Childeath T1 : des enfants livrés à eux-mêmes
L’horreur peut prendre bien des formes dans les œuvres de fiction qui nous entourent. J’ai déjà eu l’occasion de traiter du sujet à de multiples reprises. Il faut dire que c’est un thème particulièrement vaste et qui peut donner de nombreuses ramifications captivantes. Pouvant jouer autant sur la dérision, le sanglant ou une peur viscérale, il y a toujours quelque chose de fascinant à analyser dans ce type d’histoires. C’est encore plus vrai lorsque l’on fait face à une série qui cherche à amener des personnages synonymes d’espoir dans un cadre absolument sinistre. Si j’évoque ça, c’est parce que le manga dont je vais traiter aujourd’hui en est un très bon exemple. Il s’agit de “Childeath” qui vient tout juste de faire ses débuts au catalogue de Panini. Dès son annonce, il était évident que l’on était face à une œuvre ne s’adressant pas à tout le monde. Avec son contexte initial sinistre et brutal, c’est un public averti qui est avant tout ciblé. Mais ce qui fut vraiment intéressant à voir durant ma lecture de ce premier volume est la manière dont l’auteur va développer la figure de l’enfant dans un contexte aussi sanglant. Préparez-vous à suivre le combat acharné de ces gamins pour survivre ne serait-ce qu’un jour de plus.
Une malédiction balayant le monde

Synopsis
Dans un futur lointain, une maladie mystérieuse frappe chaque adulte et le tue. Les enfants sont en lutte perpétuelle contre des êtres appelés sorcières, déterminés à exterminer la race humaine. Dans cet enfer sans fin, une jeune fille, épuisée par les meurtres incessants, décide de prendre son destin en main.
Mangaka : Hirokazu Mukoura
Le synopsis de “Childeath” a beau être court, il donne suffisamment d’éléments pour savoir où l’on met les pieds. Réservée à un public averti, cette histoire ne va clairement pas prendre de gants avec le lecteur. Et il suffit de se lancer dans les premières pages pour être directement confronté à l’horreur de ce monde désolé. Pourtant, il ne faut pas croire que le titre cherche uniquement à nous raconter une lutte sans merci entre ces deux camps. Il y a aussi tout un traitement de ce que représente l’enfant et ce qu’il doit faire pour contrer une telle menace.
Un combat pour l’avenir
Dès le départ, Childeath cherche à frapper fort en nous confrontant directement à la violence de ce monde. Sans même réellement apporter de contexte, on voit une impressionnante scène de bataille opposant de simples enfants à une créature terrifiante surnommée “sorcière”. Le fait que l’on ne nous donne pas toutes les clés en main au départ pour appréhender ce qui se passe n’est pas une mauvaise chose. Cela permet d’appuyer le chaos ambiant propre à cet univers où les quelques moments de répits sont précieux. Mais surtout, on va tout de suite faire face à cet enfer qui a totalement balayé toute présence d’adulte pour ne laisser que des gamins livrés à eux-mêmes. En plus d’amener une tension dramatique déjà bien forte, cela va avoir un autre effet important. En effet, en voyant l’horrible destin qui attend ces enfants obligés de combattre non pas pour survivre, mais pour éradiquer un maximum de ces monstres avant de connaître une fin tragique. Ainsi, on nous conte une histoire dont on nous fait comprendre que la finalité ne pourra être que sinistre pour ces gamins. Un récit qui cherche donc à étouffer rapidement la moindre lueur d’espoir et même quand on pense enfin trouver une faible solution à la fin de ce cauchemar par la suite, on sent que tout peut s’effondrer à tout moment. Si tout ça est déjà une excellente manière de nous plonger dans ce sombre univers, ce n’est pas l’unique atout du titre.
En plus d’apporter une importante dose d’action à travers des confrontations marquantes, le récit ne cherche pas non plus à jouer uniquement sur un concours de puissance. Au contraire, plus la lecture avance et plus on voit naître de véritables stratégies en fonction de chaque sorcière à abattre et de leur pouvoir respectif. Une très bonne idée pour créer du suspens et de la tension à chaque rencontre. Mais le plus brillant selon moi est le traitement appliqué à nos protagonistes. Comme déjà évoqué, tous les personnages encore vivants ne sont que des enfants du fait de la malédiction qui frappe tous ceux qui passeraient à l’âge adulte. Cela amène un constat très fort et déchirant autour de ces jeunes survivants. Initialement, la figure de l’enfant est synonyme d’innocence, d’espoir et de futur à protéger. C’est tout naturel pour l’être humain que d’être attristé ou terrifié en voyant de tels personnages se retrouver face à un danger qu’ils ne peuvent réellement affronter. Alors qu’ils devraient s’amuser, rire et profiter sans se soucier du monde qui les entoure, ici ils sont les seuls défenseurs qui subsistent face à un danger qui semble inéluctablement les emporter un par un. Cela nous frappe en plein cœur et rend cette histoire encore plus éprouvante, car on brise tout ce qui est naturel autour de ces gamins pour les forcer à grandir et même à devenir des petits soldats capables de se sacrifier si cela permet d’entraîner une de ces sorcières dans la tombe. C’est brillant de jouer là-dessus, car cela va naturellement accentuer l’horreur ressentie par le lecteur qui reste un témoin impuissant de tout ça.
