Sayonara Miniskirt tome 1 : une douleur qui ne s’estompe jamais
Alors que le climat actuel est loin d’être des plus réjouissants, on souhaite continuer à vous partager tous ces fabuleux univers que l’on a pu découvrir récemment. Il faut dire que la semaine dernière fut riche en sorties intéressantes et cela ne fait que rendre notre périple encore plus savoureux. Si vous connaissez bien l’univers du manga, vous savez qu’il existe de nombreuses oeuvres utilisant ce format afin de transmettre un message fort tout en nous racontant un récit parvenant à nous faire vibrer. C’est exactement le cas pour la série que l’on va aborder aujourd’hui et qui n’est autre que le premier volume de Sayonara Miniskirt, édité chez Soleil Manga. La preuve que ce format peut aussi être un formidable moyen d’expression concernant des problèmes de société graves et qui va n’avoir de cesse de nous donner des claques au vu de la sincérité de ces propos et surtout la détresse que l’on peut lire sur le visage de tous ces personnages. Une aventure qui démarre sur les chapeaux de roues et dont il était nécessaire de parler au vu de toutes les qualités qui lui sont propres. On espère donc que vous êtes prêts à retourner sur les bancs de l’école pour une tranche de vie pas comme les autres.
Cacher les apparences
Sayonara Miniskirt, imaginée par Aoi Makino, nous plonge dans le quotidien de Nina. Cette collégienne ne cesse d’être la source de nombreuses discussions de par un élément bien spécifique. En effet, contrairement aux autres filles de l’établissement, cette demoiselle a remplacé son uniforme scolaire par celui des garçons. Adieu la mini-jupe pour laisser place au pantalon. Un choix qui est tout à fait possible selon les règles de l’école, mais qui l’éloigne largement des autres élèves qui la considèrent comme étrange. Cependant, cette solitude dans laquelle elle se retrouve pourrait très bien être son voeu le plus cher. Alors qu’elle semble désirer ardemment se tenir à l’écart des autres, son attitude singulière va aussi attirer le regard d’Hikaru. Ce jeune garçon passe le plus clair de son temps au club de judo à s’entraîner. Si personne ne comprend les raisons d’un tel acharnement de sa part, il finit toujours par arrêter lorsqu’il croise Nina. Souhaitant se rapprocher d’elle, il découvre pourtant que cela sera loin d’être facile au vu de son comportement froid. Pour ne rien arranger à l’ambiance déjà pesante qui existe dans cet établissement scolaire, un autre danger pourrait bien pointer le bout de son nez.
Il est annoncé que toutes les étudiantes sont privées d’activités extrascolaires étant donné les nombreuses agressions qu’il y a eu récemment dans la zone. Une nouvelle qui est loin de faire l’unanimité alors que tout cela arrange bien les affaires de Nina qui préfère se réfugier dans son appartement plutôt que de côtoyer les autres. Mais quelle est donc la raison de cette distance qu’elle crée avec les autres et notamment la gente masculine ? Personne ne le sait, mais cette demoiselle cache en réalité un lourd secret qui a détruit en partie sa vie et qui a causé en elle des stigmates n’arrivant pas à s’effacer avec le temps. Un passé qui pourrait bien refaire surface alors qu’elle se sent de plus en plus acculée et que la seule personne pouvant sembler digne de confiance soit ce judoka qui ne s’arrête jamais d’aller à sa rencontre. Cependant, il faut toujours se méfier des apparences et derrière le masque que porte chaque individu peut se cacher une menace bien réelle. Ainsi débute l’histoire d’un drame terrible qui s’apprête à refaire surface alors que cette jeune fille s’apprête à entreprendre un chemin qu’elle n’aurait jamais cru possible.
Sayonara Miniskirt est une oeuvre qui ne dévoile tout son potentiel qu’une fois que l’on a ce premier tome dans les mains. Si le synopsis donne une idée globale de ce qui nous attend, cela n’est rien en comparaison de la charge émotionnelle que l’on éprouve en plongeant dans ces quelques chapitres. Une histoire qui nous fait autant vibrer que frissonner au vu du tableau qui nous est dessiné et surtout de tout ce que ce titre cherche à nous faire comprendre. Une lecture qui allie habilement divertissement et ouverture sur un problème grave.
Une oeuvre aux thématiques fortes
Il n’y a pas à dire, Sayonara Miniskirt sait comment traiter des nombreux sujets qui anime son récit. En effet, il suffit de quelques secondes pour comprendre tout l’enjeu qui se cache derrière les différents combats qui sont menés tout au long de ces cases. D’ailleurs, il est à noter que notre héroïne n’est pas la seule à représenter cette crainte de l’homme et que cela s’étend aussi aux autres demoiselles que l’on peut rencontrer. Ce qui est incroyable, c’est que la mangaka parvient presque à créer deux camps qu’elle met en opposition. Les groupes qui se confrontent cherchent à savoir si oui ou non il est normal d’avoir cette peur du sexe opposé au vu de tout ce qui se passe en ce moment. Avec les histoires d’agressions, les attouchements, et même les simples allusions, le manga parvient à créer une atmosphère à la fois oppressante et négative où chaque pas se fait avec hésitation. On tourne lentement les pages en craignant de voir ce qui pourrait arriver à ces jeunes demoiselles qui essayent tant bien que mal de faire bonne figure. C’est là qu’arrive toute la profondeur de ce récit qui nous met une claque monumentale en nous ouvrant les yeux sur le calvaire que peuvent subir toutes ces personnes. Un problème bien présent dans la culture japonaise, mais qui peut aussi s’étendre à toutes les autres sociétés.
