Cyberpunk : Edgerunners Madness T1
J’ai déjà pu parler à plusieurs reprises de sagas qui transcendent leur médium d’origine pour s’étendre sur d’autres fronts. Une stratégie transmédia qui peut porter ses fruits comme c’est le cas pour le titre dont on va parler aujourd’hui. En effet, si je vous dis Cyberpunk 2077, cela vous dit forcément quelque chose. Que ce soit toute la polémique à la sortie du jeu sur l’état de celui-ci, le travail du studio pour corriger et finalement sortir une expérience beaucoup plus forte ou bien l’anime fantastique disponible sur Netflix, difficile de ne pas avoir entendu parler de ce nom. Et cette fois, c’est au tour du manga de nous plonger dans Night City avec la sortie, chez Panini, de Cyberpunk : Edgerunners Madness. Pour ma part, j’ai pu découvrir le jeu après ses nombreuses corrections ce qui fait que le plaisir fut là tout autant que quand j’ai découvert l’excellent spin-off que proposait l’anime. J’étais donc curieux de voir ce que pourrait donner une escapade dans cette ville sous ce nouveau format et je dois dire qu’il y a eu de belles petites surprises tout au long de la lecture. Préparez-vous à replonger dans cette ambiance folle où tout se règle par les armes, les magouilles et les implants.
Etre ou ne pas être Edgerunners

Synopsis
Pilar et Rebecca, deux jeunes Edgerunners essaient de survivre dans les rues de Night City. Au cœur de cette gigantesque métropole où le danger rôde à chaque coin de rue, ils s’aventurent dans un monde où tout peut arriver. Leur rencontre avec un personnage énigmatique, Safran, va les entraîner encore plus loin dans le chaos.
Mangaka : Asano & Bartosz Sztybor
Ce synopsis pour “Cyberpunk : Edgerunners Madness” peut sembler assez léger, mais il suffit amplement à comprendre où l’on va mettre les pieds. Si on est familier avec l’anime, on retrouve tout de suite des noms connus, mais surtout c’est l’occasion de se replonger dans l’ambiance si propre à Night City. Voilà un manga qui va se concentrer avant tout sur une fratrie pour que l’on puisse s’intéresser à elle, mais aussi entrevoir cet environnement où règne la loi du plus fort. Une véritable jungle d’acier où le moindre écart peut entraîner des conséquences désastreuses comme vont se rendre Pilar et Rebecca.
Un joyeux chaos
La première chose que l’on peut se demander avant d’attaquer ce ““Cyberpunk : Edgerunners Madness” est s’il est nécessaire d’avoir joué au jeu. La réponse est non et l’on se tourne bien plus du côté de l’anime avec, notamment, des visages connus de celui-ci. Pourtant, même sans ça, il est tout à fait possible d’apprécier cette lecture pour ce qu’elle offre. Car oui, nous sommes face à une porte d’entrée pour s’imprégner de cet univers, mais à travers le prisme de cette fratrie. Je trouve que l’atmosphère si particulière de cette cité est admirablement bien retranscrite notamment dans le chaos général qui y règne. Entre les règlements de compte entre gangs rivaux, les edgerunners et leurs contrats ainsi que la mainmise des corpos, tout est bien intégré sans que cela ne fasse lourd à découvrir. En effet, l’univers de Cyberpunk est particulièrement dense et sur ce point, le manga réussit à proposer une aventure simple à suivre et à laquelle on peut facilement s’accrocher. Un très bon point, car l’objectif ici est avant tout de s’attarder sur le quotidien de nos deux protagonistes que d’explorer chaque recoin de Night City. Et en parlant de notre tandem, je dois dire qu’il s’agit sûrement du plus gros point fort de ce premier volume. En seulement quelques pages, on va rapidement cerner la personnalité de ce frère et de sa sœur, leur objectif, mais aussi la malchance qui les suit de près.
En fait, on a devant nous deux personnages qui suivent le rêve martelé par leur père et qui est devenu celui de Pilar, mais en ayant une poisse pas possible. Cela amène un côté un peu comique au départ en voyant ce binôme tenter du mieux qu’il peut d’engranger de l’argent, mais en ayant toujours les vieilles habitudes de chacun qui viennent tout gâcher. Mais si cela peut sembler un peu humoristique, on se rend progressivement compte que cette volonté de devenir edgerunners est plus une prison instaurée par leur père défunt qu’une véritable volonté de leur part. Cela se ressent pleinement dans l’opposition qui se joue entre Pilar et Rebecca qui n’ont pas du tout la même vision du futur. Cela montre aussi à quel point cette ville gangrène le souhait de ceux qui veulent une vie normale en leur faisant comprendre que le seul moyen d’être riche ou célèbre est de passer par les armes ou les affaires. En lisant ce premier volume, j’ai vraiment eu de la sympathie pour cette fratrie dont on sent presque le point de rupture. Nous sommes face à une famille brisée où le frère veut faire honneur à son père sans penser un seul instant à ce qu’il veut tandis que la sœur est consciente de l’absurdité de tout ça, mais ne peut se résoudre à abandonner le seul proche qui lui reste. Cela amène une dimension bien plus tragique à leur récit où ils ne vont avoir de cesse de s’enfoncer un peu plus dans les ennuis à force de vouloir viser ce statut. Plus qu’une simple question de survie, on assiste ici à une lutte pour l’avenir et surtout une réflexion sur le libre-arbitre.
