Contamination tome 1 : un enfer n’épargnant personne
On se retrouve aujourd’hui pour parler d’une oeuvre assez spéciale. Il s’agit du premier tome de Contamination, édité chez Kana. Lorsque l’on s’est lancée dans cette lecture, on était totalement ignorant de ce qu’allait pouvoir nous proposer ce titre. Bien sûr, le synopsis nous avait interpellé, mais même celui-ci ne nous donnait que peu d’infos concernant la voie qu’allait entreprendre le manga. Cependant, une fois que l’on a refermé ce volume, on comprend qu’il y a énormément de choses à dire. Ce seinen est à la fois troublant et saisissant de par son réalisme et la tension qui monte crescendo. Sans s’en rendre compte, on est happé par cette histoire assez singulière. Un voyage qui cache très bien son jeu et qui possède de nombreux atouts. Il est donc grand temps de voir ce qui fait la force de cette série. On enfile sa combinaison et on s’apprête à entrer dans un enfer rongé par la maladie.
Un quotidien paisible transformé en cauchemar
Contamination, imaginé par Ao Acato, nous propulse au coeur de Yokobashiri. Cette ville, située au pied du mont Fuji, est tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Elle est guidée par la routine de ses habitants qui vivent paisiblement et tente de régler leurs petits tracas du quotidien. C’est dans ce contexte que l’on fait la connaissance du docteur Tamaki. Cette jeune femme exerce avec talent son métier de chirurgienne et de médecin tout en affichant toujours une grande franchise dans chacun de ses propos. Malgré son côté abrupt, elle est toujours là pour aider le moindre patient qui se présente à elle. Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais un évènement va venir chambouler la douce existence de cette population. Cela commence par la découverte d’un soldat des Forces d’autodéfense qui s’est effondré à quelques pas de l’hôpital. Découvert par le gardien de l’établissement, il est rapidement confié à Tamaki qui va tout faire pour s’occuper de ses symptômes.
Malheureusement, ces derniers semblent très violents et le garçon ne s’arrête plus de cracher du sang. Cependant, notre chère docteur parvient à le stabiliser même s’il reste dans un état critique. Alors que cette situation de stress semble être finie, un autre patient arrive et présente des similitudes avec le premier cas. Ces coïncidences sont un peu trop rapprochées pour Tamaki qui commence à se poser des questions. Ses doutes se confirment un peu plus lorsque l’armée transfère le soldat malade chez eux malgré son incapacité à être transporté. Notre femme médecin ne le sait pas encore, mais cela n’est que le prélude à une catastrophe bien plus grande. Une épidémie qui va s’étendre peu à peu pour finalement planer sur l’ensemble des citoyens de Yokobashiri. La généraliste Suzuho Tamaki va devoir se lancer dans une lutte constante et dangereuse afin de sauver le maximum de vies. Le cauchemar ne fait que débuter !
Contamination est l’exemple parfait du manga qui prend toute son ampleur au fur et à mesure de la lecture. Ce titre prend son temps pour nous immerger et nous emmener là où l’auteur souhaite. Une narration maîtrisée et qui nous laisse sur un suspense insoutenable.
Un fil rouge intelligemment construit
Dans ce seinen, il ne faut pas s’attendre à que tout s’enchaîne très vite. On est ici devant une intrigue qui s’étale sur l’ensemble du volume afin d’exploiter tout son potentiel. Cet élément est d’ailleurs très important concernant l’attrait que l’on a pour cette série. On débute avec une présentation très calme de cette ville et de ses habitants. Même le travail de notre héroïne semble assez tranquille malgré le fait qu’elle ait la vie de ses patients entre les mains. Tout ceci est fait exprès afin de donner une image très positive de ce lieu et de ces personnages. On continue donc d’assister aux habitudes de chacun et alors vient le cas du jeune soldat. Il s’agit du premier pas vers la fameuse pandémie qui va survenir, mais même là on n’éprouve pas de réelles menaces. On sait qu’il se passe quelque chose et on commence à afficher le même regard que Suzuho face à cette maladie. Pourtant, la vie retrouve son cours normal et cela désamorce la situation que l’on vient juste de quitter. Un fantastique travail de rythme de la part de l’auteur qui joue avec nous et fait grimper le danger en plusieurs étapes.
La suite du récit passe par de multiples discussions, réflexions et tragédies. Bien sûr, on vous laisse la surprise de ces découvertes. Outre cela, il va y avoir une brusque accélération au niveau de l’enchaînement des différents évènements qui va prendre le lecteur un peu au dépourvu. Tout est organisé pour que l’on comprenne le danger que représente de tels symptômes. Pourtant, on reste figé lorsque tout va se précipiter comme si le fait de savoir n’était que peu de choses face à une telle menace. Le mangaka continue inlassablement de construire le fil rouge de son récit avec une précision incroyable et qui nous scotche à notre siège. De plus, on se rend compte que le docteur Tamaki a beau être la principale protagoniste, il en existe un autre bien plus important. Il s’agit de Yokobashiri elle-même et de l’ensemble de sa populace. C’est en tout cas ce que l’on peut éprouver en parcourant l’ensemble de ces chapitres. C’est la ville entière qui est menacée et qui doit se battre pour préserver cette première image que l’on a eu d’elle.
