Bloody Cruise tome 1 : la croisière s’emballe
On a déjà pu parler à de nombreuses reprises de l’effroi dans le monde du manga. Un sujet palpitant et qui est loin de se résumer uniquement à une effusion de sang ou des monstres faisant un carnage dans leur sillage. Il existe une multitude de façons de provoquer la peur chez le lecteur et de s’en servir comme un levier pour installer un scénario qui puisse être prenant. C’est exactement le cas du titre que l’on va aborder aujourd’hui et qui nous provient tout droit du catalogue d’Omaké Manga. L’éditeur a su proposer des expériences intéressantes dans ce domaine et la dernière en date a su éveiller notre intérêt dès le moment où l’on a posé les yeux sur la couverture. Il s’agit de Bloody Cruise, dont le premier volume est sorti la semaine dernière. En nous amenant sur un terrain qui ne laisse que peu d’échappatoire, ce titre souhaite faire naître une crainte progressive dans le cœur du spectateur. Une virée en enfer qui s’inscrit rapidement dans notre esprit au vu de ses qualités. Un récit qui a de quoi nous tenir en haleine pour un moment. L’heure est donc venue de prendre son billet pour un périple sur l’eau sans possibilité de retour.
Un voyage qui s’annonce inoubliable
Bloody Cruise, imaginé par Yu Satomi, nous plonge dans un monde contemporain tout ce qu’il y a de plus banal. Malheureusement, cette tranquillité apparente cache en réalité une terrible menace. Attendant patiemment de fondre sur leur proie, cette ombre s’apprête à faire un vrai festin lors d’une croisière inoubliable. Akari et sa famille ont eu la chance d’être invités à bord d’un paquebot de luxe pour profiter d’un voyage qu’ils n’auraient jamais pensé possible. Tout semble paradisiaque et ils profitent joyeusement du cadre offert par cette virée. Cependant, ils se rendent vite compte que quelque chose cloche. Les passagers semblent être divisés en deux catégories. Les gens comme eux qui ont eu la chance d’avoir un billet et une sorte d’élite qui n’a que peu d’interaction avec eux. Cette séparation éveille la curiosité de certains, mais ils finissent par accepter le fait que tout ça fait partie de la gestion propre à la croisière. Malheureusement, les choses ne s’arrêtent pas là, car quelques voyageurs vont être interloqués du fait qu’ils ne peuvent avoir accès à la plupart des installations. Comme si on tentait de limiter leurs mouvements ou bien de les empêcher de fureter un peu partout. Les organisateurs de cette traversée font alors de leur mieux pour rassurer leurs inquiétudes et les festivités ne tardent pas à reprendre. C’est pareil pour Akari, son père et son petit frère qui vont reprendre leur routine entre leur cabine et le pont. Ils auraient dû continuer à se méfier…
L’amusement est en fait de courte durée dès l’instant où ils sont interpellés par la disparition de leurs voisins de cabine. Personne ne signale cet étrange événement et cela ne semble faire ni chaud ni froid au personnel du bateau. Il ne faut pas longtemps pour que la vérité éclate aux yeux de quelques courageux. Les privilégiés de cette escapade ont mangé ces pauvres âmes qui sont tombées entre leurs mains. Cette découverte va transformer cette croisière de rêve en une virée en enfer. Il faut absolument fuir pour les survivants avant de devenir le repas de ces monstres. Cependant, comment échapper au diable lorsque l’on est prisonnier au milieu de l’océan ? Aucune échappatoire ne semble possible et il va donc falloir redoubler de vigilance, de ruse et de discrétion pour ne pas éveiller l’attention des maîtres à bord. Tout est bon pour espérer tenir suffisamment jusqu’à trouver une porte de salut. Mais est-ce seulement possible d’espérer quand on ignore si les secours vont venir ? La traque est sur le point de débuter et mieux vaut lutter bec et ongles que de finir dans l’estomac de ces meurtriers. L’être humain se confronte à la bête dans une arène qui donne clairement un avantage à celui qui en a fait sa tanière. Peu importe à présent les cris de détresse de ceux qui succombent. Après tout, impossible de se faire entendre au milieu des vagues. Jamais un voyage n’aura été aussi long pour ses passagers que celui de ce paquebot sanglant qui a plus l’air d’un abattoir flottant.
