Don’t Call Me Magical Girl I’m OOXX tome 1 : un rôle cauchemardesque
Il est toujours fascinant de découvrir de toutes nouvelles franchises. En découvrant le premier tome d’une série, on ne sait jamais à quoi s’attendre. C’est une totale découverte qui s’effectue alors pour le lecteur passionné que l’on est qui part vers l’inconnu. Parfois la destination peut être surprenante, d’autrefois mémorable et quelques fois déchirantes. Il y a donc toujours tout un tas d’éléments à analyser, observer et admirer à chaque nouvelle virée. C’est donc pour toutes ces raisons que l’on avait envie de vous parler de la toute dernière licence en date des éditions Chattochatto. Sortant tout juste aujourd’hui, le premier tome de Don’t Call Me Magical Girl I’m OOXX a su nous proposer une excursion absolument unique à travers une thématique puissante. On s’est laissé emporter par cette introduction qui met en place un univers attrayant et surtout des personnages affichant une véritable profondeur. Des premiers pas prometteurs et qui nous laissent présager d’une épopée à la fois épique et profondément humaine. Il est donc grand temps de croiser la route d’un trio fort singulier.
Une magical girl détestant son travail
Don’t Call Me Magical Girl I’m OOXX, imaginé par Yang Chi-Cheng et les personnages dessinés par SimonCreative, nous plonge dans un monde contemporain. Alors que la majorité de la population semble vivre paisiblement, les gens ne savent pas que des menaces invisibles prolifèrent tout autour d’eux. C’est aux magical girls de faire le nécessaire afin de contrer ces invasions tout en restant dissimulés des yeux du public. On fait alors la connaissance de trois de ces gardiennes se battant chacune pour des raisons qui leur sont propres. La première cherche à tout prix à conserver ses capacités hors du commun. Pour ce qui est de la seconde, son seul désir est de pouvoir protéger sa ville de ces envahisseurs. Quant à la dernière se prénommant Sakura, elle souhaite simplement pouvoir mener une vie tranquille. Trois âmes aux objectifs bien distincts, mais qui sont obligés de se croiser malgré leurs griefs de par le devoir que leur incombe leur rôle. Elles sont vouées à devoir lutter inlassablement même si cela peut aller à l’encontre de l’envie de l’une d’entre elles. La haine que nourrit Sakura pour ses congénères ne fait que grandir et la pousse à se battre constamment avec ces dernières.
Au cours de leurs innombrables rixes, ce groupe de magical girls va peu à peu détruire la cité sous le regard estomaqué des habitants qui pourraient y voir un courroux divin ou bien une catastrophe naturelle. Cependant, tout cela va changer au cours d’une chasse aux esprits. Alors que la dispute entre ces trois demoiselles redouble d’intensité, un phénomène surprenant va avoir lieu. Une force inconnue va révéler leur existence à l’ensemble du commun des mortels. Tous ces individus admirent donc les coupables de leur malheur et exige à présent des réparations pour les dégâts subis. Ces êtres de l’ombre se retrouvent alors sous le feu des projecteurs et sont condamnés à devoir dédommager toutes ces victimes des souffrances qu’elles ont pu commettre. Ce rapprochement, non désiré des deux mondes, va alors entraîner nos héroïnes dans un quotidien inédit les poussant à frayer avec ces hommes et femmes qui sont animés d’une profonde rancune. Il va donc falloir pour ces jeunes filles régler leurs nouveaux problèmes tout en essayant de cohabiter ensemble. Une tâche bien compliquée quand on sait à quel point elles ne s’apprécient nullement. Pourtant, ce changement pourrait aussi apporter du bon pour elles.
En lisant ce premier tome de Don’t Call Me Magical Girl I’m OOXX, on s’est rapidement rendu compte de la thématique principale de ce titre. Le sujet abordé au sein de ces cases est ce qui constitue le fil rouge que l’on va suivre et qui va sans cesse s’étoffer au fur et à mesure de notre progression. Ce qui pouvait sembler alors confus au départ va prendre tout son sens au fil des minutes que l’on passe en compagnie de cette demoiselle ayant un but bien précis. On peut alors observer qu’être une magical girl est bien loin d’être un rêve pour certaines personnes.
La recherche d’une vie normale
Lorsque l’on fait la connaissance de Sakura et de ses collègues, on ne cesse de se poser des questions. On se demande quelles sont les origines de leurs pouvoirs ainsi que les raisons qui les poussent à se quereller sans cesse. Au fil des pages, on finit alors par en apprendre plus sur eux et surtout notre protagoniste principal et son désir d’être humaine. Alors que l’on pourrait se demander pourquoi elle rêve de cela alors qu’elle possède des pouvoirs hors du commun, on finit rapidement par comprendre ce qu’elle a sur le coeur. La normalité est une situation qui semble si lointaine pour cette demoiselle qui ne peut espérer vivre cette situation. Elle ne souhaite nullement devoir combattre durant toute son existence. Tout ce qu’elle veut, c’est pouvoir aller à l’école, rire avec ses amis, se promener en toute tranquillité. Si l’on pourrait se dire qu’il suffirait qu’elle arrête de se transformer et de lutter face à ses adversaires, son devoir lui revient toujours en pleine face. Les pouvoirs qu’elle possède sont autant une bénédiction qu’une malédiction, car ils sont tels des boulets accrochés à sa cheville dont il est impossible de se défaire. Malgré tout, l’événement surprenant qu’il y a eu va peut-être changer la donne.
