Tréno---une-ville-qui-ne-dort-jamais--2

Tréno : une ville qui ne dort jamais

Il est grand temps de reprendre notre petit baluchon pour repartir en voyage au sein de nos univers vidéoludiques préférés. Après tout, il reste encore énormément de lieux à visiter au sein de notre grande épopée Final Fantasy IX. En effet, après avoir fait une précédente halte à Bloumécia, il est grand temps de se pencher sur la prochaine étape du voyage de nos héros. Alors que l’on s’était arrêté précédemment dans la cité des pluies et toute la partie tragique liée à ce segment du récit, il est l’heure de changer totalement d’air. Tandis que Djidane et son groupe sont en plein cœur du conflit mené par Branet et ses troupes, on va cette fois se tourner du côté de Grenat et de son propre périple pour retourner chez elle. C’est au cours de son voyage qu’elle va nous amener au sein d’une ville bien singulière par rapport à tout ce que l’on a pu connaître jusqu’ici. Je parle ici de Tréno qui, vous allez le voir, forme une parenthèse vraiment unique au sein de notre périple sur ces terres. Un lieu qui va servir de point de ralliement, mais aussi de transition entre plusieurs actes importants. Préparez-vous à faire votre entrée dans la ville de la nuit.

Une première visite qui en dit long

Avant toute chose, il est important de se focaliser sur la première visite que l’on fait au sein de Tréno. On peut considérer cette ville comme la troisième plus animée et surtout elle dénote grandement par rapport à Alexandrie ou bien Lindblum. Quand on accompagne Grenat à ce moment du jeu, elle est là pour trouver un moyen de retourner chez elle ce qui va l’amener à retrouver son ancien tuteur Totto. Mais avant même que l’on se lance à la recherche de ce dernier, il suffit d’approcher de ce lieu pour se rendre compte du changement de ton. Rien que sur la carte du monde on voit que la nuit tombe inexorablement dès que l’on s’aventure aux alentours de la cité. Une manière de créer une atmosphère bien précise avant même que l’on entre réellement en son sein. Même la représentation de Tréno sur la map est bien différente, car on peut voir un domaine empli de lumières comme pour attirer les gens tels des insectes au sein de cette nuit faussement éternelle. Et surtout, nous ne sommes pas dans un lieu qui va se démarquer par de hautes bâtisses ou un château impressionnant. En fait, la véritable identité et force de Tréno reposent sur l’ensemble de ses habitations. Et maintenant, dès l’instant où l’on franchit ce portail, on est directement mis en contact avec l’ambiance unique de ce lieu. Si l’on est loin de l’envie d’en faire une cité grandiose, elle va pourtant attirer notre regard d’une autre manière. Dès sa place centrale, elle respire le luxe, le faste et une certaine élégance rien que dans son architecture. On a presque le sentiment d’être à un croisement entre une inspiration de décor à la française et italienne. Un charme indéniable qui apporte une sorte de légèreté et qui va être accentué par la musique propre à Tréno qui se veut assez festive et accueillante.

Et alors qu’on pourrait croire que tout ça n’est qu’une façade, c’est en réalité tout ce qui symbolise ce lieu. A force de vagabonder au sein de ces ruelles, on va autant se rendre compte que c’est un lieu de divertissement pour l’aristocratie et autres membres de la haute société qu’un endroit qui possède aussi une part plus tragique avec toute une partie de la ville où se trouve les moins riches qui doivent survivre comme ils peuvent. Et plus on progresse au sein de ces ruelles pavées et plus un effet étrange va naître en nous. L’impression que tout cet endroit paraît presque irréel quand on sait ce qui se passe non loin. D’ailleurs, on ne sait finalement que très peu de choses lors de nos visites à Tréno sur ce qui peut régir ce lieu. Aucune information ne fuite dans le jeu concernant la cité, les étranges soldats qui défendent celle-ci, mais aussi qui peut bien être derrière cet endroit. On sait juste ce que l’on voit de nos propres yeux comme le fait que l’on est avant tout dans un lieu régi grandement par l’argent comme en témoigne la profusion de grandes richesses parmi les visiteurs et habitants ou bien la salle des enchères. D’ailleurs, on ne peut s’empêcher de se demander ce que peut bien faire un savant comme Totto dans un tel environnement qui n’est pas tant tourné vers la richesse que le divertissement. De plus, Grenat et Steiner vont rapidement comprendre de quoi il en retourne lors de leur séjour étant donné que l’argent est roi. Entre les pickpockets et les aristocrates qui étalent leurs plus beaux vêtements et bijoux, nous n’avons absolument aucune impression que la guerre ravage le continent. Et c’est justement l’autre point qui va grandement caractériser cet endroit et va montrer que l’on n’est pas seulement dans un simple arrêt de notre périple.