Très vite, on se rend compte dans quelle direction souhaite nous amener ce premier volume de Bloody Cruise. Un ouvrage qui cherche à poser un décor qui soit à la fois attirant et oppressant. On est rapidement confronté à l’horreur qui se cache derrière cette croisière et cela ne va faire que renforcer ce sentiment d’insécurité qui entoure certains passagers. Si le visuel joue grandement dans cette capacité à nous immerger dans cet enfer, il est avant tout question ici d’une ambiance remarquable dépassant de loin ce que l’on pouvait attendre. Embarquer sur ce bateau, c’est s’aventurer sur un territoire où les prédateurs sont omniprésents.
Une tension grandissante
Ce qui est important dans un récit horrifique est de savoir si le lecteur va accrocher à l’ambiance proposée, mais aussi être sensible à l’élément prévu pour nourrir cette crainte. Dans Bloody Cruise, on a parfaitement ressenti ça à travers de nombreux aspects de ce premier volume. Tout d’abord, le titre réussit son entrée avec des premières pages qui donnent le ton de ce que l’on risque d’avoir par la suite. On est directement confronté au sang et à l’effroi à travers ce premier chapitre qui est là autant pour nous donner un aperçu du danger à venir qu’éveiller rapidement le malaise chez nous. Cette mise en garde va être redoutable étant donné que l’on va avoir quelque chose que les autres personnages n’ont pas. Il s’agit d’être conscient de ce qui se trame dans l’ombre. On a alors presque ce désir de les prévenir du danger, mais on est bloqué en tant que témoin de ce qui se passe. Tout cela sert à entamer la première phase de cette peur qui s’installe en nous. La tension va ensuite monter d’un cran par rapport au lieu où se passe l’action. En effet, le fait d’utiliser un paquebot comme terrain de jeu est très intelligent. On se retrouve dans un espace clos où il n’y a aucun moyen de s’échapper. Le fait de se retrouver ici et de savoir l’horreur qui attend les passagers est une excellente façon d’approfondir ce sentiment d’insécurité voulu par l’auteur. Il veut nous montrer que fuir n’est pas une option et que les rares chances de survie reposent sur la discrétion et la méfiance.
D’ailleurs, le rythme en lui-même est aussi un facteur important concernant l’ambiance qui s’empare de nous. Toute l’intrigue est pensée pour monter crescendo et surtout jouer sur tout un tas de petits détails qui vont réveiller cette crainte des premiers instants. S’il y a des passages gores et dérangeants, tout ceci est fait de manière sporadique pour que ce ne soit pas la seule raison de l’oppression que l’on ressent. C’est avant tout dans cette faculté de créer des petits moments où l’on comprend que quelque chose ne va pas qui rend ce périple aussi haletant. La connaissance du mal présent sur ce paquebot est autant une arme qu’un poids pour le lecteur qui est encore plus impliqué dans ce qui se passe. En plus, on nous fait rapidement comprendre que personne n’est à l’abri et chaque inattention peut conduire à la disparition d’un individu sans même que cela soit remarqué au sein de cette foule. On est donc autant dans un aspect très visuel par moment que des plans qui jouent sur la suggestion afin de nous faire imaginer le pire. Cela vient tout naturellement et montre à quel point le récit accompli son pari avec brio. En plus de ça, il y a aussi cette envie de comprendre réellement qui sont ces êtres à l’origine de cet enfer. Le spectateur est à la fois tenté par sa curiosité et terrifié par sa raison. Un conflit qui s’opère et va prouver toute la capacité de cette série à nous faire frissonner.
