Envy : un péché diabolique et pourtant humain
Les jours s’enchaînent et sans même s’en rendre compte, nous voilà déjà le jour d’Halloween. Alors que l’on est en plein cœur de notre semaine thématique, on s’est demandé qui l’on pourrait mettre en avant pour cette fête si spéciale. C’est alors qu’un nom est arrivé dans notre esprit. Un antagoniste qui a non seulement su jouer avec nos nerfs et nos émotions, mais a aussi fait preuve d’une profondeur dont on ne s’attendait pas. On parle ici de ce cher Envy qui n’est autre que l’un des homonculus de Full Metal Alchemist. Ce titre de chez Kurokawa nous avait autant fascinés par la profondeur de ses personnages que par son univers et les thèmes abordés. Parmi ces nombreuses qualités, on a toujours trouvé que cet ennemi était parvenu à se hisser au-delà de nos espérances à travers des scènes particulièrement fortes. Que vaut donc cette création représentant parfaitement l’envie ? Qu’est-ce qui a rendu ce péché humain aussi marquant aux yeux des gens ? C’est pour répondre à ces questions et aussi le mettre à l’honneur que l’on va observer tous ces actes. Le temps est donc venu de suivre cette créature difficile à démasquer.
Un homonculus que l’on aime détester
Envy, imaginé par Hiromu Arakawa, est avant tout un homonculus qu’il est très difficile d’apprécier au départ. En effet, il véhicule tous les stéréotypes d’un méchant que l’on pourrait croiser dans bon nombre d’œuvres. Il est narcissique, machiavélique, hautain et vulgaire. Un condensé de ce qui constitue le coeur d’un être malveillant et pourtant il est loin de se cantonner uniquement à ce rôle-là. Pour commencer, il faut souligner tout ce qu’il est parvenu à accomplir pour prendre conscience de la dangerosité de cet individu. Après tout, c’est par ses actes qu’un ennemi montre toute l’étendue de ses capacités ainsi que l’aura néfaste qui l’entoure. Il a beau être l’un des plus jeunes de sa fratrie, cela ne l’empêche pas d’avoir déjà un casier assez long et surtout très grave. En premier, on peut noter le rôle principal qu’il a endossé dans le massacre d’Ishbal. C’est par son acte odieux qu’il va mettre le feu aux poudres et déclencher un terrible génocide. Si cela a pour but premier de pouvoir créer la pierre philosophale, cela sert aussi à insuffler chez le lecteur et spectateur un profond sentiment de danger envers ce monstre.
Si on apprend cette tragique vérité que bien plus tard dans le récit, il y a un point qui va jouer grandement sur notre haine que l’on peut avoir pour notre métamorphe. Détester un personnage n’est nullement péjoratif si cela est fait de manière souhaitée afin de renforcer l’aura qu’il peut avoir. Pour réussir cela, la mangaka nous a tout simplement offert l’une des scènes les plus emblématiques et les plus tragiques de l’univers otaku. Afin d’accroître la méchanceté et la menace que symbolise cet homonculus, il était nécessaire de lui faire perpétrer un crime dont on serait témoin. C’est alors qu’arrive la mort de Hugues. Cet officier qui a été soigneusement écrit pour que l’on ait une sympathie et un attachement à son égard finit par disparaître des mains de cet individu. Le fait de voir ce moment est une étape importante dans la construction d’Envy, car on se rend compte à quel point il est sans pitié et ce sont surtout les conséquences qui vont suivre qui vont nous serrer le coeur et faire naître cette petite flamme de colère en nous.
En plus de savoir comment s’attirer notre rancœur, Envy est loin d’être un simple adversaire ordinaire. On ne parle pas forcément ici de ses capacités ou bien de son éternel sarcasme. Il y a quelque chose de plus profond que ça en cet antagoniste qui n’est pas uniquement doué pour se camoufler. Etape par étape, on va découvrir qui est réellement cet individu qui ne cesse de mettre des bâtons dans les roues et cela va grandement jouer sur l’appréciation que l’on a pour lui. Une certaine empathie va alors voir le jour en nous à notre plus grande surprise.
De la haine à une profonde peine
Plus notre escapade s’éternise dans cet univers et plus on va ressentir un profond changement à l’égard de ce personnage. Si l’on a toujours cette envie de le voir se faire battre, on va être le témoin de quelques scènes qui vont apporter encore plus de consistance et d’intérêt à cette création. Pour cela, il suffit de voir le moment où lui, Edward et Ling se retrouvent enfermés dans le ventre de Gluttony. Alors que ce passage est déjà assez éprouvant, car on ne sait pas s’il est possible de sortir d’un tel lieu de désolation, la présence de cet ennemi apporte un danger supplémentaire. Malgré tout, ce dernier ne va nullement s’attaquer à nos amis étant donné qu’il se retrouve dans la même galère qu’eux. C’est suite à quelques échanges houleux et des piques envoyés par ses adversaires qu’Envy va décider de prendre sa véritable apparence. Rien que le fait de se dire que l’on va assister à ça est déjà un immense bouleversement du fait que ce monstre n’a jamais voulu dévoiler son vrai visage. Dans un sens, il se met à nu et c’est ce qu’il va se passer par la suite qui va transformer notre regard à son égard.
