La valse des nouveautés : Coppelion – Elegant Yokai Apartment Life – Hôzuki le Stoïque
La semaine dernière a été l’occasion de découvrir pas mal de nouveautés chez un éditeur. En effet, Noeve Grafx a vu trois de ses nouvelles licences sortir le même jour afin d’inaugurer leur collection XS. Des titres à bas prix que l’on a pu avoir en main et qui ont confirmé la qualité des ouvrages en dépit de ce tarif proposé. Une belle surprise donc sur la forme, mais il est aussi important de voir ce qu’il en est du fond. Voici donc notre chronique regroupant notre avis sur ces trois séries que sont Coppelion, Elegant Yokai Apartement Life et Hôzuki le Stoïque. Étant donné qu’il s’agit de leurs débuts, il est très intéressant de voir si ces histoires parviennent à capter l’attention du lecteur. On a donc pris le temps de lire et d’analyser ce qui se cachait derrière ces récits et on peut dire que l’on a vécu trois expériences bien spécifiques. Si l’on était très curieux de certaines intrigues, la surprise est aussi venue de ce que l’on attendait pas forcément. Un premier jet qui éveille notre intérêt pour le futur de ces épopées. L’heure est donc venue pour une nouvelle valse des nouveautés.
Coppelion T1
Coppelion, imaginé par Tomonori Inoue, nous plonge au Japon et plus particulièrement en l’an 2036. Suite à une catastrophe nucléaire, toute la région de Tokyo a été contaminée. La majorité des civils ont pu être évacués et vivent maintenant dans d’autres villes. Malheureusement, de nombreuses personnes ont aussi perdu la vie ce jour où tout a basculé. A présent, l’ancienne capitale n’est plus qu’une zone mortelle où l’air est saturé par les rejets radioactifs. Plus personne n’a le droit de se rendre sur ces terres. Cet interdit fut maintenu pendant de nombreuses années avant d’être finalement levé avec l’arrivée de trois lycéennes. Ces dernières sont envoyées sur place pour une mission de la plus haute importance. Elles sont chargées de chercher la trace d’éventuels survivants et de leur venir en aide s’ils ont pu échapper à un taux de radiation trop élevé. Mais comment se fait-il que des adolescentes puissent se rendre dans cet enfer là où des militaires aguerris ne peuvent tenir que quelques minutes ? En réalité, ces étudiantes ont été génétiquement modifiées afin de pouvoir tenir même face à un tel condensé de radioactivité. Elles sont appelées des Coppelion et n’ont même pas besoin d’équipements pour survivre sur ce terrain hostile. Une élite cachée aux yeux du public et qui constitue une brigade spéciale chargée d’enquêter là où personne d’autre ne peut aller. A présent, elles parcourent les rues désertes de cette ville fantôme en espérant sauver ne serait-ce qu’une vie. Le trio est loin de se douter que leurs recherches vont les mener à lever le voile sur bien des mystères. Face à la nature qui reprend ses droits, cette équipe va devoir se serrer les coudes pour faire front contre les nombreux dangers qui les attendent.
Autant le dire tout de suite, Coppelion fut pour nous la plus belle surprise de ces trois nouveautés. Il ne s’agit pas d’un point de vue simplement qualitatif. C’est surtout parce que ce premier volume fut saisissant à bien des niveaux. Véritable récit d’anticipation et surtout cherchant à mettre en garde contre des dangers bien réels, l’exploration de ce Tokyo abandonné s’est emparée de nous. Une histoire qui joue habilement sur son atmosphère pour que l’on soit totalement immergé dans cette expédition. Alors que l’on a l’habitude de connaître cette capitale pleine de vie, ici elle nous est dépeinte comme dénuée de toute vie. Un silence terrifiant règne sur ces routes et va renforcer cette oppression de ce lieu qui est autant dangereux par le nucléaire que par la faune qui a repris ses droits. De même, le fait de suivre ce trio d’adolescentes va aussi nous faire réfléchir sur leur place en ce lieu. Alors qu’elles devraient profiter d’un quotidien ordinaire, elles sont utilisées comme un outil pour explorer les décombres de cette mégalopole. Le manga transmet directement de nombreux sujets de réflexion tels que les modifications génétiques, le risque de l’énergie atomique, mais aussi de quoi est capable l’être humain pour survivre. Plus on progresse dans le récit et plus on se questionne sur tous ces thèmes qui sont ancrés dans une réalité encore bien concrète de nos jours. Un trait soigné, notamment dans les décors, qui va grandement contribuer à cette aura si spécifique qui entoure cette saga. On se tient devant une épopée qui pousse le lecteur à réfléchir et à se questionner sur tous ces sujets tout en amenant une intrigue qui joue habilement la carte du mystère. Un récit prometteur qui peut amener des pistes ingénieuses pour la suite.
