Mafia : the Old Country : un jeu qui sait où il veut aller
Depuis sa sortie, Mafia : the Old Country fait couler beaucoup d’encre. SI certains apprécient beaucoup la proposition de Hangar 13, d’autres en font la cible d’une tendance que je trouve bien triste aujourd’hui, à savoir pointer du doigt une œuvre “linéaire”. Un terme qui est vraiment devenu péjoratif pour une grande partie des joueurs avec le temps alors que ce n’est en rien une bonne ou une mauvaise chose. C’est une façon d’écrire un récit et une narration qui a de nombreux avantages comme le montre très bien ce nouvel opus de la saga. Je me suis donc dit que j’allais vous proposer une chronique sur cet opus que j’ai fini en live et qui a, à mon sens, énormément à offrir. Mais surtout, cela va me permettre d’aborder certains points concernant l’industrie vidéoludique et le regard des joueurs qui n’acceptent plus qu’un jeu soit simplement bon. Car oui, je le reconnais, Mafia : the Old Country a des défauts, mais il est aussi important de voir si ses qualités lui permettent de passer ça afin que l’on puisse aller à l’essentiel : apprécier l’aventure proposée. Je vous invite en Sicile pour faire la connaissance de Enzo dont la vie va prendre un tournant des plus sombres.
Un scénario d’une grande intensité
Et là oui, je commence tout de suite à rentrer dans le vif du sujet avec le scénario de ce Mafia : the Old Country. Avant tout, il faut vraiment voir cet opus comme se rapprochant beaucoup, à mes yeux, du remake du premier épisode qui était aussi très bon. Ainsi, nous ne sommes pas projetés dans un vaste monde ouvert (même s’il existe) pour se balader et déclencher des missions au gré de nos envies. Au contraire, le studio a voulu que quand on lance l’histoire, on enchaîne les chapitres sans réel temps mort. Et ça, c’est déjà un premier point important que je tiens à souligner. Oui, le jeu est court avec une dizaine d’heures pour finir la trame principale, mais c’est amplement suffisant. Dès le départ, on nous fait comprendre que l’on va se concentrer sur le récit que l’équipe a voulu nous raconter et elle le fait très bien. Le début peut sembler prendre son temps pour se mettre en place, mais c’est justement dans un souhait d’exposition du décor et des éléments qui permettront de poser les bases de ce scénario. Et plus on avance dans le récit et plus on sent la tension grandir tandis que l’on rejoint la famille Torrisi dans ses activités criminelles. Mais là, on peut se dire que l’intrigue est classique étant donné que c’est un schéma que l’on retrouve dans beaucoup d’œuvres autour de la mafia. Oui, et ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Depuis le tout premier Mafia, cette saga a toujours clamé haut et fort son inspiration cinématographique. On retrouve exactement le type de formule que l’on peut retrouver dans des films qui sont devenus cultes. Et l’intérêt dans ce cas est de voir comment cela est amené au travers de ce média qu’est le jeu vidéo. C’est là où on voit que ce quatrième opus joue admirablement bien sur les deux tableaux en proposant une mise en scène très théâtrale entrecoupée de phases de gameplay.
