Bootsleg tome 1 : rien ne vaut une bonne paire de chaussures

Une chose qui peut revenir très souvent quand on parle de manga est le fait d’avoir un sentiment de déjà-vu. Cela ne veut pas forcément dire que l’œuvre que l’on va découvrir se veut entièrement calquée sur d’autres, mais qu’elle peut utiliser des codes établis depuis longtemps pour ensuite nous amener vers sa part d’originalité. Le classicisme est loin d’être un défaut et peut souvent contribuer à mettre en place des fondations solides pour développer une idée future bien plus singulière. C’est ce que j’ai pu ressentir très récemment avec le premier tome de Bootsleg qui sort justement aujourd’hui aux éditions Noeve Grafx. A la base, j’avais été intrigué par la couverture de ce volume qui m’attirait beaucoup. Mais ce n’est réellement qu’une fois que j’ai pu m’engouffrer dans cette histoire que j’ai pu comprendre de quoi il en retournait. J’ai alors pu découvrir ce qui faisait la différence de ce récit et surtout tout ce qui pouvait s’exprimer à travers cette intrigue. Une œuvre qui va aller au bout de son concept afin de nous convaincre pleinement. L’heure est donc venue de voir qui est le plus fort entre la main et le pied.

Une main qu’il ne faut pas saisir

Bootsleg, imaginé par Suzuhito Yasuda, nous conte le récit du jeune Zen. Alors qu’il n’était qu’un enfant, tout semblait parfait pour lui. Une vie paisible en compagnie de sa petite sœur et de leurs parents où rien ne semblait pouvoir obscurcir ces jours heureux. Malheureusement, il aura fallu un événement pour que tout soit chamboulé. Tandis que toute la petite famille profite d’une agréable promenade au sein de la ville, de mystérieuses mains gantées surgissent du sol sur la grande place. Pour le gamin qu’il est, Zen voit sa curiosité être éveillée au vu de cet étrange phénomène au même titre que sa soeur. Leur père et leur mère n’ont pas le temps de les mettre en garde qu’ils se font tous amenés dans une étrange zone. Dès lors, Zen voit toute sa famille et sa jambe gauche être englouties par ces mains menaçantes qui cachent en réalité un être semblant se repaître de ceux qui finissent entre ses griffes. Décidant qu’il est rassasié, il laisse le jeune garçon revenir chez lui avec cette terrible blessure qu’il lui a infligée. Perdu, souffrant atrocement et détruit par la disparition de sa famille, Zen ne sait plus quoi faire. Il se souvient juste que peu de temps après cet incident, il s’est réveillé avec une prothèse venant remplacer son membre disparu. Un mystérieux bienfaiteur lui aurait confectionné cet outil dans l’espoir de retrouver sa mobilité. 

Un cadeau incroyable pour cet enfant ayant tout perdu et qui brûle de rage intérieurement. Son unique désir est maintenant de se venger de ce monstre qui a détruit sa vie en un claquement de doigts. Mais malgré toute sa bonne volonté, le temps passe et rien ne semble indiquer que celui-ci fasse son retour au sein de cette ville. Sept ans ont passé et Zen est au courant que des centaines de disparitions ont lieu un peu partout sur le globe suite à l’apparition d’autres mains. Personne ne sait expliquer ce qui se cache réellement derrière ces macabres créatures qui finissent toujours par emporter bon nombre d’innocents. Même sa ville a commencé à se vider de ses habitants qui craignent eux aussi d’être des victimes de ces mains mystérieuses. Elles ne font donc pas que détruire des vies, mais maudissent à tout jamais les lieux où elles commettent leurs horribles méfaits. Mais alors que Zen continue d’espérer secrètement d’enfin terrasser celui qui se trouve derrière ses blessures, il ignore encore qu’il est sur le point d’entrer dans un monde bien différent de celui qu’il a connu. Le voilà qui se rapproche d’un conflit existant depuis maintenant fort longtemps entre ces êtres obscurs et ceux qui ont été les victimes de leurs sinistres actions. L’heure est venue pour cet adolescent de choisir entre tourner la page ou bien se lancer dans une bataille qui risque de faire encore de nombreuses victimes. Une décision qui va résonner jusque dans cette prothèse qu’il porte. La riposte est sur le point d’arriver !