Tréno - entrée

Un lieu loin de tous les conflits

Comme j’ai pu l’évoquer dans la précédente partie, Tréno est une inconnue dans l’équation FFIX. Un lieu que l’on va visiter à de nombreuses reprises et qui pourtant n’a pas de réelle incidence sur la trame narrative mise à part quelques informations intéressantes autour de certains personnages et le lieu permettant de rejoindre Alexandrie. Mais surtout, on se rend compte au fil de nos pérégrinations qu’il n’y a pas un seul endroit qui ne se retrouve pas impacté par le conflit débuté par la reine Branet. Enfin si, Tréno est l’une des rares villes qui ne va absolument pas connaître les conséquences de cette guerre et continuer à mener le même quotidien sans jamais être inquiété par quoi que ce soit. Mais qu’est-ce que cela nous raconte ? Après tout, il arrive souvent dans les JRPG que l’on se retrouve dans des lieux qui n’ont pas forcément de lien direct avec le scénario et qui ne subissent pas directement de conséquences liées à notre aventure. Mais pourtant, Tréno est bien plus qu’une simple halte où l’on va s’acquérir de nouveaux objets ou bien se reposer. En fait, cette cité est un peu une force qui ne s’implique pas dans tout ce qui se passe sur le plan géopolitique. Une zone neutre où ses visiteurs peuvent trouver un peu de quiétude, mais qui reste aussi assez éloignée pour beaucoup au vu du standing des gens qui y circulent pour une grande majorité. Cela va avoir alors plusieurs conséquences sur les personnages, mais aussi sur le joueur en lui-même. En effet, à chaque fois que l’on va devoir se rendre à Tréno, on va se déconnecter de ce qui se passe dans la trame principale pour accomplir les diverses quêtes ou événements secondaires qui sont liés à cet endroit.

Ainsi, on va s’adonner aux combats contre les monstres de l’armurerie ou bien faire un tour dans la salle des enchères pour y récupérer des objets uniques. De plus, on pourra aussi y rencontrer un personnage bien étrange qui désire qu’on lui confie les médailles récupérées à droite et à gauche lors de notre aventure. Tout ceci a pour but de nous changer les idées et de calmer un peu le jeu au vu du scénario souvent éprouvant et complexe de cet opus. Cela ne signifie pas pour autant que ces visites sont là pour dédramatiser ce qui se passe dans notre épopée. Au contraire, on voit ces instants comme un peu de réconfort avant de retourner au cœur de ce conflit qui, on le sait à ce moment, va laisser son empreinte sur le monde. Tréno est un lieu de repos et qui va conserver cette aura jusqu’à la fin de l’épopée tout en étant un lieu important pour tout ce qui est de compléter le jeu entièrement. Mais en dehors de l’aspect purement vidéoludique, on nous décrit surtout une cité qui reflète une image de survivante de tout ce qui se passe sur la scène mondiale. Elle n’est pas là pour jouer un rôle dans cette guerre ou dans le destin du monde. Son objectif est juste de tenir en restant fidèle à ce qu’elle est et en ne prenant absolument aucun parti. Et c’est finalement très intéressant de voir que notre ignorance au sujet de ce qui gravite autour de Tréno contribue justement à cette image qu’elle reflète. Ceux qui viennent ici ne cherchent pas à en apprendre plus sur cette cité, mais à juste profiter de ce qu’elle peut offrir. Un contraste particulièrement fort par rapport à tout ce que l’on peut vivre en dehors et qui rend ce lieu à la fois étrange, rassurant, reposant, mais aussi centré sur lui-même.