Au moment de devenir l’immense monstre que l’on se rappelle tous, il y a une chose qui va attirer notre attention. Si l’on devrait se sentir effrayé et menacé par une bête aussi imposante, notre regard va finalement se poser sur les nombreux corps hurlant d’agonie qui constituent l’enveloppe charnelle d’Envy. Toutes ces âmes, qui n’ont pu trouver le repos, sont enfermées dans la pierre qui constitue le coeur de cet antagoniste. A cet instant, on n’oublie absolument tout le reste pour se concentrer uniquement sur ces appels à l’aide qui hante notre esprit. S’ils sont tous des victimes de la folie des Homonculus, ils sont aussi un rappel constant pour notre cher ennemi des souffrances qu’ils ont pu commettre. Lui qui symbolise tant l’envie et la jalousie est donc toujours au contact de la douleur qu’il a pu infliger et on se demande si cela ne pourrait pas jouer sur ce qu’il est. Devoir servir de réceptacle à toute cette haine et cette tristesse impose forcément à Envy de ne connaître que ces émotions. Peu à peu, notre haine à son égard va côtoyer une empathie naissante qui va finir par exploser par la suite.
Si le parcours de l’antagoniste est toujours pertinent à étudier ainsi que tout ce qu’il fait au cours des pérégrinations du héros, il y a toujours un moment plus important. Il s’agit de sa disparition qui met un terme à toute la souffrance qu’il a pu provoquer. Sur ce point-là, Envy va nous offrir l’une de ses plus profondes et déchirantes représentations où tout ce qu’il a commis fini par lui revenir en pleine face. Le dangereux homonculus va alors laisser la place à un être chétif qui va grandement nous étonner.
Une disparition méritée et pourtant tragique
Alors qu’on pouvait le trouver insupportable, Envy va finalement terminer son existence en se montrant sous un tout nouveau jour. Tout d’abord, il faut souligner le premier changement que l’on a pu ressentir dans notre vision à son égard lorsqu’on la vu affaibli pour la première fois. Prenant la forme d’une sorte de larve, cet homonculus qui a fait tant de ravage auparavant semble à cet instant bien moins redoutable. Lui qui passait son temps à changer d’apparence finit par dévoiler ce qu’il est véritablement et cela s’avère être un immense choc. Il n’est rien de plus qu’une faible créature qui cherche juste à faire naître et à nourrir la colère et la haine pouvant habiter le coeur humain. Si l’on pouvait le trouver irascible et surtout imbu de lui-même, on se rend compte que cela n’est qu’une façade. Cette scène amène alors à avoir un regard plus triste sur cette créature dont la vie n’a été que souffrance depuis sa création. Malgré toutes les horreurs qu’il a pu commettre, on ne peut faire abstraction de sa véritable nature et cela joue grandement sur l’empathie que l’on peut éprouver à son égard. A l’instar de ses camarades, il n’est qu’un outil façonné par un être qui n’a que faire de ses propres enfants.
L’antagoniste commence alors à s’estomper pour faire place à une figure plus nuancée dont il est difficile de savoir quoi en penser. Tout comme les héros de ce récit, notre esprit est sans cesse en train de vivre un conflit interne pour savoir si ces individus artificiels sont des criminels ou bien des victimes. Envy fait encore plus ressortir cela et c’est encore plus vrai dans ses derniers instants. Alors qu’il subit le courroux de Mustang pour ce qu’il a commis, notre homonculus se rend compte de son erreur. Lui qui a passé la majorité de son existence à s’amuser à faire se battre les hommes entre eux finit par agoniser par la main même d’une de ces personnes. Pourtant, ce n’est pas cela qui va l’achever. C’est le fait de voir qu’Edward a compris son véritable but qui va le pousser au suicide. En réalité, Envy portait bien son nom. Il était jaloux des liens qui pouvaient se créer entre les humains. En son for intérieur, il savait pertinemment qu’il n’aurait jamais accès à cela et au final il ne faisait que nourrir sa propre haine. Un ennemi qui parvient à s’attirer notre pitié et qui montre que l’on peut aussi s’attacher à un méchant, car celui-ci n’est pas forcément animé que par de vils projets. Voilà un instrument de mort qui n’a montré sa part d’humanité que dans les dernières secondes qui ont précédé son trépas et cela fait d’Envy un être qui restera à jamais gravé dans notre mémoire de par la profondeur de son écriture.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que vos analyses concernant le personnage d’Envy. Qu’est-ce qui vous attire dans son caractère et son histoire ? Trouvez-vous qu’il est un méchant charismatique ? Quel est le passage avec lui qui s’est le plus gravé dans votre mémoire ? Pensez-vous qu’il aurait pu avoir une toute autre vie ? Sa fin vous a-t-elle profondément chamboulé ? On a très envie de connaître vos impressions et vos souvenirs envers ce garçon envieux des autres. Toute l’équipe reste à votre disposition pour discuter et échanger à ce sujet. 🙂
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