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Pourquoi j’aime – PJ #22 : No Longer Allowed in Another World

Un nouveau jour et donc une nouvelle chronique. Cette fois, je vous propose un nouveau numéro de “Pourquoi j’aime” et je me suis dit que j’allais me tourner vers le genre du isekai. Car oui, cela fait bien longtemps que ce style de récit est apparu dans nos librairies et qu’il y a eu aussi un sentiment de lassitude pour beaucoup à son égard. Pourtant, si l’on peut comprendre qu’il y ait des codes qui sont vus et revus, il y a aussi d’excellentes œuvres qui arrivent à sortir du lot. Certaines parviennent même à se jouer de ces stéréotypes pour proposer une expérience qui nous surprend et va détourner tout ce que l’on pense connaître. C’est exactement le cas pour la série que je vais évoquer aujourd’hui et qui nous vient de chez Kana. Je parle bien sûr de No Longer Allowed in Another World qui est rapidement devenu un de mes titres préférés dans ce type d’histoires. Avec son protagoniste allant à contre-courant de ce que l’on connaît et un univers mettant en lumière souvent le pire de l’être humain, on se retrouve devant une œuvre cynique, amusante et plus profonde qu’il n’y paraît. Soyez donc prêts à découvrir les cinq raisons qui font que j’aime autant cette licence.

Un protagoniste pas comme les autres

No longer allowed in another world Vol.1

Pour bien débuter cet article, je me dois de parler de celui qui va retenir une bonne partie de notre attention d’entrée de jeu. Il s’agit du protagoniste, Sensei inspiré du célèbre écrivain Osamu Dazai, qui est un écrivain dépressif se retrouvant projeté dans un autre monde après une tentative de suicide. Contrairement à ses homologues des autres isekai, il n’est pas du tout à la recherche d’aventures grandioses ou d’une seconde chance suite à cette invocation. Son objectif principal est de retrouver sa compagne pour accomplir leur pacte d’en finir ensemble. Cela peut paraître étonnant de voir un manga proposer un tel personnage principal dans un genre qui a souvent été source d’émerveillement et d’évasion. Mais pourtant, cela fait justement tout l’attrait dans son écriture. Sensei est à la fois comique et tragique, offrant une perspective unique sur les clichés habituels de ce style de manga. Sa réticence à participer à l’action en cours ainsi que son refus d’accepter le destin qu’on lui impose et son désir constant de mourir vont créer une dynamique unique. On fait face à un individu qui arrive autant à être comique qu’à refléter une satire de ces héros que l’on voit habituellement. Ce personnage permet au manga de se démarquer en explorant des thèmes comme la dépression, l’absurdité de la vie et la critique de la nature humaine par rapport à ses recoins les plus sombres. La complexité psychologique de Sensei enrichit l’histoire, rendant les interactions avec les autres personnages, souvent plus codifiées, encore plus intéressantes. Il parvient, à travers chacun de ses échanges, à bousculer le schéma habituel et à montrer la vraie richesse des gens. Une écriture fabuleuse, car elle n’impacte pas uniquement son personnage, mais l’ensemble de cette œuvre.


Une satire de tout un genre

No longer allowed in another world Vol.2

Ensuite, un autre point que je souhaite aborder concerne le manga dans sa globalité. « No Longer Allowed in Another World » se présente comme une parodie intelligente du genre isekai. Il prend les éléments typiques comme les mondes fantastiques, les héros invincibles et les quêtes épiques pour les retourner contre eux-mêmes. Alors que l’on peut s’attendre à faire face à tout instant à des éléments classiques de ce style, il n’en est rien. L’histoire critique avec un humour noir et beaucoup ironie les attentes des lecteurs vis-à-vis des récits de réincarnation dans un autre monde. On en revient par exemple au personnage de Sensei qui, en arrivant, est très loin d’être l’élu attendu. En plus de sa personnalité singulière, ses capacités n’ont absolument rien d’extraordinaire. Au contraire, il prend le chemin inverse de tout héros d’isekai en ne cherchant nullement à acquérir plus de puissance. Tout ce qui l’intéresse est de noter le récit de ceux qui attirent son attention avant de mettre fin à ses jours. Pareil pour les autres humains invoqués qui vont finalement être loin des clichés habituels pour devenir les véritables antagonistes de ce récit. L’auteur utilise ces tropes pour commenter sur l’absurdité de la notion de héros et souligner d’autres voies possibles à tout ce pan du monde du manga. Cette approche donne lieu à des situations comiques justement parce qu’elles viennent bousculer nos habitudes. On est totalement surpris par ce qui se passe même quand on pense s’être enfin familiarisé avec la formule de ce titre. Cela démontre la créativité du mangaka pour parodier et s’approprier tous ces éléments érodés pour les présenter sous un autre jour. Tout cela donne un récit original autant dans sa forme que dans son fond, car il se joue des apparences pour créer une aventure unique.


