Girls’ Last Tour tome 1 : vivre dans un monde désolé
Il n’est pas rare que l’on découvre des œuvres non pas sous leur format original, mais à travers une adaptation. Il s’agit toujours d’un excellent moyen afin de connaître un univers et ainsi promouvoir le matériau de base qui peut potentiellement arriver chez nous. Ce fut le cas pour le titre dont on va parler en ce jour et qui nous a mis une sacrée claque. On parle bien sûr de Girls’ Last Tour, édité chez Omaké Manga, que l’on avait pu connaître à travers son anime qui est disponible sur Wakanim. Là où on a souvent eu des récits post-apocalyptiques très sombre et violent, ce manga décide de suivre un tout autre chemin. S’axant bien plus sur l’aspect contemplatif et humain, ce premier volume nous délivre une très belle prouesse qui nous en met plein les yeux. Cela est dû, en grande partie, à ce duo que l’on suit et qui trouve rapidement grâce à nos yeux. Bien loin des codes habituels du genre, ce seinen parvient à s’emparer de nous pour notre plus grand plaisir. Le temps est donc venu d’observer avec attention les aléas de ce tandem au sein de ce monde en ruine.
Le voyage d’un sacré tandem
Girls’ Last Tour, imaginé par Tsukumizu, nous plonge dans un univers totalement dévasté. Si les quelques survivants vivant dans ces décombres ne savent rien de ce qui a provoqué la disparition de l’ancien monde, cela ne les empêche pas de lutter pour continuer à vivre. C’est là que l’on fait la connaissance de Yûri et Chito, deux jeunes filles qui errent constamment au sein de ces villes ravagées. La première ne pense qu’à manger et affiche une insouciance pouvant être terrifiante. Malgré tout, elle est la seule à parfaitement maîtriser les armes à feu et sert un peu de garde du corps à ce duo. Concernant la seconde, Chito est le cerveau du groupe. Capable de lire et d’écrire, elle ne cesse d’accumuler un maximum de savoir afin de pouvoir tirer son épingle du jeu au sein de ces terres inhospitalières. N’ayant pas de but précis, elles cherchent juste à continuer d’avancer et à pouvoir voir le soleil se lever de nouveau chaque matin. Elles ne savent nullement s’il existe d’autres gens dans la même situation qu’elles et pensent même être les dernières représentantes de l’espèce humaine. Ignorant tout du passé de leurs ancêtres, elles ignorent totalement ce qui les entoure et progressent en faisant l’expérience de tous ces éléments et objets qui les entourent.
C’est donc à la recherche de nourritures et d’un lieu où s’abriter que ces deux comparses avancent sans s’arrêter et sans savoir ce que pourrait leur réserver le lendemain. Une virée qui leur offre des défis complexes, mais aussi de sacrées surprises pouvant autant les émerveiller que leur donner des frissons. Ignorant totalement combien de temps elles pourront tenir ainsi, elles font de leur mieux pour ne pas penser à toutes ces interrogations. Malgré le fait qu’elles ne s’arrêtent jamais de se chamailler, ces deux jeunes filles ne peuvent imaginer se retrouver seule sur une terre où la vie a pratiquement été éradiquée. Au fur et à mesure de leurs pérégrinations, ces deux demoiselles vont découvrir des trésors insoupçonnées et peut être même faire des rencontres surprenantes permettant de leur faire ouvrir les yeux sur tout ce que ce monde pouvait offrir avant le grand cataclysme. Derrière ces multiples dangers, voilà un monde qui perd une bonne partie de sa violence pour être observé à travers le regard un peu naïf et innocent de deux jeunes filles qui cherchent juste à exister et à retarder le plus longtemps possible l’inévitable.
Comme on a pu le dire un peu plus tôt, Girls’ Last Tour nous délivre une très belle prouesse à travers ce premier volume. Une première escapade qui frappe un grand coup en nous montrant la fin du monde, mais sous un angle totalement différent. Bien loin de la noirceur que l’on peut souvent entrevoir dans le coeur humain, ce titre nous laisse entrevoir un soupçon d’espoir et de tendresse en compagnie de ces héroïnes. Deux âmes perdues qui réussissent à nous faire rire et à nous toucher de par leur attitude en parcourant ces ruines.
Un récit basé sur l’humain
On le sait très bien, le post-apocalyptique est un genre qui a déjà été traité à de nombreuses reprises. Très souvent, il est question de survivre autant face aux dangers de ce nouvel environnement, mais aussi des autres gens essayant de se sustenter du mieux qu’ils peuvent. C’est alors que Girls’ Last Tour arrive et vient nous amener une toute autre vision de ce que peut proposer ce type d’oeuvre. Le fait d’avoir constamment cette sensation qu’elles sont seules dans cet enfer silencieux change beaucoup la donne. Ainsi, elles ne peuvent réellement compter que sur elle-même pour progresser et surtout éviter les risques de la route. Il n’y a donc pas de volonté de mettre en confrontation des gens ayant tenu bon après le malheur qui s’est abattu en ce lieu. On est avant tout dans une lecture qui met en avant l’entraide et le partage. En effet, étant donné qu’elles sont les deux seules possibles survivantes de l’espèce humaine, elles sont forcées de se serrer les coudes. Même si elles peuvent avoir des divergences d’opinions cela n’est rien en comparaison de ce que ce tandem peut accomplir en unissant ses forces. Il y a donc une certaine complicité qui s’observe entre les deux jeunes filles qui parvient rapidement à nous décrocher un sourire et à nous donner envie de les voir aller le plus loin possible.
