Hadès T1 : un amour dans les enfers
Dans l’impressionnant monde du manga, il existe une multitude de thèmes propices à créer de très nombreuses histoires. Et parmi eux, la mythologie est un sujet qui a su être au cœur de plusieurs récits. Pouvant soit se montrer très proche des mythes qui ont traversé les âges ou bien s’appropriant ce qui fait leur essence pour ensuite les utiliser selon la créativité de l’artiste, il y a de quoi faire. Adorant tout ce qui touche à ça, je suis toujours intrigué de voir comment les mangakas peuvent réussir à s’en servir pour créer des aventures inédites. C’est pourquoi j’étais très curieux de voir ce que donnerait “Hadès, ou l’enfer des noces” qui débarque chez Pika. Rien que l’idée de se plonger dans la mythologie grecque est toujours un plaisir pour moi, mais je m’attendais pas du tout à ce que cette découverte allait autant m’interpeller. Voilà pourquoi je me suis dit que cela serait un bon sujet pour la chronique du jour. Et puis on reste dans le domaine d’Halloween étant donné que c’est nul autre que le seigneur des enfers qui sera au centre de cette chronique. Préparez-vous à faire un petit tour au Tartare.
Une flèche en pleine tête
Synopsis
Notre histoire nous transporte directement auprès d’Hadès, l’implacable seigneur des Enfers, de retour dans son domaine… Les yeux bandés et avec une flèche plantée au beau milieu du front ! Une flèche décochée par Eros, qui le rendra amoureux de la prochaine personne qu’il verra. Mais Hadès, au tempérament glacial et au sérieux inébranlable, n’a pas l’intention de livrer son cœur à qui que ce soit. Il s’engage à exaucer le souhait de quiconque parviendra à lui ôter sa flèche… C’est alors que Korê, déesse du printemps, tombe sur Hadès !
Mangaka : Yuho Ueji
Rien que dans ce résumé, “Hadès, ou l’enfer des noces” nous laisse envisager le côté très parodique de cette histoire. En effet, alors que l’on peut s’imaginer initialement que l’on va être plongé au cœur des enfers à travers ce célèbre dieu, on va finalement s’attarder sur cette quête d’une épouse qui n’est pas au goût du souverain du monde souterrain. Et on va alors rapidement toucher à quelque chose de très important, car ce manga va justement réussir à combiner habilement la mythologie grecque à la complexité des relations amoureuses tout en gardant une facette assez légère.
Mythologie et mariage
Ce qui est notable assez vite dans ce premier volume de Hadès, c’est que le titre colle très bien à l’image que l’on peut se faire de la mythologie. On a le droit à une représentation solide des enfers, principal théâtre de l’histoire, mais aussi des personnages qui forment ce panthéon grecque. En dehors du seigneur des morts, on va faire la connaissance de Zeus, Héra, Athéna, Déméter et bien d’autres. Même des divinités plus méconnues ont le droit à une présence et c’est quelque chose de plaisant qui montre la volonté de l’artiste de nous dépeindre un récit qui s’ancre habilement dans cette représentation que l’on a de cette période historique et des divinités qui ont fait partie intégrante du quotidien des habitants. De ce fait, j’ai d’abord apprécié cette volonté de coller à cette mythologie et que l’on ne soit pas forcément dans un détournement de celle-ci. Mais très vite, on va faire face au fil rouge de l’histoire qui concerne cette fameuse recherche d’une épouse parfaite pour Hadès. C’est une idée que je trouve très intéressante, parce que l’on nous représente avec brio le fait que ce dieu est un peu à part des autres. Il a beau être l’un des plus puissants, il est très loin de l’image que l’on a des autres qui se prélassent dans la luxure et n’hésitent pas à avoir des conquêtes un peu partout. Ici, le seigneur des enfers ne cherche absolument pas à se marier, mais c’est par la force des choses qu’on veut lui imposer ce choix.
On le suit donc dans sa volonté de conserver cette vie qui est la sienne tout en faisant en sorte que les autres membres de sa famille arrêtent de lui prendre la tête. De cela découle une réflexion assez importante qui va être au cœur de ce premier volume. On cherche à tout prix à imposer à cet être divin quelque chose qu’il ne souhaite pas. Et cela amène une sorte de bataille “amicale” pour qu’il puisse conserver sa liberté face à ceux qui veulent lui enlever. Et chaque prétendante qui va frapper à sa porte est l’occasion de voir à quel point on est dans une lutte pour pouvoir être soi-même. L’amour ne se commande pas et ce n’est pas en imposant que l’on peut rendre quelqu’un heureux. Outre cette thématique, cette lecture brille aussi par sa capacité à parler du mariage d’un point de vue très contemporain par rapport au cadre proposé. On pourrait simplement penser qu’il suffit pour ces divinités de le vouloir pour qu’une union se forme sans plus de fioritures. Mais l’idée justement est d’amener des éléments qui ne sont pas en accord avec ce décor. Ainsi, chaque rencontre avec une autre déesse va amener des situations assez folles et drôles tout en étant en adéquation avec ce contraste. Par exemple, on va assister à une rencontre qui va découler sur l’élaboration d’un contrat de mariage. Pareil, pour une autre candidate qui veut trouver un époux fort dans le seul but qu’il veille sur sa fille. Des considérations qui ne sont pas du tout liées à des sentiments, mais à de la paperasse ou bien des raisons beaucoup plus futiles et égoïstes. L’histoire n’en devient que plus drôle et acérée dans ce qu’elle souhaite transmettre tout en nous laissant entrevoir un futur intéressant concernant tout ce bazar qui rythme maintenant les enfers.