La cité du divertissement et de la culture

Mais si Tréno est coincé entre ce rôle de ville importante et celle de cité indépendante et neutre, comment parvient-elle à s’en sortir ? La réponse est toute simple, il s’agit d’un lieu avant tout centré sur l’amusement et la culture. J’ai déjà pu l’évoquer un peu plus haut, mais on peut déjà profiter de nombreux services quand on y arrive pour la première fois et pareil pour les fois suivantes. Et on se rend compte que tout s’axe autour de ces éléments. Si les gens viennent à Tréno, c’est avant tout pour faire étalage de leurs richesses et dépenser leur argent dans des considérations qui peuvent paraître folles par rapport au contexte dans lequel on évolue dans le jeu. Voir des gens boire un petit café en toute quiétude tandis que le reste du monde brûle renforce cet aura propre à la ville et à cet oubli qu’elle représente de la réalité. D’ailleurs, Squaresoft était parvenu aussi à créer des moments un peu surréalistes, mais qui finalement collent totalement à l’image souhaitée pour Tréno. On peut par exemple citer le tournoi de Tetra Master qui est avant tout là pour nous faire passer le temps en attendant que le reste des opérations ait lieu. Une compétition dont même le roi Cid va participer avec son fameux deck puluche. Pour qu’un souverain de son statut décide d’être présent à un tel événement alors que Lindblum est en pleine reconstruction est représentatif de la forme de pouvoir que possède Tréno sur la scène internationale. Même les plus puissants profitent du repos engendré par cette cité pour se détacher un peu de la cruelle vérité qui frappe le monde. Et c’est pareil aussi quand on s’attarde sur la célèbre salle des enchères.

C’est là que le destin de Tarask va basculer quand il rencontre pour la première fois Djidane il y a de ça bien des années alors qu’il n’était qu’un vigile. Quand on s’y aventure en tant que joueur, on peut alors assister à des séances où les participants vont déployer de véritables fortunes dans le but d’obtenir des accessoires rares ou bien des objets beaucoup plus extravagants. Des items qui donnent le sentiment d’être inutiles et qui vont pourtant servir à du troc avec d’autres gens de Tréno. Une manière de montrer la trop grosse propension de ces habitants à dépenser leur argent pour des objets qui ne servent à rien pour le groupe. Mais surtout, est-ce que Tréno n’est pas le parfait reflet d’une des facettes de l’antagoniste principal : Kuja ? Le grand méchant de l’histoire fait une apparition dans cette ville et semble avoir le droit à un gros traitement de faveur tout en étant particulièrement respecté. Alors qu’il n’est, à ce moment précis, présenté que comme un marchand d’armes, Tréno est une parfaite base à ses yeux. Un lieu qui, comme lui, n’a que faire des gagnants ou perdants tant qu’elle parvient à en ressortir plus forte et à accumuler plus de ressources. Quand on fait ce parallèle, on ouvre les yeux sur une partie bien plus sombre de cette cité et de la place qu’elle peut avoir sur la scène politique. Si elle n’impacte en rien le déroulement des événements ou bien qu’elle n’est pas le théâtre d’un événement grandiose, il s’agit pourtant du lieu qui tiendra bon au sein de cette tempête. Tréno est la ville qui reste ancrée dans ce qu’elle sait faire de mieux, à savoir divertir pour détourner l’attention et ainsi éviter toute répercussion à son égard.