Ce qu’il faut avant tout remarquer quand on s’attarde sur le synopsis de Bootsleg, c’est à quel point l’auteur va utiliser un schéma classique pour ensuite donner pleinement vie à son idée originale. Cela nous amène alors à poser les yeux sur une intrigue propice à beaucoup d’imagination tout en restant ancré dans un domaine précis qui se veut surprenant, mais remarquablement bien utilisé pour nous en mettre plein la vue. Une aventure qui va alors autant se présenter comme dynamique, épique et très touchante dans sa construction et tout ce qui gravite autour de nos héros.

Un récit qui va au bout de son idée

La première chose flagrante quand on se lance dans la lecture de ce premier tome de Bootsleg concerne les spécificités propres aux deux groupes qui sont au centre de l’histoire. En effet, le titre va rapidement nous montrer l’aspect dramatique de l’œuvre avec l’apparition de ces ennemis qui s’amusent à dévorer les innocents tombant entre leurs mains. Pour faire face à ça, on va découvrir que tout un groupe a vu le jour et fait appel à des armes bien spécifiques pour lutter contre ces ennemis de l’humanité. Ces combattants font appel à divers types de chaussures pour faire appel à une compétence propre à chacune pour chasser ces adversaires. C’est vrai que quand on lit cela, le titre peut nous paraître encore plus étrange. Pourtant, tout est pensé pour que l’on ait le sentiment d’être en terrain connu avec une progression classique, mais qui va s’axer autour de ce système original. Ainsi, on va rapidement se laisser convaincre par cette approche et surtout on va avoir envie d’en apprendre plus sur ces guerriers et leur équipement si singulier. Car oui, l’auteur ne se limite pas uniquement à quelques paires de chaussures. Il va progressivement nous montrer qu’il s’est approprié énormément d’éléments propres à l’univers de ce vêtement afin de créer une très grande diversité dans les pouvoirs proposés, mais aussi dans ce qui va se construire autour de ces équipements.

On ne peut alors que saluer l’imagination du mangaka d’être parvenu à partir d’un objet aussi commun pour en faire une arme aussi atypique que captivante dans son utilisation. En plus de ça, il y a même un côté symbolique que les héros combattent à la force de leurs pieds tandis que leurs ennemis sont représentés par des mains ayant chacune leur propre spécificité aussi. Cela va avoir deux effets très importants sur l’appréciation globale de l’œuvre par le spectateur. Tout d’abord, cela contribue à offrir une grande variété de situations découlant de ça. Ainsi, on ne va jamais avoir un sentiment de redondance d’un combat à l’autre et même dans la rencontre avec les autres figures importantes de l’histoire. L’autre point à noter et qui naît directement de cette imagination débordante de l’artiste est justement que ce récit est plein de promesses. Le lecteur laisse facilement son esprit vagabonder en rêvant à ce qu’il pourrait se passer par la suite. Cela nourrit notre intérêt pour la série sur le long terme en plus de jouer avec notre propre créativité. En dehors de ça, ce premier volume va aussi apporter une introduction simple et efficace de l’ensemble de ses personnages. Ainsi, on va rapidement partager leurs peines et aussi leur raison d’entrer en conflit avec ces entités infernales. De jeunes héros qui sont encore loin d’avoir développé tout leur potentiel et qui doivent encore parcourir un long parcours dans l’espoir de chasser enfin les fantômes de leur passé.

