Ender Geister tome 1 & 2 : l’exorciste, c’est lui !
Quand on parle de mangas parlant d’exorcistes, beaucoup de noms nous viennent en tête. Il faut dire que ce thème a souvent été prolifique en matière d’imagination. Cependant, on peut remarquer que cela s’est souvent tourné vers deux facettes bien spécifiques. Soit on restait dans le domaine du folklore japonais soit on partait sur cette fameuse lutte contre des démons. Il pouvait donc y avoir un sentiment de déjà-vu qui ait lieu à la découverte de ces aventures. Malgré tout, il arrive que l’on tombe sur une œuvre qui arrive à apporter une autre manière de traiter d’un sujet. Ici, c’est ce qui s’est passé avec le titre dont je vais vous parler et qui nous provient de chez Glénat. Il s’agit de Ender Geister dont les deux premiers volumes sortent justement aujourd’hui. Nous plongeant dans le monde de ces fameux chasseurs de monstres, le titre avait éveillé notre curiosité sans vraiment que l’on s’attarde totalement sur le synopsis. Mais à la lecture, j’ai pu découvrir une œuvre qui se joue admirablement bien des codes du genre pour proposer une aventure à la fois extrêmement divertissante et rafraîchissante. Il est donc temps de faire connaissance avec un exorciste féru du septième art !
Attrape moi si tu peux
Ender Geister, imaginé par Takashi Yomoyama, nous fait suivre Michael, un exorciste allemand particulièrement redoutable. Depuis plusieurs années, il va de mission en mission pour régler son compte aux apparitions surnaturelles et autres créatures fantastiques qui font des ravages parmi la population. Prenant beaucoup de plaisir dans son boulot, il se montre aussi être un grand passionné de cinéma. Ayant été élevé par un mentor qui lui a appris toutes les ficelles du métier, il se dévoue corps et âme à son métier et a rapidement su se hisser parmi les meilleurs exorcistes au monde. C’est bien grâce à sa réputation qu’il va être désigné pour partir au Japon. En effet, cela fait quelque temps qu’une recrudescence d’entités mystiques et autres monstres ont fait leur apparition. Ce qui semble encore plus étrange, c’est que l’on a pu observer des êtres qui n’ont pas pour habitude d’apparaître au sein de l’archipel. Pour Michael, cela est une aubaine étant donné qu’il a toujours rêvé de partir visiter ce pays qui lui fait de l’œil depuis bien longtemps. Cependant, il a une exigence avant de se rendre sur place. Il demande à ce que son nom de code soit “Akira Kurosawa”. Si cette demande semble totalement farfelue, les hautes sphères de son organisation finissent par accepter son petit caprice. Le voilà maintenant prêt pour se rendre sur place et il se montre déjà excité comme un gamin à l’idée de visiter ce pays.
Malheureusement, si son enthousiasme semble inébranlable, il est très loin d’imaginer ce qui l’attend. De nombreux exorcistes avant lui ont fait le déplacement pour enquêter sur ces étranges phénomènes. Bon nombre sont morts et encore plus ont disparu mystérieusement. Une situation urgente qui va demander à Michael de faire preuve de rapidité et d’efficacité pour régler au plus vite cette histoire. Il pourra tout de même compter sur certains des membres de la branche japonaise des exorcistes. Mais personne ne sait encore que cette mission risque fort de chambouler à tout jamais cet homme venu d’Allemagne ainsi que de faire trembler le monde entier. Dans l’obscurité, une menace grandit tandis que les autres créatures servent de distraction. Le célèbre exorciste va alors devoir faire étalage de tout son talent, mais aussi de ses étranges pouvoirs pour mettre à mal tous ceux qui oseront se dresser sur sa route. Même si cela implique possiblement son passé, il devra faire abstraction de ses émotions pour mettre un terme à ce qui pourrait être le signe annonciateur d’un terrible cataclysme. Ce qui est sûr, c’est que le chrono tourne et que plus il met du temps à régler ça et plus les cadavres vont venir s’entasser. La partie de chasse commence et il faut faire très attention. Le prédateur n’est pas forcément celui qu’on croît et l’assurance de Michael ne sera pas suffisante s’il se retrouve dans la ligne de mire d’un de ses ennemis.
