Pourquoi j’aime #32 : Réimp’
Il est maintenant temps de s’attaquer à un autre gros coup de cœur que j’ai depuis le premier volume de cette série. Même après déjà seize tomes, la magie fonctionne toujours autant. Je parle bien sûr de Réimp qui est disponible en France aux éditions Glénat. Je l’avoue qu’au début, je me suis surtout intéressé à ce récit pour ce qu’il semblait promettre, le dessin pouvant être assez déroutant au départ. Pourtant, il n’aura fallu que d’un tome pour que je craque totalement pour cette saga tant il y a à dire sur celle-ci. Voilà pourquoi je ne pouvais pas ne pas dédier un numéro de “Pourquoi j’aime” à cette petite pépite qui mérite totalement le coup d’œil et qui peut autant se montrer captivante, divertissante et instructive. Il faut dire que nous inviter à voir le quotidien d’une maison d’édition japonaise avec toutes ses facettes et ce que cela implique est déjà un choix fascinant. Mais quand c’est fait avec autant de maestria que le fait Naoko Mazda, c’est encore plus enrichissant de se plonger dans cette épopée d’une sincérité frappante. Préparez-vous donc à découvrir les cinq points qui font que j’aime autant cette série.
Le monde de l’édition
En premier lieu, impossible de parler de Reimp sans évoquer bien sûr son thème principal qui concerne le monde de l’édition. Ce n’est pas la première œuvre à aborder ce sujet, mais c’est sûrement l’un des plus complets le concernant. Surtout que de base, en tant que lecteurs de manga, on peut justement se questionner sur comment cela se passe au Japon, là où se trouve l’origine de toutes ces histoires que l’on aime tant. Ce titre nous le montre à merveille et va surtout ne rien laisser au hasard. En effet, contrairement à certaines œuvres qui vont se focaliser sur un point de vue précis, ici c’est vraiment toute une maison d’édition que l’on va suivre à travers ses nombreux acteurs, mais aussi tous ceux qui vont être en lien à la création d’un manga. Si l’on voit tout ça à travers le regard de notre héroïne, Naoko Mazda prend aussi le temps de nous faire prendre du recul pour voir l’ensemble de cette toile qui se dessine devant nous. Et rien que pour cette immersion dans un milieu qui impacte tellement notre vie de lecteurs sans réellement le savoir, le titre se démarque aisément. Surtout que l’on n’est jamais dans un récit qui veut absolument nous noyer sous l’information. Au contraire, l’artiste a parfaitement su trouver un juste équilibre pour que l’on apprécie autant son titre pour ce qu’il raconte que ce que l’on voit sur le moment présent. Et cela permet à ce récit de rapidement nous immerger totalement dans le quotidien de ces gens qui travaillent en étroite collaboration avec les auteurs, les conseillent, les aident, mais vont aussi chercher à trouver le meilleur moyen pour attirer de nouveaux lecteurs. C’est juste fascinant de se retrouver derrière tout ça et d’en apprendre plus sur tout ce qui compose ce processus de création.
Un rayon de soleil
Si je parle de Réimp, je suis aussi obligé de parler de notre protagoniste qui n’est autre que Kokoro. Cette demoiselle, ancienne judokate de renom et promise à un brillant avenir, est forcée de faire ses adieux à la scène professionnelle et de se reconvertir. Un contexte de base assez difficile étant donné que cela pourrait donner lieu à un personnage assez torturé par rapport à cet avenir brisé. Et pourtant, notre héroïne va constamment garder le sourire et se tourner donc vers le monde de l’édition. On l’accompagne alors dans cette nouvelle aventure qui sonne comme une seconde vie pour elle. Et ce qui va frapper, c’est à quel point sa détermination et son enthousiasme à toute épreuve sont comme des phares dans l’obscurité. Car même si on apprend beaucoup de choses, le récit peut aussi nous montrer le côté éprouvant de ce milieu. C’est dans ces moments-là que l’énergie débordante de cette demoiselle va vraiment nous réchauffer le cœur. On a l’impression, à ses côtés, que tout est possible et que même la pire des situations peut finir par se transformer en un espoir que tout s’arrange. Et plus que ça, elle donne de la force à tous ceux qui l’entourent en parvenant à donner le sentiment que chaque projet qu’elle porte à un véritable potentiel. Elle a beau être la petite nouvelle, Kokoro s’inscrit comme un personnage auquel on a envie de croire et de suivre. Elle apprend constamment sur ce qu’elle doit faire auprès des auteurs, mais aussi au sein du magazine et c’est un pur plaisir que de la voir s’épanouir dans ce milieu. Une bouffée d’air frais au sein d’un environnement qui peut se montrer trop souvent étouffant. Et c’est une grosse qualité pour le manga qui arrive à avoir un personnage qui fédère les lecteurs et donne envie d’en apprendre plus tout en amenant un peu de joie dans un secteur très concurrentiel.
