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Eirth T1 & 2 : un drôle de maître !

Après tant d’années de lecture, il est forcément parfois compliqué de tomber sur une œuvre qui arrive à proposer quelque chose d’inédit. Mais ce que j’aime plus que tout, c’est quand une série nous laisse penser que l’on part sur un schéma déjà vu maintes fois pour finalement nous faire vivre un retournement de situation changeant totalement notre perception du récit. J’ai ressenti ça il y a pas si longtemps et j’avais vraiment envie de vous en parler tant ce fut une belle surprise. Voilà pourquoi, aujourd’hui, je vous parle de Eirth chez Mahô Editions dont le premier tome est sorti la semaine dernière et le second volume le 30 mai prochain. Une fois de plus, c’est surtout ma curiosité qui m’a poussé à aller de l’avant et à tenter l’expérience, car je n’étais pas forcément le plus intrigué par le synopsis ou bien les couvertures. Mais c’est justement là qu’il ne faut pas juger un livre à celles-ci étant donné que cette épopée a beau débuter de façon somme toute classique, le développement qui va être fait après est absolument génial et poignant. Préparez-vous à faire la rencontre d’un jeune homme désireux de faire ses preuves et enfin de créer son propre avenir.

Le poids du regard des autres

Ce qui est pertinent dans le résumé de Eirth, c’est que l’on a l’impression d’être face à un titre jouant sur des codes bien connus actuellement; Après tout, ce n’est pas la première oeuvre à utiliser la figure du “Roi démon” pour en faire une entité plus amicale qui va finalement être un soutien pour le protagoniste. Une proposition qui s’est popularisée depuis bien des années afin de montrer un autre visage de celui qui fut longtemps présenté comme la source de tous les maux. Mais toute la beauté de cette histoire ici va résider dans ce lien qui va se tisser et qui va faire face à pas mal de remous.

Choisir sa destinée

Il faut vraiment prendre en compte les deux premiers volumes de Eirth pour bien cerner ce qui fait toute la force de la série. Car pour commencer, le tome 1 peut se présenter comme assez basique par rapport à ce que l’on connaît déjà. Un jeune homme tourmenté et cherchant à faire ses preuves qui va finalement trouver son salut dans l’arrivée d’un mentor pas comme les autres : le Roi Démon. Ce qui est en premier lieu intéressant dans ce pitch de départ, c’est que cette première partie va beaucoup jouer sur le futur que l’on attend de la part de Eirth et sa volonté d’être à la hauteur de ces attentes quitte à devoir accepter le coup de main de celui qui fut l’ennemi juré de ses parents et de l’humanité. Un schéma bien connu et qui fonctionne bien pour plusieurs raisons. La première, c’est que l’on va avoir une profonde empathie pour cet adolescent qui cherche à plaire et qui, finalement, se prend sans cesse des remarques comme quoi il n’est pas à la hauteur de la renommée de son père. On ressent pleinement ce poids qui pèse sur ses épaules et à quel point cela joue sur son dégoût de cette vie. Tout est là pour lui rappeler cette montagne qui lui semble impossible à gravir. Cela a pour effet de traiter d’un sujet bien concret qui est l’impact que peut avoir le regard des autres sur notre perception de nous-même. Sur ce point, le titre frappe très fort, car on ne cesse de nous montrer des gens qui, pour la plupart, n’ont pas forcément l’impression de dire du mal alors que pourtant leurs mots sont plus aiguisés que des lames.

Et parmi ce torrent de moqueries, une lueur apparaît en la personne de l’ancien ennemi du monde des humains. Un personnage qui, a beau ne pas se cacher d’avoir été la cause de nombreux maux, ne va jamais juger son nouvel ami selon sa lignée, mais en fonction de ses réelles capacités. Voilà pourquoi je trouve que le lien qui se forme entre les deux est remarquable tant il dépasse le cadre de la guerre passée ou fait fi du regard des autres. On a alors envie de croire autant en cette possibilité pour Eirth de s’améliorer et de créer son propre avenir qu’en l’amitié naissante entre lui et son maître. Et c’est là qu’arrive le second volume qui m’a vraiment amené à une dernière partie absolument déchirante qui montre encore une fois à quel point ce monde ne cherche nullement à comprendre Eirth, mais à se complaire dans sa propre gloire. Alors que l’on a pris plaisir à voir les progrès de ce garçon sous la supervision de l’esprit de ce démon, ce changement va finalement réveiller des traumas qui vont amener à encore plus de haine et de rancœur. On assiste à ça avec tellement un déchirement au cœur, car on sait tout ce qu’a donné ce jeune homme pour espérer sortir de l’ombre. En cela, le manga est brillant et va même aussi traiter du fait que ce n’est pas le pouvoir qui est néfaste, mais comment celui qui le possède en fait l’utilisation. Et cela nous amène à des dernières pages fortes en émotion qui m’ont juste donné envie d’avoir la suite sous la main pour comprendre ce qui va se passer après tout ça.