En lisant ce résumé, on peut être surpris par certains éléments d’Ender Geister. Repoussant les limites des créatures que les exorcistes combattent habituellement, on se retrouve avec des hommes et des femmes traquant tout type de monstres. Un bestiaire particulièrement riche et qui va s’inspirer autant du cinéma d’horreur que de l’ensemble des créatures fantastiques connues. Un choix très intéressant et qui va grandement contribuer à l’appréciation générale que l’on va avoir de l’histoire. En seulement quelques cases, on va être totalement transporté dans ses traques aussi brutales que spectaculaires.
Un barge pour en attraper d’autres
Ce que l’on va rapidement remarquer en lisant Ender Geister, c’est à quel point le titre se veut avant tout comme un immense divertissement. Cela ne veut pas dire que le manga n’a pas des intrigues à nous offrir. Bien au contraire, certaines zones d’ombre vont grandement éveiller notre intérêt au fur et à mesure de notre avancée. Mais ce qui va avant tout retenir l’attention du lecteur, c’est bel et bien l’action qui va s’exprimer tout au long du récit. Affichant un trait à la fois soigné et faisant pleinement ressortir l’aspect fantastique de ces confrontations, l’auteur s’assure de nous proposer un show extraordinaire. Il n’y a pas un seul affrontement où l’on n’est pas scotché par les échanges de coups qui sont donnés. De plus, l’ensemble est extrêmement lisible et nous immerge encore plus dans ces combats qui sortent de l’ordinaire. Il y a donc une maîtrise remarquable de cette violence pour donner vie à un rythme soutenu où l’on n’a clairement pas le temps de respirer. Un point très positif, car on est forcément attiré par ces somptueuses planches qui dégagent à la fois une grande brutalité et une certaine élégance. Que ce soit sur le visuel, la narration ou la mise en scène, tout est pensé pour créer une lecture agréable et qui se présente presque comme un gros blockbuster. Une volonté loin d’être anodine quand on prend en considération l’autre atout du manga que l’on traitera un peu plus tard.
Mais ce qui est aussi génial avec cette série, c’est son bestiaire. Comme on a pu le dire en introduction, il est vrai que l’on a l’habitude, quand on parle d’exorcistes, de penser qu’à certains types d’ennemis précis. Le mangaka a décidé que cela n’était pas suffisant et va élargir le catalogue des cibles à abattre de nos protagonistes. Les démons se retrouvent en concurrence avec des gobelins, sorcières, trolls et autres créatures en tout genre. Il s’accapare l’ensemble du folklore mondial et aussi de l’imaginaire de tout horizon pour les incorporer dans son récit. Cela peut sembler déroutant au départ, mais c’est aussi ce qui apporte cette originalité dans l’expérience que l’on vit au travers de ces pages. Cela amène de nouvelles possibilités en matière d’action, mais aussi de stratégies. En effet, chaque ennemi a ses spécificités et nos exorcistes doivent apprendre à les connaître pour établir le meilleur plan possible. Il ne faut donc pas croire que cette série joue uniquement sur l’aspect défouloir. L’auteur veut aussi créer des duels où la ruse est une arme tout aussi dangereuse que la plus mortelle des lames. C’est ce mélange savamment dosé entre des scènes dantesques et une réflexion pour vaincre l’ennemi qui amène ce côté aussi grisant dans l’histoire. On a tout bonnement envie d’en voir toujours plus pour admirer la manière dont nos protagonistes vont s’en sortir. Sans oublier que le trait de l’artiste va aussi sublimer tous ces monstres qui peuvent autant être impressionnants que terrifiants.
