From the Children’s Country tome 1 : une lutte oppressante
Depuis le début de l’année, on ne compte plus le nombre de sorties que l’on a pu découvrir. Un florilège de nouveautés qui viennent enrichir nos bibliothèques, mais aussi nourrir notre envie d’explorer de nouveaux horizons. Pour aujourd’hui, on se tourne vers un genre que l’on a déjà abordé à de multiples reprises, mais qui peut être source de tellement d’histoires. Nous provenant tout droit du catalogue de Meian, il s’agit du premier volume de From the Children’s Country. Cette courte série, prévue en deux tomes, voulait nous insuffler une peur bien spécifique en mettant avant tout en scène des enfants et jeunes adolescents face à une menace d’envergure. Un contexte de base qui a su éveiller notre curiosité et nous faire nous intéresser à cette introduction. On a donc pris le temps de lire celle-ci qui se présente sous un grand format et on peut dire que le résultat est plus que satisfaisant. Une plongée au cœur d’un monde en ruine où survivre n’est finalement qu’une lutte contre le temps face à des entités innombrables. On espère donc que vous êtes bien accrochés pour suivre ce conflit entre la jeune et l’ancienne génération.
Le jour où tout bascula
From the Children’s Country, imaginé par Naoto Akiyama, nous plonge dans un monde contemporain où l’on fait la connaissance de Hajime Arakawa. Ce collégien s’avère traverser une mauvaise passe. Alors que tout le monde s’imagine déjà le parcours qu’il suivra à la suite de leurs études, ce garçon ne pense qu’à travailler. Tout cela dans l’objectif d’aider sa mère qui se donne déjà tant de mal pour qu’il puisse profiter d’une vie convenable. Malheureusement, il lui est impossible d’accepter cette situation malgré les dires de sa mère qui lui confirme que tout va bien. Finalement, une dispute éclate entre les deux et Hajime décide de fuguer de chez lui sans même se retourner. Se demandant comment il va bien pouvoir revenir chez lui, il n’a pas le temps de trop se questionner qu’un étrange phénomène va assaillir la ville. Un impressionnant tremblement de terre se déclenche et fait pas mal de dégâts. A cela s’ajoutent aussi d’étranges chiffres qui font leur apparition dans le ciel. Une situation inexplicable et qui semble tout droit sortie de l’imagination de cet adolescent. S’inquiétant grandement pour sa maman, le jeune garçon ne perd pas une seule seconde et décide de rentrer chez lui. Le spectacle qui va alors avoir lieu devant ses yeux va le terroriser. La catastrophe qui a assailli ce monde est bien plus grande qu’il ne le pensait quand il pose les yeux sur la seule famille qui lui reste. Celle qu’il voulait tant aider n’a même plus forme humaine. Devenue un monstre, sa mère se lance à sa poursuite pour le tuer.
Malgré le désespoir qui l’envahit, Hajime prend son courage à deux mains et décide d’échapper aux griffes de cette effroyable créature. Mais dehors, il se rend compte que le cas de sa mère n’est pas unique. Tous les adultes semblent s’être métamorphosés et s’en prennent directement aux enfants. Les cris, les pleurs et le sang accompagnent chacun des pas qu’il fait dans le vaine espoir de trouver un lieu pour se réfugier. Comment tout cela a-t-il pu arriver ? C’est la grande question qu’il se pose tandis que la tristesse l’accable de plus en plus. Accompagné d’une de ses camarades de classe, Arakawa décide qu’il est grand temps d’arrêter de pleurnicher. Il a beau avoir perdu son repère dans cette existence, il ne doit pas se laisser abattre que ce soit pour lui ou pour les autres personnes livrées à eux-mêmes. Cette ville est devenue un terrain de chasse et il incombe aux enfants de s’entraider pour pouvoir survivre face à cette horde qui grossit de plus en plus. La résistance est en marche, mais il peut être compliqué pour un gamin de se battre alors qu’il n’est guidé que par la peur et qu’il doit faire face à ceux qui avaient jurés de le protéger. L’innocence disparaît en seulement quelques heures et les rires d’antan se transforment en cri de guerre pour ceux qui luttent pour vivre un jour de plus. Ce pays est tiraillé par une guerre sans merci entre adultes et enfants et rien n’est encore joué quand on voit la détermination qui brûle dans les yeux de certains.
