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Helvetica tome 1 & 2 : la chasse aux sorcières débute

Les semaines ont beau passés, on peut encore difficilement dire que l’on a lu tout ce que l’on a pu trouver à la Japan Expo. Une montagne d’ouvrages que l’on prend plaisir à découvrir et que l’on décortique de notre mieux afin de profiter de tout ce que ces histoires peuvent offrir. Parmi le lot, on peut bien sûr citer ces nouvelles licences qui sont une porte ouverte sur des aventures totalement inédites. C’est l’un de ces contes que l’on va aborder aujourd’hui avec le tome 1 et 2 de Helvetica. Le dernier venu du catalogue de Kurokawa nous avait interpellés lors de son annonce, mais on avoue que l’on ne s’est que peu penché sur le synopsis. On désirait nous laisser la surprise et voir à quoi pouvait prétendre cette saga. Après lecture de cette grosse introduction, on peut affirmer que ce récit a beaucoup de potentiel. Une oeuvre bien sombre et pesante qui nous plonge dans une chasse aux sorcières des temps modernes. On espère donc que vous êtes prêts à tout faire pour échapper à ces poursuivants qui n’ont pas le moindre scrupule.

Une vie lambda tombée en enfer

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Une inconnue qui va tout chambouler.

Helvetica, scénarisé par Shizuka Tsukiba et dessiné par Tsumugi Somei, prend place dans un univers contemporain. On y fait la connaissance de Asahi Mayuzumi qui s’avère être un véritable fan de manga. Il ne peut s’empêcher de collectionner ces séries et les produits dérivés. Mise à part sa passion, il vit une existence tout à fait classique entouré de ses amis qui passent le plus clair de son temps à l’embêter concernant le fait qu’il n’a aucune copine. Secrètement, notre jeune garçon espère pouvoir faire un jour la rencontre d’une fille qui apparaîtrait soudainement devant lui. Malheureusement, il sait très bien que cela n’est qu’un rêve et qu’il doit retourner à la réalité. Cependant, il se pourrait bien que le destin soit sur le point de frapper à sa porte. En effet, sa sonnette va très vite retentir. En ouvrant à la personne, il découvre une demoiselle charmante accompagnée d’un chat noir. Ne connaissant absolument pas cette inconnue, il se demande si son souhait n’est pas en train de se réaliser. Il va très vite déchanter en voyant les agissements de la jeune fille qui va s’en prendre à lui.

Cette dernière à une aversion particulière pour les garçons et cherche à tout prix à retrouver quelqu’un. Malheureusement, ses attaques ne lui permettent nullement d’obtenir des réponses et elle finit par abandonner Asahi qui est encore tétanisé par ce face-à-face. Essayant de remettre de l’ordre dans ses idées, notre étudiant va alors essayer d’oublier cela et de reprendre le cours de sa vie. Pourtant, il lui est difficile d’effacer le souvenir de cette femme qui l’a agressé et suite à un certain événement, il va alors se retrouver embarqué dans une spirale infernale. Il déclenche par mégarde un pouvoir qui sommeillait en lui et devient la cible d’un groupe de chasseurs qui n’a qu’une idée en tête. Cette dernière n’est autre que de purifier et débarrasser ce monde du danger que représentent les sorcières. Sans le savoir, son échange avec cette mystérieuse invitée a été le déclencheur d’un raz-de-marée qui va balayer toute son existence. Maintenant, il doit fuir et forger une alliance hors du commun avec un groupe de résistantes qui tente tant bien que mal de subsister dans un monde qui en a après eux.

Ce qui nous a choqués, dans un premier temps, en lisant Helvetica, c’est à quel point le manga se veut à la fois sombre et violent. On a le droit à des scènes parfois difficiles qui accentuent la tension et surtout le danger que représentent ces adversaires. On est propulsé d’un coup dans un environnement hostile où se cacher est le meilleur moyen pour éviter une mort atroce. Un début qui retient toute notre attention de par la surprise qui en découle et ce que cela peut entraîner pour la suite.