Elegant Yokai Apartment Life T1
Elegant Yokai Apartment Life, scénarisé par Hinowa Kôzuki et dessiné par Waka Miyama, nous conte l’histoire de Yûshi Inaba. Cet adolescent de seize ans a vu sa vie basculer du jour au lendemain quand sa famille a disparu dans un accident de la route. N’ayant plus aucun repère, il est finalement recueilli par son oncle qui prend soin de lui pendant les trois années que vont durer son hébergement. Mais Yûshi ne peut accepter cette situation plus longtemps. Afin de gagner son indépendance et de libérer son tuteur du fardeau qu’il représente, il décide de vivre à l’internat de son futur lycée. Mais il semblerait que la malchance soit toujours de son côté, car le bâtiment est ravagé par les flammes peu de temps avant la rentrée. Une terrible déception pour le jeune homme qui avait déjà envisagé son futur. Malgré tout, il refuse de s’avouer vaincu et décide de se trouver un logement en attendant que le bâtiment soit réparé. Si les premières recherches n’aboutissent pas du fait de son manque de moyens, la dernière proposition va éveiller son intérêt. Pour une somme dérisoire, il dégote une chambre non loin de son école. Une aubaine pour lui, mais qui semble bien trop belle pour être vraie. Ne pouvant perdre plus de temps, il finit par accepter et tout semble aller pour le mieux. Les autres locataires de la résidence se montrent sympathiques et la vie y est plus qu’agréable. Enfin ça ce n’était qu’au début. Très rapidement, Yûshi va se rendre compte que le lieu est hanté. Cette ancienne bâtisse est en réalité un lieu où humains, yôkai et esprits vivent en symbiose. Alors qu’il espérait mener une existence banale, c’est tout le contraire qui se passe. Mais c’est parfois dans l’étrange que peut se trouver une chaleur bienveillante. C’est maintenant à lui de voir s’il est prêt à subir les frasques de ses colocataires encombrants.
Ce que l’on a beaucoup apprécié dans ce premier volume de Elegant Yokai Apartment Life est le juste équilibre qui est trouvé entre le surnaturel et le slice of life. On peut aisément s’identifier à notre protagoniste qui se retrouve du jour au lendemain à côtoyer des esprits. Une situation qu’il ne peut accepter étant donné que sa logique s’oppose à ces êtres inexplicables. On va alors enchaîner une première partie qui va surtout s’axer sur le comique de la situation. On enchaîne les rencontres improbables et on finit par apprécier tous ces gens qui habitent dans cette demeure. Des personnes qui vont finir par offrir un foyer mouvementé, mais incroyablement chaleureux. Il va alors planer une volonté de savoir si notre étudiant va finalement reprendre son train-train quotidien ou bien rester ancré dans ce monde à la frontière de la vie et la mort. C’est ce qui rend cette lecture aussi plaisante. On est face à une confrontation pertinente entre la réalité et cette fiction qui va égayer les journées de notre protagoniste. Si cette première partie sert à nous faire adhérer à cet environnement, c’est bel et bien dans sa seconde moitié que la série va dévoiler toute sa force. Ce que l’on prenait pour une tranche de vie drôle et tournée sur le folklore japonais va se transformer en un ascenseur émotionnel. On fait face à une histoire qui nous sert le cœur et l’on est le témoin impuissant du calvaire que peuvent vivre certains esprits qui n’ont pas pu trouver le repos éternel. Cela permet de prendre conscience de l’importance de ce lieu. Un refuge pour des entités qui se montrent chaleureuses, mais qui ont aussi leurs propres souffrances. Une virée dépaysante et qui fait ressortir toute l’humanité de ces créatures fantomatiques. Curieux de voir comment cela va évoluer sur le long terme.