Il est vrai que le synopsis de From the Children’s Country peut nous donner à sourire au vu de cette naissance de l’horreur à travers un événement dont on ne sait rien. Cependant, plus on s’attarde sur ce premier volume et plus on peut déceler autre chose derrière toute cette situation. L’opposition qui nous est contée va non seulement jouer habilement sur les codes de la peur que l’on connaît, mais aussi amener diverses pistes intéressantes en matière de réflexion sur l’être humain. Un cauchemar qui est porteur d’une thématique bien plus profonde qu’il n’y paraît et qui s’exprime à travers la crainte de ces enfants.
Un combat aux nombreuses réflexions
Il est évident qu’en tant que récit horrifique, From the Children’s Country va jouer sur des codes bien connus du genre. C’est pour ça que l’on fait face à une menace dépassant la compréhension humaine. Le fait de voir des adultes se transformer en monstres sans raison contribue justement à nourrir cette crainte de l’inconnu. On est face à une situation inexplicable et cela joue forcément sur notre appréciation de l’œuvre. Dans un sens, on se retrouve au même niveau que ces enfants qui peuvent connaître une fin tragique à n’importe quel moment. Sur ce point, ce premier volume s’en sort très bien tant on est emporté dans le destin tragique de ces gamins qui courent partout à la recherche d’un abri. D’ailleurs, il est très intéressant de s’attarder sur l’impact que cela a d’être face à des enfants dont le destin est plus qu’incertain. En effet, dans l’esprit collectif des gens, l’enfance est synonyme d’innocence et ne doit jamais se confronter au malheur. C’est pour ça que l’on fait de notre mieux pour préserver ces jeunes âmes de ce que le monde a de plus terrible. Une forme d’espoir que l’on souhaite protéger. Avec ce manga, on détruit cette limite qui va forcément avoir ainsi un impact sur le spectateur. On est impuissant face à l’horreur qui se tient devant nous et c’est aussi ça qui rend l’effroi de ce titre aussi fort pour nous. Pour la première fois, ces adolescents se retrouvent face à la peur de la mort et des monstres qu’ils n’auraient jamais imaginés même dans leur pire cauchemar.
Cependant, ce n’est pas l’unique élément qui rend cette lecture aussi intéressante à étudier. En effet, il y a un autre aspect important de cette aventure qui mérite d’être analysé. Il s’agit justement de cette confrontation entre enfants et adultes. Jusqu’à présent, le second a souvent été un symbole de protecteur à l’égard du premier. Mais à travers ce manga et surtout ce premier volume, on nous montre que cela n’est pas forcément le cas. Si ces parents se sont transformés en de véritables démons, pour certains gamins cela ne change finalement que peu de choses à ce qu’ils vivaient déjà avant. Une lutte qui dépasse le cadre de la fiction pour montrer qu’il y a aussi des souffrances bien concrètes pour cette jeune génération. Comme si la transformation macabre qui assaille ces individus était une extériorisation de la part d’ombre pouvant se cacher en chacun d’eux. Malgré tout, le titre ne veut pas uniquement s’attarder sur cet aspect négatif et important à mettre en lumière. Il veut aussi souligner l’importance de ces liens qui apparaissent dès la naissance et ne se brisent jamais véritablement au fil du temps. Il suffit de voir notre protagoniste pour cerner ça et voir à quel point le changement chez sa mère est un déchirement. Il n’est donc pas question ici que tout soit blanc ou noir, mais d’exprimer tout bonnement à travers l’horreur ces relations difficiles, parfois terribles qui peuvent exister, mais aussi l’attachement que l’on a pour sa famille. Un récit qui suscite la peur tout en nous transmettant une réflexion importante sur des problèmes bien concrets.