Bloody Cruise parvient à jongler avec plusieurs aspects du manga horrifique. On ne sait jamais si l’on se tourne pleinement vers le fantastique tant ce premier volume arrive à créer une tension bien réelle. On a cette envie de fuir loin de ce navire, mais l’envie de comprendre ce qu’il se passe réellement en ce lieu nous contraint à rester. Cela prouve l’excellent équilibre qui existe au sein de ces pages entre le malaise ressenti et l’intrigue qui se développe petit à petit. Dès l’instant où l’on a été témoin de la vérité derrière tout ce luxe, on ne peut plus se défaire de cette boule au ventre. Une très belle preuve de la réussite du pari de l’auteur.
Bloody Cruise sert un sacré millésime
Pour cette conclusion, il faut bien comprendre que l’on est tous plus ou moins sensible à certaines frayeurs. Il est donc toujours compliqué de réussir à insuffler la peur à travers une œuvre qui puisse parler au plus grand nombre. Bloody Cruise, s’il part dans une direction à la fois sombre et sanglante, peut convaincre aisément le lecteur par rapport à tout le travail de mise en scène. En un volume, cette aventure horrifique nous offre un décor apportant énormément à l’aspect étouffant du titre, une connaissance de la menace qui est à double tranchant et une tension maîtrisée qui ne fait que se renforcer au fil des pages. On a devant nous un manga qui peut diviser par rapport à la nature de la menace, mais qui est brillant dans sa manière de l’exposer. Le spectateur est littéralement pris à la gorge tout au long de cette escapade qui a aussi un rythme prononcé ne laissant aucun temps mort. En effet, on a beau suivre au départ une famille dont le rêve va se transformer en cauchemar, on sait pertinemment que le danger est proche. Le couperet est au-dessus de chaque personnage et le lecteur doit assister impuissant à cette traque en espérant juste que certains pourront s’en sortir. Il faut bien sûr préciser que cette série s’adresse avant tout à un public averti du fait de certaines scènes particulièrement choquantes. Ce genre d’ouvrage est à la fois difficile à créer de manière efficace tout en étant captivant à étudier. Avec cette introduction, on a été ébloui par la faculté de l’auteur à instiller une frayeur dans la tête de chacun sans que l’on puisse s’en débarrasser.
En lisant ces quelques lignes, vous aurez compris que l’on a été grandement séduit par tout ce qui constitue cette épopée. Il faut attendre de voir comment se développe l’intrigue sur la durée, mais le travail au niveau de l’atmosphère est remarquable. Tout est bien calculé pour que l’on soit happé par ce qui se passe et surtout que l’on soit attiré inexorablement vers cet instant où tout va basculer. Bloody Cruise est une saga qui pourra plaire aux amoureux de l’horreur et à ceux qui désirent une expérience littéraire qui parviendra à vous faire trembler. Ce début est plus qu’encourageant pour la suite et c’est encore une bonne pioche de l’éditeur qui se construit une collection horrifique d’une grande efficacité. L’angoisse d’assister à une autre scène effroyable se mélange à cette curiosité presque morbide de connaître le fin mot de toute cette histoire. Cela prouve que l’objectif du mangaka est pleinement réussi. A présent, il est l’heure de partager les questions que l’on se pose pour le futur de la licence. Est-ce qu’il va être possible pour certains de s’en sortir ? Assisterons-nous à d’autres massacres au sein de cette prison au milieu de l’océan ? Existe-t-il une chance de mettre un terme à cette chasse ? Les rescapés ont-ils une chance de terrasser leur prédateur ? On frissonne rien qu’en imaginant ce que le second acte de cette croisière peut nous réserver. Mais il va falloir prendre son mal en patience pour le second volume.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti sur ce premier volume de Bloody Cruise. Trouvez-vous que l’ambiance joue un rôle prédominant dans l’immersion du lecteur ? Avez-vous ressenti une certaine frayeur à vous balader au sein de cet immense navire ? Est-ce que le mystère autour de ces passagers aux mœurs sanglantes vous a donné envie d’en apprendre plus sur eux ? Est-ce que vous avez le sentiment que ce titre joue bien sur son aspect claustrophobique ? Qu’attendez-vous pour la suite de cette licence brutale ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.