Je dois dire que je ne savais pas à quoi m’attendre avec “Cyberpunk : Edgerunners Madness” et ce premier tome a su être une bonne surprise. Si l’on est avant tout dans une volonté de poser les bases du récit entourant ces deux personnages présentés au sein de l’anime, cela fonctionne bien. On prend plaisir à voir leurs déboires et surtout à se demander comment ils vont se sortir de ce mauvais pas. Une œuvre où l’on sent que l’auteur a su s’imprégner de ce qui fait l’identité du jeu et de l’anime pour les retranscrire, à sa manière, au sein de ce spin-off.
Cyberpunk : Edgerunners Madness fonctionne
Finalement, je trouve que ce premier volume de “Cyberpunk : Edgerunners Madness” a été une bien belle surprise. Surtout que contrairement à beaucoup de spin-off où il faut s’acclimater à un univers déjà établi ou bien cerner ce qu’il se passe pour mieux comprendre les enjeux, ici on est avant tout concentré sur nos deux protagonistes. En réduisant le champ d’action pour se focaliser sur eux, l’auteur réussit ainsi à obtenir toute notre concentration sans que l’on ait l’impression d’être perdu. On occulte volontairement des éléments du lore, car peu pertinent dans cette situation, pour nous offrir un récit aussi déjanté que puissant sur cette fratrie qui tente de survivre au sein de ces rues. Cela fonctionne très bien, notamment grâce à l’écriture de Pilar et Rebecca pour qui on va s’attacher tout en ayant envie d’en voir plus. Surtout que l’apparition de l’autre figure importante de cette histoire peut amener aussi d’autres péripéties pouvant jouer un grand rôle dans l’avenir de nos protagonistes. Tout ça est enrobé dans une représentation efficace de Night City et surtout du chaos ambiant qui rythme la vie des habitants. Les fusillades et règlements de compte font tellement partie intégrante de l’identité de cette ville que dès que l’on en voit une, nous ne sommes pas étonné. Ce ressenti montre très bien le fait d’avoir capté cet enfer qui naît dans les bas-fonds de cette cité qui ne dort jamais. Cela nous prépare au fait qu’à tout moment, tout peut voler en éclats et parfois pour des choses qui n’ont rien à voir avec notre intrigue. Mais c’est justement ce qui fait aussi que ce lieu est aussi marquant. Le danger est omniprésent et on a alors envie de savoir si oui ou non nos deux acolytes vont finalement trouver leur place.
Je suis donc plus qu’enthousiaste après la lecture de ce premier tome de “Cyberpunk : Edgerunners Madness”. Un spin-off qui ne cherche pas à enrichir un lore déjà conséquent, mais à approfondir surtout certains personnages qui ont déjà su séduire de nombreux fans. C’est fait avec simplicité et efficacité tout en y insufflant une dose de sincérité qui fait mouche. On pose les yeux sur ce frère et cette sœur en voyant à quel point cette course effrénée vers un souhait qui n’est même pas le leur peut être destructeur. On a alors envie qu’ils puissent enfin trouver leur voie de leur propre initiative et non à cause d’un conditionnement depuis qu’ils sont gamins. Une excellente preuve que le plus gros prédateur dans cette licence est finalement Night City elle-même qui brise les rêves de ceux qui débarquent pour les conformer à un mode de vie qui finira inexorablement par leur faire côtoyer leur propre mort. Si vous êtes fans de la licence Cyberpunk, que ce soit en jeu ou via l’anime, ou bien que vous avez envie d’un bon récit sur ce thème alors vous serez sûrement ravis. A présent, j’ai tout de même quelques questions qui me viennent à l’esprit suite à tout ça. Que va donner la suite de cette mission au vu de la différence de vision entre Pilar et Rebecca ? Qui est réellement cet inconnu qui est dans leur collimateur ? Vont-ils finalement écrire leur nom dans la légende de cette ville ? Il me tarde déjà de replonger au sein de cette dernière.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de “Cyberpunk : Edgerunners Madness”. Trouvez-vous que ce spin-off à la fameuse licence ait trouvé sa place au sein de celle-ci ? Est-ce qu’elle amène de belles promesses pour développer le lore de cet univers ? Appréciez-vous les personnages mis en scène et le fait que l’on puisse en apprendre plus sur eux ? Trouvez-vous que c’est un bon moyen de se replonger dans Night City à travers le prisme d’autres figures marquantes de ce lieu ? Qu’attendez-vous pour la suite de la série ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

