School-Live T1 & 2 : ne jamais se fier aux apparences
Il arrive parfois que l’on découvre une série par son adaptation anime et que l’on a le sentiment, même si l’on a adoré, que l’on n’aura jamais l’occasion de poser les mains sur la version papier. Cela peut prendre parfois des années avant que l’on voit finalement cette dernière faire son apparition en librairie. On a alors un sentiment d’impatience qui naît en ayant eu l’impression d’avoir attendu si longtemps un tel moment. C’est exactement ce qui fut le cas pour le titre dont je vais vous parler aujourd’hui et qui est un très bon exemple d’histoire cachant bien son jeu. Je parle bien sûr de School-Live dont les deux premiers volumes sortent justement chez Meian cette semaine. A ce nom, d’anciens souvenirs peuvent ressurgir et ceux qui savent ce qui fait la force de cette série repensent déjà à ce moment choc lors de la grosse révélation du récit. Et j’étais donc très curieux de voir comment cela allait être traité au travers du papier et du dessin afin de constater si l’impact serait tout aussi fort. Et je dois dire que le résultat fonctionne admirablement bien. Préparez-vous donc à faire la connaissance d’un club qui fait tout pour dissimuler la vérité sur ce monde.
Un club préservant l’illusion
Synopsis
L’histoire suit quatre filles qui vivent à l’école après qu’une mystérieuse catastrophe a frappé le monde. Yuki, la plus joyeuse et optimiste de toutes, croit qu’elles poursuivent une vie scolaire normale. Mais ses amies, Kurumi, Miki, et Saya, ont des moyens de survie bien différents en raison de la situation apocalyptique dans laquelle elles se trouvent.
Dessin : Sadoru Chiba
Scénario : Norimitsu Kaihou
Ce qui est vraiment intéressant avec le synopsis de School-Live, c’est qu’il laisse présager que quelque chose cloche sans pour autant dévoiler entièrement la menace qui plane sur ces protagonistes. Et justement, c’est dans cette part de mystère et la manière dont le manga va jouer sur les deux tableaux que l’on va vraiment être stupéfait par l’expérience racontée. Une œuvre qui laisse planer le doute sur ce qui se passe, mais surtout sur le faux sentiment de quiétude qui entoure ce groupe. Cette série va alors nous plonger dans un contexte post-apo où les faux-semblants sont nombreux.
Une vérité qui laisse des stigmates
Ce qui ressort rapidement quand on se lance dans la lecture de School-Live, c’est cette étrange sensation qui nous assaille quand on observe ces étudiantes. Après tout, on nous raconte le quotidien de ces trois adolescentes et de leur enseignante qui vivent constamment dans cette école sans que l’on sache réellement pour moi. On prétexte ici le fait qu’ils font partie d’un club et que tout ça fait partie de leurs activités, mais on a constamment ce sentiment que la situation est bien plus compliquée que prévue. Et c’est justement ce qui fait toute la force de cette série. On veut nous donner l’impression que tout va bien, notamment au contact de Yuki dont la bonne humeur ne semble pas pouvoir être entachée par quoi que ce soit. C’est d’ailleurs elle qui va être au centre de l’attention initialement, car on voit ce monde à travers ses yeux comme si tout allait bien. Mais nous sommes dans un récit post-apo et c’est en passant d’un personnage à l’autre que l’on se rend compte réellement de ce qui se passe. Là où Yuki voit une salle de classe en ordre, ses deux autres camarades y voient des vitres brisées et des pupitres renversés. Oui, il est très difficile de parler du titre sans évoquer cet élément crucial à la compréhension du scénario, car c’est aussi ce qui va former l’épine dorsale de cette intrigue. En réalité, toute cette légèreté, qui s’exprime à travers cette jeune fille, n’est là que pour dissimuler le drame qui se passe actuellement et qui a laissé de profondes marques sur ces survivantes.
On voit progressivement, en côtoyant ce groupe, que chacune a ses stigmates de cette apocalypse ayant frappée le monde. Et avec ces deux volumes, le manga prend le temps de nous partager sans jamais être dans la description complète de ce qui a bien pu se passer. Une très bonne idée, car cela pousse le lecteur à être dans la supposition. De ce fait, on s’imagine le pire très souvent et cela vient ajouter un terrible poids dans la lecture qui est renforcé par ce contraste avec cette légèreté fictive. On ouvre les yeux sur le fait que toute cette histoire n’est qu’une façade pour conserver un brin de normalité dans un contexte qui n’a absolument rien de réjouissant. Une manière de préserver Yuki qui semble être bloquée dans le passé pour ne pas comprendre ce qu’il se passe réellement autour d’elle. Nous ne sommes pas face à une tranche de vie classique, mais une série qui traite avec brio et émotion de tout ce qui touche aux troubles de stress post-traumatique. Un parti-pris important et pertinent par rapport au contexte dans lequel vont évoluer ces personnages. Alors que l’on a l’impression de prime abord d’être face à des étudiantes ordinaires, en réalité nous sommes devant des survivantes qui ont connu l’enfer et cherchent à s’accrocher à ce qu’elles peuvent pour tenir. Cette écriture prend alors tout son sens quand on met en parallèle cette narration bien plus profonde qu’il n’y paraît et la raison de ce faux quotidien joyeux. Un pari réussi, car il aborde des sujets finalement assez peu traités dans ce genre là.
