Versus T1 : un vrai patchwork d’univers
S’il y a un auteur qui a su se démarquer ces dernières années à travers ses œuvres pour les moins surprenantes, comiques, parodies et explosives, c’est ONE. Le mangaka que l’on connaît pour Mob Psycho 100 ou bien One Punch Man a toujours su faire preuve d’une créativité débordante dans l’écriture de ses histoires. Jouant toujours à fond la carte du délire et allant au bout de ses idées, c’est toujours un bonheur de se plonger dans ces aventures hautes en couleurs. Et vous l’aurez donc compris que si je vous parle de cet artiste, c’est pour une raison bien précise. En effet, sa dernière série en date débarque chez Pika qui avait déjà pu proposer les premiers chapitres de celle-ci au fil des semaines précédant sa parution papier. Il s’agit de Versus qui sera notre sujet du jour et dont j’étais curieux de voir comment la créativité de ce mangaka allait réussir à nous surprendre. Je me suis donc lancé dans cette nouvelle lecture et je trouve que ONE a encore réussi à se jouer du classicisme que l’on peut voir habituellement pour proposer un récit faisant autant hommage à toute une grande partie de la culture pop tout en y insufflant sa propre patte. Suivez-moi, car je vous amène dans un monde à la frontière de bien des univers.
Aux grands maux les grands remèdes
Synopsis
L’armée des démons a envahi la planète et menace d’éradiquer l’espèce humaine. Pour les vaincre, une ultime offensive est menée : 47 héros spécialement entraînés sont envoyés à travers le monde pour abattre les 47 rois-démons et le seigneur à leur tête. Mais lorsque cette mission tourne au désastre, la guilde des mages décide d’utiliser le dernier recours de l’humanité : ils parviennent à ouvrir un portail interdimensionnel pour appeler un autre monde à l’aide ! Seulement, rien ne se passe comme prévu… Les deux mondes fusionnent et ces humains d’un autre univers qui auraient dû être leurs sauveurs sont eux-mêmes sur le point d’être exterminés par leur propre ennemi naturel…
Scénario : ONE
Dessin : Kyoutarou Azuma
Avec ce synopsis, on peut se demander comment le titre va réussir à s’en sortir avec ce mélange des deux mondes. Mais en réalité, Versus va aller encore plus loin dans son délire en ne s’arrêtant pas à seulement deux univers qui s’entrechoquent. Et c’est quand on prend conscience du bazar que cela peut devenir que l’on ouvre les yeux sur le talent de cet artiste pour réussir à donner de la cohérence à tout ça. Un pari particulièrement risqué, mais qui va donner un premier acte à la fois intense, délirant et se présentant comme une certaine lettre d’amour à tout cet imaginaire qui a pu faire rêver tant de gens.
A chacun son prédateur
Au début, Versus se concentre avant tout sur le récit de ce monde de fantasy où ces héros se lancent dans une dernière croisade pour sauver l’humanité. Un combat de grande envergure et qui va s’étaler sur l’ensemble du monde, mais à l’issue bien tragique. Et c’est là que l’on va réellement entamer le début de ce récit quand on assiste à la fusion des deux mondes dans le but de venir en aide aux quelques survivants. Et là, si l’on aurait pu imaginer que ce serait le commencement d’une nouvelle résistance, c’est tout le contraire qui va se passer. Si l’intervention de ces nouveaux humains est fracassante et donne un élan d’espoir, celui-ci est rapidement étouffé, car qui dit nouvel univers dit aussi autre prédateur. Ainsi, au lieu de trouver une réponse au problème initial, tout ceci va juste amener plus d’ennemis pour une humanité divisée. Et c’est là que va résider toute la force, à mon sens, de ce manga. Chaque nouvelle intégration d’un monde va amener ses propres règles et surtout des adversaires totalement différents. En faisant ça, l’auteur s’assure d’une grande diversité dans ce qu’il souhaite raconter et les situations qui peuvent avoir lieu. Une bonne idée, mais qui peut être à double tranchant tant il y a d’éléments avec lesquels il faut jongler. Si l’on est avant tout dans une phase d’exposition, celle-ci rassure rapidement en montrant cette capacité à présenter succinctement et efficacement toutes ces menaces et ceux qui vont les combattre. D’ailleurs, il y a aussi une grande part d’hommage dans la présentation de ces divers mondes.