Comme je l’ai dit un peu plus haut, l’intrigue principale est finalement classique si vous connaissez un tant soit peu d’autres œuvres autour de ce thème. Cependant, l’émotion était bien là tout au long des heures où j’ai parcouru ces routes de Sicile. La raison à ça est que l’on prend le temps de développer chaque personnage pour qu’il trouve parfaitement sa place dans ce récit. C’est simple et diablement efficace tout en permettant d’avoir de l’empathie pour certains malgré le fait que l’on est face à des criminels. Car c’est là que le studio sait frapper juste comme ils l’ont fait avec la Definitive Edition du premier épisode. On nous montre un milieu terrible où l’on joue sur les notions de famille et d’honneur pour pousser des gens à commettre l’irréparable. Ceci est très bien représenté à travers des personnages comme Enzo, Cesare ou même Luca. Surtout qu’on s’inscrit ici dans une période bien précise où les règlements de compte pouvaient prendre une dimension effroyable en créant un bain de sang. On joue ici sur les traditions d’une Italie qui est à un tournant tragique de son histoire pour appuyer encore plus sur la dimension tragique de ce scénario. D’ailleurs, il y a aussi une grande place qui est faite à l’amour et à quel point cela peut provoquer bien des tourments dans un tel environnement où chaque jour peut être le dernier. Tout ce que je dis là peut sembler être du déjà vu, mais ça fonctionne et il n’y a pas besoin de plus pour passer un excellent moment. On va suivre le destin de ce jeune mineur qui se retrouve, du jour au lendemain, avec la possibilité d’avoir du pouvoir et un foyer, mais à un prix qui salira à jamais ses mains. Une excellente représentation de cette descente aux enfers et qui m’aura tenu en haleine jusqu’au bout de cette aventure vidéoludique.
Un rythme efficace
La première partie que j’ai abordée concernant ce Mafia : the Old Country me permet d’aborder un autre point crucial à mes yeux ici. La durée de vie qui, pour beaucoup, semble vraiment très légère. Et pourtant, c’est justement en concentrant son récit sur ces quelques heures que le titre arrive à ne pas avoir de longueurs venant casser l’immersion et le rythme de cette aventure. On enchaîne chaque mission en se demandant où tout ça va conduire Enzo et on ressent totalement cette montée de la tension. Et c’est là où je veux en venir. Faire une épopée condensée en une dizaine d’heures permet de maîtriser pleinement la narration pour que l’on soit plongé dans ce qui se passe. Nous sommes avant tout là pour connaître le destin de cet ancien mineur au sein de la famille Torrisi. On va parcourir des lieux magiques, mais pour atteindre toujours des destinations où le mal reprend ses droits. Tout ça va aussi servir à placer stratégiquement les moments qui vont procurer des frissons aux joueurs afin que celui-ci soit encore plus investi dans ce qu’il se passe. Une aventure pleinement narrative et qui m’a donné le sentiment d’aller au bout de ses idées sans qu’il n’y ait besoin de quoi que ce soit en plus. Car oui, l’exploration du monde que l’on nous propose est assez limitée dans chaque mission. Le vrai moment où l’on peut se lancer dans une petite virée libre en Sicile est une fois le jeu fini avec le mode exploration. Et je trouve que c’est une très bonne idée. Cela permet de ne pas se disperser et de se concentrer sur ce qui est réellement essentiel ici. Mieux vaut justement être plongé ici dans une histoire courte, mais intense où l’on se concentre sur l’objectif à accomplir que d’être constamment attiré par autre chose quitte à perdre notre implication dans l’histoire.
Certains titres arrivent très bien à jouer sur ce sentiment d’exploration pour créer une expérience enrichissante et fun. Mais ici, ce n’est pas le but recherché. On veut mettre à l’honneur l’histoire imaginée par le studio pour ensuite vaquer à nos petites balades. Une proposition qui fonctionne très bien et dont il n’est pas nécessaire de la comparer à tout bout de champ à des jeux open-world qui eux misent là-dessus. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que le jeu est proposé à un prix bien plus bas que les standards habituels que l’on peut voir aujourd’hui dans l’industrie. Cela montre que les développeurs sont conscients de ce qu’il nous délivre et surtout que l’intérêt principal va venir de cette histoire. Et sur ce point, il n’y a vraiment pas de faute, car il y a un véritable effort qui est fait pour que l’on soit emporté par le destin de ces personnages qui évoluent dans ce milieu criminel. En plus de ça, le rythme un peu lent que l’on peut retrouver durant les premiers chapitres est aussi nécessaire à mes yeux. C’est ce qui permet d’établir le point de départ d’Enzo et de comprendre pourquoi il finit par basculer dans cet environnement. Le jeu sait très bien quand il a besoin d’être lent et quand il est nécessaire d’accélérer pour mettre un peu plus de pression sur les épaules du joueur. Tout ça est largement suffisant pour apprécier ce qui nous est offert et surtout coller à la vision de l’équipe derrière concernant le jeu vidéo. Une proposition qui a parfaitement fonctionné sur moi et qui montre une très bonne maîtrise sur tous ces plans. C’est simple, je n’ai pas vu le temps passer tandis que je découvrais en live cette épopée tragique qui, je le redis, n’invente rien, mais sait parfaitement raconter ce qu’elle souhaite. Et cela m’a suffi pour que l’on soit happé par ce qui se passe à l’écran.