L’autre gros point fort de Contamination vient de l’atmosphère mise en place. Encore une fois, tout est une question de construction afin d’installer une ambiance oppressante et qui s’empare peu à peu du lecteur. Une tension qui ne cesse de s’intensifier à chaque page que l’on tourne.
Un sentiment d’urgence
La première moitié de Contamination sert principalement à placer les lieux, les personnages ainsi que certaines parties de l’intrigue. Au moment où l’on s’attaque à la seconde partie, notre lecture se retrouve totalement chamboulée. Fini les petites consultations pour un simple rhume ou des problèmes de dos. On est plongé dans un enfer médical sans précédent et qui ne nous laisse quasiment aucun moment de répit. Le mot urgence n’aura jamais autant d’impact qu’ici où la moindre seconde compte. Comme dit un peu plus haut, on a beau avoir été préparé à ce qui allait se passer tout au long de ces cases, on est quand même perdu devant l’ampleur du drame. On se raccroche alors au courage et à la détermination de Suzuho Tamaki qui ne baisse à aucun moment les bras. Elle est presque celle qui porte seule l’espoir de ces centaines de patients. Le lecteur est impuissant devant toute cette souffrance et qui est retranscrite de manière très réaliste. Ce dernier point est aussi l’un des grands atouts de ce seinen qui arrive à nous dire que cela pourrait arriver et qui nous implique donc encore plus dans cette lecture.
Cependant, le véritable coup de maître vient des dernières pages de ce volume. On vient tout juste de faire face à une véritable situation de crise très éprouvante. Malgré cela, on finit par voir le bout du tunnel grâce à l’intervention de plusieurs protagonistes. Notre regard se porte alors sur ces gens qui vont pouvoir reprendre leur quotidien. On est soulagé au même titre que l’ensemble du personnel médical qui s’est battu de toutes ses forces. Un rythme plus léger et qui rejoint un peu celui du début de l’œuvre. C’est à cet instant qu’Ao Acato décide de nous porter le coup fatal en rajoutant une couche de manière très intelligente. On comprend alors que tout ne fait que commencer et que le plus dur reste à venir. Rien que dans ces cinq dernières pages, Contamination arrive à nous faire frissonner de par ce qu’il installe pour la suite. Alors que ce premier acte se termine, on éprouve toujours une profonde tension quant à ce que l’on va découvrir dans les prochains tomes. Une première excursion qui nous marque et nous projette avec aisance dans l’avenir de la série.
Au final, ce premier tome de Contamination remplit parfaitement son rôle. Il introduit et pose des bases solides pour ce récit sans pour autant négliger notre émotion au contact de celui-ci. Une aventure littéraire qui nous plonge petit à petit dans le combat infernal de ces hommes et femmes face à cette épidémie.
Contamination lutte de toutes ses forces
En conclusion, on a vraiment été touché et troublé par notre périple au sein de ce titre. Contamination est loin d’être un récit bourré d’action ou offrant une enquête palpitante. Ce n’est nullement le but de cette oeuvre qui parvient à marquer les esprits d’une façon qui lui est propre. De par son réalisme, son rythme et sa narration ainsi que l’atmosphère étouffante qui s’installe, ce manga parvient facilement à capter toute notre attention. Rare sont les séries à nous avoir autant conquis de par cette notion de tension qui s’installe petit à petit. Chaque petit élément est pensé de façon à accentuer ce moment où tout bascule et à nous imprégner de la vie de ces habitants. De plus, nous n’en sommes encore qu’aux balbutiements de cette terrible épreuve. Un prélude efficace, prenant et prometteur qui sert pleinement notre envie de découvrir l’ensemble de cette saga.
On vous recommande donc fortement ce seinen qui change de ce que l’on a l’habitude de lire. Si vous êtes fan des récits qui prennent leur temps pour instaurer un climat pesant et fascinant alors Contamination saura répondre à vos attentes. Si la première partie peut sembler assez lente, cela est tout à fait normal et sert de tremplin à une seconde moitié bien plus angoissante. En plus, le fait que cette aventure se termine en trois tomes est une bonne chose, car c’est typiquement le genre d’histoire qui n’a pas besoin de s’étaler sur la longueur. Cette crise pourra-t-elle être contenue ? La ville de Yokobashiri retrouvera-t-elle son calme d’antan ou la mort sera-t-elle la plus forte ? On est à la fois curieux et terrifié de voir ce que nous réserve le second tome au vu de comment se termine cette première approche. En tout cas, si l’auteur continue sur cette voie, on peut être confiant pour ce qui est de l’avenir de la série.
Et vous, avez-vous été interpellé par ce premier tome de Contamination ? Quelles sont vos attentes concernant la suite ? N’hésitez pas à partager votre avis ainsi que votre ressenti dans les commentaires. 🙂
© Acato Ao / Kodansha