Pourquoi-j’aime-#47---OUT

Pourquoi j’aime #47 : OUT

En cette semaine, j’avais envie de vous proposer un numéro de “Pourquoi j’aime” dédié à un titre qui change radicalement des derniers que j’ai pu évoquer. Il faut dire que le manga regorge de genres différents et d’œuvres pouvant faire vivre une multitude d’expériences uniques. Cette fois, on va se tourner du côté du furyô et plus particulièrement chez Meian pour que je vous parle d’une série dont les quatre nouveaux tomes viennent de débarquer. Je parle bien sûr de OUT qui fut une claque remarquable dès l’instant où j’ai plongé dans cet univers. Cependant, je ne m’attendais pas à ce que ce récit puisse prendre une telle ampleur au fur et à mesure des tomes. Une virée aussi brutale que sanglante dans les affrontements entre gangs qui va nous prendre aux tripes. Je ne pouvais donc pas passer à côté de ça pour vous expliquer en quoi cette saga a su me captiver. Voilà un périple où règne la loi du plus fort et où il n’est pas seulement question de s’affronter aux autres bandes, mais de les vaincre pour de bon quitte à avoir du sang sur les mains. Soyez prêts pour cinq raisons qui font de cette licence un énorme coup de cœur pour moi.

Un protagoniste désireux de rester spectateur

OUT - Tome 01

Pour bien commencer, il était impossible que je parle de OUT sans évoquer son protagoniste qui dénote grandement par rapport à ce que l’on peut voir habituellement. En effet, Tatsuya est un ancien délinquant qui ne veut surtout pas retourner derrière les barreaux. Il est donc prêt à tout pour se ranger et ne pas faire de vagues. Mais l’appel de la rue semble inexorablement le mettre dans des situations qu’il préférerait éviter. Et c’est là qu’est tout le génie derrière l’écriture du personnage. Même si on voit très bien qu’il est redoutable et capable de changer la donne entre les différentes bandes, il ne va finalement qu’agir très rarement et toujours en essayant de ne pas éveiller les soupçons. On nous présente un ancien délinquant qui lutte constamment contre cette vie qui fut la sienne. Et ce qui est remarquable, c’est que Tatsuya n’est finalement que très peu mis en avant. Il se retrouve toujours au milieu des regards de ces voyous, mais fait de son mieux pour ne jamais être impliqué. C’est captivant, car cela donne une toute autre dimension au récit. En effet, on n’est pas tant admiratif de sa force que de cette détermination dont il fait preuve pour ne pas craquer. Son combat n’est pas celui qui a lieu dans la rue, mais contre celle-ci. Une approche finalement très psychologique qui va contraster avec la violence qui va l’entourer. Un protagoniste dont le rêve est finalement d’être une personne lambda et de ne surtout pas être sous le feu des projecteurs. Un contraste captivant surtout dans le genre du furyô qui amène aussi pas mal de réflexion autour de la difficulté de ne pas récidiver et des raisons pouvant pousser des personnes aussi jeunes à vivre en marge de la société. Une figure centrale finalement assez effacée, mais qui n’en est que plus marquante.


L’appel de la rue

OUT Vol.6

Evidemment, quand on parle de OUT, on est obligé d’évoquer le monde de la rue et surtout ce qui façonne celle-ci à travers ces gangs que l’on va rencontrer. Ce que je trouve captivant dans ce manga, c’est que l’on montre autant la violence qui peut régner au sein de cet environnement que le fait qu’il s’agit aussi d’une sorte de refuge pour certains. Nous ne sommes pas ici uniquement dans des guerres de gangs pour obtenir la suprématie. Au contraire, tout est dit au départ pour que l’on voit une sorte de statu quo entre les différentes factions. On va alors s’attarder, dans un premier temps, sur l’aspect social qui règne au sein d’un de ses groupes. Ici, beaucoup de gens qui se sentent perdus ou rejetés par la société finissent par trouver en ces rassemblements une sorte de seconde famille. Un lieu où ils peuvent se sentir eux-mêmes et où ils ont le sentiment d’avoir trouvé leur place. La dimension sociétale du manga est très forte, car elle met en opposition, notamment à travers le personnage de Tatsuya, à quel point la vie “classique” peut être une épreuve et un calvaire au vu du poids que l’on fait peser sur certains tandis que la rue, beaucoup plus sauvage, est aussi synonyme de liberté pour ces personnages. Mais cela ne veut pas dire que c’est une bonne direction, car elle amène forcément de terribles conséquences. Si les rires et la bonne ambiance semblent être présents initialement, on ouvre rapidement les yeux sur ce qui peut prendre la place quand l’équilibre est rompu. On bascule alors dans des luttes d’une rare violence où la fraternité se confronte à la peur de souffrir. Une opposition qui n’en est pas tant une qu’une présentation des deux facettes qui forment ce monde sans pitié.


