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Le village des mages noirs : un temps si précieux

C’est une journée assez importante aujourd’hui, car après vous avoir emmené aux quatre coins du continent de la brume de FFIX, il est grand temps de s’élancer vers de nouvelles terres de ce neuvième opus. Et oui, nous en avons fini avec cette première partie conséquente de notre escapade vidéoludique, mais on a encore beaucoup de choses à voir. On va donc se tourner vers le continent extérieur de ce monde et notamment sur un lieu bien précis qui va avoir une importance considérable dans l’écriture de certains personnages et le développement des thématiques fortes de ce titre. Je parle ici du village des mages noirs qui a sûrement marqué une bonne majorité des joueurs qui ont atteint cette zone. Un endroit où l’on va changer notre regard sur ces êtres et surtout comprendre à quel point le temps est une denrée précieuse menant fatalement au même résultat. Si, jusqu’ici, cette aventure s’était focalisée avec brio sur l’horreur de la guerre et instaurer un climat d’effroi autour des grandes villes précédentes, cette fois on repose un peu l’action pour se focaliser sur des messages importants et en totale adéquation avec ce que le jeu souhaite raconter. Soyez donc prêts à retourner dans ce hameau qui est destiné à disparaître tôt ou tard.

A la découverte du continent extérieur

Avant même de parler du village des mages noirs, il est important de se focaliser sur le fait que l’on change totalement de décor à ce niveau de l’aventure. En effet, après avoir assisté aux multiples horreurs commises par Alexandrie et à sa quasi-hégémonie sur le continent de la brume, on se lance dans une toute nouvelle épopée dans le but d’arrêter Branet et Kuja. Pour cela, on se rend sur des terres inédites qui n’ont rien à voir avec ce que l’on a connu précédemment. Là où il y avait énormément de vies et de grandes cités, le continent extérieur n’a réellement qu’une seule grande ville tandis que le reste n’est que donjons, ruines ou alors terres arides. Après avoir franchi la route des fossiles, on arrive donc dans cette contrée qui nous est inconnue. On explore un peu les environs, on découvre un marais des Kwe et on se retrouve finalement devant Condéa, la principale cité de ces terres et qui, pourtant, n’a pas tant de choses que ça à raconter. Mais c’est là que l’on découvre un mage noir en train de faire des courses et qui va rapidement s’enfuir. C’est en décidant de le pourchasser que l’on va se retrouver sur un sentier labyrinthique qui va finalement nous conduire dans un endroit inattendu. Ce qui était surprenant à travers ce mage fuyard, c’est qu’il semblait être totalement en contradiction avec l’image que l’on avait d’eux. Après tout, mise à part Vivi, tous les autres n’étaient programmés que pour être des armes entre les mains de Branet et de son armée. Alors voir l’un d’entre eux faisant ses petites emplettes comme si de rien n’était éveille forcément la curiosité. Et c’est là que l’on tombe sur le fameux village des mages noirs. Loin de toute civilisation et caché aux yeux du monde, on tombe sur ces quelques bâtisses qui témoignent du travail effectué par ces “machines”.