En réalité, ce choc qu’il y a entre le monde humain et la dimension propre aux magical girls va autant se présenter comme une aubaine qu’un rappel pour elle de sa propre solitude. Le fait de pouvoir côtoyer le commun des mortels peut lui permettre de se sentir comme ces gens qui ne passent pas leurs journées à se prendre la tête à protéger le monde. Pourtant, le fait que le monde ait pu découvrir qu’elle était une de ces êtres surnaturelles va aussi renforcer la scission entre les deux camps. On éprouve alors une profonde tristesse en voyant la situation dans laquelle elle se retrouve, car l’amertume et la souffrance qui habitent son regard sont si forts que cela déteint sur le lecteur. Plus que de vouloir en apprendre plus sur cet environnement ainsi que d’admirer les confrontations de nos héroïnes, on est avant tout guidé par le maigre espoir que l’on nourrit de voir Sakura atteindre son objectif. Une profonde empathie se forge alors entre nous et cette jeune fille qui lutte non pas contre les forces du mal, mais contre le destin qui fut choisi pour lui sans qu’elle n’ait rien eu à dire. Des dessins exprimant parfaitement ce duel qui amène une profondeur inattendue à cette oeuvre.
Don’t Call Me Magical Girl I’m OOXX est un manga qui prend à contre-pied tout ce que l’on peut imaginer du rôle d’une telle figure de la pop culture. Alors que l’on pourrait croire qu’il serait palpitant pour notre protagoniste d’avoir accès à ce rôle, l’auteur décide de bousculer les codes de manière pertinente. Une toute nouvelle façon d’aborder ce statut et les contraintes que cela peut imposer pour une demoiselle rêvant juste d’une vie normale. Une approche qui montre tout son intérêt et sa force en quelques secondes et qui ne nous lâche plus tout au long de notre périple.
Don’t Call Me Magical Girl I’m OOXX sait capter notre attention
En lisant le synopsis de Don’t Call Me Magical Girl I’m OOXX, on ne s’attendait pas à une telle richesse et profondeur rien qu’au premier contact. Un sujet qui semblait déjà intéressant rien qu’à travers ces quelques lignes et qui prend une toute autre ampleur à travers quelques cases. Ce qui fait avant tout l’efficacité de cette lecture, c’est la façon dont le thème abordé est mis en scène. A une époque où les magical girls se multiplient dans tout un tas de récit, il est audacieux et original de prendre une route inverse. Protéger le monde d’une menace invisible est rapidement relégué au second plan pour se concentrer sur cette héroïne malgré elle. Une parfaite construction de cette actrice qui débute sa carrière sur une prestation remarquable. On est agréablement surpris par son jeu et surtout la souffrance qui peut s’exprimer rien que par son regard. L’auteur réussit donc son pari avec brio et laisse suffisamment d’éléments en suspens pour nous pousser à vouloir nous lancer dans la suite. Un voyage qui arrive à casser les codes du genre pour nous conter les prémices d’une épopée plaisante et surtout pertinente de par ces propos.
Alors que ce titre sort aujourd’hui, on ne peut que vous conseillez de vous pencher dessus au vu du potentiel de cette introduction. Si l’on peut sembler un peu perdu au départ, cela disparaît vite au fur et à mesure que l’on recolle tous les morceaux. Des personnages travaillés et intéressants évoluant dans un environnement particulièrement hostile à leur égard. Une expérience littéraire prometteuse et qui a largement de quoi faire pour développer cet univers et les messages véhiculés au sein de chacun de ces dessins. Le combat mené par Sakura est bien plus qu’une lutte contre des ennemis physiques. C’est avant tout une lutte contre le destin qui l’a condamné à cette vie qu’elle ne désirait pas. On ne peut donc qu’être curieux de voir si elle parviendra à se libérer de ces chaînes pour prendre son envol. A présent, il est impossible de quitter un premier tome sans avoir plusieurs interrogations en tête. Le conflit opposant ces trois jeunes filles pourra-t-il se dissiper un beau jour ? Parviendront-elles à se faire accepter par la population ? Cette nouvelle cohabitation va-t-elle provoquer des changements drastiques dans leur comportement ? Il va falloir prendre notre mal en patience pour en découvrir les réponses.
N’hésitez pas à nous dire dans les commentaires ce que vous avez pensé de ce premier volume de Don’t Call Me Magical Girl I’m OOXX. Avez-vous été séduit par le combat de cette jeune fille ? Trouvez-vous l’univers intéressant et captivant dans sa construction ? Pensez-vous que l’on va pouvoir en apprendre plus sur les autres membres constituant ce trio d’héroïnes ? Qu’avez-vous pensé du sujet traité à l’intérieur de ces pages ? Qu’attendez-vous pour la suite de l’œuvre ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger et discuter autour de ce sujet. 🙂
© Yang Chi-Cheng / Tong Li Comics