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Gaming Horror Show : Arlecchino et son art

En cette nouvelle semaine, je vous propose un numéro inédit de “Gaming Horror Show” et c’est en terminant récemment Lies of P, ainsi que son DLC, que je me suis dit que j’avais envie de parler d’un adversaire qui m’a beaucoup marqué. Car oui, il y a bien un ennemi dans ce jeu qui permet au titre de plonger dans l’effroi et qui va autant être une figure secondaire dans le jeu de base pour finalement atteindre un tout autre niveau dans le contenu supplémentaire. Je parle bien sûr de Arlecchino, le fameux roi des énigmes dont l’histoire va donner bien des frissons au fur et à mesure de nos découvertes. Je me suis donc dit que c’était l’occasion de m’attarder sur cet adversaire qui a su laisser son empreinte chez tous les joueurs à sa manière. Évidemment, il risque d’y avoir des spoilers afin de parler en détail de son histoire et de ce qui fait qu’il est sûrement l’ennemi le plus terrifiant du jeu. Passant d’une simple voix posant des énigmes à travers un combiné à un boss qui va nous terrifier, il y a beaucoup à dire sur celui qui a fait trembler toute cette ville pour la seule gloire de son art. Attention, le poursuivre est à vos risques et périls.

Une voix à l’autre bout du fil

Ce que j’apprécie tout d’abord dans Lies of P est que le titre arrive à donner énormément de place à ses personnages secondaires pour se développer. Mais pour ça, il faut prendre le temps de leur parler et de réaliser les quêtes qui leurs sont propres. Et parmi cette galerie de personnages intéressants, Arlecchino est encore plus singulier étant donné qu’une très grande partie de nos échanges avec lui ne se font pas de face. C’est en nous dirigeant vers notre objectif que l’on va être interrompu par le bruit d’un téléphone qui sonne. La curiosité s’empare de nous et on décide de décrocher. On entend alors la voix de ce personnage dont on ignore tout et qui se présente comme le “Roi des énigmes”. Ce qui fait que dans un premier lieu, on a surtout l’impression d’avoir au bout du fil un être assez spécial et même un peu amusant avec sa façon de parler en rimes et les questions qu’il pose. Surtout que si on répond bien, on obtient une clé permettant de débloquer une salle spéciale un peu plus loin. Et ça va être comme ça pendant une grande partie de notre périple. Cela donne l’impression, à chaque fois qu’on entend la fameuse sonnerie, de retrouver une figure récurrente alors que l’on ne sait même pas à quoi il ressemble. Cela va avoir pour effet de titiller notre curiosité et l’envie d’en apprendre plus sur ce fameux Arlecchino qui semble s’amuser avec nous. Mais progressivement, on se rend compte que l’individu qui nous appelle pourrait bien être plus dangereux qu’il n’y paraît.

En effet, à chaque nouvelle salle que l’on débloque, on obtient des petits indices sur ce qu’il a pu commettre ou ce qu’il cherche réellement à nous transmettre. Et finalement, ses dernières questions ne sont pas juste là pour satisfaire son étrange amusement. Il nous confronte à tout ce que l’on a pu faire jusqu’ici en nous faisant comprendre que l’on est aussi un meurtrier après avoir tué des humains au milieu de tous ces pantins. Il nous confronte à notre propre paradoxe qui est que l’on est une marionnette qui va à l’encontre des règles immuables dirigeant leur vie. Et c’est là que l’on comprend que tout comme nous ou certaines autres machines, Arlecchino a aussi développé son propre égo en réveillant les souvenirs qui résident dans son ergo. C’est justement quand on fait enfin face à lui que l’on découvre un pantin en très piteux état, prisonnier d’une salle et d’une condition l’empêchant de bouger. Il attend et cherche juste à s’amuser avec nous pour finalement nous conduire à lui. La vérité éclate alors, car nous avons devant nous la première marionnette tueuse en série qui a fait trembler toute cette ville. Un monstre de fer qui a causé l’enfer vécu par Venigni gamin. Il est celui qui a tué ses parents et laissé cet enfant vivre juste pour s’amuser à voir comment il évoluerait. Et même si cela ne dure que peu de temps, ces quelques échanges avec lui et cette vérité qui éclate nous glacent le sang tant il est représenté comme le mal à l’état pur. Il n’est pas question ici d’un ennemi ayant des raisons de ses actes. Au contraire, il le dit lui-même qu’il fait ça juste pour satisfaire ses pulsions morbides. Il va même jusqu’à se présenter comme un artiste du meurtre sans le moindre remords et qui n’a même que faire de son état actuel tant il sait qu’il a marqué à jamais la vie de tous ceux qui ont croisé sa route. Et dans sa longue liste, il y a nous qui, même si nous n’avons pas été témoin directement, avons été confronté à sa folie. On a joué son jeu pour finalement être devant cette carcasse dont la vie ne tient qu’à un fil. Mais si déjà ce pantin vient hanter notre périple à travers ce qu’il a commis et le fait qu’il a finalement été le marionnettiste qui s’amusait avec nous, c’est réellement dans le DLC que l’on va prendre toute l’ampleur de ce monstre.

