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Pourquoi j’aime – PJ #07 : Back from Hell

Et voilà, il est déjà temps de vous proposer le septième numéro de “Pourquoi j’aime” ! Un rendez-vous que vous êtes de plus en plus nombreux à suivre et que je suis très heureux de vous proposer. Ces chroniques me permettent de mettre en avant des œuvres qui ne sont pas forcément les plus connues et qui sont pourtant fascinantes à mes yeux. Des titres qui m’enchantent quasiment à chaque tome et dont j’avais envie de vous parler de manière concise et pertinente. Après avoir évoqué l’excellent Kaiju Girl Carameliser, je me suis dit que l’on allait se rendre cette fois au sein du catalogue de Soleil Manga. Car oui, il y a une œuvre dont je parle fréquemment et qui est un de mes gros coups de cœur de l’éditeur. Je parle bien sûr de Back from Hell de Yuki Karaku et Shotarou Kunitomo. Ce manga n’est clairement pas celui qui est sur toutes les lèvres et au centre des discussions alors qu’il a pourtant beaucoup à proposer. Un récit de dark-fantasy où nous ne sommes pas du côté des héros, mais de celui des “méchants”. Préparez-vous à découvrir une histoire de vengeance qui va changer à jamais la face de ce monde.

Une vengeance qui transcende la mort

La première chose qui va capter notre attention dans Back from Hell est cette quête de vengeance qui va animer notre protagoniste. Après tout, on est devant un sage qui a contribué à la sauvegarde du monde en compagnie de l’héroïne et dont l’unique récompense fut d’être tué en compagnie de sa partenaire par peur de leur puissance. Tout est pensé pour qu’en seulement quelques pages, on soit totalement écoeuré du sort qui est réservé à ce duo et que l’on adhère à cet objectif qui va être celui de ce magicien devenu une redoutable liche. Et c’est ce qui est très intéressant avec ce manga, car à aucun moment il n’est question d’espoir, de repentance ou de paix. Tout est pensé pour que l’on soit dans une aventure rythmée par la colère, les représailles et la mort. Mais cela ne signifie pas pour autant que notre personnage principal cherche aveuglément à détruire l’humanité. Au contraire, son écriture est beaucoup plus profonde que ça, car son nouveau statut lui permet de devenir une figure du mal à abattre. Il nous montre que c’est face à une menace commune que l’être humain ne s’entre-déchire pas et finit par s’unir pour affronter ce danger. Et on va donc suivre l’ascension de ce mort-vivant pour devenir le nouveau seigneur démoniaque. Cela passe par un véritable massacre de sa part de nombreuses villes humaines afin d’instaurer son nouveau règne et ainsi de se présenter comme l’ennemi à abattre. Plus que se venger, il veut aussi réaliser le rêve de son ancienne partenaire en créant un monde où tous seront unis contre le monstre qu’il s’apprête à devenir. Un sacrifice de sa part pour sauver ce qu’il reste d’humanité à ces terres rongées par la cupidité et l’ambition.


Du côté du “méchant”

Je l’ai déjà évoqué un peu plus haut, mais Back from Hell prend une direction assez surprenante étant donné que nous allons à l’opposé de ce que l’on peut voir habituellement dans ce genre de récit. Que ce soit via le stéréotype du héros devant sauver le monde ou bien en suivant des personnages qui créent eux-mêmes leur propre aventure, il est assez rare que l’on soit véritablement du côté des “adversaires”. Et pourtant, c’est exactement ce qui se passe ici étant donné que le ton est donné dès le départ. A peine voit-on notre nécromancien mort-vivant sortir de cette faille dans laquelle il a été jeté que l’on comprend tout de suite qu’il n’est pas là pour rigoler. En quelques cases seulement, il devient le monstre qui va éliminer bon nombre de cités et d’humains dans le seul but d’accomplir son objectif. Et même si tout est là pour que l’on puisse comprendre son objectif et sa soif de vengeance, on est aussi témoin des horreurs qu’il commet. Il n’a absolument aucun scrupule à s’en prendre à des innocents et à éradiquer des villes entières pour faire étalage de sa puissance et être au centre de l’attention des autres nations. Une œuvre qui nous fait suivre une entreprise destructrice et où on va se demander constamment jusqu’où il va aller pour concrétiser son souhait. Ce qui est d’ailleurs excellent, c’est que le chara-design de notre protagoniste colle parfaitement à la froideur de ses actes. Il est un mort-vivant qui ne ressent quasiment plus aucune émotion à part la colère et qui va faire abattre son courroux sur toutes ces populations. Nous suivons un symbole de mort sur bien des aspects et qui va faucher des milliers de vies comme si c’était du blé. Et tout ça en étant entouré de lieutenants qui vont eux aussi étendre cette ombre qui se présente comme le glas de ce monde.


