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Centuria T1 : 100 vies contre une seule

En cette période où l’on approche de la Japan Expo, c’est toujours un moment parfait pour crouler sous les nouveautés. Les maisons d’édition ne cessent de nous proposer des séries inédites et c’est toujours idéal avant l’été qui se profile. Surtout que dans tout ce qui débarque, on peut aussi tomber sur de belles surprises qui arrivent à proposer un début plus que convaincant. C’est exactement ce que j’ai pu ressentir à la lecture de la dernière nouveauté en date des éditions Kurokawa : Centuria. Voilà un titre qui était très attendu par beaucoup de lecteurs et qui a déjà une belle petite aura surtout que l’artiste sera présent à Japan Expo. Tout a donc été pensé pour que l’attention soit concentrée sur cette nouvelle licence et j’ai donc fini aussi par avoir envie de découvrir ce qui se cache derrière cette histoire. Et ce premier volume a su me faire forte impression avec, notamment, des thèmes que j’ai trouvé bien amenés et en parfaite adéquation avec le contexte de cette aventure. Une virée au sein d’un monde de dark-fantasy pouvant être impitoyable et où l’on cherche juste un peu de lumière. Préparez-vous à faire la connaissance d’un jeune homme qui a le poids de nombreuses vies en lui.

Un passager clandestin

Quand je me suis penché sur le synopsis de Centuria, je me suis demandé dans un premier temps où le manga cherchait à nous emmener. Mais dès que je me suis plongé dans cette lecture, j’ai alors pu comprendre qu’on est sur une histoire bien plus profonde que prévu et qui, surtout, cherche à apporter un peu d’espoir dans un univers qui semble en être totalement dénué. Avec seulement sa première partie, le titre va nous poser les bases d’une aventure humaine où le pire de l’homme va faire face à un rêve de lendemain meilleur pour la future génération qui voit le jour.

Trouver un sens à sa vie

Ce que j’aime beaucoup avec ce premier volume de Centuria, c’est que le titre ne cherche pas à jouer absolument avec son côté dark-fantasy dès le départ. Au contraire, on nous dépeint surtout un univers où c’est l’homme qui est le principal monstre, notamment dans toute cette première partie se passant sur le bateau. On voit l’horreur qui attend ceux qui sont désignés de force pour devenir des esclaves. Un contraste terrible entre cet équipage qui profite de leur butin et ces innocents qui veulent juste vivre paisiblement. Et ce qui va briller dans ce premier acte est le travail d’écriture fait autour de Julian. On nous dépeint notre protagoniste comme quelqu’un qui a été vendu très jeune et qui a dû s’en sortir par ses propres moyens. Pour lui, des notions comme la confiance, l’amour ou l’amitié n’existent pas ou bien peuvent conduire à plus de problèmes qu’autre chose. On a donc un personnage principal qui, de base, se montre très réticent concernant son avenir et pense avant tout à lui avant de se concentrer sur les autres. Une forme de survie pour lui, mais qui va être chamboulée après avoir fait connaissance avec les cent personnes qui partagent son sort sur ce navire. C’est au contact de ces êtres qui n’ont rien qu’il va apprendre l’importance d’être bon envers son prochain et d’aider ceux qui sont dans le besoin. Une main tendue qui va amener notre protagoniste a faire un peu le chemin inverse des héros traditionnels dans ce type de récit.

Et si je m’attarde autant sur cette première partie, c’est parce qu’elle reflète parfaitement tout le travail d’écriture de l’auteur pour que l’on ait de l’attachement pour ce personnage et pour l’autre figure qui sera au centre de l’histoire. En effet, on va assister à une scène terrible et qui va servir à introduire l’aspect fantastique de l’œuvre. Si ce qu’il se passe permet d’amener de l’action et surtout des facultés bien particulières à Julian, ce n’est clairement pas le plus important. En fait, ce que je trouve remarquable, c’est que cet événement, découlant d’un moment tragique, va parfaitement symboliser l’importance de chérir sa vie et celle des autres. D’un coup, notre jeune homme doit porter sur ses épaules la volonté de ceux qui ont tout partagé avec lui. Un passage fantastique, car il met en opposition toute la facette sombre de cet univers à ce garçon qui cherche maintenant à trouver ou apporter un peu de lumière pour une autre personne. Un bouleversement dans son écriture qui est à la fois logique, pertinente et surtout émouvante tant elle s’inscrit dans toutes les thématiques souhaitées par l’artiste. Une opposition qui risque fort d’être au cœur de toute la série et qui peut donner lieu à un combat captivant tant il est question ici d’apporter de l’espoir là où il n’y en a plus. De même, le surnaturel qui jaillit sert autant d’enrichissement du lore et de la mythologie de ce monde que de levier permettant à consolider cette bataille à venir. Une lutte qui ne sera pas forcément jouée à travers des coups, mais dans une volonté de changer les choses.

