L’empreinte de Tokyo Ghoul
Il est des mangas qui, au premier abord, ne paye pas de mine mais une fois les premières pages passés il est impossible de s’arrêter. Tokyo Ghoul fait partie de cette catégorie de manga et il est temps de retourner faire un tour dans cet univers si singulier et pourtant si envoûtant. Préparer vos meilleurs Kagunes car on part à la chasse aux goules aujourd’hui !
Les mangeurs d’hommes envahissent Tokyo
Tokyo Ghoul est un manga de Sui Ishida et qui nous plonge en plein cœur de la métropole japonaise. L’humanité vit un quotidien des plus classiques mises à part une particularité. Elle doit coexister avec une autre espèce que l’on nomme les goules. Ces êtres à la force supérieure ressemblent à n’importe quel humain sauf que si l’être humain est le prédateur de l’animal, ici la goule est l’ennemi naturel de l’homme. En effet, ces dernières se rassasient uniquement de la viande humaine et doivent vivre caché du reste du monde.
Ces “monstres” sont pourchassés par les inspecteurs du CCG (le centre de contrôle des goules) qui n’hésitent pas à les capturer ou à les exterminer pour assurer le maintien de l’ordre. Au fil des années, un certain équilibre s’est établi entre les goules et les humains et c’est dans ce monde que l’on suit Ken Kaneki. Ce jeune étudiant ayant le nez trop souvent plongé dans ses livres préfère ne pas penser à la présence de goules parmi la population.
C’est lors d’une sortie dans un café qu’il va faire la rencontre d’une jeune femme séduisante qui va lui proposer de sortir avec lui. Sans le savoir, Ken s’apprête à entamer un voyage sans retour qui le guidera au centre du conflit entre les goules et le CCG. C’est à travers les yeux du jeune homme que l’on va assister aux tenants et aboutissants de ce face à face fatal.
L’évolution d’un jeune homme
Le grand intérêt de Tokyo Ghoul est de justement voir Ken Kaneki, devenu goule, lutter pour trouver sa place. Que ce soit le monde des humains auquel il est attaché mais qui le rejettera du fait de sa nouvelle condition ou bien celui des goules qui l’effraie et dont il ne veut pas faire partie. Il est le symbole de la liaison entre ces deux univers et va devoir jongler pour réussir à conserver son humanité tout au long des chapitres. On ressent vraiment la détresse de Ken au cours des premiers tomes qui ne sait plus quoi faire pour s’en sortir.
Il arrive finalement à trouver une place au sein du café l’Antique où les goules tentent de vivre en paix. Cependant il est très vite rattrapé par le risque que représente cette nouvelle vie. Poursuivi par les mangeurs d’hommes qui le considèrent comme un mets d’exception et les inspecteurs cherchant à découvrir les raisons de sa transformation il devra lutter pour survivre. Malheureusement, le plus gros danger vient surtout de son propre côté goule. Ken devra sans cesse résister à cette faim qui l’assaille pour ne pas perdre le peu d’humanité qui lui reste.
Ceci ne représente que la première partie de l’arc de Tokyo Ghoul car les événements vont très vite s’accélérer et pousser Ken à choisir un camp. C’est lors d’un passage, qui pour moi restera mémorable, que l’on fait face à un aspect insoupçonné de notre héros. Ce manga est avant tout un voyage jusqu’en enfer pour Kaneki qui le poussera jusqu’à ses dernières limites.
L’ambiance oppressante de Tokyo Ghoul
Même si une grande partie de l’intérêt du titre est son héros, cette histoire ne serait pas complète sans son ambiance. Cette dernière accompagne parfaitement les péripéties de notre protagoniste. Le fait de voir Tokyo divisé en deux, avec d’un côté les citoyens qui vivent paisiblement mais craignant quand même pour leur vie et d’un autre les bas fonds de la ville où les combats de goules sont monnaies courantes, ajoute une grande anxiété au titre.
On alterne au cours des pages les lieux plus sinistres qui soient, entre l’antre du gourmet, les ruelles sombres de Tokyo et les bâtiments abandonnés. Les moments se passant à l’Antique sont les seuls assez paisibles que ce soit pour le lecteur et les protagonistes comme un rayon de lumière dans cet univers si terne. Les nombreux personnages présents dans l’œuvre sont aussi une partie intégrante de cette ambiance. Ces derniers, souvent malsains et sans pitié, ne montrent aucune pitié. On se rappellera du gourmet et de son penchant pour la viande qu’elle soit humaine ou goule tant que celle-ci satisfait son palais. Un autre possesseur de Kagune marquant est Jason qui n’a aucun remords à torturer et dévorer ses semblables pour son plaisir personnel.