Des artistes bien différents
Comme j’ai déjà pu l’évoquer un peu plus haut, on a déjà eu le droit à plusieurs séries traitant du monde de l’édition. Mais c’est souvent à travers un point de vue pouvant être du côté de l’éditeur ou bien de l’artiste. Cependant, dans Réimp, on va s’attarder non seulement sur le premier que sur le second. C’est d’autant plus intéressant que l’on peut switcher au sein d’un même tome d’un point de vue à l’autre. Et c’est justement dans la partie des mangakas que l’on va découvrir que le titre va dégager une toute autre qualité. Il s’agit des profils proposés et qui représentent bien un large panel de ces auteurs et autrices qui ont donné vie à tant d’œuvres. On peut autant se retrouver face à un jeune artiste faisant ses débuts et ayant du mal à se faire réellement une place. Il est aussi possible de tomber sur un petit génie qui a du mal à accepter les critiques ou même un vétéran qui s’apprête à tourner la page. On a tout un tas de gens que l’on va suivre, sans forcément qu’ils soient au centre de l’attention tout au long du manga. Cela peut être à l’occasion d’un succès inattendu de la part d’un mangaka qui doit maintenant conserver tout l’attrait autour de sa série. Cette diversité est importante, car elle symbolise très bien tout ce qui peut ressortir de ce milieu du côté des auteurs que ce soit en positif ou en négatif. Et il y a une telle sincérité derrière leur écriture que l’on ne peut rester de marbre devant leurs succès, mais aussi leurs déboires et moments de doute. Tout ça renforce l’aspect réaliste de cette série qui ne se limite pas à décrire une partie ou bien de montrer que tout est blanc ou noir. Au contraire, c’est en amenant toute cette variété de personnages que Réimp va nous montrer toute la richesse et complexité de ce milieu.
Chaque facette de ce milieu
Voilà un point que j’avais hâte d’aborder, car c’est pour moi une des plus grosses qualités de la série. Réimp ne se cantonne pas à un seul corps de métier au travers de notre jeune éditrice. Au contraire, tout son apprentissage et son quotidien au sein de ce magazine vont lui permettre de faire la connaissance de chaque petit rouage permettant à un manga de voir le jour, d’être promu ou de se développer. Ainsi, on peut autant se retrouver, dans un chapitre, au contact de l’équipe marketing, des imprimeurs ou même des libraires. Il y a une véritable volonté de la part de l’artiste de ne se donner aucune limite à ce sujet afin que l’on voit clairement tout le chemin qui va amener une idée d’histoire à se concrétiser sur le papier. Et c’est juste fascinant de voir comment tout ça fonctionne et de se plonger dans le travail de chacun. On apprend énormément de choses tout en ayant un réel sentiment d’être plongé dans ce milieu qui ne s’arrête pas uniquement à créer des œuvres. Il est aussi question de tout ce qui peut toucher à l’adaptation d’une série, aux divers concours pour les jeunes talents, des rapports parfois houleux pouvant exister entre un mangaka et ses assistants et tant d’autres. On prend même le temps de montrer une face bien plus sombre de ce travail avec ceux qui privilégient le succès sur les tendances actuelles, quitte à influencer la créativité d’un auteur, que de croire au potentiel d’une histoire. Mais cela ne s’arrête pas du tout à ça, car oui Réimp va encore plus loin. Il est aussi question d’évoquer les changements actuels de la société et du mode de consommation des gens. On va ainsi avoir des chapitres dédiés à la baisse de vente des magazines et aux moyens mis en place pour évoluer afin de ne pas finir sur la paille. Une véritable réussite sur ce plan !
A la fois ludique et enrichissant
Il est déjà tant de clore cette chronique et pour terminer en beauté, je tenais à parler d’une facette très importante de Réimp. En effet, quand un manga fait le pari d’aborder un sujet qui touche au monde du travail, ça peut être à double tranchant. On peut totalement adhérer si on arrive à avoir la bonne approche ou, au contraire, avoir un côté plus rébarbatif et ennuyeux si l’on tombe trop dans le côté explicite et réel qui nous sort du côté fiction. Avec ce manga, Naoko Mazda réussit son objectif à retranscrire tout ce qui peut exister autour du milieu de l’édition au Japon sans pour autant perdre son côté divertissant. Un fabuleux mélange d’apprentissage et d’amusement qui fait que l’on s’implique pleinement dans ce qui se passe. On peut autant apprécier le récit pour son héroïne rayonnante, les défis qu’elle surmonte ou bien toute la découverte de son métier et de ceux qui gravitent autour. Et cela n’empêche pas de passer par bon nombre d’émotions tout au long de cette aventure. Si l’on est sur un titre qui se rapproche grandement de la réalité, celui-ci parvient aussi à avoir des moments beaucoup plus ludiques et funs. Ce qui fait que l’on va avoir le sentiment de ne jamais s’ennuyer et surtout de ne pas non plus crouler sous des informations techniques pouvant nuire au rythme. Au contraire, tout va être parfaitement fluide afin que l’on se concentre autant sur le fonctionnement de toute cette machine que sur les êtres humains qui permettent à ce système de fonctionner. Une belle réussite qui fait que Réimp est une œuvre qui nous enseigne énormément de choses, nous ouvre les yeux sur un domaine qui nous impacte au quotidien et où on est profondément touché par le parcours de ces hommes et femmes qui veulent donner vie à toujours plus d’histoires. Un classique à découvrir sans hésiter !