Portraits croisés : Yumeko & Mary

Pour aujourd’hui, je me suis dit que cela serait intéressant de se focaliser sur un nouveau “Portraits croisés”. C’est un rendez-vous que j’aime beaucoup développer. Il faut dire que c’est intéressant de voir à quel point deux personnages d’une même série ou d’un même artiste peuvent être différents, ou au contraire similaires. Parfois, on peut tomber sur des protagonistes qui vont justement créer une dualité entre eux et c’est ce que je cherche à exposer à travers ces quelques écrits. Et cette fois, je profite de l’occasion que cette semaine sortent les nouveaux tomes de Gambling School et Gambling School Twin pour m’attarder sur cette licence. C’est surtout au niveau des deux principales héroïnes de celle-ci que je vais me focaliser. Il faut dire que Yumeko et Mary sont deux personnages captivants à analyser tant elles vont avoir deux visions bien spécifiques de la même voie. L’accro aux jeux face à celle qui a un objectif bien précis en tête pour un face-à-face d’exception. J’espère donc que vous êtes prêts à assister à une partie endiablée qui s’est construite non pas sur une seule série, mais bel et bien sur les deux mangas composant cette saga.

Yumeko la joueuse invétérée

On commence en s’attardant sur Yumeko, celle par qui tout a commencé. Pour rappel, cette demoiselle de bonne famille rejoint une académie d’élite réservée aux plus grosses pointures du pays. Mais entre ces murs, un système bien particulier est mis en place pour désigner qui sont au sommet et qui sont les esclaves de ceux-ci. Tout se fait à travers des jeux où le pari repose sur des sommes d’argent importantes et sur le statut qu’a chaque élève. Ainsi, on peut défier n’importe qui si celui-ci accepte et on peut autant devenir le numéro un de cette école que sombrer dans le désespoir et devenir une “bête” aux yeux des autres. C’est dans ce contexte que l’on découvre Yumeko qui est toute nouvelle entre ces murs. On nous la présente comme une adolescente splendide et qui semble très loin d’être une adepte des paris. Mais il suffit d’une partie pour que tout bascule et comble de l’ironie, son premier adversaire n’est autre que Mary. C’est à travers ce premier échange que l’on va découvrir la véritable personnalité de cette héroïne. En réalité, on est face à un personnage qui est totalement accro au jeu, mais pas dans le sens auquel on l’entend forcément. Ici, Yumeko nous explique très clairement que son plaisir ne réside pas dans la victoire ou le fait d’écraser son adversaire. Ce qu’elle veut plus que tout, c’est disputer des parties où le hasard est réellement mettre du résultat final.

C’est justement en sachant qu’elle peut tout perdre ou gagner d’un simple coup sans que personne n’intervienne qui apporte l’excitation qu’elle recherche. La série va ainsi être fréquemment ponctuée de ces scènes où Yumeko fait étalage de ses capacités et de sa sagacité pour l’amener dans cette posture qu’elle souhaite tant. Et si elle est une sorte de génie en la matière, ce n’est jamais pour abattre son adversaire. En réalité, cette demoiselle fait étalage de sa ruse pour simplement rééquilibrer la partie afin que tout le monde soit sur le même pied d’égalité. Et c’est justement ce qui fait, à mon sens, tout l’attrait de cette dernière. Là où on a l’habitude de voir des histoires où le ou la protagoniste doit absolument l’emporter face à chaque défi, ici c’est un autre chemin qui se présente à nous. On veut redistribuer les cartes pour que l’on soit justement happé par la partie qui se joue devant nous et montrer que tout le monde est égaux face au hasard. D’ailleurs, il n’est pas rare de voir Yumeko perdre et que cela lui fasse plaisir. On peut même la voir à un moment être au plus bas de l’échelle sociale de cette école et s’en moquer complètement. Nous sommes face à un personnage central qui n’a pas d’autre but dans la série que de satisfaire son propre plaisir en jouant. Il y a beau y avoir bien des intrigues autour d’elle ou des gens cherchant à satisfaire leurs ambitions personnelles, cela ne l’impacte pas le moins du monde. Elle est autant terrifiante que captivante de par cette détermination à rester fidèle à ses principes peu importe que son prochain lancer de dés lui soit favorable ou non. Elle représente tout bonnement le jeu dans ce qu’il est de plus destructeur, mais aussi impartial.

Mary et ses objectifs

Si l’on a abordé Yumeko et son obsession pour le jeu, c’est au tour de Mary maintenant d’être au centre de l’attention. A la base, elle est une adversaire de notre héroïne avant de finalement devenir une alliée en quelque sorte (même si elle a beaucoup de mal à apprécier Yumeko). Quand on la rencontre pour la première fois, elle est le stéréotype de la jeune fille de bonne famille qui abuse de son statut pour humilier ceux qui sont plus bas qu’elle. C’est d’ailleurs ce qu’elle va essayer de faire par rapport à cette nouvelle venue avant de découvrir son vrai visage. Une révélation et une défaite qui vont la marquer profondément étant donné qu’elle va progressivement changer au fil des autres défis. Présentée comme particulièrement roublarde et déterminée, on peut aussi observer une tendance à être influencée par sa camarade de classe en prenant, par moment, du plaisir au simple fait de jouer une partie. Mais si on sent qu’elle est quand même bien différente de notre héroïne, c’est réellement avec Gambling School Twin qu’elle va avoir un gros développement. Un spin-off qui va lui permettre de se hisser au même niveau que son ancienne adversaire et de devenir, pour beaucoup, le personnage favori de la série. Car un an avant les événements du manga de base, on découvre une Mary bien moins portée sur l’humiliation des autres et qui a même plusieurs amies dans son entourage.

