Carnet de voyage d’un otaku chez VEGA
Après avoir déjà fait un article spécial cette semaine, on s’est dit qu’on allait vous en proposer un autre. Il faut dire que l’on a eu le droit à une belle brochette de titres et c’est encore plus vrai du côté de chez Vega. L’éditeur a su, depuis ses débuts, nous proposer un catalogue fabuleux avec des titres à la fois bouleversants, touchants et prenants. La semaine dernière fut l’occasion de se pencher sur quatre tomes ayant chacun des qualités indéniables. C’est donc pour cela que l’on a pensé à faire cette chronique, car on s’est dit que chacune de ces œuvres méritaient que l’on s’attarde dessus. On va donc passer d’une visite au sein d’un incroyable aquarium à la vie d’un mangaka hilarant avant de partir découvrir le quotidien terrible de soldats avant de terminer avec un peu de cinéma. Des voyages qui, même s’ils ont beau être différents, partagent un immense point commun. Il s’agit du plaisir que l’on ressent en nous plongeant à l’intérieur de ces cases et d’entrer en contact avec tous ces personnages. On espère donc que vous êtes prêts pour de formidables aventures !
Deep Sea Aquarium MagMell tome 3
Deep Sea Aquarium MagMell, imaginé par Kiyomi Sugishita, nous avait laissés alors que Kôtaro venait tout juste d’être accepté en tant que soigneur. Une proposition de poste qu’il a encore du mal à croire. Après tout, c’est comme si son rêve devenait réalité. Il va maintenant passer la majorité de son temps en compagnie de ces créatures des profondeurs qu’il aime tant observer. Malheureusement, il va très vite se rendre compte que ce quotidien est loin d’être une sinécure. Il va se mettre à avoir des doutes, mais malgré cela il va continuer de tenir bon et s’accrocher afin de s’améliorer. Cependant, une nouvelle tâche importante va lui être confié par le directeur en personne. Ce sera à lui de faire la présentation de la faune sous-marine à l’ensemble des visiteurs. En imaginant déjà la scène, notre jeune employé ne peut s’empêcher de stresser. Est-il vraiment capable de transmettre sa passion à des gens qui n’y connaissent pas toujours grand chose ? Si cette hésitation reste ancré en lui, il est quand même déterminé à ne pas louper cette occasion et à ne pas trahir la confiance des autres à son égard. Un nouveau chapitre de sa vie débute et celui-ci pourrait bien lui réserver d’autres surprises de taille.
Encore une fois, Deep Sea Aquarium MagMell nous emporte totalement dans ce qu’il nous raconte. Cela ne concerne pas tant le rythme de l’histoire qui reste très constant. Ce qui nous attire est avant tout la beauté de ce lieu paradisiaque qui nous fait aimer et découvrir les trésors qui se cachent au fond des abysses. On regarde alors ces animaux avec des étoiles plein les yeux tout en voyant la passion de ce jeune soigneur déteindre sur nous. On va de surprise en surprise tout en conservant cette douceur qui nous berce tandis que l’on contemple ce spectacle avec un regard d’enfant. Une envie de nous communiquer la splendeur qui se cache derrière ce monde encore très mystérieux tout en nous impliquant dans la vie de cette immense installation. De plus, ce troisième volume ne se concentre pas uniquement sur la vie marine. On va aussi en apprendre bien plus sur notre personnage principal et un individu avec qui il est profondément lié. L’humain prend alors une place plus importante sur cette scène où il partage l’affiche avec ces myriades d’êtres fascinants. Le lecteur voit ainsi sa curiosité être attisé par ces secrets et peut ainsi prendre conscience de l’importance qu’a l’homme et les émotions qui peuvent guider son coeur au sein de ce conte.
Peleliu tome 5
Peleliu, écrit par Kazuyoshi Takeda avec le concours de M. Masao Hiratsuka, nous avait abandonnés alors que cette île était en proie aux flammes et aux bombardements incessants. Après avoir massacré bon nombre de soldats japonais, les troupes américaines étaient parvenues à s’emparer d’une bonne partie des lieux. Malgré tout, Tamaru, Yoshiki et Kosugi réussissaient à se cacher de ces sentinelles et à vivre un quotidien se résumant à la recherche de nourriture. Heureusement, Peleliu commença peu à peu à retrouver sa verdure et sa faune. Alors qu’ils durent fuir leur dernière cachette, notre trio tomba sur une grotte au cours de leur exploration. A l’intérieur se trouvait des boites de conserves appartenant à l’ennemi et où un message avait été laissé sur le sol. Celui-ci indiquait qu’il était possible de voler des vivres à l’armée adverse. Pour découvrir ce moyen, tous les hommes de l’archipel étaient invités à se réunir dans un lieu bien précis. Ils ne le savaient pas encore, mais cette opportunité allait leur offrir une chose qu’ils n’avaient pas eu depuis bien longtemps. La survie de tous ces hommes s’apprête à entrer dans une toute nouvelle phase.