Les femmes victimes d’un tel comportement de la part des hommes sont constamment ballottés entre le fait de dénoncer de tels agissements et le regard que l’on portera sur elle. C’est exprimé avec une telle justesse et sincérité au sein de ces pages que l’on ne peut rester de marbre devant les souffrances de ces étudiantes. Cette douleur est encore plus puissante lorsque l’on voit certaines des camarades d’école prendre plus le parti adverse que de défendre leur ami qui, à leurs yeux, est avant tout coupable de ce qui lui arrive. Rien qu’en lisant cela, le lecteur ne peut s’empêcher de faire un bond de rage en ne pouvant comprendre une telle attitude. De ce fait, on est pleinement impliqué dans ce que l’on est en train de lire et on a envie de voir les mentalités évoluer au sein de cette oeuvre. Si cette thématique est l’idée générale qui va donner coeur à cette aventure, elle va aussi permettre d’aborder d’autres sujets pouvant être en lien avec cela. On peut par exemple citer le cas des idols et du principe qu’elles ne peuvent pas avoir de petit ami et doivent faire bonne figure en toute situation. Une multitude de sujets pouvant sembler tabou pour certains, mais qui sont amenés devant nos yeux avec un tel réalisme et surtout une telle dose d’émotions que l’on est obligé de se sentir affecté par ce qui se passe. Un titre qui sait comment s’adresser à son public et le pousser à la réflexion.
Sayonara Miniskirt est clairement une oeuvre que l’on n’attendait pas. Si l’on avait pu lire il y a un moment le synopsis de ce premier volume, cela ne nous avait pas tant marqués. Cependant, notre curiosité étant ce qu’elle est, on ne pouvait pas se permettre de ne pas tenter l’expérience. Encore une fois, la surprise fut totale devant ces quelques cases qui nous délivrent un message de la plus haute importance et parvient à nous emporter totalement dans ce qu’il souhaite nous raconter. Un premier pas parfaitement réussi pour cette série qui ne fait que débuter.
Sayonara Miniskirt donne à réfléchir
Il arrive souvent que des titres cherchent, de par leur histoire, à nous partager un message fort et surtout d’une importance capitale. Ce sont ces oeuvres qui parviennent le plus à nous faire travailler sur notre propre vision des choses et à nous ouvrir les yeux sur certains sujets que l’on peut sembler ne pas faire partie de notre quotidien. Sayonara Miniskirt fait clairement partie de cette catégorie et parvient en une introduction à nous provoquer des frissons au vu de tout ce qui nous est présenté. L’auteure a su capter tout ce qui fait l’essence de ce sujet et à le transposer de par ses dessins avec force et efficacité. En plus de vouloir faire prendre conscience de l’énorme problème de société qui existe à ce niveau, on a aussi le droit à une quête bien plus intime où l’on assiste aux efforts d’une personne cherchant à se reconstruire après le drame vécu. On progresse alors dans une ambiance parfois malsaine, étouffante et oppressante, mais qui correspond tellement à ce qui nous est conté. On écarquille les yeux et toute notre attention se porte sur ces personnages qui souhaitent juste vivre un quotidien normal sans avoir à constamment regarder derrière eux de peur de voir quelqu’un les suivre.
C’est donc avec beaucoup d’émotions que l’on recommande grandement ce manga qui dépasse de loin le simple cadre du divertissement. Une lecture que l’on ne peut recommander à un type de lecteur particulier étant donné que l’on a ici une série qui s’adresse à n’importe qui et devrait largement être lu par le plus grand nombre. Si l’on a le droit aussi à un semblant de romance qui commence à naître au sein de ce récit, ce point va aussi avoir une importance capitale pour la suite et surtout pour le développement des deux acteurs principaux de cette pièce. Une formidable prestation qui nous hypnotise et parvient à nous marquer même bien après que l’on ait refermé cet ouvrage. De plus, un nombre incalculable de questions viennent se bousculer dans notre tête alors que l’on se demande comment tout cela va se finir. Est-ce que le danger serait bien plus proche de Nina qu’elle ne veut le croire ? Est-ce que d’autres changements auront lieu pour régler ces soucis ? L’amitié et l’amour peuvent-ils cacher autre chose ? Il va falloir être patient pour savoir ce qu’il va se passer. En tout cas, on est impatient de découvrir la suite de cette série qui a déjà fait forte impression.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Sayonara Miniskirt. Pensez-vous que notre chère héroïne parviendra à surpasser les fantômes de son passé ? Quel est, selon vous, le mystère entourant notre judoka ? Avez-vous été grandement touché par tout ce qui est véhiculé à travers ces pages ? Pensez-vous que l’on tient ici une oeuvre arrivant habilement à cerner le coeur de ce problème ? Qu’attendez-vous pour la suite de cette licence ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger et discuter autour de ce sujet. 🙂
© 2018 Makino Aoi, Shueisha