L’anneau de Gygès T1 : le mentor et son élève
Quand on évoque le genre du thriller, il y a tout un tas d’idées ou de noms qui nous viennent en tête. Il faut dire que ce style de manga est très souvent apprécié du grand public et est aussi une excellente porte d’entrée pour ceux qui ne se sont jamais lancés dans le manga. Et ce qui est toujours captivant pour moi, c’est de voir comment on peut créer une histoire haletante de ce type tout en y insufflant une dose de surnaturel. C’est pour ça qu’aujourd’hui, j’avais très envie de vous parler de la nouveauté des éditions Ki-oon : L’anneau de Gygès. Si je me suis surtout tourné vers ce récit par simple curiosité, j’étais tout de même intrigué de voir comment cette œuvre allait attirer mon attention à travers son idée de base. Et finalement, j’ai été agréablement surpris par ce que j’ai pu découvrir tout au long de ce premier volume. Une intrigue qui va jouer habilement sur la psychologie des personnages impactée par l’élément fantastique qui va se greffer à leur quotidien. On bascule alors progressivement du quotidien éprouvant d’un mangaka à une descente aux enfers où deux chemins se dessinent. Préparez-vous donc à faire la connaissance de ce qui pourrait être la dernière toile de cet artiste et de son apprenti.
Un souhait incontrôlable

Synopsis
Takeru, mangaka expérimenté dans le creux de la vague, cherche l’inspiration dans un sanctuaire de campagne réputé pour ses disparitions inexpliquées. Sans y croire, Takeru prie pour que son éditeur abhorré disparaisse à tout jamais afin que sa carrière retrouve enfin le chemin du succès.
Mais rien ne se passe comme prévu… En plein rendez-vous professionnel avec son éditeur, et de nouveau confronté à un barrage de critiques, l’auteur craque et un pouvoir mystérieux se manifeste alors : il rend invisible son interlocuteur avant de le tuer ! Takeru dissimule son crime tant bien que mal. Lui qui a consacré sa vie à dessiner des défenseurs de la justice, serait-il passé de l’autre côté de la barrière ?
Mangaka : Fujimomo
Ce synopsis de L’anneau de Gygès est assez intrigant étant donné que l’on mélange le quotidien éprouvant d’un mangaka avec une dose de surnaturel. Et si cela éveille notre curiosité, il va surtout être très important de voir la relation qui va se dessiner entre les deux protagonistes de cette histoire. Une œuvre qui ne se focalise pas uniquement sur ce mangaka, mais aussi sur son assistant qui, doté d’une faculté similaire, va pourtant prendre une toute autre direction. On assiste alors à une forme de thriller fantastique prometteur où l’on sent que la chute ne fait que commencer pour cet artiste.
Un terrible sacrifice
Au tout début, on peut trouver L’anneau de Gygès assez étrange. Après tout, on se questionne sur où veut nous emmener l’auteur à travers ce mangaka et cet assistant qui font un drôle de voeu chacun. Mais plus on avance dans le récit et plus on se rend compte que l’auteur a voulu instiller une dose de surnaturel sans pour autant que celle-ci prenne le pas sur le message recherché. En effet, si le récit va rapidement tourner au thriller, ce que j’ai trouvé vraiment intéressant est le fait que cette histoire tourne autour de problématiques bien réelles qui sont traitées de façon originale par le biais de la fiction. Car quand on prend conscience de ce que l’on a devant nous, on comprend que l’on est face à des personnages qui peuvent facilement résonner en nous. Dans un premier temps, ce titre cherche à montrer l’éprouvant quotidien d’un mangaka ou jeune artiste face à des éditeurs qui peuvent se montrer sans filtre dans leurs retours ou même se jouer d’eux pour leur profit personnel. Il ne faut pas longtemps pour que l’on partage la souffrance, mais aussi la détresse de nos deux protagonistes qui cherchent juste à se faire une place dans ce milieu loin d’être aussi enchanteur qu’on pourrait le croire. Mais au-delà de ça, l’apparition de ce “don” va aussi nous mettre face à une question que l’on pourrait tous se poser : que ferait-on d’un tel pouvoir ? A travers ces deux personnages, on aborde autant la volonté de bien faire et de changer les choses que le fait de perdre pied.
