Salaryman Z T1

J’ai pu l’évoquer en début de mois, mais le genre de l’apocalypse zombie est toujours une petite valeur sûre pour passer un bon Halloween. Il faut dire aussi que ce type de récit, longtemps utilisé à saturation, a fini par revenir. Et ce qui est intéressant est que l’on voit aussi une volonté de la part d’artistes de renouveler ce style en y insufflant une dose d’originalité, en parodiant les codes ou bien en changeant le point de vue abordé. Cela permet de briser une routine déjà bien connue pour nous étonner et retenir notre attention. C’est exactement ce que j’ai pu découvrir récemment avec la nouveauté des éditions Panini : Salaryman Z. Dès le départ, j’étais intrigué par cette œuvre concernant la façon dont les zombies allaient être utilisés pour aborder le monde du travail. Mais je ne m’attendais pas du tout à ce que le titre puisse frapper aussi fort dès son premier volume. Un titre qui a énormément de potentiel et surtout qui va utiliser avec brio ce type de fin du monde pour nous amener sur un terrain inconnu. Je vous invite donc à rejoindre une entreprise qui va devoir s’adapter face à une clientèle qui a du mordant.

Une crise pour s’adapter

Synopsis

Yûsaku Maeyamada, un employé de bureau âgé de 40 ans, fait de son mieux pour transmettre à ses jeunes collègues l’ardeur et la passion du travail acharné, fidèle à ses valeurs de « l’ancienne école ». Mais tout bascule lorsqu’un virus inconnu déclenche une pandémie mondiale, perturbant le quotidien bien ordonné de ce salaryman.

Mangaka : Number 8 & Ten Ishida

Avec ce résumé, Salaryman Z peut clairement sembler assez classique étant donné qu’on nous parle simplement du fait qu’une apocalypse zombie va bouleverser le quotidien des vivants. Mais ce n’est clairement pas représentatif de ce qui nous attend dans ce premier volume. Car oui, notre fameux protagoniste va clairement chambouler tout ce qui fait les codes de ce type d’histoire pour nous amener dans une direction surprenante. On va assister à la naissance d’un mélange diablement efficace où la culture d’entreprise va être au centre de la survie au sein de cet environnement particulièrement dangereux.

Un business plan solide

Ce qui va rapidement se démarquer quand on se lance dans la lecture de Salaryman Z est notre protagoniste. En effet, Yûsaku Maeyamada est un sacré personnage qui va retenir toute notre attention tant il est pensé pour représenter la vieille culture d’entreprise japonaise. On va constamment le voir citer de grandes phrases provenant de certains noms bien connus des grosses entreprises japonaises. C’est déjà quelque chose d’assez surprenant, car ça permet aussi d’en apprendre plus sur ceux qui ont façonné l’industrie du pays tout en y amenant une vision plus humaine au vu de la personnalité de notre protagoniste. Car si ce dernier fait beaucoup de zèle, il est aussi un homme sur lequel ses collègues peuvent compter à tout moment même s’il peut avoir des méthodes pouvant paraître vieillottes là où l’autre star de l’entreprise est un symbole d’une approche plus moderne. On peut alors se demander, en voyant toute cette première partie, comment va venir se greffer la future pandémie qui va chambouler ce quotidien. Et quand celle-ci finit par frapper, on est alors totalement étonné par la tournure que vont prendre les événements. En effet, alors que l’on a l’habitude de voir, dans ce type de manga, une quête pour la survie afin de s’éloigner au maximum de ces mangeurs de chair, ici c’est tout l’inverse. A travers la philosophie de travail de notre employé de bureau, il va retranscrire tout ce qui se passe comme s’il s’agissait d’un problème d’entreprise où celle-ci doit apprendre à s’adapter pour survivre.

Si cela peut paraître déroutant en lisant ça, l’auteur fait un travail remarquable pour que tout ça fonctionne à merveille. En fait, en transposant tout ce qui touche au monde du travail face à cette crise de grande envergure, on nous montre une toute autre manière de lutter contre tout ça. Cela donne des scènes parfois désopilantes, mais aussi une véritable réflexion pour empêcher que tout le monde cède à la panique. Notre personnage principal se présente comme un véritable support pour tous ses collègues qui vont se raccrocher à lui pour savoir comment s’en sortir. Le titre joue admirablement bien sur ces deux facettes qui semblent pourtant très loin l’une de l’autre afin de les rapprocher pour créer un cocktail d’une redoutable efficacité. En fait, derrière cette pandémie, l’auteur semble aussi mettre en avant cette fameuse “culture d’entreprise” qui a permis au Japon de briller à l’international pour voir ce que cela donnerait face à un tel cataclysme. C’est fun, rafraîchissant et en même temps parfois émouvant à travers le destin de certains personnages. Le titre montre le danger que représente un tel événement, mais en amenant la quête de survie sur un autre terrain avec les codes propres au monde de l’entreprise pour l’appliquer à ce contexte zombie. Une histoire où l’on est à la fois intrigué par la manière dont cet homme parvient à s’acclimater à tout ça pour assurer la survie de tous ceux qui sont avec lui. Et surtout que ça amène pas mal de thématiques fortes autour de la société, des conditions de travail et de la confrontation entre les méthodes dites de la vieille école et celles d’un monde capitaliste où tout va trop vite.