Une représentation terrible et réaliste de la violence

OUT - Tome 11

Voilà sûrement l’un des points qui m’a le plus surpris en lisant OUT et en voyant l’évolution du récit. Au départ, comme je l’ai évoqué précédemment, on peut avoir l’impression d’un furyô qui joue avec les codes habituels du genre. Après tout, on voit des thématiques fortes comme l’amitié, les règlements de compte, la dure loi de la rue ou même notre place dans la société qui sont traitées. Mais plus on avance dans les chapitres et plus on voit à quel point tout peut déraper en une fraction de secondes. Alors que l’on a l’habitude de voir des affrontements entre gangs dans ce type de manga qui se règlent souvent à la force des poings, ici c’est une escalade de la violence qui va avoir lieu. Ce qui commence comme des rixes où on va être ébahi par la puissance des personnages va se transformer en véritable enfer où le sang va couler à flots. On fait face alors à l’horreur de ce milieu où la mort peut frapper à tout instant. Et c’est là que l’on voit à quel point ce titre reflète, de façon réaliste et terrible, la violence exacerbée qui peut régner quand, pris dans le feu de l’action, les choses se déchaînent. Et l’auteur ne cherche nullement à amoindrir cette brutalité. Au contraire, il veut nous montrer la terrible réalité qui peut rythmer la vie de ces délinquants qui n’ont plus d’autres moyens de se faire une place qu’en arrachant celle des autres. Et par moment, on a vraiment le sentiment d’être plus proche de conflits mafieux que de simples altercations entre bandes rivales tant les méthodes peuvent être absolument ignobles et d’une extrême cruauté. Cela fait que l’on tourne les pages emportés par ce torrent de haine et de fureur en ayant la gorge nouée à l’idée de ce que l’on verra à la prochaine page. Un véritable ascenseur émotionnel qui transforme cette histoire en une redoutable et sincère fresque des horreurs qui peuvent frapper dans les bas-fonds de certains lieux.


Des personnages aussi captivants que flippants

Concernant ce point, cela rejoint certains éléments traités un peu plus haut concernant ce qui fait le charme de OUT. Cependant, si j’ai parlé jusqu’à présent de notre protagoniste et de tout ce qui constitue son environnement, il est aussi important de s’attarder sur les autres figures de cette œuvre. En effet, les autres individus qui vont croiser la route de Tatsuya vont fonctionner, pour une bonne partie d’entre eux, sur une écriture assez similaire permettant ensuite d’appuyer leurs particularités propres. Les gens que notre ancien délinquant va rencontrer se présentent souvent comme des personnages bourrus, assez sanguins, mais qui peuvent montrer une facette plus attentionnée ou bienveillante. Ils ont beau venir de la rue, cela ne les empêche pas de rire de bon cœur et de passer des moments agréables avec leur nouveau camarade. On se dit alors que l’on a devant nous des voyous qui ont tout de même du cœur et qui sont fidèles à leurs principes. Mais, comme pour la violence qui s’accentue à chaque chapitre, on découvre des personnalités bien plus sombres tandis que l’on progresse dans le récit. Ceux avec qui Tatsuya parvenait à rire de bon cœur se transforment pour montrer leur vrai visage quand la situation devient extrême. Des voyous capables de commettre des actes horribles si cela leur permet d’asseoir leur autorité ou bien d’atteindre leur but. Cela apporte énormément de nuances à chaque personnage, car on comprend très bien que rien n’est tout blanc ou noir dans cette jungle urbaine. Une œuvre loin d’être manichéenne et qui peut autant nous offrir, par le prisme de ces bandes, autant de moments agréables et sympathiques que des scènes effroyables où l’on a le ventre qui se noue. Ce qui fait que, comme Tatsuya, on ne sait sur quel pied danser face à ces gens qui peuvent autant nous taper dans le dos que poignardé celui-ci si cela aide au groupe.


Une bataille qui se joue sur tous les plans

Il est déjà temps de s’attaquer au dernier point qui fait que j’aime tout particulièrement OUT. Pour cela, j’avais envie d’évoquer un sujet qui peut sembler anodin et qui pourtant fonctionne à merveille au sein de ces pages. Souvent, quand on parle de furyô, on a l’image de délinquants qui se battent entre eux le plus souvent dans de véritables épreuves de force où le plus fort ou le plus déterminé sort victorieux. Mais ici, c’est très loin d’être le cas. Au contraire, on laisse énormément de place à la stratégie, à la roublardise et aux coups bas pour décrocher la victoire. Cela n’empêche évidemment pas d’avoir des combats qui vont être impressionnants. Mais ce n’est qu’une minorité face à des affrontements qui se veulent bien plus sournois. Il est autant question ici de torture, de trahison, de complots et de chantage pour obtenir les informations nécessaires à la destruction de l’adversaire. Cela donne au récit une faculté remarquable à nous surprendre. A chaque fois que l’on se dit que c’est mal barré pour un perso ou bien que c’est gagné pour un autre, tout peut s’inverser en fonction des manigances de quelques individus. Pareil pour les conflits à plus grande échelle où on a vraiment l’impression de voir deux armées qui s’affrontent avec, dans chaque camp, des stratèges cherchant à briser l’esprit de l’autre. Cette approche plus psychologique de ces batailles entre gangs amène encore plus d’intensité à celles-ci tout en nous tenant en haleine sur le résultat final. La brutalité dont font preuve ces voyous n’a d’égale que l’esprit affuté de certains pour amener leur bande à la victoire. Et même dans cette facette plus tactique, l’auteur réussit à y insuffler une part d’effroi tant les plans imaginés peuvent être absolument macabres. Une œuvre viscérale qui sait comment nous prendre aux tripes tout en amenant d’excellentes réflexions sur cette vie qui s’écrit dans le sang, les larmes et la mort.

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