Cervin – le roi oublié T1
La dark fantasy est un genre qui peut totalement correspondre à l’ambiance d’octobre où les frissons se retrouvent dans bon nombre d’œuvres. Il faut dire que celle-ci arrive à tordre les codes de la fantasy, pourtant imaginée pour nous faire rêver, afin de créer des histoires qui vont prendre le chemin inverse. On se retrouve alors très souvent face à un tableau bien sinistre, macabre et violent montrant que même l’imaginaire peut devenir cauchemardesque. Et si j’évoque ça, c’est parce que les éditions Pika ont récemment accueilli au sein de leur catalogue un nouveau titre de ce genre. Je parle bien sûr de “Cervin – le roi oublié” qui sera notre sujet du jour. Je tiens à le préciser avant toute chose, on est sur une histoire réservée avant tout à un public averti au vu des scènes dont on peut être témoin. J’étais initialement intrigué par ce récit grâce au trait de l’auteur. Un style collant parfaitement à ce type de manga et qui me laissait penser que l’on pouvait avoir au sein de ces pages des moments absolument spectaculaires. Mais en plongeant dans cette lecture, j’ai vu que cette série inédite avait bien d’autres arguments à montrer. Préparez-vous à accompagner un père et sa fille dans leur quête pour récupérer leur royaume.
La chute d’un royaume

Synopsis
Trahi par l’empire d’Iria, le royaume de Hellenthal tombe… mais sa chute marque également l’avènement du dragon maléfique que le pays du roi Cervin entravait depuis des temps ancestraux. Arsinoé, la fille du bon roi, s’interpose en usant d’un pouvoir divin pour neutraliser la créature en échange d’une lourde contrepartie : tous ses souvenirs de son père.
Dépossédés de leur patrie et de leur famille, le roi déchu et la princesse amnésique voyagent en quête de renaissance afin d’arracher leur royaume des griffes du prince irien Kontrano et de ses sbires…
Mangaka : Kousuke Hamada
Dès le départ, “Cervin – le roi oublié” nous fait comprendre que l’on plonge dans des terres qui sont très loin d’être hospitalières. C’est même tout le contraire qui se passe avec un ton qui se veut volontairement sombre et surtout un univers de dark-fantasy sans pitié. Et c’est justement dans la construction de ce dernier que le titre va tirer son épingle du jeu tout en amenant un tandem qui va rapidement attirer notre regard. On assiste à un véritable enfer qui va laisser derrière lui bon nombre de victimes et surtout un roi et sa fille qui se raccrochent à ce qu’ils peuvent pour aller de l’avant.
Un univers aussi sombre que prometteur
Dès le départ, “Cervin – le roi oublié” donne le ton de ce qui nous attend. On voit notre protagoniste lutter de toutes ses forces face à des assaillants qui ont plus l’air de gobelins ou d’orcs que d’humains. Le lecteur est pris dans le feu de l’action sans réellement comprendre ce qui se passe ou les enjeux qui découlent de ce combat. Cela permet de mettre tout de suite celui-ci en condition pour les dangers qui vont arriver tout au long de sa lecture. Et c’est aussi très intéressant de voir cette approche comme une manière de nous immerger pleinement dans cet univers qui se montre directement brutal et particulièrement sanglant. Il suffit de voir les quelques pages qui viennent ensuite et la chute de ce royaume pour comprendre que l’on est bien dans de la dark-fantasy pure et dure. Et là, la première chose qui m’a frappé est le style graphique du mangaka qui arrive autant à mettre à l’honneur le côté apre et éprouvant de ce monde que de nous offrir des plans absolument fabuleux où l’on en prend plein les yeux. C’est justement voulu de combiner ces deux points, car cela permet à l’auteur de nous ouvrir les yeux sur ce qui nous attend et surtout sur le sombre voile qui s’étend sur ces contrées. Je trouve que le titre réussit habilement cette entrée en matière afin que l’on soit à la fois écoeuré par ce qui se passe et que l’on partage cette envie de représailles qui nourrit le cœur de notre ancien roi.
Surtout que tout au long des chapitres, on nous fait comprendre que ce conflit, qui a mis fin à son règne, n’est pas l’unique élément qui souligne toute la corruption et la décadence qui frappent ce continent. Et si cela présente un tableau peu reluisant, c’est justement une excellente façon de créer un enrobage de dark-fantasy efficace où l’on va craindre à chaque page tournée qu’un malheur s’abat sur nos deux personnages. Mais en même temps, on a envie de continuer, car l’univers proposé regorge de tant de possibilités. En un seul volume, on va découvrir les mythes de ce monde, plusieurs peuples et nations qui s’affrontent sur l’échiquier politique, des légendes et aussi des histoires plus personnelles qui vont donner vie à cet univers. On avance en ayant envie d’en apprendre plus sur tout ça et cela contribue fortement au plaisir que l’on éprouve tout au long de notre périple malgré la rudesse de cette lecture. Et un autre point qui m’a vraiment convaincu vient de ce binôme que l’on va accompagner. Cervin est un personnage que je trouve captivant, car il passe du seigneur luttant pour sauver ce qu’il peut à un vagabond négligé et déterminé à récupérer ce qu’il lui revient de droit. Un homme de peu de mots, mais qui se bat toujours comme un lion quand c’est nécessaire et qui se montre avisé quand il le faut. De l’autre, Arsinoé, une jeune fille douce, curieuse et qui va oublier tout ce qu’elle sait de son père dans le but d’empêcher une catastrophe. Elle se retrouve alors en compagnie d’un homme qui est pourtant son père, mais qu’elle ne parvient jamais à accepter comme telle à cause de ça. Cela donne une synergie assez complexe et captivante. Il est autant question de liens familiaux que de l’incertitude de pouvoir être un bon père tout en passant sur la difficulté à donner sa confiance à une personne dont on ignore tout alors que l’on partage pourtant les liens du sang. Une écriture réussie et qui donne énormément d’impact à chaque échange entre ces deux personnages.