Une œuvre d’une grande noirceur

En nous immergeant dans le monde d’Helvetica, on ne s’attendait pas à être emporté dans une spirale aussi infernale. Alors que tout semble commencer calmement, l’histoire prend une tournure inattendue. En réalité, ce début paisible sert avant tout à endormir notre vigilance afin que l’on soit encore plus assommé par ce qui va se passer. En effet, alors que l’on est le témoin d’événements étranges et surtout de la rencontre de notre héros avec une invitée surprise, on ne sait pas que tout ça n’est que le prélude à un véritable enfer. Une façon intelligente de surprendre autant le personnage que le lecteur qui, tout comme notre adolescent, va être embarqué dans un milieu qu’il n’a jamais souhaité intégrer. C’est d’ailleurs un sentiment que l’on ressent tout au long de ces deux volumes. Le personnage principal est constamment mis en danger alors que tout ce qu’il souhaite est de retrouver son ancienne vie. D’ailleurs, on tient à souligner à quel point le moment où tout bascule est bien réalisé et réussi surtout à nous provoquer un malaise au vu des supplices que doit endurer Asahi.

Les antagonistes de ce manga nous sont présentés de manière à ce que l’on éprouve une certaine peur à leur approche. On a beau savoir que l’on ne risque rien, on a quand même le ventre qui se noue en les voyant débarquer. Cela est dû au fait que l’on sait pertinemment qu’ils sont là pour détruire les acteurs principaux. On partage donc cette sensation de danger qui relie chacune de ces fameuses sorcières et qui fait que l’on essaye d’anticiper ce qu’il va se passer. Par ce procédé, on cogite de nous-même afin de savoir si telle décision est la bonne ou si cela conduira nos proies dans un traquenard. Outre tout cela, il faut aussi noter le très bon équilibre et la symbolique que représente la nuit et le jour. Alors que le soleil brille, on ressent presque un apaisement après tout le tumulte que l’on a vécu. La journée devient presque un refuge qui disparaît inexorablement à partir du moment où la nuit recouvre le ciel de son long manteau noir. Dès cet instant, nos sens s’éveillent et on est à l’affût du moindre danger. On a beau n’être que spectateur, on ne souhaite pas revivre toutes ces terribles scènes auxquelles on a pu assister impuissant. Tous les éléments sont réunis pour pousser le lecteur à s’engouffrer dans cet abysse où cet adolescent est tombé et où l’on espère pouvoir trouver une faible lueur d’espoir. Un remarquable travail de mise en scène tout au long de ces chapitres.

Outre son côté très sérieux et parfois difficile, Helvetica se distingue aussi par tous ces protagonistes et les gens qui gravitent autour d’eux. Ce qui est intéressant est de voir comment notre héros va agir et évoluer au contact de ces personnes qui ont totalement chamboulé son existence. Des acteurs souvent tourmentés et qui laissent imaginer des histoires incroyables les concernant. Un atout indéniable pour ce manga qui mise beaucoup sur l’intérêt que l’on peut avoir pour ces individus.

Des personnages prometteurs

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L’enfer débute ici.

Lorsque l’on s’attarde sur chacun des protagonistes, on se rend compte à quel point il y a un immense potentiel derrière eux. On ne parle pas forcément de puissance ou de capacités, mais bel et bien d’écriture. Il n’y a qu’à voir notre petite bande pour comprendre que chacun de ces membres a une histoire personnelle. Même si on ne sait que peu de chose concernant leur passé, on sent que celui-ci est lourd et éprouvant pour ces jeunes filles qui essayent de se dissimuler au regard des autres. Ainsi, il y a un très bon parallèle qui est fait entre leur statut de sorcières et la vie qu’elle souhaiterait mener. Leur pouvoir est donc décrit comme une malédiction et non un bienfait. On partage rapidement ce point de vue en observant tout ce qui peut leur arriver. D’ailleurs, Asashi n’est pas en reste car il représente parfaitement ce que l’on pourrait ressentir dans un tel cas. Un adolescent ordinaire qui est complètement perdu au vu de tout ce qui arrive et qui ne souhaite que revenir à son ancienne vie. Toute cette écriture, qui est développée au sein de ces pages, sert pleinement notre intérêt pour l’œuvre et surtout notre attachement à l’égard de ces cibles.