En plus de cet aspect humain qui est parfaitement mis en avant, il y a aussi la manière dont notre duo observe cet environnement dans lequel il évolue. N’ayant absolument pas conscience de comment pouvait être le monde avant, il y a toujours cette curiosité qui les anime envers des objets qui nous semblent banals, mais qui sont de véritables trouvailles pour elle. Cela permet d’avoir un regard presque enfantin et touchant envers toutes ces petites choses qui nous entourent et qui dénotent totalement avec cette ambiance sombre et glauque. D’ailleurs, il n’y a qu’à voir le parallèle qui est fait entre leurs maigres connaissances concernant le simple goût des choses et leur savoir en matière d’armes. Cela joue sur notre perception de cette vie passée qui ne semblait plus être régie que par la guerre et qui a forcé des enfants comme eux à assimiler ce genre d’informations alors qu’elles n’auraient jamais dû être en contact avec cet univers de mort. On est donc tiraillé entre la tristesse de voir ce constat et une joie sincère de pouvoir assister à leur découverte des plaisirs simples que peut offrir la vie. Ce manga ne cesse jamais d’alterner entre ces deux faces et ainsi de proposer un message qui parvient à nous toucher profondément alors que l’on contemple ces ruines avec une certaine mélancolie. Une oeuvre qui n’a pas besoin de long discours pour marquer notre esprit.
Si l’on savait déjà à quoi s’attendre après avoir vu l’anime, Girls’ Last Tour est tout de même parvenu à nous proposer un premier voyage inoubliable. De par ses décors à la fois terne et emplie d’une certaine poésie, ses deux protagonistes touchantes et drôles ainsi que les thématiques abordées, cette lecture a tout ce qu’il faut pour capter notre attention. Un début qui s’éloigne des standards habituels et qui parvient à créer sa propre identité avec une efficacité redoutable et surtout une faculté à nous immerger pleinement dans ce qu’il raconte.
Girls’ Tour offre une balade unique
Girls’ Last Tour qui mérite pleinement d’être découverte par tout ce que l’on a pu citer un peu plus haut. On a devant nous une première escapade plus que réussie au coeur de terres désolées où le moindre faux pas peut être le dernier. Malgré le fait que l’on soit concentré par cette notion de danger qui est présente absolument partout, celle-ci finit peu à peu par s’estomper a force de côtoyer ces deux demoiselles. Le lecteur se met alors à concentrer ses yeux sur les agissements de ces dernières et à partager leur vision des choses plutôt qu’à être constamment sur le qui-vive. On se rend compte alors de la puissance et de l’émotion qu’a pu insuffler l’auteur à son récit de par cette succession d’événements et de rencontres. Le post-apocalyptique met alors de côté son aspect risqué et froid pour nous exposer un tout autre portrait de ces contrées silencieuses. Au même titre que nos protagonistes, on se met alors par poser notre regard sur chaque petit détail et à comprendre tout l’intérêt de ces petites choses de la vie que l’on peut penser insignifiante. Un conte qui met en scène des instants de bonheurs fugaces, mais précieux au centre de cet enfer sans nom.
Vous l’aurez donc rapidement compris, mais c’est un grand oui pour cette aventure littéraire qui démarre sur les chapeaux de roues. Si vous appréciez les oeuvres contemplatives, qui font réfléchir et qui parviennent à donner vie à des acteurs attachants alors vous adorerez Girls’ Last Tour. De plus, le fait que la licence se termine en six volumes fait que l’on a ici une saga courte qui est largement capable de nous envoûter en peu de temps. Rien que ce premier contact suffit à nous convaincre de l’importance et de l’intérêt que l’on peut avoir à continuer d’être le témoin de cette épopée silencieuse. Une oeuvre qui a largement sa place dans n’importe quelle bibliothèque et qui prône des messages forts et poignants au travers de ce tandem pas comme les autres. Bien évidemment, on ne peut quitter une lecture sans évoquer les multiples questions que l’on peut avoir. Nos deux compagnons trouveront-ils enfin un refuge digne de ce nom ? Tomberont-elles sur un obstacle insurmontable ? Croiseront-elles la route d’autres survivants peu enclin à s’entraider ? Une franchise que l’on va suivre de très près.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Girls’ Last Tour. Trouvez-vous que l’on tient ici une petite pépite en terme de narration et surtout de personnages ? Avez-vous été touché par le comportement et les aventures de nos deux héroïnes ? Pensez-vous qu’elles parviendront à trouver une autre raison de vivre que de simplement survivre dans ce monde froid et glacial ? Qu’attendez-vous pour la suite de cette licence ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger et discuter avec vous autour de ce sujet. 🙂
© 2014 Tsukumizu, Shinchosha