Avec tout ça, Centuria nous délivre un premier acte des plus réussi avec une forte dose d’émotion et surtout des messages clairs d’entrée de jeu. Il n’est pas tant question ici de foncer dans un récit bourré d’action auprès d’un être ayant reçu un don macabre. Au contraire, ce titre cherche à nous raconter le combat mené par ce garçon pour reprendre possession de son destin et offrir ce qu’il n’a pu avoir à une vie venant tout juste de naître. Une quête de sacrifice, mais aussi d’espoir au sein d’un monde qui cherche à étouffer les rêves des gens au profit du désir pervers et sinistre de quelques individus.

Centuria frappe fort

Oui, Centuria est un manga qui ne cherche pas à offrir un premier tome explosif. Au contraire, même s’il y a une bonne dose d’émotion et des scènes fortes, le titre veut avant tout nous confronter à l’humanité souvent absente de ce monde. Et je trouve que c’est magnifiquement représenté tout au long de cette lecture. Je me suis surpris à être totalement captivé par toutes ces petites scènes qui servent à redonner un peu foi en l’être humain pour Julian. Et d’ailleurs, c’est quelque chose d’assez flagrant de voir que la méfiance de notre protagoniste déteint sur nous et prouve à quel point faire confiance est difficile. On va autant voir le pire et le meilleur de l’homme dans ces quelques pages que l’on va constamment se demander par la suite si c’est dangereux ou non de se rapprocher d’un nouveau personnage que Julian rencontre. Cela montre à merveille cette frayeur de l’autre que ce titre arrive à instiller en nous et le réveil de cette inquiétude face à la part sombre qui peut résider en chacun. Et en même temps, cette introduction veut aussi être porteuse d’espoir. Peu importe les défis à venir et l’angoisse qui peut nous assaillir, l’artiste veut que l’on garde cette petite lueur qui permet d’avancer même dans la plus profonde obscurité. Une confrontation qui ne se limite pas uniquement à ceux qui abusent des autres et ceux qui se retrouvent esclaves de ces derniers. C’est un face-à-face encore plus philosophique qui se joue devant nous et qui oppose tout bonnement les diverses facettes de la nature humaine qui peuvent autant être chaleureuses que sinistres.

Vous l’aurez donc compris à ces quelques lignes, j’ai adoré ma découverte de Centuria. Un premier volume qui fonctionne très bien et arrive à accrocher l’attention du lecteur sans forcément en mettre plein les yeux d’entrée de jeu. On sent qu’il y a encore beaucoup à offrir et même la partie fantastique de la série peut se développer bien plus par la suite. Mais tout ça est savamment saupoudré tout au long de ces cases afin que l’on se focalise d’abord sur Julian et son nouveau compagnon de route tout en se demandant ce que pourra donner tout ça dans les prochains chapitres. Surtout que le trait du mangaka est riche en détails et nous offre des scènes plus que spectaculaires. Une œuvre qui réussit totalement son pari et qui arrive à nous plonger dans les méandres de l’âme humaine où l’espoir et le désespoir se bousculent constamment. Et cela amène énormément de potentiel pour la licence qui peut facilement partir dans une direction aussi surprenante que captivante. Si vous cherchez un manga qui traite avec brio de thématiques importantes tout en faisant la promesse d’une aventure marquante alors vous serez sûrement convaincu par cette histoire. Bien sûr, j’ai maintenant tout un tas de questions qui me trottent dans la tête. Est-ce que Julian va réussir à conserver ce maigre espoir qui vit au plus profond de lui ? Va-t-il faire la connaissance d’individus respectables ou bien de véritables ordures ? Comment va-t-il utiliser ses nouvelles facultés ? Que nous réserve de plus ce monde qui semble en proie à un cycle éternel de destruction ? Il me tarde de me lancer dans les prochains tomes.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Centuria. Trouvez-vous que le manga réussit à nous délivrer une introduction aussi émouvante que puissante ? Etes-vous curieux de voir le destin qui attend ce jeune garçon et ce nouveau-né ? Pensez-vous que l’aspect fantastique du titre va avoir une grosse incidence par la suite concernant le développement de notre protagoniste ? Trouvez-vous que les thèmes évoqués sont bien amenés et importants ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

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