J’ai trouvé qu’en un seul volume, “Cervin – le roi oublié” réussissait à nous plonger efficacement dans son univers tout en nous laissant avec énormément de promesses. Proposant déjà un lore conséquent et énormément de choses à nous raconter, on peut être enthousiaste par rapport à ce qui arrive ensuite. Mais en plus de ça, on fait face à une épopée qui s’annonce aussi grandiose que très personnelle pour nos deux protagonistes de par leur lien. Un voyage semé d’embûches, mais qui peut aussi réserver énormément de surprises au vu des chamboulements de ce monde.
Cervin entame son voyage
Avec ce premier volume de “Cervin – le roi oublié”, le lecteur plonge dans un récit qui va le prendre aux tripes tout en assistant à un véritable cauchemar éveillé. On assiste impuissant à la chute de ce royaume et surtout au désespoir que va ressentir ce roi qui semblait apprécier de tous et qui n’a rien pu faire. Un protagoniste dont l’énergie qu’il avait au début du manga laisse place à une enveloppe presque vide qui n’avance que pour atteindre son objectif et protéger la seule famille qui lui reste. La transition entre ces deux étapes est vraiment bien réussie et contribue énormément à procurer de la tristesse envers ce personnage dont le visage devient de plus en plus sombre. C’est là aussi où sa fille peut servir de dernière bouée de sauvetage pour qu’il ne succombe pas à ce vide qu’il a en lui, mais en même temps son sort peut aussi l’amener à chuter plus violemment. Voilà un manga qui arrive parfaitement à créer une histoire reposant sur un tandem efficace tout en créant un environnement qui soit à la fois sans pitié et captivant à découvrir. On est autant guidé par ce désir de vengeance partagé avec ce roi que par l’envie d’en savoir plus sur chaque nation. Mais surtout, on se demande s’il est encore possible d’espérer dans ce monde où l’espoir, la joie et la paix ne semblent pas possibles. Tout ça donne vie à une épopée aussi grandiose que prometteuse et qui ne va pas nous laisser sans séquelles tant nos protagonistes vont connaître l’enfer.
Voilà une très belle surprise pour ce premier volume de “Cervin – le roi oublié” qui s’est rapidement transformé en un petit coup de cœur. Je note surtout l’incroyable potentiel qui peut se dégager de cette histoire pouvant autant partir sur d’impressionnants conflits que des enjeux géopolitiques tout ça saupoudré par une bonne dose de dark-fantasy. D’ailleurs, je le réitère, mais nous voilà face à un titre qui doit être réservé à un public averti du fait de la violence qui s’en dégage, mais aussi de certaines scènes à ne pas mettre entre les mains des plus petits. Alors que le manga continue au Japon, on peut facilement s’imaginer tout un tas de péripéties sur la route de ce père et de sa fille dans leur souhait de ramener la paix au sein de leurs terres. Si vous aimez tout ce qui touche à la dark-fantasy avec un trait soigné et énormément de potentiel alors vous serez sûrement conquis par ces premiers pas dans cet univers. Mais bien sûr, les questions fusent dans ma tête après avoir refermé ce tome. Est-ce que Cervin peut réellement réussir à atteindre son objectif alors qu’il est seulement accompagné de sa fille ? Cette dernière finira-t-elle par se rappeler de qui est cet homme qui l’accompagne ? Vont-ils s’entourer d’autres alliés pour réussir à surmonter les prochains obstacles ? Qu’est-ce que cet ennemi cherche à accomplir suite à cette brutale attaque ? Il me tarde maintenant de me replonger dans ce monde où l’espoir ne tient plus qu’à un fil pour l’ensemble des habitants.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de “Cervin – le roi oublié”. Trouvez-vous que le titre réussit à proposer un univers particulièrement prometteur ? Avez-vous apprécié tout ce qui se met en place au travers de la quête de ce roi déchu et de sa fille amnésique ? Etes-vous curieux d’en apprendre plus sur ce monde et surtout sur les intentions de ces traîtres ? Appréciez-vous le duo que l’on suit et surtout ce que celui-ci raconte à travers cette relation familiale ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.