Si le divertissement est clairement assuré tout au long de ces deux volumes, Ender Geister va aussi proposer d’autres facettes tout aussi intéressantes. La plus flagrante d’entre elles est l’hommage que l’auteur fait à l’égard du cinéma d’action et d’horreur. Le titre transpire de ces inspirations et ne se cache pas du tout dans son désir de le montrer. Répliques cultes, références et même des détournements de ces longs-métrages sont présents tout au long de notre périple. Une idée amusante, mais qui ne s’arrête pas uniquement à cette volonté de simplement jouer sur ces nombreux films. Un amour du cinéma qui va aussi impacter le récit dans une certaine mesure.
Hasta la vista, baby
L’une des autres spécificités d’Ender Geister n’est autre que son envie de rendre hommage au cinéma. Cela va s’exprimer à travers de multiples références et clins d’œil tout au long de ces deux tomes. Un réel plaisir pour les fans du septième art, mais qui ne se limite pas uniquement à montrer l’amour de l’auteur pour cette forme d’expression. En amenant le monde du cinéma dans un récit centré sur les exorcistes, le mangaka va réussir à donner une mise en scène assez extraordinaire. Il suffit de se pencher sur certains plans pour pouvoir ressentir cette influence. Nous ne sommes pas uniquement face à un manga qui cherche à nous divertir. Le lecteur se trouve devant un récit qui joue avec les codes du blockbuster comme on peut le connaître pour ensuite le proposer à sa sauce. Il suffit d’une réplique culte pour rendre un moment encore plus badass ou drôle et tout est ici une question de dosage. Il est vrai que quand on parle de références, on peut avoir peur que cela parte trop dans l’abus. C’est tout le contraire qui se passe parce que l’artiste utilise plusieurs manières de fêter le cinéma à travers son œuvre. On a parlé de tout le découpage et la mise en scène qui est un très bel hommage aux longs-métrages d’action célèbres. Mais il y a aussi tout une partie easter eggs qui ne vient pas empiéter sur la narration et qui est presque comme un bonus pour les regards les plus acérés et connaisseurs.
En plus de ça, il va y avoir aussi une influence directe sur les personnages que l’on suit. On peut bien sûr évoquer le nom de code que Michael décide de prendre. Ce n’est pas l’unique point qui aborde dans ce sens. D’autres personnages vont venir flirter avec la culture cinématographique et apporter une dimension encore plus fun sans que ce soit uniquement du copier-coller de phrases légendaires. Même dans les ennemis il y a une envie de mettre en avant le cinéma et très souvent horrifique. En faisant ça, l’auteur va laisser libre cours à son imagination pour donner vie à des monstres et créatures qui semblent tout droit sortis de cauchemars ou des plus grands slashers et autres films terrifiants. Le cinéma devient alors un moteur pour l’ensemble de cette œuvre qui s’inspire des grands classiques de Stallone, Schwarzy ou Bruce Willis pour sublimer les scènes d’action. Pareil pour le bestiaire qui va puiser dans de nombreuses inspirations pour créer des entités qui vont nous donner des frissons au même titre qu’un Grippe-sou, Sadako et autres monstres du folklore horrifique. L’auteur nous prouve à travers sa série qu’il ne fait pas que poser des éléments connus du grand public. Il s’en sert pour façonner sa propre création et tirer le meilleur de ces deux univers que sont le manga et le cinéma dans un récit d’exorcisme. C’est sûrement la plus belle manière pour l’auteur de clamer son amour de ce médium qui a marqué tant de gens et qui continue encore de le faire.
Ender Geister est clairement un titre à suivre de près pour tous ceux qui aiment les récits d’action. Pouvant être à la fois badass, drôle et captivant, cette nouvelle licence frappe un grand coup d’entrée de jeu. De même, il y a aussi tout un tas de mystères que l’on a envie de résoudre concernant nos protagonistes et leurs ennemis. Une œuvre pouvant clairement offrir une histoire à la fois fun et captivante par les nombreuses possibilités qui en découlent. En lisant ce manga, on sent tellement ce plaisir qu’a dû avoir l’auteur en dessinant chaque case et en y mettant tous ces petits éléments qu’il semble tant apprécier.