Et c’est justement à travers tout ça que School-Live montre toute l’ingéniosité de son scénario, mais aussi sa capacité à nous mettre une violente claque émotionnelle. Il est très difficile d’aborder en profondeur cette histoire sans évoquer le principal rebondissement scénaristique venant tout chambouler. Mais il faut clairement comprendre que l’on est face à une série dont le design tout mignon et l’ambiance assez légère cachent quelque chose de bien plus terrible et dramatique. Une œuvre qui porte habilement un masque pour dissimuler les nombreuses cicatrices de ses protagonistes.
School-Live joue avec nos émotions
Comme j’ai pu l’évoquer en introduction, School-Live était un titre qui m’avait déjà conquis en anime et dont je n’attendais plus l’arrivée du manga chez nous. A présent qu’il est maintenant accessible, je suis vraiment content de m’être replongé dans ce récit qui joue tellement avec nos émotions. On est face à une œuvre qui parvient à proposer une histoire post-apo bien différente dans le fond que les autres titres du même style. L’horreur n’est pas visible au premier abord et elle s’insinue de façon beaucoup plus diffuse pour appuyer les réels propos de ce scénario. Et c’est justement dans ceux-ci que le manga montre toute son ingéniosité, sa profondeur et la diversité de ses thèmes. Jouant à merveille sur cette impression déroutante de paix et de joie, le titre va progressivement faire tomber le masque pour montrer la tragique réalité de ces adolescentes. Une narration et un travail de mise en scène qui soulignent à la perfection les traumas vécus par elles ainsi que le danger quotidien qui plane au-dessus de leurs têtes malgré cette soi-disant tranquillité. Mais surtout, c’est dans l’écriture de chaque personnage que cette aventure va nous enserrer le cœur. Sans jamais l’évoquer clairement, on comprend ce qu’ils ont pu vivre ou bien les souffrances vécues face à cette apocalypse. Cette épopée est avant une plongée dans la psychologie de ces héroïnes qui font de leur mieux pour survivre en se confrontant autant aux dangers de l’extérieur que face à ces cauchemars qui les assaillent.
Nous sommes face à une œuvre qui est un très gros coup de cœur pour tout ce qu’elle réussit à nous raconter. Un récit qui, je trouve, est important par rapport aux thèmes traités et le fait à merveille autant dans le fond que dans la forme. Il est impossible de ne pas ressentir de l’empathie pour ce groupe uni pour qui chaque jour pourrait bien être le dernier. Et finalement, quand on prend conscience de ça, ces quelques instants de bonheur sont à la fois précieux, mais aussi le signe d’une tentative d’échapper à la réalité de ce monde perdu. La joie que l’on partage en leur compagnie est alors teintée d’une certaine tristesse en voyant ça se dérouler devant nos yeux. On ne peut s’empêcher de craindre pour l’avenir de ces demoiselles tout en étant bouleversées par ce qu’elles ont déjà pu vivre. Si vous cherchez un manga qui saura vous surprendre et surtout qui est bien plus profond et tragique qu’il n’y paraît initialement, alors School-Live est fait pour vous. Et même si je connais déjà un peu ce qui va se passer ensuite, cela ne m’empêche pas d’avoir plusieurs questions concernant le futur de nos nouvelles amies. Est-ce qu’elles peuvent encore espérer que leur vie puisse retrouver un semblant de normalité ? Vont-elles être englouties par l’enfer qui se trouve en dehors de cette école ? Est-il possible de trouver d’autres survivants ? Va-t-on en apprendre plus sur le passé de nos héroïnes ? Je serais de la partie pour la suite de cette épopée !
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de School-Live. Connaissiez-vous l’anime ? Avez-vous été surpris par la manière dont le récit réussit à tromper notre vigilance ? Avez-vous apprécié justement cette faculté de la série à nous troubler et à frapper là où ça fait mal ? Est-ce que, pour vous, nous sommes face à un manga qui réussit à proposer, avec brio, une interprétation particulièrement dramatique du genre post-apo ? Avez-vous été étonné par le principal rebondissement de ce scénario ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.