il représente. Le visage du mal s’effrite alors pour nous montrer un individu ayant une motivation tout à fait banal et compréhensible. L’être des ténèbres que l’on nous décrivait jusqu’ici laisse place à une âme en peine qui n’a jamais demandé tout cela. Cette manière de faire évoluer ce personnage permet au lecteur d’avoir une certaine pitié à son égard et de ressentir de l’empathie pour ce jeune homme qui, d’un claquement de doigts, serait capable de tuer des foules entières. De ce fait, on a clairement affaire à un anti-héros dans sa façon d’agir et son manque d’hésitation à blesser des gens qui s’en prennent à lui. Pourtant, ces intentions sont louables et il dévoile une personnalité bien plus profonde et touchante. Il affiche un grand respect de la vie de par sa condition de dompteur des morts et aborde son environnement avec un regard qui n’est pas celui d’une créature maléfique, mais bel et bien celui d’un homme qui souhaite juste la paix. Un formidable travail d’écriture pour un protagoniste qui a énormément de possibilités d’évolution.
L’autre grand atout qui ressort de cette première lecture de Dead Mount Death Play vient de l’environnement qui se développe au fur et à mesure des pages. Alors que l’on semblait avoir laissé la magie de côté pour faire place à un monde plus réel, celui-ci cache de nombreux secrets rendant notre expérience encore plus grisante. Une plongée dans les bas-fonds d’une ville qui pourrait bien cacher des monstres tout aussi terribles que notre adolescent.
Un univers qui s’étend
Ce qui illumine notre périple au sein de ce premier tome de Dead Mount Death Play est la multitude de chemins qui s’offrent à nous. Tout d’abord, il faut se rendre compte de tout ce que cet univers peut offrir. Le fait d’amener l’irréel dans notre monde est une brillante idée, car ceci entraîne une inégalité entre les simples mortels et ce personnage surpuissant. On ne cesse donc de se demander ce qui va bien pouvoir se passer et quelles seront les conséquences de ces actes. De plus, l’auteur a su ne pas trop accentuer cet écart en mettant en place des éléments bien singuliers et qui semblent presque eux aussi ne pas avoir leur place ici. Ainsi, on va rencontrer d’autres acteurs qui se hissent pratiquement au même niveau que notre nécromancien en matière de dangers et de mystères. On les observe et on se dit alors qu’il est possible qu’il y ait un adversaire qui soit de taille face à ce jeune garçon. Cela provoque un équilibre bien pensé et qui fait qu’à aucun moment, on ne se dit que notre anti-héros est tout-puissant. Outre cela, tous ces petits détails et les gens que l’on rencontre apportent un autre point essentiel au plaisir que l’on ressent.
Cela concerne le développement de cet univers qui ne cesse de s’étendre au fur et à mesure des pages. Il y a bien sûr la question de la magie qui laisse présager que tout peut être possible, malgré le fait que l’on soit dans un Japon contemporain et tout à fait normal. A cela s’ajoute aussi la découverte qui nous est proposée concernant les bas-fonds de Shinjuku où la pègre et les criminels pullulent. On avance dans ces lieux sordides en faisant la connaissance de ces personnes peu recommandables et qui nous montre la grandeur de ce milieu où chacun a un rôle bien défini. Ainsi, voir évoluer celui qui a pris possession du corps de Polka dans cet environnement est particulièrement grisant. Lui qui a toujours côtoyé la mort sous toutes ses formes se retrouvent propulsé dans cette société de l’ombre où la faucheuse prend à coeur d’exécuter son travail. Un univers régi par le meurtre et la souffrance où l’on fait la connaissance de fous et de tueurs qui s’incrustent dans notre esprit. On contemple alors cette nouvelle existence qui s’offre à ce démon et tel un arbre, le chemin qu’il suit affiche de nombreux embranchements faisant pleinement travailler notre imagination. Une oeuvre qui pose les bases d’une épopée pouvant être grandiose.
Dead Mount Death Play a ce qu’il faut pour proposer une aventure littéraire qui puisse changer de l’ordinaire. Un périple qui fait disparaître la frontière entre le bien et le mal pour que l’on explore un chemin pour le moins brumeux. Le début d’un voyage qui fait de très belles promesses et qui affiche un potentiel certain. Cette nouvelle existence que l’on observe risque fort de nous réserver d’excellentes et palpitantes surprises pour la suite.
Dead Mount Death Play s’amuse avec nous
On l’avoue, on ne savait absolument pas à quoi s’attendre en nous lançant dans Dead Mount Death Play. Ce n’est qu’à travers sa couverture et son synopsis que notre curiosité s’était éveillée pour ce titre. Finalement, on a vraiment bien fait de succomber à cette tentation, car cette introduction fut excellente de par son originalité, la pertinence de ses propos et l’univers qui est dépeint. Tout ce qui entoure notre anti-héros accroît notre désir d’en savoir toujours plus. Voici le type de conte qui parvient, dès son premier tome, à nous faire miroiter tout un tas de possibilités. Une saga qui nous happe sans plus jamais nous relâcher et qui donne naissance à un pur divertissement qui se savoure sans modération. Outre cela, il va être très intéressant de voir comment vont évoluer tous ces protagonistes ainsi que le rapport qu’il y a avec l’au-delà. Un titre qui met en avant les morts, leur souffrance et le simple désir d’un homme d’être loin de toute cette haine qu’il peut engendrer.
C’est donc avec une joie non dissimulée que l’on vous recommande cette introduction à l’univers de Dead Mount Death Play. Un titre qui bouleverse les codes d’un genre pour nous peindre une excursion unique et ayant sa propre identité. Que vous aimiez le style isekai ou que vous cherchiez une expérience littéraire différente des autres, alors ce seinen est sûrement ce qu’il vous faut. Les questions fusent à présent que l’on sait ce qui attend cet étranger dans un monde qui lui est totalement inconnu. Parviendra-t-il à vaincre les cinglés qu’il risque de rencontrer ? Ce lieu est-il vraiment propice pour nouveau départ ? Est-il le seul être surnaturel à exister dans cette dimension ? Quoi qu’il en soit, la suite s’annonce épique alors qu’il va devoir faire une nouvelle fois appel à ses camarades décédés. Une excursion que l’on a hâte de pouvoir continuer et de voir si elle tiendra toutes ses promesses.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre ressenti ainsi que vos observations concernant ce premier volume de Dead Mount Death Play. Avez-vous été intrigué par cette lecture ? Selon vous, quel chemin prendra cette licence ? Pensez-vous que notre nécromancien parviendra-t-il à accomplir son objectif ?
© Narita Ryohgo & Fujimoto Shinta / Square Enix