Oui, on a souvent tendance d’avoir l’impression que l’on a fait le tour de tout ce qui peut être traité autour de nos morts-vivants. Pourtant, Salaryman Z nous montre clairement qu’il est encore possible de faire preuve d’originalité autour d’un sujet pourtant bien ancré dans l’esprit des gens. Et surtout, il ne s’agit pas uniquement ici de bouleverser nos habitudes, mais de créer un prisme efficace qui va nous fasciner. C’est un pari plus que réussi dès cette introduction qui va se montrer à la fois dense et intense sans pour autant alourdir son rythme. On a juste envie, en tournant la dernière page, de vouloir la suite.

Salaryman Z lance son nouveau produit

Franchement, je ne m’attendais pas du tout à être autant happé par ce premier volume de Salaryman Z. J’étais initialement intrigué par l’idée de base et je suis heureux de voir que le mangaka a parfaitement su jouer des codes du monde de l’entreprise pour les amener dans un contexte totalement inédit. De même, l’utilisation du thème zombie est intelligemment utilisé pour sublimer ce qui est vraiment au cœur du récit. Je trouve que cette lecture est idéale pour se plonger dans la psychologie du salaryman japonais, avec surtout une confrontation entre l’ancien et le nouveau monde du travail. Il y a presque un côté instructif qui se dégage de cette lecture tant on va être immergé dans cette mentalité propre à notre protagoniste. Si cela est joué bien sûr à l’exagération, autant par ses actes que par cette invasion zombie, on comprend aussi qu’il y a une volonté de parler de ce domaine non pas d’un point de vue étouffant, comme on a l’habitude de le voir, mais plus vers un savoir-faire. Et cela nous amène aussi à cette fameuse dualité que j’évoquais plutôt qui nous fait réfléchir sur notre propre réalité et l’évolution du travail au fil des années. Une oeuvre qui arrive donc autant à être divertissante que pertinente dans ce qu’elle raconte. Je me suis étonné à réfléchir comment cette série allait réussir à maintenir cette approche sur le long terme surtout que l’on est face à un titre toujours en cours au Japon avec déjà 5 volumes.

C’est donc une bien belle surprise que j’ai vécu en lisant ce premier volume de Salaryman Z et surtout en adéquation parfaite avec la période d’Halloween. Je trouve que l’on a là une très belle preuve de la richesse que peut avoir la créativité d’un artiste désireux de bouleverser des codes ou thèmes installés depuis déjà bien longtemps. On le voit très bien depuis quelque temps avec toutes ces œuvres autour de ces morts-vivants qui sortent des sentiers battus. Et je peux clairement dire que cette nouvelle licence est un coup de cœur pour moi que je recommande à tous ceux qui veulent une lecture pour Halloween. Maintenant, il va falloir voir comment tout ça fonctionne sur la durée et surtout si le titre parviendra à conserver cette épine dorsale qui en fait un petit ovni fort sympathique. Ici, la question n’est pas de survivre à tout prix au milieu de ces cadavres ambulants, mais d’apprendre à les cerner pour mieux anticiper ce qu’il est possible de faire. Si vous appréciez les récits qui sortent de l’ordinaire ou que vous voulez un titre de zombies différent des autres alors vous serez sûrement convaincu. Il est maintenant temps de vous parler des questions qui me trottent dans la tête suite à cette découverte. Est-ce que les méthodes de notre protagoniste seront suffisantes pour s’en sortir ? Comment va évoluer la cohésion au sein de cette entreprise ? Va-t-on assister à des dissensions parmi ces employés ? Va-t-on découvrir d’autres stratégies pour surmonter cette épreuve ? Je serais de la partie pour la suite de cette aventure.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Salaryman Z. Trouvez-vous que le titre est parfait pour Halloween ? Pensez-vous que l’on aura le droit à un développement intéressant de cette approche entreprise d’une apocalypse zombie ? Avez-vous été agréablement surpris par cette manière d’aborder ce type de thème ? Pensez-vous que l’on aura le droit à quelques surprises au niveau du développement de ce groupe et des personnages ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.