Perfect Crime tome 3 : l’étau se resserre
Aujourd’hui, on retourne dans un monde sombre et sinistre qui a vraiment su me captiver. Il s’agit de Perfect Crime, édité chez Delcourt Tonkam, qui revient avec son troisième tome. Ayant déjà fait un article sur les deux premiers volumes, je voulais voir comment évoluait l’histoire dans cette nouvelle lecture. Si le protagoniste principal ainsi que l’histoire m’avaient beaucoup plus, il y avait quand même quelques défauts. Il s’agissait avant tout du rythme de l’histoire qui s’avérait parfois redondant ainsi que l’intrigue qui n’était que peu développée. Alors ce troisième tome change-t-il la donne ? Les choses commencent à bouger. Il est temps de retourner dans un monde où le crime est roi.
Encore et toujours des crimes
Dans ce nouveau tome, imaginé par Arata Miyatsuki et Yuya Kanzaki, on retrouve toujours notre cher tueur à gages Tadashi Usobuki. Acceptant tous les contrats qu’on lui confie, il fait appel à son extraordinaire don pour la suggestion et la manipulation pour commettre ses crimes parfaits. On ne va pas tourner autour du pot, la narration de ce troisième volume est en grande partie identique aux précédents. L’histoire est toujours coupée en différentes missions pour notre assassin qui nous font suivre le destin tragique de ses cibles. Toujours parfaitement bien écrit, la magie opère toujours et on reste subjugué par la conclusion de chacune de ses affaires. Chaque page est une nouvelle occasion d’admirer la puissance de Tadashi. Il continue de consolider cette image divine que l’on peut avoir de lui.
Les victimes qui se trouvent sur son chemin sont toujours aussi intéressantes à suivre. On plonge vraiment dans les méandres sinistres de la nature humaine. Entre plaisir malsain et jalousie maladive, les cas auxquels on assiste sont troublants de réalisme et réussissent parfaitement à faire accomplir l’objectif de notre tueur. Le lecteur continue d’observer impuissant à l’horrible vérité qui se cache derrière l’âme humaine. On a vraiment la sensation que Tadashi à raison et que les hommes ne sont rien d’autre que des monstres dont la vérité est cachée par une enveloppe humaine. Cependant, cette sensation ne date pas de maintenant et cela se ressent depuis le début de la série.
Alors ce tome renouvelle-t-il réellement l’expérience ? Si cette nouvelle excursion ressemble aux deux précédentes, on ne peut s’empêcher d’avoir la sensation que l’histoire prend une toute autre tournure.
Un petit quelque chose en plus
En effet, si la construction générale du tome est identique aux deux premiers, on ne peut s’empêcher de sentir qu’il y a quelque chose de nouveau. On sent que l’intrigue va prendre une tournure beaucoup plus intéressante et que les victimes deviendront un moyen détourné pour mettre Tadashi au premier plan. Tout d’abord, on le ressent du fait que sa présence est bien plus prononcée ici que dans ses précédentes aventures. Avant, on ne le voyait qu’à deux moments clés de chaque affaire. Il s’agissait de l’acceptation du contrat et de sa conclusion. Maintenant, on peut le voir faire des apparitions plus fréquentes et qui peut nous faire penser que l’histoire va se centrer bien plus sur lui dans le futur. Il est d’ailleurs fort probable qu’il soit lui-même le prochain sujet du récit.
Cependant, il y a un autre point qui joue habilement sur cette sensation de changement. Mise à part le sergent Tada, dont je parlerais un peu plus bas, il y a un autre personnage qui semble vouloir rentrer dans la danse. Cela se fait à la toute fin du tome où, suite à l’un des contrats de notre tueur à gages, un détective se retrouve face à face avec ce dernier. Il se retrouve impuissant et désemparé face aux méthodes atypiques de notre protagoniste. Cet homme se trouve d’ailleurs être l’un des rares témoins en vie de la puissance que détient Tadashi. On ne sait pas encore s’il risque d’avoir une importance dans la suite de l’histoire. Les derniers mots qu’il prononce ont de quoi semer le doute. Ce détective rêve de revoir ce regard capable de faire perdre la tête aux gens. Un autre protagoniste fera-t-il donc son entrée dans cette valse entre criminel et policier ?