Cela déroute dans un premier temps et l’incompréhension grandit quand on voit que ce sont les mages noirs qui ont peur de nous alors que cela devrait être l’inverse. On comprend alors rapidement que tous les habitants de ce village sont en réalité comme Vivi. Ils sont des mages noirs qui ont su développer leur propre conscience et qui se sont retrouvés par hasard sur ce continent livrés à eux-mêmes. Totalement perdus et ne sachant pas quoi faire de leur vie, ils se sont finalement regroupés pour fonder cet endroit. Et sachant pertinemment qu’ils pourraient être perçus comme une menace, mais aussi se cacher d’Alexandrie et Kuja, ils ont préféré s’isoler pour pouvoir vivre en paix. Et plus on visite ce lieu et plus on est frappé par la quiétude qui règne. Ils ont beau ne pas être beaucoup d’habitants, chacun cherche à vivre pleinement son existence en se choisissant un but. Ainsi, certains décident d’ouvrir des boutiques, une auberge ou d’autres de prendre soin de quelques chocobos. Une simplicité qui va être particulièrement touchante au vu de tout ce que l’on a vécu jusqu’ici. Nos premiers pas sur ces terres se transforment en une bulle où les flammes de la guerre semblent lointaines et où on peut profiter d’un petit instant de paix. Un paradoxe quand on sait que ce répit est en compagnie de mages noirs dont les congénères ont été l’instrument de destruction de Lindblum, Bloumécia et Clayra. Et donc, avant même que l’on attaque le cœur de ce que représente le village des mages noirs, il y a déjà ce fort sentiment qui s’exerce en faisant de celui-ci une sorte de petit havre de paix qui nous permet de souffler après tout ce dont on a été témoin. Un constat qui ne se limite pas uniquement à ce hameau, mais à l’ensemble de ce continent dont l’ambiance générale est aux antipodes de celui de la brume.

Village des mages noirs - arrêt

Un lieu symbolique pour Vivi

Evidemment, il est impossible de parler du village des mages noirs et de ses habitants sans évoquer ce qu’ils vont apporter au personnage de Vivi. Jusqu’à présent, notre petit magicien était l’exception au sein de ces “pantins” fabriqués en masse. Chacune de ses interactions avec ses semblables se résumait à un long silence tandis qu’il essayait de communiquer avec eux. Il n’y a que contre Valseur 3 qu’il a pu entrevoir une lueur d’espoir quand ils sont venus le protéger face à cet ennemi. Une scène déchirante qui montrait que derrière ces marionnettes pouvaient se cacher un cœur et une volonté de s’entraider. Mais finalement, il n’y a jamais eu de véritable conversation jusqu’ici. Enfin ça, c’était avant que le groupe ne s’arrête en ce lieu. Et là, Vivi va enfin pouvoir exaucer son souhait le plus cher à cet instant et ne plus se sentir seul. Pourtant, les discussions qui vont avoir lieu sur ces terres sont très loin d’être de bonne augure. En effet, c’est en échangeant avec celui qui sert d’aîné à cet endroit qu’il va découvrir une terrible vérité. Il comprend que son existence en ce monde est très courte et qu’il finira par s’éteindre comme ceux qui l’ont précédé. Une sorte d’obsolescence programmée qui se limite à une année de vie. Un compte à rebours très court, mais que son interlocuteur va aussi affirmer que certains mages noirs arrivent à tenir un peu plus longtemps. Mais même cette affirmation est loin d’être un soulagement, car cela signifie juste un petit délai supplémentaire pour une existence qui sera tout de même courte. Un grand choc à ce moment pour lui, ses amis ainsi que le joueur. Cette vérité est un vrai coup de massue, car cela nous fait comprendre que ce n’est plus qu’une question de temps avant que ce personnage auquel on s’est attaché finisse par disparaître.