Arlecchino détruit

Un artiste aux œuvres sanglantes

On va entrer dans une autre zone spoil ici, mais c’est nécessaire pour bien prendre connaissance de la portée de ce personnage que l’on pourrait pourtant croire anecdotique. Et pourtant, il est sûrement celui qui aborde le plus la notion d’humanité dans ses pires travers notamment dans le fait de voir le meurtre comme une forme d’art prouvant qu’il est vivant. Dans le DLC, on est très loin de se douter qu’il sera présent, car sa présence est gardée secrète pendant un long moment. On va juste être témoin de ses “oeuvres” sans forcément savoir qu’il est derrière tout ça. Et c’est justement ce qui va créer le malaise tout au long de l’aventure tant on va observer des choses absolument inhumaines tout au long de ce voyage. Surtout qu’il est question de la disparition de Romeo, l’ami d’enfance de notre protagoniste, étant donné qu’il s’agit d’un voyage dans le passé. Jusqu’au bout, on se demande qui peut bien être celui qui a osé enlevé le jeune homme jusqu’à ce que l’on découvre quelques informations au fil de documents récupérés. On comprend alors que celui qui est connu comme “le roi des énigmes” dans le présent pourrait bien être impliqué après avoir été gravement blessé par la rôdeuse légendaire et qu’il ait été récupéré par les alchimistes. Mais c’est au moment où l’on arrive dans la dernière section du DLC que l’on prend conscience de tout ce que cela implique. En réalité, Arlecchino est celui qui a commis tant d’atrocités au moment où Krat a plongé dans le chaos.

L’ancien orphelinat est devenu son terrain de jeu et notre arrivée va nous confronter à un autre de ses crimes mettant justement en scène Romeo. On est tiraillé entre la colère et l’angoisse de découvrir celui qui a pu commettre un tel acte. Et c’est là que cet antagoniste montre aussi sa force, car il ne s’agit pas juste d’un monstre qui tue sans vergogne. A travers son “art morbide” il va aussi directement s’attaquer à l’esprit de ceux qui vont découvrir ses victimes. A chaque crime, celui-ci va se répercuter sur les autres personnages qui deviennent ensuite d’autres proies entre ses mains. Un tueur aussi impitoyable que fou dont la cruauté cache aussi une extrême ruse au service de ses pulsions morbides. Nous ne sommes que des proies potentielles aux yeux de cette marionnette qui regroupe toute la cruauté humaine et fait de lui un être ayant transcendé son état initial. Et c’est encore plus représentatif quand on finit par l’affronter en tant que boss final. Loin de l’image que l’on pouvait avoir de lui dans le jeu de base, ici on peut contempler un pantin qui a tout l’air d’être humain mise à part quelques morceaux mécaniques qui trahissent son statut. A travers les quelques mots qu’il va avoir et surtout sa gestuelle, on n’a clairement plus l’impression d’avoir une coquille de métal devant nous, mais un être vivant qui ne cherche qu’à s’amuser dans le meurtre. Cela suffit amplement à nous donner des sueurs froides avant même de l’attaquer surtout au vu de sa puissance. Pour ne rien arranger, il possède une deuxième phase où il revient bien plus à une enveloppe mécanique, mais encore plus terrifiante de par son utilisation du sang pour se renforcer. Un terrible mélange entre l’acier et la chair qui va nous terroriser tout au long de cet affrontement et même après. Il passe alors d’une figure secondaire ayant déjà laissé son empreinte dans Lies of P à un antagoniste absolument mémorable et horrifique dans Overture.

Arlecchino est un monstre de fer et de chair

On pourrait croire que Lies of P est un Souls-like aux nombreuses qualités, mais qui garde une atmosphère assez envoûtante du fait du conte initial. Pourtant, quand on s’attarde plus en détail sur le jeu, on voit à quel point celui-ci incorpore des éléments horrifiques. Rien que le brusque revirement des marionnettes et le soin apporté au malaise qu’ils provoquent suffit à nous faire avancer avec la boule au ventre. Et parmi tout ça, Arlecchino est sûrement le pinacle de ce que le titre arrive à créer comme effroi. Je trouve justement que les développeurs ont fait un travail remarquable autour de ce personnage qui, je le rappelle, n’était qu’une figure secondaire dans le jeu de base que l’on pouvait totalement zapper si on ne fait pas sa quête. Mais c’est en prenant le soin de la faire qu’on se rend compte de l’importance que revêt cet antagoniste qui va prendre tout son essor dans le DLC. Déjà dans l’aventure principale, on ouvrait les yeux sur la cruauté de cette machine qui avait éveillé sa propre conscience. Et même si elle nous terrifiait par ses mots et le plaisir qu’elle exprimait à ressasser ses anciens crimes, on se disait que cela ne se limitait seulement qu’à un petit nombre. Cependant, quand on se lance dans cette autre épopée à travers le temps, on comprend à quel point il a terrifié et blessé profondément un nombre incalculable d’individus. Surtout que dans le lot, il y a pas mal de figures centrales du récit et cela montre clairement qu’il a tous les atouts nécessaires pour être un méchant emblématique de cet univers. 

Mais en plus de tout ça, Arlecchino est une figure importante collant parfaitement à tout ce que le studio a voulu raconter à travers son jeu. Depuis le départ, on nous met aux commandes d’une marionnette dont l’humanité va grandir au fil de l’aventure au fur et à mesure de ses mensonges, de ses échanges avec les autres et des actes qu’elle va commettre. Toute la question est justement ici de montrer que derrière cette armature d’acier peut naître une conscience humaine et qu’il est donc important de savoir si oui ou non on considère qu’il est devenu un homme à part entière. Et si l’on accepte ce fait, on doit aussi accepter que Arlecchino est aussi un humain enfermé dans un corps de métal qui représente tous les travers de la nature humaine. Un rappel de la violence dont peut faire preuve l’humanité à l’égard de ses semblables sans aucune raison valable si ce n’est le plaisir morbide de celui qui ôte la vie. Il est terrifiant parce qu’il réunit à lui seul tout ce qui nous terrifie chez l’être humain. J’espère en tout cas que cette chronique vous aura plu et qu’elle vous aura donné envie d’en découvrir un peu plus sur ce personnage et aussi ce jeu qui est l’un de mes gros coups de cœur. On se retrouve très vite pour toujours plus d’aventures.

Arlecchino

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