Tréno et son rôle atypique

Ce que j’adore avec ce rendez-vous que je vous propose, c’est que cela me fait aussi prendre conscience de tout ce qui gravite autour de ces villes qui rythment notre épopée. Des lieux qui regorgent de choses à dire, de significations et de symboles en lien avec tout ce qui se passe. Mais nous ne sommes pas forcément concentrés sur toutes ces petites choses à l’instant T étant donné que l’on est embarqué dans le scénario. Et il est donc important de se poser quelques instants pour observer ces lieux qui contribuent énormément à l’histoire ainsi qu’à la création de ces univers vidéoludiques. Que cela soit un endroit particulièrement vital pour l’intrigue ou bien une escale beaucoup plus légère, il y a toujours une analyse possible à faire. C’est exactement le cas pour Tréno qui, je dois l’avouer, n’était clairement pas l’une de mes zones favorites dans FFIX. Je trouvais justement qu’elle dénotait beaucoup trop par rapport au sérieux et à la tragédie que l’on venait de vivre juste avant en compagnie de Djidane. Mais en faisant cette chronique, j’ai pu prendre du recul et j’ai alors changé mon regard sur cette cité. Finalement, elle s’ancre parfaitement dans ce qui peut exister au sein d’un conflit opposant plusieurs forces. Il s’agit tout bonnement d’un endroit servant de zone grise où les armes sont rangées pour simplement apprécier les divertissements proposés. Et au bout du compte, alors que Alexandrie, Lindblum, Bloumécia et Clayra se retrouvent détruites et que certaines doivent se reconstruire, il n’y a qu’une seule cité sur ce continent qui reste intact.

Le côté presque intouchable de Tréno est palpitant à analyser, car on peut autant faire un parallèle très intéressant par rapport à la guerre qui frappe le monde de Final Fantasy IX que voir tout bonnement un lieu servant de repos aux protagonistes. En fait, chacun peut y aller de son interprétation en fonction de son appréciation générale de ce lieu et de ce qu’il peut déceler au travers de son statut qui est toujours le même du début jusqu’à la fin du jeu. J’espère en tout cas que cette chronique vous aura plu tout en vous apportant un autre regard sur ce lieu emblématique de ce neuvième opus. N’hésitez pas à me dire dans les commentaires si vous aimeriez que j’aborde d’autres endroits de jeux différents. Ce qui est sûr, c’est que l’on est loin d’avoir fait le tour des haltes de nos héros au sein de cet univers. Mais en tout cas, on peut déjà dire que l’on a fait une grande partie du continent de la brume. Est-il temps de partir au-delà de la mer pour d’autres visites ? Il reste encore peut-être un endroit ou deux à aborder avant tout ça. Je suis très content que ce rendez-vous vous plaise autant et cela me donne encore plus envie de vous emmener avec moi dans ces diverses régions de nos oeuvres vidéoludiques préférées.

One Comment

  • Nana Coubo dit :

    Tréno est une ville que j’apprécie beaucoup pour la pluralité des choses à faire là bas. On se détend, on est coupés du monde. En fait, je fais partie des personnes dont le lore ne suffit pas. J’aime apprécier voire même kiffer ce qui a autour, même parfois les plus secondaires. Et franchement, FF9 regorge de pleins de chose (par pour rien qu’il soit mon jeu favori aha). Au final, Tréno est le lieu où plein de choses se sont déroulées pour les personnages. Et j’aime beaucoup faire les enchères quand j’ai assez de sous. Et râler sur les « préoccupations » des nobles alors que certains meurent sans doute de faim et le reste du monde est en crise et meurt.

    Ce que j’aime particulièrement, c’est la différence de classes qui est clairement assumée et c’est justement ce que j’ai un peu présenté dans mon histoire de mon personnage. Pour expliquer les choses, j’adorais créer de nouveaux personnages qui deviennent amis avec les personnages de FF en particulier ceux du 8 et 9. Et mon personnage est originaire de Tréno, noble mais désireux de découvrir le Monde alors qu’il a toujours baigné dans son petit monde privilégié et déconnecté de la réalité. Mon but de mon histoire et de donner un peu plus de relief à mon perso, mais également d’exploiter à ma manière le monde de FF9 à travers ses villes, villages et coins perdus (à ce propos, j’ai hâte de lire ta chronique sur Daguérréo).

    Pour revenir à Tréno, la première fois, j’ai directement pensé à Deling City pour son côté nocturne uniquement.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *