Pourquoi-j'aime-PJ-#21---Holyland-2

Pourquoi j’aime – PJ #21 : Holyland

Il est déjà temps de vous proposer un nouveau numéro de “Pourquoi j’aime” et cette fois, j’ai décidé de me tourner du côté des éditions VEGA. En effet, la collection manga a beau ne pas être si ancienne que ça, elle a déjà su nous délivrer de sacrées séries depuis son lancement. J’ai d’ailleurs déjà pu évoquer durant ce rendez-vous certaines de ces œuvres qui ont su m’enchanter. Mais pour celle que je vais traiter aujourd’hui, nous ne serons pas tant dans la joie que l’inquiétude et la brutalité. On part observer le quotidien d’un jeune homme qui erre la nuit dans les rues pour trouver sa place. Vous l’aurez compris, le titre du jour n’est autre que Holyland de Kôji Mori. Ce mangaka a déjà su montrer tout son talent, notamment en matière d’écriture, à travers les autres mangas qui sont arrivés auparavant dans nos librairies. Mais j’avais envie de parler de cette licence en particulier, car je trouve qu’il y a énormément à dire sur ses diverses facettes. Un récit qui va s’écrire dans les blessures, les coups et le sang. Préparez-vous donc à savoir pourquoi j’aime Holyland.

La dure loi de la rue

Holyland Vol.2

Avant toute chose, il est important d’aborder le cadre dans lequel se déroule l’action de Holyland. Je veux bien sûr parler des rues de cette ville que l’on parcourt le plus souvent de nuit. Ce détail n’est pas anodin, car une grande partie du manga se déroule dans ce décor et à ce moment précis de la journée. Les quelques instants que l’on va passer quand le soleil est haut dans le ciel sont là pour souligner ce sentiment de malaise qui frappe notre protagoniste. On le voit douter et être perdu au sein de ce quotidien qui est pourtant celui de tant d’autres étudiants. Mais quand on bascule dans cet environnement nocturne, c’est un tout autre univers qui se dessine devant nous. Les lumières artificielles éclairent la marche de ce jeune homme qui nous fait découvrir ce qui se cache à chaque coin de rue. Evidemment, le titre va énormément se focaliser sur les nombreux dangers qui prennent le pouvoir à cette heure-ci. Mais ce n’est pas uniquement le but de ce changement de décor. En fait, on peut quasiment dire que ce quartier a un rôle primordial dans l’écriture de l’intrigue. C’est autant un lieu qui va servir au développement de nos protagonistes qu’être le théâtre de multiples altercations. Un peu comme s’il libérait tous ces individus de leur pulsion bestiale et que chacun cherche la moindre excuse pour en venir aux poings. Un choix très intéressant, car il accentue l’atmosphère à la fois pesante et pourtant si unique de cet endroit. On parcourt ce terrain avec une certaine boule au ventre tout en ayant une curiosité singulière qui nous pousse à aller de l’avant. Comme si cette toile de fond nous plongeait de l’autre côté du miroir où les règles tombent mise à part la loi du plus fort. Une écriture fascinante qui ne se limite pas à des personnages.


Un endroit où être soi-même

Ce second point rejoint un peu le premier, car il s’attarde sur un rôle précis que va avoir ce décor sur le développement de notre protagoniste. En effet, Yû nous est présenté comme un lycéen perdu et n’ayant que très peu d’attrait pour une vie lambda. Ce n’est pas qu’il cherche quelque chose d’incroyable, mais juste qu’il ne trouve aucune raison ou de bonheur dans cette existence qui est la sienne. Ce n’est finalement qu’en sortant de chez lui la nuit et en parcourant la ville qu’il semble enfin avoir une lueur dans le regard. Et encore une fois, il n’est pas question ici pour lui de se lancer volontairement dans les affrontements qui l’attendent. Au contraire, il est souvent emporté par le chaos qui peut régner dans ces rues. Et pourtant, malgré le danger, il ne cesse d’être rappelé au cœur de cette obscurité. Et je trouve que c’est un sujet fascinant qui est développé entre ces pages. Au-delà de tout l’aspect action propre à la série, Holyland est aussi l’histoire d’un jeune homme désemparé qui ne trouve la paix qu’en errant la nuit. On nous raconte finalement un mal-être bien profond où l’on peut finalement oublier ses propres soucis quand on semble déconnecté de tout ce qui se passe en journée. La symbolique de la nuit dans le manga est parfaitement utilisée ici pour représenter deux facettes d’une même pièce. D’un côté, la quiétude propre à cette période de la journée représente un petit cocon pour Yû qui se coupe du reste du monde et peut se recentrer sur lui-même. Une solitude bienvenue à ses yeux afin de se sentir réellement vivant et en phase avec sa vision de la vie. Mais c’est aussi le symbole d’une menace pouvant surgir à tout instant et où les prédateurs de la veille peuvent devenir les proies du jour.