Bootsleg nous délivre un premier volume qui se présente donc comme prometteur dans son idée d’origine et surtout dans ce qu’il raconte autour de ses principaux personnages. On se laisse facilement convaincre par le potentiel qui se dégage de cette histoire et surtout le fait que l’auteur va au bout de son postulat de base pour nous emmener vers un horizon laissant imaginer tout un tas de possibilités. Si dans l’exécution, tout semble assez classique, le fond est suffisamment pertinent et créatif pour que l’on se laisse convaincre par tout ce qui se passe devant nous et par le destin de cette lutte.

Bootsleg fait du 52

Une fois n’est pas coutume, s’approprier une formule connue pour ensuite la déformer à sa sauce peut donner lieu à une aventure prometteuse. C’est exactement le cas ici avec ce premier volume de Bootsleg qui arrive à se distinguer par bien des aspects derrière une première impression classique. Rien que l’idée d’utiliser tout ce qui touche au domaine de la cordonnerie et du monde de la chaussure dans un contexte fantastique est aussi farfelue que bien pensée. L’auteur va au fond de ce parti-pris pour offrir une très grande diversité dans les armes proposées, mais aussi sur la manière dont chaque type de chaussures peut avoir un impact dans chaque combat. C’est tout un système qui se crée autour de cet élément et on se laisse facilement convaincre par tout ça et surtout l’opposition qui se joue entre ces mains monstrueuses et ces porteurs blessés profondément dans leur chair. Il y a donc, derrière ce départ basique une véritable volonté de façonner une histoire bien plus intéressante qu’il n’y paraît. En fait, l’auteur montre tellement son envie de développer au mieux cette opposition que cela déteint sur notre vision du futur de la série. On a nous aussi envie de voir jusqu’où il sera capable d’aller dans l’utilisation de ces divers éléments qui, une fois assemblés, proposent un divertissement loin d’être ennuyeux. Tout cela est ensuite porté par des protagonistes attachants que l’on a envie de suivre et qui arrivent à nous partager leurs sentiments à la fois teintés d’inquiétude et de détermination à l’égard du conflit à venir.

C’est donc un très bon début, à mon sens, que ce premier volume de Bootsleg. Si l’on peut craindre initialement que le manga tombe dans des codes trop récurrents de ce genre d’épopée, on est rapidement rassuré en voyant à quel point l’auteur maîtrise son univers. En plus de ça, cette introduction se montre finalement assez riche et prend le temps de s’attarder sur chaque détail pour construire une histoire qui soit à la fois riche et prenante. La seule chose que l’on attend maintenant, c’est de voir si toutes ces promesses vont se concrétiser au fil des prochains volumes. Il y a largement matière à offrir une aventure qui soit spectaculaire et divertissante tout en créant un voyage qui laisse sa petite empreinte dans notre esprit. C’est en tout cas ce que laisse présager ce premier contact et c’est déjà très encourageant pour l’avenir de la série. Une œuvre qui pourra donc plaire à tous ceux qui recherchent une aventure bourrée d’action et de personnages en constante évolution ainsi qu’une lecture capable de surprendre là où on ne s’y attend pas forcément. Maintenant, il est évident que j’ai plusieurs questions qui me viennent à l’esprit après avoir refermé cet ouvrage. Est-ce que l’on va faire la rencontre d’autres combattants luttant contre ces créatures mystérieuses ? Zen pourra-t-il enfin avoir sa vengeance qu’il nourrit depuis des années ? Qu’est-ce qui est à l’origine de l’apparition de ces étranges mains ? Que deviennent ceux qui se font emporter par ces dernières ? Beaucoup d’énigmes à résoudre dans les prochains volumes de la série. En tout cas, je serais de la partie afin de connaître le fin mot de tout ça.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Bootsleg. Trouvez-vous que l’idée de base est prometteuse pour développer cet univers par la suite ? Avez-vous été convaincu par la confrontation opposant les deux groupes ? Est-ce que les personnages ont su vous paraître sympathiques et attachants au fil des chapitres ? Etes-vous curieux de voir comment va évoluer tout ce système autour de ces singulières armes et de leurs opposants tout aussi étranges ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

© SUZUHITO YASUDA / KODANSHA Ltd. © Noeve Grafx