Un groupe auquel on s’attache

Mais si Back from Hell nous plonge dans un récit sombre et brutal, cela ne signifie pas pour autant que l’on ne va pas s’attacher aux personnages que l’on va suivre. C’est justement tout le contraste qui rend cette œuvre aussi captivante, car on a beau être face à des monstres, morts-vivants et autres criminels, la série parvient à nous faire voir au-delà de tout ça. Si notre seigneur du mal fait rapidement forte impression, il va aussi savoir s’entourer de guerriers loyaux et fidèles qui vont eux aussi avoir l’occasion de briller. Car notre nécromancien étant souvent très puissant, il laisse le champ libre à ses sujets pour qu’ils ne restent pas dans son ombre. Et cela permet de voir à quel point ces généraux sont aussi impressionnants que remarquables. S’ils sont tous unis derrière leur seigneur dans cette destruction du monde, ils vont chacun avoir leur personnalité propre entre le féru de combats, le bras droit dévoué à l’extrême à son maître ou bien l’espionne qui taquine tout le monde. En créant cette diversité dans les caractères et en amenant des échanges aussi drôles que légers, la série parvient à créer un sentiment très particulier chez le lecteur. Nous avons beau savoir que nous suivons des “démons”, on a aussi l’image d’un groupe solidaire où réside amitié et complicité. A chaque nouvelle épreuve surmontée, on apprécie de voir ces personnages resserrer leurs liens et aller à contre-courant de ce que l’on aurait pu imaginer au départ. Cela va même avoir un impact sur la manière dont on va percevoir le récit, car il suffit que l’un d’entre eux soit en mauvaise posture pour que l’on s’inquiète pour lui et que l’on ressente de la tristesse. Même au sein de ce camp maléfique, ce manga parvient à créer un lieu où la notion de camaraderie existe et où chacun est prêt à venir en aide aux autres même s’il y a des petites querelles entre eux. C’est cette nation de mort-vivant qui finit finalement par déborder de vie.


Un trait faisant honneur à l’ampleur du titre

Je ne l’ai pas encore évoqué jusqu’ici, mais Shotarou Kunitomo nous délivre un trait absolument fabuleux. On a le droit à des planches magnifiques et qui vont parfaitement souligner les moments importants du récit. Si le travail au niveau du chara-design est déjà fantastique et va, par exemple, grandement contribuer à l’aura qui se dégage de Dwight, cela n’est pas l’unique élément jouant en sa faveur. Le dessinateur ne va avoir de cesse de créer des scènes où on le voit exprimer toute sa puissance et en plus de nous en mettre plein les yeux, cela va contribuer à créer la légende de cette liche. Et c’est aussi le cas pour les autres personnages du récit qui vont être mis sur un piédestal dans le feu de l’action tant on est hypnotisé par ce qui se passe. Parce que oui, je n’en ai pas encore parlé, mais Back from Hell est un manga qui regorge d’affrontements absolument grandioses. Dès lors qu’il y a une affiche importante qui se joue, tout le récit entre dans une autre dimension. Nous ne sommes plus dans des confrontations entres armées, mais un duel opposant souvent deux combattants à la puissance incommensurable. Et je me suis souvent retrouvé totalement sans voir devant des combats qui m’ont procuré des frissons comme rarement j’en ai eu. Et à travers son trait, cet artiste va aussi appuyer cette lutte qui se joue constamment dans cette série entre la mort d’un côté et la vie de l’autre. Un spectacle de haute volée qui peut facilement capter l’attention de bon nombre de lecteurs désireux d’avoir un show de grande envergure. Une œuvre qui allie donc un fond bien écrit et prenant à une forme qui hypnotise et nous donne envie d’enchaîner les pages pour voir ce que nous réserve l’ensemble de cette histoire. Une fresque guerrière où l’on est témoin d’une guerre terrible qui va faire naître bien des guerriers mythiques.


Une réflexion importante sur l’être humain

Il est déjà grand temps de conclure ce septième numéro dédié à Back from Hell. Je terminerais donc avec ce que j’ai trouvé de plus pertinent et poignant dans cette œuvre. En nous mettant rapidement aux prises avec la cupidité et l’horreur qui peuvent animer l’être humain, le récit souhaite nous montrer que les véritables monstres sont parfois bien réels et plus proches qu’on ne le pense. En faisant de Dwight l’instigateur ainsi que l’outil de sa propre vengeance, ce duo de mangaka crée un récit où ce sage se transforme en une punition pour tout le genre humain. Et on a beau être constamment en contact avec son armée et l’enfer qu’il instaure sur les terres avoisinantes, on a jamais le sentiment d’être en face du vrai mal quand on observe cette liche. Il est lui-même conscient de ce qu’il est en train de commettre et il est prêt à en assumer les conséquences si cela permet de faire ressortir le meilleur de l’être humain. Et d’ailleurs, la nation qu’il fonde sur les ruines de ses conquêtes va devenir presque un foyer pour tous ceux qui ont fini par voir le vrai visage de ces autres puissances. Ils ont beau être au service du nouveau seigneur maléfique, il y a cette volonté de montrer que derrière ce titre et cette renommée se trouve avant tout un mort-vivant qui cherche à bâtir un lieu où les gens sous sa protection peuvent vivre tranquillement. Et c’est un paradoxe que je trouve très bien amené et qui nous fait nous questionner sur notre propre humanité et à quel point l’homme peut être le véritable prédateur pour l’homme. Avec déjà neuf tomes à son actif, cette série a su installer toute un lore fascinant et des thématiques importantes au sein de cet univers. Et j’ai maintenant juste très hâte de voir comment tout ça va se développer par la suite, car il y a encore un long chemin à parcourir pour Dwight et ses acolytes.

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