Et je trouve justement le contraste entre ces deux parties vraiment intéressantes, car elles ont chacune quelque chose à raconter tout en étant étroitement liées. Cela donne aussi des pistes prometteuses pour le développement de l’intrigue qui peut partir dans une direction inattendue surtout par rapport au lien qui existe au sein de ce duo. On voit très bien, dès ce premier volume, qu’une telle faculté peut rapidement devenir un cauchemar et entraîner une personne sur la mauvaise pente alors qu’elle ne cherchait pas réellement à être néfaste. Au contraire, c’est l’enchaînement d’événements tragiques qui vont faire que l’on assiste à une véritable chute où il semble impossible de pouvoir remonter. Finalement, le surnaturel est surtout là pour appuyer cette réalité que l’on peut se retrouver dépassé par les événements et alors réagir de la pire des façons. Cela ne fait alors que nous entraîner dans une spirale infernale dont on ne sait plus comment s’en défaire de peur des répercussions que cela pourrait engendrer. Voilà pourquoi je trouve ce tandem particulièrement efficace et surtout très intéressant dans son écriture. On pourrait bien assister à une collaboration se transformant finalement en violente opposition en fonction de ce qui va se passer. Cela donne aussi un rapport fascinant entre ces deux personnages qui sont presque comme les deux faces d’une même pièce. D’ailleurs, cela se ressent aussi dans le souhait fait par chacun dont l’un se visait personnellement tandis que l’autre ciblait autrui. Une différence de regard qui va être le déclencheur de tout ce qui va suivre.
Il est vraiment intéressant de voir comment L’anneau de Gygès parvient à susciter l’intérêt du lecteur. Une œuvre qui peut sembler étrange à première vue, notamment dans son premier chapitre, mais qui finit par prendre une tournure captivante par la suite. Dans une sorte de rapport de plus en plus malsain entre ce mangaka et son assistant, on voit en réalité une dégringolade de ce “don” qui se transforme en une vraie malédiction. Un pouvoir incontrôlable qui finit inlassablement par provoquer bien des catastrophes et amener possiblement ce duo dans une position infernale.
L’anneau de Gygès éveille l’intérêt
Encore une fois, L’anneau de Gygès est une lecture où il ne faut pas se fier au premier chapitre tant l’évolution qui a lieu par la suite va radicalement changer le ton de l’histoire. On part d’un élément totalement surnaturel et amenant la surprise pour finalement basculer dans un thriller haletant racontant la déchéance d’un homme faisant de son mieux pour retarder l’inévitable pour laisser la place à son assistant. Il est autant question dans cet ouvrage du sentiment de perdre pied quand tout s’écroule autour de nous, de la difficulté de vivre de son art surtout face à des gens qui viennent s’interposer et détruire bon nombre d’efforts, mais aussi de ce qui fait un héros. D’ailleurs, ce dernier point peut clairement être un élément fondateur du récit pour la suite au vu de ce qui nous est présenté ici et du projet qui va unir ce mangaka et son assistant. Mais ce que je trouve le plus réussi dans cette histoire vient de l’écriture de cet artiste qui, même en ayant commis l’irréparable, suscite surtout de la pitié à son égard tant il est en réalité emporté par les événements. A chaque fois, il est dépassé par ce qui se passe et finit par répondre ou agir non pas sous le coup de la réflexion, mais de l’impulsivité, de la peur et de la colère. Des émotions fortes qui peuvent assaillir n’importe qui et le conduire sur une pente glissante que l’on ne peut plus grimper. Un travail qui promet de belles choses pour la suite et affiche un sacré potentiel en matière d’évolution des personnages.
L’anneau de Gygès fait partie de ces séries dont il ne faut pas se fier à la première impression donnée. Au contraire, c’est en avançant un peu plus dans le scénario que l’on entrevoit réellement tout ce que l’auteur a cherché à créer. Et c’est exactement le cas ici surtout quand on bascule du récit tranche de vie à un thriller surnaturel d’une grande violence. Et on n’est clairement pas à l’abri de voir notre protagoniste prendre de plus en plus de mauvaises décisions dans le seul et unique but de cacher la vérité. On peut envisager tout un tas de scénarios possibles, mais aussi et surtout se projeter dans ces personnages qui sont finalement très humains et font face à la difficulté de savoir quoi faire d’un don dépassant la compréhension humaine.Si vous cherchez un manga qui saura vous surprendre et qui joue admirablement bien sur la dualité au sein de son binôme de protagonistes, alors vous devriez être largement convaincu par ce premier contact. Évidemment, au vu de l’intrigue, j’ai énormément de questions qui me viennent en tête pour la suite. Est-ce que l’on va assister à un changement important chez nos deux protagonistes ? Est-ce que Takeru va s’enfoncer un peu plus dans ses mensonges et ses agissements ignobles ? Va-t-il finalement décider de révéler tout ce qu’il s’est passé ? Comment peut évoluer ce pouvoir qui leur a été octroyé ? Je suis curieux de voir le développement de tout ça.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de L’anneau de Gygès. Trouvez-vous que le manga réussit à proposer une idée initiale intéressante pour créer un thriller prometteur ? Etes-vous curieux de voir l’évolution du lien entre nos deux protagonistes ? Pensez-vous que le titre va réussir à proposer une sinistre histoire jouant à fond sur la chute de ce mangaka et de son assistant ? Est-ce que vous avez trouvé que ce premier volume réussit aussi à bien jouer sur notre propre sens moral ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.