Cependant, si le groupe que l’on suit est déjà fascinant à analyser, les antagonistes ne sont pas en reste. Tout d’abord, il est intéressant de noter la manière dont sont habillés ces fameux chasseurs de sorcières. Leur style vestimentaire, leur attitude, et même leur structure feraient presque penser à une armée qui n’a été créée que dans un seul but. En un claquement de doigts, on sent notre corps au vu de l’aura de mort qui entoure chacun de ces individus. L’auteur et le dessinateur ont su faire en sorte qu’ils réussissent leur entrée dans l’histoire afin de marquer profondément le lecteur. On se met alors à se poser plein de questions à l’égard de cette organisation qui reste très nébuleuse. Notre attention est donc constamment mise à l’épreuve au vu de toutes ces figures que l’on suit. On a envie de savoir tout ce qui englobe cette traque envers ceux qui sont dotés de capacités magiques. Un parti-pris important et qui réussit à attiser notre curiosité tout en apportant suffisamment d’éléments pour développer cet univers petit à petit.

Au final, Helvetica fut une agréable surprise sur de nombreux aspects. Tout d’abord, il faut noter la manière originale qu’a l’auteur de nous raconter une chasse aux sorcières assez différente de ce que l’on a l’habitude de voir. Porté par une galerie de personnages assez torturés, ce seinen peut se targuer d’avoir suffisamment de matières pour réussir à accrocher son lectorat et donner naissance à une histoire sortant de l’ordinaire et surtout captivante.

Helvetica lance ses premières étincelles

Ce que l’on a adoré dans ces deux premiers tomes de Helvetica, c’est la manière qu’a le mangaka de prendre son temps. Si l’on peut penser que le début est un peu long, mais c’est pour mieux nous imprégner et nous décrire cette autre facette du monde. En réalité, ces deux excursions pourraient presque être considérées comme une immense introduction qui remplit à merveille son rôle. On est complètement happé par cette virée à la fois sombre, prenante et surtout humaine. En effet, si l’on devait retenir une de ses grandes qualités, ce serait ce fantastique travail au niveau du background de chacun et de l’empathie que l’on peut avoir pour ces pauvres âmes tourmentées. Outre tout cela, il faut aussi reconnaître que le manga joue à merveille la carte du récit à la fois angoissant et pesant. On est interpellé à chaque fois que nos nouveaux amis osent pointer le bout de leur nez en dehors de leur QG. Après tout, on ne sait jamais où peut se cacher un chasseur. L’emprise sur le lecteur est totale alors que l’on avance à tâtons dans ce récit comme si l’on avait peur de se retrouver en tête-à-tête avec l’un de ces adversaires.

C’est donc avec une très grande joie que l’on recommande ce seinen qui nous offre un spectacle assez ahurissant. Un conte qui ne nous envoûte pas de par son action qui n’est encore que peu présente, mais par l’atmosphère qui s’en dégage. Si vous souhaitez une aventure littéraire difficile et angoissante ou bien que vous désiriez une oeuvre qui revisite la chasse aux sorcières dans un contexte plus moderne, alors Helvetica saura certainement vous faire plaisir. Un titre qui est encore loin d’avoir dévoilé toutes ses cartes et qui pourrait bien prendre une tournure surprenante à l’avenir. Les questions que l’on peut se poser sont maintenant très nombreuses. Quelle est l’histoire de chacune de ces demoiselles ? Existe-t-il une solution pour notre héros de retrouver son quotidien lambda ? Qui se cache derrière toute cette organisation ? Comment ce conflit de l’ombre se réglera-t-il ? On va devoir prendre notre mal en patience pour savoir le fin mot de tout cela.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre ressenti ainsi que vos impressions sur les deux premiers volumes d’Helvetica. Qu’attendez-vous pour la suite des événements ? Que pensez-vous de cette traque contre la sorcellerie ? Pensez-vous que l’on aura le droit à de grandes confrontations ? Avez-vous été marqué par la noirceur de cette œuvre ? Qu’est-ce qui vous a le plus marqué au sein de ces pages ? On est là pour échanger et discuter autour de cette série qui a largement de quoi faire. 🙂

© Tsukinami Shizuka & Somei Tsumugi / Shueisha

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