La question que l’on peut se poser ensuite est, la lutte entre Tadashi et les forces de l’ordre bouge-t-elle enfin ? Oui, car tout vient de l’autre protagoniste de l’histoire à savoir le sergent Tada. Même s’il n’y a pas encore de réelles explosions, la mèche du conflit brûle avec toujours plus d’ardeur.
Tadashi joue au chat et à la souris
On l’a déjà présenté plusieurs fois, mais une petite piqûre de rappel ne fait pas de mal. Le sergent Tada est un officier de police qui cherche depuis le premier tome à mettre le grappin sur Tadashi. Possédant un fort sens de la justice, il souhaite mettre fin aux crimes de cet homme. Malheureusement, il n’a jamais réussi à le coincer faute de preuves, et même s’il se retrouvait souvent face à face avec lui. D’ailleurs, on a pu sentir tout au long des premiers tomes que notre assassin vouait un certain intérêt pour le policier. Cela s’explique par la volonté de ce dernier qui l’empêche de se soumettre au regard de Tadashi. C’est alors que débutait leur confrontation qui était plus comme de simples provocations qu’un conflit ouvert. Cependant, ce tome de Perfect Crime offre un tournant dans cette lutte.
On assiste ici au premier vrai face-à-face entre les deux hommes. Cette rencontre a d’ailleurs un fort impact sur le sergent Tada qui voit sa justice être ébranlée. Nous autres lecteurs, assistons à cela en nous disant que Tadashi semble avoir emporté ce premier round. Il semble avoir réussi à démontrer une fois de plus la vérité qui se cache derrière la nature humaine. C’est donc un policier affaibli et en plein questionnement que l’on retrouve. Au final, le rôle du chasseur et de la proie semble avoir été inversé avec une certaine maestria. La seule solution pour mettre un terme aux meurtres semble être l’unique solution que propose le tueur. Il s’agit de mettre un terme à l’existence de Tadashi car rien d’autre ne pourra l’empêcher d’agir. On ressent pour la première fois une hésitation de la part du sergent Tada. Succombera-t-il à cette voie qui donnera une fois de plus raison à la vision de Tadashi ? Voici un point qui risque d’être fort intéressant à observer dans les prochains tomes.
Alors au final, que pensez de ce nouveau volume ? Possède-t-il suffisamment de nouveautés en terme scénaristique pour donner envie de voir la suite ? Pour ma part, je pense qu’il mérite amplement que l’on s’attarde encore sur le prochain tome.
Le crime paie-t-il toujours ?
Perfect Crime est toujours un manga que j’apprécie énormément. La description sordide qui est appliquée à la nature humaine ainsi que la complexité des crimes de Tadashi est toujours réalisé avec brio. La lecture se fait sans réel temps mort et on prend plaisir à suivre notre assassin vaqué à ses sinistres occupations. De plus, le fait de voir que les choses progressent entre le sergent Tada et notre tueur à gages rajoutent de l’intérêt à l’intrigue. Bien sûr, ce n’est pas encore le feux d’artifice en terme de lutte entre ces deux figures. Cependant, ce que l’on peut observer dans ce tome rassure concernant le futur de la série. À cela s’ajoute la présence du détective à la toute fin du récit qui risque bien de jouer un certain rôle dans la suite de l’histoire.
Je conseille donc toujours Perfect Crime à tous les passionnés de seinen très noir. Le personnage de Tadashi reste toujours aussi fascinant à observer et étudier comme si son regard pouvait nous captiver à travers les pages. Bien sûr, la série est destinée à un public averti du fait de nombreuses scènes violentes. L’écriture de chaque contrat est parfaitement maitrisé et on se laisse happé par toutes ces destinées tragiques qui croisent le chemin de notre criminel aux yeux hypnotiques. En tout cas, le quatrième tome risque bien d’offrir son lot de rebondissements et d’actions à travers les deux personnages principaux de l’histoire. Qui sortira vainqueur de cette opposition entre l’horreur de la nature humaine et la justice d’un homme ? Il faudra être patient pour connaître le résultat de ce face-à-face macabre !
Et vous, qu’avez-vous pensé de ce troisième tome de Perfect Crime ? Que pensez-vous de Tadashi et du futur en ce qui concerne son affrontement contre Tada ? 🙂
© Arata Miyatsuki & Yuya Kanzaki / Shûeisha