En fait, Eirth a su me mettre une baffe à travers son second volume. Et c’est en lisant celui-ci que j’ai compris l’importance du premier tome derrière le côté classique qu’il pouvait afficher. En fait, toute la première partie du manga est là pour que l’on s’imprègne de ce quotidien que va vivre notre protagoniste auprès de son nouveau professeur. Une cohabitation qui peut paraître dangereuse de prime abord, mais qui va finalement être une lueur d’espoir pour ce garçon rêvant de façonner sa propre destinée. Toute cette construction permet de sublimer l’émotion ressentie à la lecture des dernières pages qui nous donnent un véritable coup de poing au ventre.

Eirth trace sa propre route

J’ai vraiment eu une double lecture qui s’est jouée tout au long de ces deux premiers volumes de Eirth. En débutant la série, je me suis dit que l’on était face à une aventure sympathique avec un protagoniste attachant et une relation mentor-élève prometteuse. Et même si cela pouvait sembler assez classique à première vue, tout est suffisamment maîtrisé pour que notre curiosité soit titillée afin que l’on attaque la suite. Et que dire à ce moment-là si ce n’est que ce fut un véritable ascenseur émotionnel. On se rend compte, en seulement quelques pages, à quel point le titre a su construire quelque chose de fort au travers de ces personnages. Alors que tout semblait nous guider vers une seconde partie plus joyeuse avec un Eirth gagnant en assurance et prêt à forger sa propre destinée, c’est finalement sous les huées et la colère des hommes qu’il finit. Et ce passage fait preuve d’une grande brutalité morale tant on voit à quel point tous les efforts de ce garçon n’ont finalement servi à rien aux yeux de ces gens. Un jeune homme qui cherchait juste à prouver sa valeur et qui était enfin prêt à être maître de son avenir, mais qui va finalement y parvenir en traversant un véritable enfer. Je trouve que cette violence psychologique dont le titre fait preuve est une grosse force tant elle dépasse le cadre de la fiction pour évoquer un thème bien concret et qui peut frapper n’importe qui. Une société où l’on cherche à se faire accepter des autres, mais où finalement on perd ce qui fait réellement notre propre identité pour nous conformer à des codes faisant de nous des copies les uns des autres. 

Une importante leçon brillamment représentée entre ces pages et qui m’a profondément touché tant on a pris le temps d’apprécier ce changement d’attitude chez notre héros. Voilà pourquoi Eirth a été un gros coup de cœur pour moi. Une œuvre qui cache bien son jeu et qui a su me surprendre. Mais surtout, je tiens à souligner l’incroyable travail d’écriture réalisé au niveau de la relation entre nos deux protagonistes. On a beau nous indiquer que tout les oppose de par leur nature de base, il va pourtant y avoir un lien sincère qui va se construire entre eux. Un rapport dépassant le simple cadre de l’élève et du maître pour devenir bien plus amicale et profonde. Ensemble, chacun donne à l’autre un autre regard sur le monde et sur la vie tout en trouvant une force nouvelle d’avancer. Et c’est ça surtout dont je veux voir l’évolution dans les prochains chapitres. Une très belle découverte donc et qui peut plaire autant aux fans de fantasy qu’à ceux voulant une histoire émouvante et porteuse d’un message important. A présent, j’ai tout de même quelques questions qui me trottent dans la tête concernant le futur. Est-ce que Eirth va totalement tourner le dos à l’humanité ? Comment va évoluer sa relation avec son mentor ? Que vont faire son entourage au vu de ce qui se passe dans le tome 2 ? Va-t-on continuer à plonger dans le côté tragique de cette histoire ? Il me tarde déjà de mettre la main sur la suite.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de Eirth. Trouvez-vous que le titre réussit à se défaire de son image classique de départ pour partir dans une direction inattendue ? Avez-vous été profondément touché par le récit de ce jeune homme qui a toujours vécu dans l’ombre des autres ? Le manga réussit-il, selon vous, à nous faire ressentir pas mal d’empathie pour ce protagoniste et son nouveau mentor ? Appréciez-vous justement la relation entre les deux personnages ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

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