Ainsi, ce premier volume de Childeath réussit parfaitement à nous impliquer dans son récit. En seulement quelques pages, on ressent tout l’aspect dramatique de cette œuvre. Un manga qui veut justement nous amener dans un environnement sordide où l’espoir ne semble plus permis. Et là-dessus, je trouve que toute la première partie le retranscrit admirablement bien en amenant ce malaise de voir ces enfants lutter à mort contre ces créatures. Une série qui amène justement cette figure d’innocence face à un enfer dont elle ne peut ressortir indemne.
Childeath lance les hostilités
Pour un premier contact, “Childeath” sait frapper là où ça fait mal et avec brio. On se retrouve face à une histoire qui va nous plonger directement dans cet enfer et j’ai été agréablement surpris par les nombreux aspects traités dès cette introduction. Tout d’abord, je trouve que l’auteur fait preuve d’une grande créativité, notamment dans les spécificités propres à chaque sorcière afin de créer des affrontements uniques. Pour rester sur ce point, je suis aussi content de voir que l’on ne se contente pas ici d’un choc entre les deux camps. Il est avant tout question de comprendre le pouvoir de chaque ennemi pour ensuite élaborer la meilleure stratégie pour utiliser les failles possibles afin d’en venir à bout. De plus, on a aussi le droit à une évolution intéressante et assez rapide de nos protagonistes face à ce monde qui ne leur laisse aucun répit. On a de l’empathie pour eux et surtout on se demande quel est le véritable objectif de ces créatures à l’égard de ceux qui sont encore vivants. Tout ça est couplé avec le ton particulièrement violent, sombre et mature de cette oeuvre qui s’adresse à un public averti. Et il ne s’agit pas uniquement de créer l’horreur par le sang ou la mort, mais de confronter une représentation initialement de la pureté à un environnement qui n’en a que faire. Une autre forme d’effroi qui fonctionne très bien et permet de s’impliquer dans le récit en espérant de tout cœur qu’il puisse y avoir un salut pour nos protagonistes et leur mission.
Je trouve donc que ce premier volume de “Childeath” a été une lecture efficace et prenante à plus d’un titre. Frappant toujours là où ça fait mal, on ne nous laisse pas le moindre répit. Et même quand on a l’impression que nos protagonistes peuvent souffler un peu, l’auteur se fait un malin plaisir de nous rappeler qu’il n’y a aucune échappatoire. C’est notamment le cas avec un passage en particulier qui va nous faire la démonstration de la plus grande menace qui plane sur ces enfants. De même, je trouve que le récit va constamment nous montrer à quel point vivre dans ce monde est un calvaire. On le voit dans cette transformation et les choix de certains de ces enfants qui, pour échapper aux griffes de ces prédateurs, sont prêts à tout, même au pire. Cela choque, mais entre totalement dans cette volonté de créer un univers où chaque jour est un cauchemar. Si vous recherchez une oeuvre affichant d’excellentes scènes d’action et surtout une atmosphère sombre et oppressante alors vous devriez trouver de quoi vous satisfaire avec Childeath. Encore une fois, le titre n’est pas destiné à tout le monde au vu de sa violence et de la brutalité qu’il peut y avoir. Evidemment, j’ai maintenant plusieurs questions qui me trottent dans la tête pour le futur de cette saga. Est-ce que l’on va comprendre les réels desseins de ces sorcières ? Va-t-on en apprendre plus sur le passé de notre héroïne ? Est-il seulement possible de mettre fin à cet enfer ? Je suis intrigué de voir ce qui attend nos protagonistes dans les prochains tomes.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de “Childeath”. Trouvez-vous que le titre réussit à créer une importante tension par rapport à son contexte initial ? Est-ce que cette introduction arrive à proposer une idée intéressante au travers de cette lutte entre enfants et sorcières ? Appréciez-vous la tournure que prennent les événements avec, notamment, le développement de nos protagonistes ? Etes-vous curieux de voir ce que donneront les prochains affrontements ainsi que les futures rencontres avec de potentiels survivants ? Qu’attendez-vous pour la suite de la série ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.