En fait, s’il y a une chose qui persiste entre les deux séries est sa force de caractère. Une volonté qui fait face à des épreuves terribles dans le but d’atteindre ses ambitions. Elle ne se le cache jamais, cette étudiante cherche à atteindre le sommet de cet établissement quitte à se retrouver face à l’élite de celui-ci. Et c’est là que repose la grande différence entre elle et Yumeko. Mary est une héroïne qui a un objectif précis. Elle ne prend pas de plaisir particulier à jouer face à des adversaires redoutables. Si elle peut être portée par l’effervescence du moment et des enjeux qui en découle, elle n’oublie jamais ce qui compte réellement à ses yeux. Et c’est ce qui fait sûrement sa plus grande force, car elle a quelque chose à accomplir. Si elle se confronte aux plus terribles opposants de cette école, ce n’est pas pour s’amuser. Cette demoiselle cherche à montrer que même une étudiante de son statut peut se hisser plus haut par ses efforts et sa ruse. Et au-delà de ça, on voit aussi qu’elle est humaine dans son caractère en comparaison de notre autre sujet du jour. Yumeko affiche cette aura quand elle joue qui donne des frissons. Un plaisir que l’on pourrait presque qualifier de malsain et qui donne le sentiment d’avoir devant nous une déesse du jeu plutôt qu’une étudiante. Ce qui est cependant le cas de Mary qui ne donne jamais l’impression d’être supérieure (dans le spin-off) aux autres. Au contraire, elle va constamment faire face à des défis toujours plus insurmontables et s’en tirer la tête haute. Et c’est ce qui permet aussi au lecteur de mieux s’identifier à ce personnage, car elle nous est présentée avec des failles qui la rendent encore plus humaine. Une protagoniste qui sait se montrer ingénieuse, roublarde et rusée, mais qui est loin d’être aussi possédée par le jeu que Yumeko.

Les deux faces d’une même pièce

Quand j’évoque le fait que Yumeko et Mary sont les deux faces d’une même pièce, c’est pour une raison bien précise. Dans un environnement où tout est réglé par le prestige, l’argent et surtout le jeu, on nous présente deux personnages qui évoluent vers la même cible, mais à travers des voies totalement différentes. D’un côté, on a une personne addicte au jeu qui ne trouve de réel bonheur que dans une partie où le hasard est roi. De l’autre, une étudiante voulant concrétiser ses ambitions et qui avance avec pour seule arme son intelligence et sa détermination. Deux êtres qui n’ont rien en commun et qui sont pourtant liés par ce quotidien rythmé par le risque de tout perdre à tout instant. Et même dans leur écriture, il y a une envie de proposer deux personnages opposés. Je l’évoquais un peu plus tôt, mais quand on lit la série principale et que l’on accompagne Yumeko, on n’a jamais le sentiment d’être devant une personne ordinaire. On a presque la sensation que se tient devant nous une entité qui n’a d’autre objectif que de s’éclater en relevant tous les défis qui se présentent à elle. Cela permet à Yumeko d’avoir une aura l’éloignant du statut d’être humain. Un monstre qui se délecte de l’échec et de la réussite, peu importe qui l’emporte, et dont le vrai ennemi est le hasard. Et cela donne une saveur toute particulière à Gambling School où l’on a l’impression qu’elle évolue en marge de toutes les intrigues qui sont proposées. Elle trace sa route sans avoir de réelle ligne d’arrivée.

Son réel plaisir est ce qui se trouve justement sur cette route jalonnée d’épreuves en tout genre. De son côté, Mary est tout le contraire. Une humaine ayant un statut privilégié, mais qui reste ordinaire face aux autres élèves formant l’élite de l’école. A ses yeux, les jeux n’ont que peu d’intérêt et ne sont finalement qu’un outil lui permettant de concrétiser son rêve. Pour cette adolescente, la ligne d’arrivée est bien claire et la victoire est essentielle là où une défaite devient un sacré coup dur. Et c’est pour ça que le rapport est très intéressant entre ces deux protagonistes. Nous avons face à nous quasiment un monstre créé pour le jeu et le faire perdurer et une demoiselle qui ne tombe pas dans cette obsession terrible et qui sait justement ce qu’elle doit faire pour aller de l’avant. Oui, Yumeko est charismatique et incroyable à suivre dans sa manière d’appréhender chaque partie. Mais nous gardons un regard très externe à ce qu’elle fait. Là où Mary parvient à nous impliquer dans son objectif et aussi ses efforts pour surmonter chaque difficulté. Une étudiante qui peut parler aux lecteurs tandis que sa nouvelle comparse est plus là pour ajouter une dimension spectaculaire et monstrueuse à ce quotidien. Le monstre du jeu et l’humain se rejoignent dans une licence qui est devenue très complémentaire à travers son matériau d’origine et le spin-off qui en découle. A tel point que l’on en vient à apprécier tout autant ces deux histoires pour des raisons différentes. J’espère en tout cas que nouveau “Portraits croisés” vous aura plu. N’hésitez pas à me dire dans les commentaires ce que vous pensez de ces deux personnages ainsi que votre protagoniste préférée. On se retrouve quoi qu’il arrive très bientôt pour encore plus de contenus autour de ces oeuvres qui nous entourent.