Ender Geister joue à merveille son rôle
Il y a eu beaucoup de nouveautés qui ont ponctué notre parcours en ce début d’année. De nombreuses belles surprises et Ender Geister en fait clairement partie. Un pur divertissement qui apporte un petit vent de fraîcheur dans le domaine des mangas sur les exorcistes. En deux tomes, le récit arrive déjà nous proposer beaucoup d’éléments intéressants. Mais ce qui est le plus remarquable, c’est tout bonnement cette volonté de la part de l’auteur de créer un spectacle qui soit fun et amusant. Un souhait qui prend tout son sens au sein de ces pages où l’on s’immerge totalement dans ce qui nous est raconté. Le périple de Michael au Japon est si efficace que l’on ne voit pas le temps qui passe. On enchaîne les combats spectaculaires, l’humour efficace et bien dosé ainsi qu’un hommage plus que réussi à toute une partie du septième art. Mais cela ne signifie pas pour autant que l’on a pas le droit aussi à des développements prometteurs au niveau du scénario. Il suffit de voir les zones d’ombre entourant nos protagonistes pour avoir envie d’en apprendre plus sur eux. On ressort alors de la lecture en ayant un profond désir de faire perdurer l’expérience. Avec ce titre, on nous montre avec brio qu’il n’est pas nécessaire de partir forcément sur des thèmes graves ou des intrigues complexes pour séduire le lectorat. La simplicité et la maîtrise du rythme peuvent être d’excellents arguments pour tout simplement passer un bon moment. C’est ce que représente ce manga au même titre que ces films cultes qui sont avant tout des shows grands publics.
Vous l’aurez donc compris, Ender Geister a été un énorme coup de cœur. Un plaisir qui nous a grandement marqués autant pour ce qu’il souhaite nous proposer que pour le potentiel qui s’en dégage. Une aventure qui a parfaitement su aller au bout de ses idées et qui utilise avec brio toutes les armes à sa disposition. Le simple fait d’admirer les confrontations de Michael suffit à cette série pour devenir une aventure qui peut aisément séduire un maximum de personnes. Il faut aussi reconnaître l’ingéniosité de l’auteur pour se jouer de l’image initiale que l’on a des exorcistes pour créer sa propre version du combat que mènent ces individus. Sans oublier bien évidemment l’excellent trait du mangaka qui donne encore plus de prestance à toutes ces scènes que l’on contemple. Une œuvre qui peut plaire facilement à tous ceux qui cherchent un amusement immédiat et qui veulent une épopée spectaculaire. A présent, il est temps d’évoquer les nombreuses questions qui nous viennent en tête suite à ce premier contact. Qu’est-ce qui peut bien se cacher derrière le passé de Michael ? Quels sont les futurs monstres qu’il devra affronter ? Qu’est-ce qui est à l’origine de cet étrange phénomène qui frappe le Japon ? Comment va se conclure cette confrontation face à ces ennemis redoutables ? Jusqu’où peuvent aller les pouvoirs de notre exorciste de talent ? On est tout simplement impatient de pouvoir se jeter sur les prochains volumes de la licence.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de Ender Geister. Avez-vous pleinement apprécié ce début d’aventure qui mêle à la fois combats spectaculaires et hommage au cinéma ? Trouvez-vous que le récit parvient à offrir une expérience qui sort de ce que l’on a l’habitude de voir autour des exorcistes ? Appréciez-vous toutes ces références cinématographiques et ce qu’elles amènent à l’ambiance de cette série ? Etes-vous curieux d’en apprendre plus sur nos protagonistes et leurs capacités si spécifiques ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.
© 2018 Yomoyama Takashi, Shogakukan