Et c’est finalement très ancré dans tout ce que raconte cet opus dont les thématiques tournent beaucoup autour de la vie et de la mort. D’ailleurs, c’est aussi au sein de ce village que Vivi prend conscience de ce que mourir signifie vraiment. La fin de toute chose qui, pour les mages noirs, est comme s’éteindre sans jamais pouvoir se rallumer. Et même, tout le village va aussi être symbolisé, en dehors des quelques maisons visitées, par cet écran servant de mémorial à ceux qui se sont arrêtés. Un décor inoubliable pour les joueurs qui comprennent, sans le moindre mot, ce qui a bien pu se passer. En fait, si ce lieu est aussi important et symbolique, c’est justement car il nous rappelle, ainsi qu’aux protagonistes, que le temps est compté pour chacun d’entre nous. On peut disparaître du jour au lendemain et laisser derrière soi ceux qui vivent encore. Et alors que ces mages noirs, qui affichent une conscience, cherchent un but à leur courte existence, ils montrent à Vivi que l’important est de savourer l’instant présent. C’est quelque chose qu’il ne va pas comprendre tout de suite, mais qui va mûrir dans son esprit jusqu’à ce qu’il puisse enfin clamer haut et fort que son but durant ce laps de temps est de vivre tout simplement. C’est pour ça d’ailleurs que la question qui est liée à ce personnage est “vivre c’est prouver qu’on vit ?”. Il cherche continuellement un sens à son existence alors qu’au final, vivre et aider ses amis est déjà un magnifique but. Avec la visite de cette zone, le jeu nous détourne un peu des thématiques liées à la guerre tout en conservant toutes ces questions sur le sens de notre existence. Ici, on s’arrête quelques minutes pour observer ce petit mage parmi les siens totalement perdu et craignant pour le futur. Et en voyant ça, on se met aussi à réfléchir sur notre propre avenir et ce que l’on souhaite faire de celui-ci. Un passage appuyant le fait que la vie est difficile, mais qu’il est aussi important d’apprécier ce qu’elle peut offrir à l’instant T. Car si l’on ignore ce que demain nous réserve, on peut savourer ce présent qui est le plus précieux des cadeaux, car il signifie que notre coeur bat encore.

Un sanctuaire destiné à disparaître

Quand on y pense, FFIX n’a que très peu de lieux qui ne vont pas être synonymes d’horreur, de guerre ou de mort. Même Lindblum a été une victime précédemment de ce chaos instauré par Alexandrie qui, elle-même, va être frappée par cet enfer. A part Tréno qui sert de pause au joueur ou bien une ville comme Condéa où l’on ne va y rester que très peu de temps, l’ensemble de ce monde est rongé par ces thématiques éprouvantes et tragiques. Le village des mages noirs n’en fait pas exception, car si le cadre est apaisant et sert de petit cocon pour l’équipe et le joueur, le message qu’il nous laisse est bien plus amer. Quand on apprend la durée de vie de ses habitants, on comprend tout de suite une chose cruciale. Ce petit havre de paix loin de tous les problèmes du monde extérieur est déjà condamné. Étant impossible de procréer et sachant déjà de manière approximative la date de leur mort, les habitants de ce hameau finiront tôt ou tard par disparaître. L’image de ce lieu réconfortant qui se retrouve, dans un futur proche, sans aucune âme qui y vit nous déchire le cœur. Et même après que l’on quitte cet endroit, on ne pourra plus se défaire de ce sentiment qui nous envahit. En créant ce village, le studio a parfaitement su représenter le cycle de la vie autant dans ce qu’il a de plus beau que le plus tragique. Il y a une joie immense à imaginer ces mages noirs, qui étaient conditionnés à être des armes, prendre une autre voie pour créer leur petit paradis. Voir certains d’entre eux se réjouir à la naissance d’un bébé chocobo n’a pas de prix et montre aussi que s’ils étaient jusqu’ici synonyme d’effroi de par leur création, il existe aussi la possibilité pour eux de se libérer de leurs chaînes.