Des combats techniques et épiques

Évidemment, il est impossible d’aborder Holyland sans évoquer les nombreux combats qui ponctuent cette histoire. Et là où je trouve que le mangaka s’en tire à merveille, c’est dans la technicité de chaque affrontement tout en conservant une part de spectacle. En fait, on voit à quel point il est passionné de tout ce qui touche aux arts martiaux et qu’il a envie d’aborder chaque duel avec un œil aiguisé. Les informations pertinentes accompagnent chaque coup et d’ailleurs le mangaka n’hésite pas à briser le quatrième mur pour s’adresser directement au lecteur. De sa propre voix, il explique ce qui se passe ainsi que tout ce qui peut avoir lieu dans l’esprit de chaque combattant. Je trouve ça fascinant de réussir à combiner show et informations pour un mélange qui ne soit pas impacté par l’un ou par l’autre. L’équilibre est réussi, car on va autant ressortir avec plus de connaissances sur le sujet qu’être emporté par le déroulement de chaque confrontation. De même, il y a aussi tout un travail de recherches afin de montrer ce qui peut différencier un style d’un autre et les conséquences que cela a quand deux artistes martiaux s’affrontent. Une volonté de mettre en avant tout cet entraînement, mais aussi les risques encourues quand on ne sait pas vraiment comment se battre. D’ailleurs, cette qualité du manga résonne aussi fortement chez Yû étant donné que l’on va constamment suivre son évolution. Tous les défis qu’il va relever vont aussi être l’occasion d’apprendre et de s’adapter à tous ces styles qui vont lui faire face. Et finalement, nous aussi nous allons en apprendre bien plus à travers ses yeux et le savoir de cet auteur en la matière. Tout ça donne une atmosphère si particulière et enivrante à l’ensemble de cette série.


Arts martiaux et la loi du plus fort

Holyland Vol.8

Encore une fois, voilà un point fort qui découle du précédent, car on reste dans le domaine de l’action. Il faut dire qu’il y a beaucoup à traiter autour de ce sujet au sein de Holyland. Plus qu’une simple question de puissance et de règlements de compte, ce manga veut aussi confronter deux mondes très différents. Car on a beau faire face à de nombreux personnages maîtrisant divers arts martiaux, cela ne veut pas dire qu’ils se cantonnent à utiliser ce qu’ils connaissent. En effet, nous sommes avant tout dans la rue et cela signifie que cet environnement diamétralement opposé à un cadre classique pour développer son art. D’ailleurs, l’auteur prend un malin plaisir à confronter ceux qui pensent gagner en restant fidèle à ce qu’ils ont appris et cette réalité bien plus sournoise. Dans ces rues, si savoir se battre est un atout indéniable, il faut aussi savoir s’adapter face à des adversaires qui ne respectent aucune règle. Ici, pas de temps mort ou de coups interdits. Il est donc nécessaire de combiner son savoir martial à cette liberté d’action propre à ce milieu. Une approche captivante de ce sujet, car on nous montre que ce n’est pas forcément parce que l’on maîtrise un art martial que l’on peut forcément être bon dans une baston. Au contraire, ce genre de situation vient chambouler tous les codes appris et déstabilise celui qui n’est pas familier de tout ça. Le manga regorge de moments symbolisant cette opposition et c’est quelque chose de pertinent, car on nous prouve qu’il y a une grande différence en ce que l’on pense être capable de faire et la dure réalité. Dans le feu de l’action, tout va très vite et il faut parfois aller contre les règles inculquées pour s’en sortir. Yû va l’apprendre à ses dépens face à des opposants qui ont parfaitement su combiner ces deux facettes.


Une amitié dans l’adversité

Holyland Vol.12

Il est maintenant temps de s’attaquer à la dernière partie de ce “Pourquoi j’aime” dédiée à Holyland. Pour celui-ci, je tenais à souligner un élément que je trouve important et à la fois très touchant dans le manga. Quand on se penche sur la série, on remarque qu’il n’y a pas tant de moments joyeux et que tout finit souvent en un duel malgré le souhait de Yû. Mais il y a pourtant quelque chose d’autre qui se forme au fur et à mesure du récit. Il s’agit tout bonnement de l’amitié qui va lier notre protagoniste aux quelques amis qu’il va se faire. Il a beau prendre des coups et revenir pourtant sans cesse dans cet environnement qui veut sa peau, il va réussir à trouver en celui-ci des camarades qui vont toujours être là pour lui. Qu’il s’agisse d’un ancien ennemi ou bien d’un autre élève de son lycée, leur rencontre avec ce véritable Yû va faire tomber les masques. Ils vont apprendre à se connaître réellement et une profonde amitié va les unir peu importe l’adversité. Et ce que je trouve génial avec ça, c’est que nous sommes face à une relation très sincère dans ce qu’elle reflète. Des adolescents qui, pour beaucoup, ne savent pas vraiment exprimer ce qu’ils ont sur le cœur si ce n’est à travers leurs poings. Et au sein du trio qui se forme, on va avoir celui qui voit tout ça d’un œil extérieur tandis que l’un va être rongé par la rivalité qui le lie à Yû. Des rapports qui sont donc loin de se limiter à une simple relation amicale et qui vont donner lieu à des scènes fortes, déchirantes et poignantes entre eux. On a alors envie de voir ce petit groupe maintenir cette alchimie tout en sachant que cela peut rapidement voler en éclats au vu de ce qu’ils peuvent ressentir au plus profond d’eux. Une lecture qui est bien plus humaine qu’il n’y paraît au premier abord.

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