Comme on l’a dit dans une précédente chronique, l’horreur dans le manga peut être porteur de bien des thèmes dépassant le simple cadre de la frayeur. A travers un sujet aussi universel, les artistes peuvent s’en donner à coeur joie pour proposer un scénario qui soit à la fois prenant et pertinent en matière d’écriture. Si l’on peut avoir un sourire en ayant le sentiment d’avoir devant nous un énième récit où des monstres pourchassent ce qu’il reste des humains, cela serait passé à côté de tout ce que From the Children’s Country peut offrir. Une virée sanglante où l’innocence se brise face à la cruauté des hommes enfin dévoilée au grand jour.
From the Children’s Country lance sa défense
From the Children’s Country arrive très bien à jouer, dans ce premier volume, sur les deux tableaux qu’il a mis en place. Sur le plan du genre horrifique, le titre réussit à poser rapidement son décor ainsi que les acteurs qui vont rythmer l’intrigue. En plus d’être en compagnie d’enfants devant faire face à des menaces imposantes, l’auteur n’en oublie pas non plus l’aspect survie et tout ce que cela implique. Entre les créatures de l’extérieur et les relations parfois tendues entre humains, on se rend compte que le plus dangereux n’est pas forcément celui que l’on croît. D’ailleurs, le trait du mangaka souligne à merveille le rapport de force déséquilibré entre ces êtres gigantesques et leurs proies. Tout ceci contribue à justement créer cette tension omniprésente à l’idée que le moindre faux pas puisse conduire à une fin prématurée. En outre, voilà une série qui peut aussi, en dehors de l’aspect purement divertissant, proposer une réflexion pertinente sur la famille et les problèmes qu’il peut y avoir au sein de cette dernière. Le fait de laisser ces pauvres âmes innocentes devoir se débrouiller seuls nous amène à réfléchir à comment tout ça va finir. C’est encore plus fort quand on découvre l’incroyable révélation du dernier chapitre de cette introduction. Le suspens est insoutenable et l’on a juste envie de voir comment tout ça va finir dans le second et dernier tome de la licence. Le pari est réussi et l’on s’accroche à cette envie de savoir comment va bien se dérouler cette résistance face à un adversaire dont on ignore encore tout.
La virée proposée par From the Children’s Country fut réussie à nos yeux à travers cette faculté à combiner un effroi bien présent à travers ces monstres et une volonté d’approfondir des thèmes bien concrets. Le manga d’horreur tient ici un représentant qui a su faire forte impression et qui surtout arrive, en peu de temps, à créer un environnement propice aux frissons. On recommande ce titre à tous les amoureux de ce genre et aussi à ceux qui recherchent un récit capable d’effrayer tout autant que de nous faire poser beaucoup de questions sur des problèmes de société. En plus de ça, il est important de souligner la qualité du dessin et du format qui amènent une expérience encore plus confortable et collant à merveille avec l’ambiance propre à cette histoire. Il est vrai que de se dire que tout ça se terminera déjà au prochain volume peut nous faire nous interroger sur comment sera amené cette conclusion. Malgré tout, cela peut aussi donner lieu à une courte et intense épopée à fuir et lutter face à ces êtres difformes. Bien évidemment, il y a d’autres questions qui nous viennent en tête maintenant que l’on referme cet acte. Est-ce qu’il est encore possible de sauver ces adultes qui ne pensent plus qu’à chasser ? Comment va s’organiser cette résistance autour de ces enfants qui se retrouvent totalement livrés à eux-mêmes ? Qu’est-ce qui est la cause de ce phénomène ayant transformé le monde en véritable enfer ? Toutes les réponses se trouveront dans le second volume !
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de From the Children’s Country. Trouvez-vous intéressant le fait que l’on mette en opposition la figure de l’enfant et celle de l’adulte ? Croyez-vous qu’il y aura suffisamment à dire en seulement deux volumes pour aller au fin fond de l’histoire ? Est-ce que vous trouvez que l’on sent très bien la tension qui guide chaque pas de nos jeunes survivants ? Pensez-vous qu’il soit encore possible pour nos protagonistes de corriger le mal qui ronge ce monde ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.