Je trouve que “Hadès, ou l’enfer des noces” est une excellente surprise et témoigne de l’imagination débordante que l’on peut observer chez les artistes. En reprenant une mythologie bien connue, Yuho Ueji va réussir à présenter tout ce qui a fait la complexité des “amours” de ces êtres divins tout en y incorporant des éléments liés au mariage qui sont beaucoup plus contemporains. Et cela donne un résultat à la fois amusant, parodique, mais aussi assez critique de cette union qui doit avant tout être un choix du cœur et non poussé par ceux qui nous entourent.
Hadès et sa quête du bonheur
J’ai vraiment trouvé que “Hadès, ou l’enfer des noces” était une lecture à la fois agréable et surprenante à bien des égards. Que ce soit sur le traitement de la mythologie que de celui du mariage, le mangaka a parfaitement su viser juste. Tout s’emboîte parfaitement pour donner lieu à un récit qui soit plaisant à suivre, amusant à de nombreux moments, mais aussi très pertinent dans les questions qu’il soulève. On a envie de voir ce seigneur des enfers trouver la bonne personne sans pour autant devoir faire ses adieux à tout ce qui a pu le façonner jusqu’ici. S’il peut sembler être une anomalie au sein de sa fratrie, il est finalement un être qui écrit sa propre destinée et qui refuse que les autres lui imposent leur volonté. Un excellent travail d’écriture qui se ressent tout au long de notre avancée et qui permet de pleinement apprécier les personnages présentés. Une aventure où passé et présent se mélangent d’une façon singulière et intelligente. Ce qui fait qu’en plus de nous faire rire, ce titre sait aussi comment parler à beaucoup d’entre nous dans les thématiques choisies. J’ai été bluffé par cette capacité à combiner tous ces éléments sans que l’on ne soit jamais extrait du cadre global de l’œuvre. En fait, on a même envie que cela continue pour voir les prochains dieux qui viendront mettre leur grain de sel dans la vie de notre protagoniste. De même, il y a d’autres idées prometteuses qui ressortent de ce premier volume et qui laissent supposer de bonnes choses pour la suite.
C’est donc avec beaucoup de joie que je recommande cette série dont le début a été un très beau coup de cœur. Arrivant à parler de justesse d’amour dans un environnement où tout est exagéré était un sacré pari, mais celui-ci est pleinement réussi. Car en réalité, le panthéon des dieux grecs est un excellent terreau pour parler d’amour sincère tant cela est rare parmi ces êtres célestes. Au milieu de toutes les tromperies, amourettes et autres histoires de cœur, Hadès est une anomalie pour ses pairs, mais un être proche de l’homme dans sa perception de ses sentiments. Un individu qui n’a simplement jamais eu le cœur qui bat réellement pour quelqu’un d’autre et qui ne cherche pas à se lancer dans une aventure qui ne soit pas voulue de sa part. On revient à l’essence de ce que doit être une relation de ce type là où tous ses confrères ont une vision très personnelle et déformée de ce que symbolise une union. Si vous cherchez un manga capable de vous divertir autour d’une romance loin d’être acquise et dans un décor qui joue un grand rôle dans le développement des thèmes abordés, alors vous serez conquis par cette lecture. A présent, j’ai tout de même quelques questions qui me trottent dans la tête. Est-ce que Hadès va finir par trouver une personne qui fasse réellement battre son coeur ? Qui d’autre viendra se présenter à lui pour devenir sa conjointe ? Que désire réellement l’intruse qui a provoqué toute cette situation ? Va-t-on assister à un retournement de situation pouvant mettre à mal l’équilibre de ce lieu ? Il me tarde de me plonger dans la suite.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume d’Hadès. Trouvez-vous que le titre arrive à proposer une représentation intéressante de la mythologie grecque ? Est-ce que cet ouvrage combine bien, selon vous, cet aspect historique à tout ce qui entoure le mariage ? Etes-vous intrigué de comment va évoluer la série et surtout le dieu des enfers au fil de ses prétendantes ? Pensez-vous que l’on assistera à un développement prometteur de la relation entre certaines divinités ? Qu’attendez-vous pour la suite de la série ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.