Tank Chair T1 : tuer ou être tué
On le sait très bien, le manga est un art qui permet à bon nombre d’artistes de laisser libre cours à leur créativité. Cela peut donner lieu à une très grande diversité dans les histoires racontées. On a le droit ainsi à des récits qui vont se vouloir très sérieux et ancrés dans des thèmes bien précis, mais aussi des œuvres qui prennent la direction opposée. De ce fait, on part dans un style beaucoup plus WTF et étonnant. Un choix loin d’être facile à réaliser, car il faut réussir à faire accrocher le lecteur au délire initial ou bien à l’univers créé. Un défi de taille, mais qui peut donner lieu à des histoires fantastiques dès l’instant où l’on est pleinement plongé dedans. C’est ce que l’on va voir aujourd’hui avec la nouveauté des éditions Kana : Tank Chair. Je l’avoue, je n’étais pas du tout sûr de me lancer dans le titre à la base, car je ne savais pas trop où le récit voulait m’amener. Mais j’ai finalement laissé ma curiosité prendre le pas et j’ai alors pu découvrir un ouvrage bien plus surprenant qu’il n’y paraît. Une immersion au sein d’un monde aussi dangereux que barré. Soyez donc prêts à faire la rencontre d’un assassin qui réveille son talent quand on en veut à sa vie.
Un réveil difficile
Synopsis
Nagi Taira était le meilleur tueur à gages, mais il est plongé dans un état végétatif depuis le jour où il a reçu une balle dans la tête pour protéger sa petite sœur.
Cependant, lorsqu’il sent une pulsion meurtrière dirigée vers lui, il reprend temporairement conscience.
Afin de retrouver son état normal, Nagi va continuer sa rééducation en affrontant de puissants ennemis à l’aide de son fauteuil roulant !
Mangaka : Manabu Yashiro
Comme je l’ai évoqué un peu plus haut, je n’étais pas du tout partant initialement pour découvrir Tank Chair. Pourtant, j’ai laissé ma curiosité prendre le pas et je suis bien content de ça. Car oui, cette nouvelle série nous délivre un premier volume survitaminé et d’une grande intensité dès les premières pages. On est littéralement plongé dans un univers où tous les coups sont permis et où la violence est commune. Le fait de suivre cette fratrie qui a besoin de se confronter à des ennemis toujours plus puissants dans l’espoir de réveiller l’un d’eux est l’excuse parfaite pour nous délivrer des combats toujours plus spectaculaires.
Action et surenchère
Il ne faut pas longtemps à Tank Chair pour nous faire comprendre que l’univers dans lequel on se retrouve est totalement fou et en adéquation avec le côté brutal du récit. On va constamment être témoin des rixes qu’il peut y avoir entre gangs ou bien les contrats des nombreux assassins qui pullulent sur ces terres. Un environnement où règne la loi du plus fort et où la présence de Nagi peut sembler contradictoire. En effet, on nous le présente comme le meilleur tueur à gages et pourtant il est maintenant coincé dans un fauteuil roulant et dans un état végétatif. Mais dès l’instant où l’on nous présente l’unique moyen pour lui de retrouver ses esprits, le récit bascule dans une toute autre dimension. On assiste alors à l’apparition d’un être qui semble tout droit venu du pire cauchemar qui soit. Il a beau être coincé dans son siège de métal, le fait de voir ce jeune homme arborer sa tenue de tueur et faire étalage de ses compétences meurtrières nous en met plein les yeux. On a aucunement l’impression que son état l’affaiblit et au contraire il va y avoir toute une identité qui va se former autour de lui. Le lecteur comprend que même s’il est un peu un mort en sursis dont l’espoir de revenir est faible, les quelques instants de lucidité qui s’offrent à lui font naître un monstre encore plus terrifiant que ce qu’il pouvait être auparavant. La simple image de cette armure ambulante se déplaçant à toute vitesse sur son fauteuil et fauchant ses ennemis comme si c’était du blé est un spectacle qui s’inscrit dans notre rétine.
La peur est là, car l’auteur est parvenu à transformer le handicap de son protagoniste en un levier pour créer une sorte d’alter-ego encore plus inoubliable. Et pour renforcer ça, on a aussi le droit à bien des versions différentes de son fauteuil en fonction de la situation dans laquelle il se retrouve. Et c’est tout cet imaginaire qui prend vie devant nous qui rend, à mes yeux, cette lecture aussi captivante. En plus de ça, le trait du mangaka colle parfaitement à cet univers sans foi ni loi et permet de donner énormément d’impact lors des scènes d’action. Tout est parfaitement lisible et on peut profiter pleinement du ballet mortel que nous délivre Nagi. En dehors de ça, nous sommes surtout dans un premier tome qui cherche à poser le décor et à nous faire adhérer à cette proposition. Si l’on commence à voir un fil rouge se dessiner et surtout des ennemis particulièrement retors faire leur apparition, ce premier volume cherche avant tout à être une vitrine pour ce qui nous attend ensuite. Et il faut dire que c’est un pari plus que réussi tant on va être embarqué dans le quotidien frénétique de cette fratrie. D’ailleurs, cette dernière est aussi un point fort de la série, car je trouve qu’elle parvient à raconter beaucoup de choses en très peu de temps et surtout à nous délivrer des moments assez poignants tout en gardant une part de mystère. Un récit survitaminé qui ne fait pas dans la dentelle, mais qui a aussi cette faculté à nous en mettre plein les yeux via la créativité de cet artiste.