Mais il ne faut pas croire que seules les goules ont des sacrés phénomènes car les inspecteurs ne sont pas en reste. Que ce soit Kureo Mado qui est obsédé par les kagunes des goules et Juzo Suzuya qui montre une satisfaction morbide à tuer ses ennemis, se moquant souvent des ordres.
Un monde ni blanc ni noir
Là où de nombreux mangas, qu’il soit shonen ou seinen, mettent en avant un ou plusieurs héros, Tokyo Ghoul créée une situation bien différente. Au début, même si les goules sont identifiées comme les monstres de l’histoire et sont indiquées comme le vrai danger, la donne change au cours de l’aventure. Les préludes de la rencontre entre Ken et les autres goules, surtout celle s’occupant du café, nous démontrent qu’il n’existe pas que de mauvaises personnes au sein de ce groupe. De plus l’arrivée des inspecteurs, surnommés les colombes, vont bouleverser cet état d’esprit de début de lecture.
Même s’ils sont là pour réguler leurs cibles, certains membres se donnent à cœur joie de torturer et tuer sans le moindre scrupule. Les corps sont ensuite récupérés pour être utilisé comme expérience dans la fabrication des armes du CCG, les quinques. D’autres goules finissent capturées tel des animaux en cage. On arrive à un point où l’on prend pitié de ces êtres car, comme les hommes, certains sont mauvais mais d’autres souhaitent simplement vivre en paix.
La limite entre le bien et le mal finit par s’effacer pour laisser place à une profonde réflexion sur le comportement humain. Chaque camp, chaque personne à ses propres souhaits et rêves mais le devoir des colombes et l’instinct primaire des goules les forcent à se battre les uns aux autres. A la fin, on peut se demander qui est vraiment le monstre.
Un suspens sans précédent
Rares sont les mangas à réussir à faire vivre leur histoire sans le moindre temps mort. Tokyo Ghoul arrive parfaitement à nous tenir en haleine, l’intrigue du titre allant crescendo jusqu’à son dénouement final. En lisant les derniers chapitres, l’excitation mais aussi la frustration prennent le pas sur le lecteur. L’affrontement final est grandiose et nous fait nous poser plein de questions. Je ne pourrais évidemment pas parler de cela en détail sans spoiler mais on finit assailli par les interrogations. La conclusion de cette première partie réalise parfaitement sa tâche à savoir nous donnés envie de connaitre la suite. L’avenir de chaque personnage est incertain et l’on finit la dernière page chamboulé par les émotions.
Sui Ishida a réussi avec précision à offrir le parfait mélange pour une histoire. On parcourt les moments vécus par Ken comme si on les ressentait à sa place, que ce soit sa tristesse et son désarroi ou bien les quelques moments de bonheur partagé avec ses amis. Il est aisé de se reconnaître en ce jeune homme qui ne peut rien contre les évènements qui se passe. La peur et l’incompréhension de l’inconnu sont la base de cette histoire jusqu’à ce que Kaneki finisse par comprendre ce qui est important à ses yeux et se batte pour cela.
L’effroi et l’angoisse finissent par laisser place à un rêve qui mérite d’être réalisé. C’est une oeuvre qui, en plus d’accomplir avec brio son rôle de divertissement, fait réfléchir le lecteur.
Un seinen profond et captivant
Tokyo Ghoul est une oeuvre unique qui nous captive autant par la descente en enfers de son héros que par l’univers très vivant et inquiétant créé par l’auteur. Il sera très intéressant de voir comment Tokyo Ghoul Re arrive à répondre aux questions laissées en suspens à la fin de l’arc de la première série. Même si les premiers tomes répondent déjà à de nombreuses interrogations il faudra attendre de voir la totalité de cette nouvelle saison pour savoir quel sera l’avenir de Ken.
En attendant je ne peux que vous conseiller de vous plonger ou de vous replonger dans cette série qui sait captiver avec une histoire bien menée et qui tient en haleine jusqu’à la dernière page.
Laissez en commentaires vos avis sur cette série ainsi que vos espoirs concernant la suite du titre ainsi que de ses différents spin-offs.