Mafia : the Old Country offre un voyage dépaysant
Alors oui, il faut quand même parler des défauts du jeu qui se trouvent surtout dans une technique parfois datée, notamment dans les mouvements des personnages et surtout des gunfights pas forcément les plus intenses de la série. Des éléments qui sont présents, mais qui sont loin d’être insurmontables, car cela fonctionne tout de même. En fait, on est tellement dans une culture du “tout doit être plus beau ou plus réaliste” que l’on oublie aussi ce qu’il peut y avoir à côté. On juge presque plus sur la forme que sur le ressenti que l’on a manette en main et qui ne se limite pas uniquement à du combat. En effet, cela passe aussi par la B.O par exemple et je dois dire que Mafia : the Old Country offre de très beaux morceaux. Coup de cœur d’ailleurs pour le thème principal qui arrive à apporter des notes d’émotions quand on bascule dans le tragique. Une musique qui n’est pas forcément spectaculaire, mais qui s’inscrit pleinement dans ce que le jeu cherche à nous transmettre et aussi à l’environnement dans lequel on évolue. Et cela permet de rebondir sur un autre point qui a aussi été un énorme coup de cœur pour moi : les décors. Même s’il y a par moment du clipping à certains endroits, j’ai été totalement immergé dans cette Sicile et ces paysages somptueux. J’ai vraiment eu l’impression de voyager dans le temps et de retrouver ce que j’ai pu connaître quand je voyageais en Italie. Des petites maisons campagnardes et des villes ensoleillées où je me surprenais à juste me balader pour admirer tout ça. Cela a eu pour effet même que je prenais le temps de ralentir entre deux missions pour savourer le trajet emprunté. Un pur dépaysement qui fait du bien et qui montre aussi un autre endroit que ce que l’on peut avoir l’habitude d’observer dans le jeu vidéo.
On a une excellente retranscription de cette zone à cette époque. Les vignobles, les montagnes et la mer offrent autant de plans où l’on s’arrête quelques instants pour oublier toutes ces histoires de vengeance et de mafieux pour apprécier le moment présent. La direction d’acteur est tout aussi excellente pour que l’on ressente tout ce par quoi ils traversent. Alors peut-être que le jeu est daté pour certains, mais pour ma part, j’ai tout simplement pris énormément de plaisir à savourer cette expérience. Un jeu vidéo qui nous montre qu’il n’est pas nécessaire de faire toujours plus grand, de révolutionner l’industrie ou bien d’être proche de la réalité pour que l’on s’amuse. Car c’est et ce sera toujours le plus important à mes yeux. Le jeu vidéo est avant tout une passion où l’important est ce que l’on ressent et non forcément une course à la technologie ou à tout standardiser, car cela finit par devenir fade. En perdant de vue l’objectif premier du jeu vidéo, on en finit par oublier l’essentiel qui est tout bonnement la joie de s’amuser, de vivre des aventures extraordinaires dépassant le cadre de la réalité ou de partager un moment fun avec des proches. J’avais besoin d’écrire cette chronique afin d’aborder tous ces sujets, car je trouve que Mafia : the Old Country est un très bon exemple de ça. Alors peut-être qu’il vaut pour certains un 7/10, mais rappelez-vous quand même que c’est déjà une très bonne note. Il n’y a pas uniquement des 0 ou 10 et il faut aussi savoir apprécier ces aventures qui peuvent nous surprendre agréablement sans pour autant être une révolution. Merci en tout cas aux développeurs pour cette très belle épopée que j’ai appréciée de bout en bout.