Un humour noir qui fonctionne

No longer allowed in another world Vol.3

Oui, l’humour est pour moi un des points forts de l’œuvre. Je ne veux pas dire qu’elle est omniprésente ou particulièrement forte en matière de blagues. Il est avant tout question ici de voir comment cet aspect du manga joue un rôle primordial dans l’originalité et l’attrait que l’on va ressentir en parcourant ces pages. Le titre brille par son ton humoristique, qui mélange l’absurde et le sinistre. Les situations dans lesquelles se retrouve Sensei sont souvent désopilantes, notamment parce qu’il réagit de manière diamétralement opposée à ce que l’on pourrait attendre de son rôle de héros. Ne craignant nullement la mort et voulant même l’embrasser, cela donne lieu à un contraste où il va au devant du danger non pas pour l’empêcher, mais pour en subir les conséquences. Cet humour décalé, combiné à des dialogues plein d’esprit et à une narration qui joue sur l’absurdité des situations rend la lecture captivante. En fait, on est dans une intrigue où les victoires se décident souvent plus par la chance que par une réelle tentative de Sensei de s’en sortir. De même, le fait que le titre tire avec habileté sur cet humour si spécifique permet aussi de sublimer certains thèmes exposés par l’auteur. En partant dans cette direction, il nous fait réfléchir sur le fait qu’être un héros est loin d’être un rôle forcément voulu. Cela appuie aussi cette parodie en venant briser tous ces tropes habituels pour faire tomber des masques. Et c’est souvent dans ces moments que le choc de la surprise va provoquer l’amusement. C’est notamment le cas par rapport aux acolytes qui vont venir se greffer autour de notre protagoniste. Initialement cantonnés à leur rôle, ils vont rapidement prendre un autre chemin pour se montrer beaucoup plus attachant et humain à travers ce côté comique de leur personnalité.


Des figures secondaires importantes

En parlant des personnages secondaires, il s’agit aussi d’un des éléments que je tiens à mettre en avant. Car oui, Sensei n’est pas le seul à attirer notre attention tout au long de cette épopée. Il a beau être au centre de l’histoire, ses compagnons apportent de la profondeur et de la diversité au récit. Annette, la prêtresse elfe, est l’opposé de Sensei avec son optimisme et son désir de sauver le monde, créant ainsi une dynamique intéressante. Elle en vient même à devenir une caricature humoristique de ce rôle pourtant sérieux en se transformant progressivement en une fidèle de l’homme qu’elle a appelé dans ce monde. Sacchan, quant à elle, ajoute une touche beaucoup moins solennelle de par son attitude à l’égard du protagoniste, mais aussi de sa propre quête à accomplir. Loin d’être aussi admirative que sa comparse elfe, elle va pourtant contribuer grandement à l’esprit d’équipe. Il en est de même pour les divers autres héros transférés qui vont servir d’antagonistes à ce récit. Et oui, même s’ils sont des êtres humains destinés à un grand avenir, ils prennent une direction totalement différente et sombre. S’ils peuvent paraître classiques de prime abord dans le stéréotype d’être humain corrompu par un pouvoir offert, ils vont progressivement montrer la véritable richesse de leur écriture. C’est en se confrontant à eux que le groupe va faire ressurgir leurs angoisses les plus profondes, des blessures bien réelles et des thématiques propres à eux. Cela fait que chaque rencontre que le lecteur va faire par le prisme de ces protagonistes est unique et marquante. Les combats ne sont pas uniquement là pour nous divertir, car ils sont là pour mettre en avant des thématiques bien concrètes qui rongent ces adversaires. Tout ça permet à la série d’offrir une galerie d’acteurs et d’actrices inoubliable.


Une critique de l’homme

Pour conclure cette chronique dédiée à ce que j’aime dans “No Longer Allowed in Another World”, il est important de parler un peu plus en profondeur du fond de l’œuvre. Oui, ce titre peut paraître être un isekai se jouant des codes et parodiant ce que l’on a connu depuis si longtemps. Mais il ne se limite pas uniquement à ça et va avoir un traitement de la nature humaine que je trouve fascinant. J’ai déjà pu l’évoquer un peu plus haut avec les adversaires qui croiseront la route de nos protagonistes. En effet, à chaque ennemi que Sensei va rencontrer, notre protagoniste va finir par mettre en lumière ce qui ronge ou anime la personne en face. Et on se rend compte à quel point, derrière leur attitude effroyable, peut se dissimuler des intentions dictées par ce qu’ils ont pu vivre dans leur monde respectif. Et c’est là que l’on touche à quelque chose de brillant selon moi, car si l’on ne va jamais tolérer les actes commis, on va apprendre à les connaître et surtout nous rendre compte à quel point la promesse miroitée par ce monde fantastique peut transformer ceux qui ont été détruits dans leur autre vie. Cela donne lieu à des passages qui arrivent à nous serrer le cœur et à enrichir l’écriture des personnages que l’on a en face de nous. Mais de l’autre côté, le titre va aussi briller dans sa faculté à montrer que même les êtres de cet univers féérique ont aussi cette part d’ombre en eux propre à la nature humaine. Il va autant être question de harcèlement, d’addiction, de mort, mais aussi d’exclusion par rapport à ceux qui paraissent différents. C’est dans ces moments que notre protagoniste joue à merveille son rôle d’écrivain, car il est là avant tout pour conter l’histoire de ces âmes brisées qui cherchent un moyen d’avancer même si cela les conduit sur le mauvais chemin.

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