Et on parcourt ces quelques écrans avec une vive émotion et même une certaine mélancolie en se disant que c’est la première et sans doute la dernière fois que l’on pourra voir ce lieu aussi vivant. Après, il est vrai que le récit va amener ce village à accueillir de nouveaux habitants avec les génomes de Gaïa qui vont devoir apprendre à vivre en dehors de la mission qui fut la cause de leur naissance. Et là, on retrouve à nouveau ce message très fort des mages noirs qui vont servir de précepteur à ces êtres perdus pour qu’ils puissent enfin décider eux-mêmes de leur avenir. Au final, le village des mages noirs ne pourra plus s’intituler ainsi au vu de la disparition, tôt ou tard, de la disparition de ses fondateurs, mais ses valeurs continueront de vivre à travers le joueur et tous ceux qui ont pu y séjourner. Le sanctuaire que l’on a pu découvrir la première fois est programmé pour disparaître avec le dernier de ses représentants, mais il peut aussi survivre à travers le cœur de ceux qui ont tant appris auprès d’eux. Et ce fut autant le cas pour Vivi, Djidane, le reste de l’équipe et tout ce nouveau peuple se retrouvant sur une planète qui leur est inconnue. Et s’il existe énormément de lieux iconiques dans Final Fantasy IX, je pense que le village des mages noirs sera celui qui laisse le plus de traces dans l’esprit du joueur, car il concentre en seulement quelques visites toutes les valeurs, thématiques et messages désirées par Squaresoft dans cet épisode. Un lieu qui nous laisse supposer de sa future disparition, mais qui ne s’effacera jamais totalement tant le souvenir de celui-ci et de ses habitants restera gravé à jamais dans notre mémoire.

Village des mages noirs - mémorial

Le village des mages noirs et ses leçons

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire concernant l’importance qu’a Le village des mages noirs sur l’expérience proposée par FFIX. Je pense sincèrement que Squaresoft avait parfaitement su lancer son second grand acte avec ce nouveau continent en proposant une escale de ce niveau comme quasiment porte d’entrée à celui-ci. Faisant à la fois le lien entre ce qu’il s’est passé avant et l’évolution que la quête de nos héros va prendre, ce lieu est une parfaite représentation de la profondeur de cet opus. Et surtout, elle va consolider le fait que ces “armes” créés dans l’unique but de tuer font sûrement partie des personnages les plus touchants et dramatiques de la saga. Oui, on est heureux la première fois que l’on arrive dans cette petite zone, car on nous explique que le cas de Vivi n’est pas unique. Il peut enfin trouver des semblables qui ont aussi gagné leur libre-arbitre, même si cela implique d’accepter le fait de créer sa propre destinée. Avec la création de ce village, on nous prouve que même des êtres artificiels imaginés pour la guerre peuvent avoir une conscience et souhaiter vivre en paix loin de tout conflit. Et donc, ce lieu va exprimer quelque chose de fort et qui est le cœur de toute cette histoire. Sur ces quelques parcelles, on nous représente la vie dans ce qu’elle offre de plus beau, on nous conte l’importance de penser par soi-même, on nous fait réfléchir sur la difficulté et la peur de devoir faire ses propres choix et surtout on nous rappelle que la mort finit tôt ou tard par nous rattraper.

Et si cette fatalité est toujours éprouvante pour chacun, ce village est aussi un signe d’espoir. Il nous montre que même si notre temps sur cette terre est compté, il ne tient qu’à nous de faire en sorte que l’on savoure cette précieuse vie qui est la nôtre. Que l’on décide d’accomplir de grandes choses ou bien de simplement profiter de ce qui nous entoure, il n’y a aucune mauvaise façon d’exister tant que c’est sans regrets. Une leçon qui va être inculquée durant notre première visite de cet endroit et qui va nous accompagner jusqu’à la dernière seconde de cette épopée. En écrivant cette chronique, je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir des souvenirs qui ressurgissent et surtout une petite larme qui coule. J’ai déjà pu analyser et expliquer en quoi FFIX avait des lieux mémorables et importants pour le traitement de son récit. Mais avec le village des mages noirs, c’est toute cette aventure qui entre dans une autre dimension. Un voyage qui dépasse le cadre de la fiction pour nous faire réfléchir sur notre propre existence et qui sait comment viser en plein cœur. Un opus qui montre que cette saga est grandiose, mais aussi que le jeu vidéo est un art qui peut nous amuser, nous divertir et aussi nous transmettre des valeurs et des messages bien réels. J’espère en tout cas que cette chronique vous aura plu et que vous aurez passé un bon moment en la lisant. N’hésitez pas à me dire en commentaires ce que vous avez pensé de cette escalade dans la grande odyssée que fut FFIX.