S’il y a bien une série du catalogue de Vega qui a su nous charmer depuis le premier tome, c’est bien Peleliu. Observer et ressentir les souffrances qu’ont vécues ces soldats livrés à eux-mêmes est un spectacle terrifiant et pourtant hypnotisant de par l’émotion qui s’en dégage. Alors que l’on a déjà pu parler de la symbolique qui se cache derrière la plupart des images, on peut aussi reconnaître à ce tome d’apporter quelque chose d’inédit à l’oeuvre. Celle-ci n’est autre qu’une lueur d’espoir pour ces hommes qui ne connaissent que l’enfer depuis le début des hostilités. Bien sûr, il ne s’agit pas d’une libération totale, mais ce que l’on peut voir nous permet de respirer un peu. On ressent alors un profond esprit de camaraderie de la part de ces soldats qui ont enfin trouvé un meneur digne de ce nom. Malgré tout, on ne décroche jamais totalement de ce que cette guerre est capable d’engendrer chez l’homme et ce qui lui est possible de faire pour essayer de survivre. Des scènes déchirantes et qui continuent d’approfondir cette atmosphère qui nous colle à la peau même après avoir tourné la dernière page. Outre cela, on a beau être heureux de voir des sourires se dessiner de nouveau sur ces visages, on éprouve aussi une profonde tristesse en imaginant que cela pourrait bien disparaître en quelques secondes. Après tout, le devoir d’un soldat prime bien plus que sa propre existence. Une triste vérité qui nous est parfaitement montrée de par cette histoire qui nous touche profondément.
KakushiGoto tome 2
KakushiGoto, imaginé par Kouji Kumeta, nous contait les aventures du mangaka portant le nom de cette série. Ce dernier vivait paisiblement avec sa fille adorée. Cependant, cette paix qu’il a mis tant de temps à bâtir repose sur un mensonge de taille. En effet, ce père de famille fait croire à son enfant qu’il n’est qu’un employé de bureau. Il se refuse à avouer qu’il est auteur de manga, car il refuse de voir la prunelle de ses yeux être bouleversée par ces ouvrages sulfureux. C’est ainsi qu’il passe la majorité de ses jours à élaborer des stratagèmes afin de cacher sa véritable identité. Cependant, il n’est clairement pas aidé par son entourage et ses assistants qui le mettent souvent dans des situations fâcheuses. Tout cela va alors entraîner une myriade de quiproquos à l’égard de ses collaborateurs ainsi que de ces sublimes et adorables voisines. Le récit d’un homme qui souhaite juste préserver l’innocence de sa fille tout en continuant de faire le métier qu’il a toujours aimé pratiquer. Humour garanti pour un titre qui sait comment nous faire décrocher un sourire.
C’est la première fois que l’on parle dans un article de KakushiGoto. A la base, si l’on avait trouvé de belles qualités à la série, on attendait de voir ce que cela allait pouvoir donner à travers un second volume. Au final, nous ne sommes clairement pas déçus de ce que l’on découvre. Un titre qui change totalement de ce que l’on a l’habitude de lire chez Vega de par son humour qui marche à merveille. On est totalement friand de ces gags qui font que l’on s’attache à tous ces personnages que sont notre auteur et ceux qui gravitent autour de lui. De plus, KakushiGoto n’est pas uniquement un manga jouant sur le comique. Il y a aussi une volonté de montrer le lien qui unit notre personnage central et sa fille. Bien sûr, les situations nous font mourir de rire, mais bien au-delà de cela on est avant touché par cette relation qui unit ce père et sa fille. Il a beau cacher son secret à cette dernière, il n’en reste pas moins un parent aimant et affectueux qui peut parfois être un peu trop gaga. Cependant, ce sont tous ces éléments qui font que l’on apprécie de suivre cette licence qui n’a pas forcément de grandes ambitions au niveau de son scénario, mais qui possède une grandeur insoupçonnée de par sa faculté à nous faire passer un bon moment.
The Red Rat in Hollywood tome 2
The Red Rat in Hollywood est né de la plume d’Osamu Yamamoto. Ce titre nous avait laissés alors que la droite américaine avait lancé la “terreur rouge” contre Hollywood et l’ensemble du milieu cinématographique. Ce symbole du divertissement n’était plus que le terrain de jeu pour des politiciens désireux de chasser les communistes de leur pays. Ce fut finalement une dizaine de personnes qui furent accusées d’outrage au parlement lors d’une audition extraordinaire devant le Comité sur les activités anti-américaines. Ce verdict fut donné, car chacun de ces plaignants refusa de témoigner et d’avouer leurs activités actuelles ou passé en tant que membre des rouges. Parmi eux se trouve le scénariste Dalton Trumbo qui vit très mal cette décision qui le fait virer et oublié de tous. Il met alors en place un stratagème audacieux pour que son oeuvre puisse perdurer même si personne ne le sait. Le combat pour le droit de parole et la liberté d’expression ne fait que commencer pour ces hommes qui se retrouvent acculés par leur propre pays. L’oppression du pouvoir est-elle plus forte que le rêve de certains individus ? Un affrontement qui va chambouler tout un système.
Pour finir cette chronique, on a décidé de traiter de ce titre particulièrement atypique. On avait déjà pu en parler lors d’un précédent article, mais il est très rare de voir des oeuvres traités de cette période sombre pour les Etats-Unis. Si le premier tome misait énormément sur la fameuse chasse aux rouges de par l’HUAC, ce second volume parvient à prendre une tournure intéressante. La traque des communistes sert maintenant de toile de fond afin de nous narrer le combat d’un scénariste pour continuer d’écrire. Un affrontement pour la liberté d’expression qui l’oblige à rester dans l’anonymat afin de mettre au point un véritable chef-d’oeuvre. On est alors propulsé dans les coulisses du monde du cinéma et cela est décrit avec une telle justesse que l’on ne peut qu’être attiré par ce que l’on peut observer. Un incroyable jeu de dupes qui pourrait avoir de terribles répercussions si la stratégie de Dalton Trumbo venait à être découverte. On est subjugué par tout ce qui est mis en place afin de nous propulser à cette époque où penser autrement pouvait être considéré comme un crime contre la nation. Une lecture particulièrement dense et qui pourtant n’en est nullement ennuyeuse tant le travail de recherche et d’explication est incroyable. On ne peut qu’être impatient de savoir quel va être le prochain acte de ce conflit.