Et je trouve que Tank Chair fait partie de ces séries qui arrivent à se démarquer grâce à cette identité qui leur est propre. On avance dans ce récit en ayant l’impression de faire face à un univers comme rarement on en a vu et qui colle à merveille avec l’ambiance globale du titre. Un manga qui se veut particulièrement décomplexé dans son action, mais aussi qui laisse libre cours à l’imagination de l’auteur pour créer des éléments totalement farfelus et inattendus. De ce fait, on est autant surpris par ce que l’on découvre que happer par le scénario qui s’installe devant nos yeux.
Tank Chair ne lâche pas sa proie
Oui, Tank Chair se destine avant tout à un public averti au vu de sa violence décomplexée. Mais ce titre joue aussi à merveille sur cet élément ainsi que sur la surenchère qu’il propose pour nous délivrer un enchaînement de scènes d’action absolument grisant. On reste sans voix dès la première intervention de ce tueur en fauteuil roulant qui n’a pas besoin de dire quoi que ce soit pour donner des sueurs froides. De même, je trouve l’imaginaire de l’auteur, qui s’exprime tout au long de cette lecture, fantastique car elle donne une identité propre à la série. Tout est possible au sein de ce récit comme voir des gorilles humanoïdes former un gang ou bien un sniper caméléon qui ne rate jamais sa cible. Tout ça peut paraître farfelu, mais cela s’inscrit à merveille dans ce que le mangaka cherche à créer. Un univers où la brutalité qui résonne chaque jour est égale au côté délirant qui règne sur ces terres. Et plus on avance dans l’histoire et plus on s’acclimate de tout ça pour ainsi profiter pleinement de cette expérience assez unique en son genre. Et je suis donc autant happé par ce qui va nous être raconté au travers de cette fratrie que par cet environnement en lui-même. J’ai envie de voir jusqu’où s’exprimera la créativité de cet artiste et s’il va continuer à aller au bout de ses idées folles pour créer un lore et une diégèse qui nous captivent. En tout cas, c’est déjà un grand oui pour tout ce qui touche à la partie spectaculaire au vu des affrontements qui nous sont proposés et qui sont aussi sanglants que grisants.
Parfois, la curiosité a du bon, car elle permet de se lancer dans des aventures que l’on n’aurait pas choisies en temps normal. C’est exactement ce qu’il s’est passé ici pour moi avec Tank Chair. Une œuvre que je n’allais pas forcément lire tout de suite et dont j’ai finalement sauté le pas. Et je dois dire que je ne suis pas déçu, car on a devant nous une œuvre décomplexée et qui joue à fond la carte de son univers barré pour nous happer. Le divertissement est là et on finit même par avoir envie d’assister à encore plus d’action de la part de notre protagoniste. Un assassin qui est loin d’être comme les autres et qui a su, en quelques chapitres, graver son image dans l’esprit du lecteur. Une sorte de légende qui voit le jour et où l’exagération de tout son arsenal est à la hauteur de ses capacités martiales. Si vous avez apprécié les récits assez loufoques et où l’action est omniprésente alors vous devriez largement être séduit par ce premier volume. A présent, j’ai tout de même quelques questions qui me viennent à l’esprit. Est-ce que l’on va assister à une confrontation de taille pour notre tueur face à ce passé qu’il cherche à fuir ? Va-t-il réellement pouvoir se réveiller de son état végétatif pour de bon ? Que peut bien cacher sa sœur concernant son regard envers son frère ? Quels seront les prochains défis qui se dresseront sur leur route ? Un manga qui a su retenir mon attention et dont je vais surveiller la suite très attentivement.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Tank Chair. Trouvez-vous que le titre parvient à proposer un univers assez inédit et en adéquation avec le côté sanglant et fou de ce récit ? Etes-vous curieux de voir comment va se développer cette fratrie au vu de ce qu’ils vont devoir affronter ? Trouvez-vous que l’artiste parvient à sublimer les scènes d’action à travers son style graphique et la précision de son trait ? Est-ce que, pour vous, cette série est autant captivante qu’elle se présente comme un gros défouloir ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.