En effet, on peut clairement retrouver énormément de références à la culture pop dans chaque menace qui nous est amenée. Et cela permet autant au lecteur d’être interpellé par ce vaste casting d’ennemis très stéréotypé que de contribuer à ce patchwork qu’est cette série. On enchaîne les pages avec un rythme soutenu et surtout des rencontres qui vont s’interposer pour donner lieu à des chocs inattendus. Et c’est là que le titre promet quelque chose d’intéressant. Au vu du très grand nombre de forces qui se partagent cet agrégat de mondes, cela amène forcément des rixes qui ne concernent pas uniquement les humains. Le titre va alors parfaitement jouer sur cette espèce de chaîne alimentaire qui se dessine au fil des pages. En ajoutant toute une gamme de prédateurs différents, cela amène forcément un déséquilibre pertinent dans ce qui fut dans le premier acte comme quelque chose de presque logique. A travers cet événement majeur qui lance véritablement cette aventure, on redistribue les cartes en montrant que si les menaces se sont multipliées, cela ne signifie pas pour autant que c’est une mauvaise chose. L’espoir est alors construit dans le chaos engendré par ce plan et transforme un monde en perdition en un véritable terrain de jeu pour cet auteur qui peut maintenant se lâcher. La question est maintenant de savoir si oui ou non il va aller au bout de son idée en proposant des confrontations totalement farfelues où des genres, styles et adversaires de différents horizons vont s’entredévorer.
Je me demandais vraiment où allait m’emmener Versus et le résultat fut plus que prometteur. Une œuvre qui prend pleinement le temps, dans ce premier volume, de poser des bases solides pour la suite du scénario. On découvre les camps qui se retrouvent sur l’échiquier et surtout l’originalité qui peut naître de ce mélange autant parmi nos survivants que chez ces prédateurs qui ne sont plus les seuls maîtres de ce terrain de chasse. Et d’ailleurs, la surprise fut de taille quand cette lecture entame son virage, car si l’on pensait que ce serait juste sur un seul aspect, c’est finalement toute l’intrigue qui s’en retrouve bouleversée.
Versus a choisi ses combattants
Comme dit un peu plus haut, j’étais curieux de voir ce que pouvait raconter Versus. Je savais très bien que ONE a un don pour étonner de par ses histoires qui sortent de l’ordinaire et qui donnent lieu à des récits aussi divertissants que spectaculaires. Pourtant, je ne savais pas du tout ce que pourrait donner une œuvre de sa part qui se centre, initialement, sur de la fantasy. Finalement, il montre rapidement son désir de s’affranchir des barrières d’un genre en particulier et veut faire une combinaison de son propre cru. Encore une fois, il réussit à surprendre dans sa capacité à transformer un tel capharnaüm en une épopée qui dégage déjà un certain charme et qui est pleine de promesses. Et je dois d’ailleurs souligner l’excellent travail du dessinateur qui a cherché à retranscrire le style bien particulier de chaque univers mêlé à ce scénario. On peut craindre, à juste titre, que cela parte trop dans tous les sens. Mais en donnant progressivement un cadre à tout ce chaos, l’auteur s’assure d’avoir le contrôle sur tout ce qu’il va créer. C’est maintenant à lui de nous surprendre pour les prochains chapitres dans les rencontres qu’il peut nous offrir. Ce qui est sûr, c’est qu’au vu de tout ce qui est montré ici, l’imagination du lecteur est déjà largement stimulée. On en vient à se créer nos propres affiches pour la suite et à voir qui pourrait être le grand vainqueur de cette guerre de territoires. Une autre façon de traiter de la survie humaine au sein d’un environnement hostile et peu propice à son développement.
J’ai beaucoup aimé cette découverte de Versus qui a vraiment trois grosses parties qui se dégagent dès ce premier volume. On nous présente une première partie qui nous plonge dans cette extinction de l’espèce humaine et ce baroud d’honneur pour tenter de reprendre la main. La tension est palpable et on a une dimension tragique qui s’exprime en seulement quelques cases. Et c’est ensuite que tout se bouscule pour un résultat surréaliste et fou, mais qui a le don de nous intriguer. On se retrouve alors dans une situation pour la moins intéressante où d’un côté, des humains partageant le désir de survivre, mais aux origines différentes doivent réussir à s’entendre tandis que de l’autre, on a des menaces qui n’ont rien à voir et qui doivent décider qui sera le prédateur suprême. Un choix audacieux et qui porte ses fruits. Si vous cherchez une aventure qui promet pas mal d’action et où tout semble possible alors vous serez largement convaincu par ce premier volume du manga. Et bien sûr, j’ai maintenant bien des questions qui me viennent à l’esprit. Est-ce qu’il est réellement possible pour ces humains de s’entendre pour venir à bout de leurs ennemis respectifs ? N’y a-t-il pas la possibilité que certains de ces adversaires finissent par s’allier au lieu de se combattre ? Comment nos protagonistes peuvent-ils espérer survivre au milieu de cet enfer ? Finiront-ils par regretter d’avoir effectué ce rituel qui a eu des conséquences démesurées ? Cela me donne envie de me plonger rapidement dans la suite.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Versus. Trouvez-vous que cette introduction arrive à bien installer tout ce qu’il faut pour la suite ? Est-ce que ce grand bazar qui nous est décrit est pour vous une bonne idée ou bien une lame à double tranchant ? Attendez-vous de voir comment va se dérouler la suite de ce conflit pour savoir si le récit réussit son pari ? Croyez-vous que l’on aura le droit à encore beaucoup de surprises dans les prochains chapitres ? Qu’attendez-vous de cette nouvelle aventure ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.