Hôzuki le Stoïque T1
Hôzuki le Stoïque, imaginé par Natsumi Eguchi, nous guide jusque dans l’Au-Delà. Ce lieu si angoissant pour le commun des mortels s’avère aussi d’une impressionnante complexité. C’est l’union des Paradis et des Enfers qui forme ce nouveau foyer pour ceux qui trépassent. Malheureusement, la seconde partie de ce lieu est loin d’être aussi en bon état qu’elle devrait l’être. Les Enfers, divisés en huit Enfers Majeurs et huit Enfers Glacés, sont composés de pas moins de 272 départements. Une véritable fourmilière où s’active l’ensemble du personnel afin que tout se passe pour le mieux. Mais il est difficile de faire fonctionner un tel système et les ennuis s’enchaînent. Même le Roi Enma a beaucoup de mal à s’en sortir avec tout le travail qu’il doit abattre. Heureusement pour lui et ses employés, ils peuvent compter sur la présence d’un atout de taille. Un oni tenant le rôle de second et qui n’est autre que le stoïque Hôzuki. Réglant chaque problème avec intelligence et force, son nom est synonyme de réussite partout où il passe. Attention cependant à ne pas éveiller sa colère, car il pourrait très facilement mettre à bas les pires adversaires possibles. Il est un bourreau de travail capable de régler tous les soucis qui se dressent devant lui. Voici donc le récit de son quotidien où trouver une solution peut aussi s’accompagner d’une bonne tranche de rire. Jamais l’autre monde n’aura été aussi accueillant qu’entre les mains d’un tel énergumène. Le premier assistant du Grand Roi Enma sait comment laisser un souvenir indélébile dans l’esprit de ceux qui croisent sa route. L’heure n’est donc plus au repos, mais à un travail constant où la moindre inattention peut bloquer toute la mécanique mise en place. Entre les exigences de certains, le nombre croissant de morts et le manque de personnel, pas le temps de s’ennuyer !
S’il y a un titre qui était très attendu par beaucoup de gens c’était Hôzuki le Stoïque. On a donc pu découvrir cette série et la raison pour laquelle elle éveillait autant d’intérêt. La première chose qui frappe dès le départ est l’aspect totalement barré du récit. En prenant les Enfers comme terrain de jeu, la série va transformer ce lieu synonyme de peur en une société où les ennuis s’enchaînent. C’est alors un pur bonheur que de voir notre Oni faire de son mieux pour gérer chaque problème avec son caractère cynique et son visage impassible. Une œuvre qui joue à fond cet humour si spécifique basé sur la répartie, mais aussi les références qui peuvent autant être appréciées que déstabilisées ceux qui n’ont pas forcément connaissance de ces clins d’œil. Malgré ça, on passe un excellent moment tout au long de ce premier tome qui détourne parfaitement cet environnement fantastique pour le traiter d’un point de vue entrepreneurial. Les grandes figures du folklore japonais, mais aussi d’autres régions du monde, se présentent à nous sous un jour totalement différent. Des rires et des répliques fortes qui vont d’ores et déjà s’inscrire dans l’esprit du lecteur. Il ne faut pas chercher ici un fil rouge en particulier, mais juste savourer chaque petite situation qui nous est présentée. Des événements totalement surréalistes, mais qui vont justement servir à créer un univers farfelu et fantastique. On tient ici une série qui peut totalement être lue par petites sessions pour simplement nous donner le sourire. Une aventure atypique et qui peut plaire à tous ceux qui souhaitent une lecture sans prise de tête et qui adhèrent à ces gags loin de ceux que l’on peut avoir l’habitude de lire. Il faudra voir aussi à ce que la licence ne tombe pas dans la redondance au vu de son nombre de tomes.