Omega 6 : une virée colorée dans l’espace
Il arrive parfois que l’on tombe sur des titres dont on n’a que très peu d’informations et qui nous semblent assez étranges. On a alors une certaine curiosité qui se forge en se demandant ce qui peut bien se passer au sein de ces pages. C’est dans ces moments-là que l’on peut tomber sur un manga qui sorte de l’ordinaire et qui peut avoir un effet tout particulier sur ce que l’on s’apprête à vivre. On a eu le droit à ce genre de ressenti avec l’ouvrage dont on va parler aujourd’hui et qui s’avère être un one shot. Provenant tout droit du catalogue d’Omaké Manga, il s’agit de Omega 6 qui a fait ses débuts il y a seulement quelques jours. Ce nom ne vous dit peut-être pas grand-chose et pourtant l’auteur derrière a été un nom bien connu du milieu vidéoludique. Travaillant chez Nintendo pendant bien des années, Takaya Imamura nous délivre un titre qui colle assez bien à son univers créatif et qui surtout va avoir une fibre très singulière. A travers ce récit de science-fiction, on embarque pour une aventure aussi colorée que loufoque. L’heure est donc venue de partir explorer des mondes inconnus.
A la recherche d’une nouvelle Terre
Omega 6 est imaginé par Takaya Imamura, l’homme qui est derrière le design des personnages et des véhicules des licences comme F-Zero ou bien Star Fox chez Nintendo en plus d’avoir participé à la direction artistique de celles-ci. Il s’agit d’un élément très intéressant pour la suite de l’article au vu de ses influences et aussi de son expérience. Concernant l’histoire en elle-même, nous sommes projetés dans un futur lointain où la Terre s’est ouverte au reste des peuples de la galaxie. Malheureusement, la grande affluence de touristes et visiteurs extraterrestres et le déclin de l’humanité ont fini par transformer la planète en un refuge pour les nombreuses espèces de la galaxie. Pour remédier à tout ça, deux êtres vont entamer un très long voyage pour découvrir une nouvelle planète viable pour le futur de l’homme. Répondant au nom de Thunder et Kyla, ce duo va parcourir l’espace pendant des siècles, allant de déconvenue en déconvenue, pour finalement trouver le saint-graal. Ils ont enfin mis le pied sur une terre qui peut être le berceau de la nouvelle humanité. Cependant, un problème de taille subsiste. En effet, il s’avère que les lieux sont sous la responsabilité d’une agence commerciale spécialisée dans les planètes. Le prix pour obtenir ce petit bijou s’avère exorbitant pour les deux voyageurs qui se questionnent sur comment ils pourraient payer une telle somme.
Finalement, la réponse est toute trouvée en venant s’endetter auprès de l’agent qui va alors leur proposer un job pour éponger le crédit. Il s’avère qu’il s’occupe aussi de relayer divers contrats concernant des criminels qui sont recherchés morts ou vifs aux quatre coins de la galaxie. Pour espérer enfin réaliser le rêve de leur nation, Thunder et Kyla n’ont d’autres choix que de devenir des chasseurs de primes. Mais ce sort n’a pas l’air de déplaire au binôme qui y voit une chance de briser enfin la monotonie incessante de leur quête. Maintenant, ils peuvent explorer chaque recoin de ces systèmes et ne plus avoir à se soucier de cet objectif qui est déjà à moitié rempli. C’est ainsi que leur nouveau travail va leur prendre encore beaucoup de temps avant qu’un contrat juteux ne fasse son apparition. Il s’avère qu’un être particulièrement recherché par un empire très puissant vaut une coquette somme. Cela suffit amplement pour les deux explorateurs qui ne perdent pas un instant pour traquer le fugitif. Ils ignorent alors que cette mission pourrait bien changer beaucoup de choses dans leur mode de vie et surtout dans leur futur. Ils sont partis de leur foyer à la recherche d’une nouvelle demeure, mais ce qu’ils ont trouvé risque bien de dépasser toutes leurs attentes. Même quand le devoir est ancré au plus profond de nous, les rêves personnels et l’envie de liberté peuvent aussi se dresser face à ça. Il faut alors faire un choix important.
En seulement quelques mots, ce synopsis arrive à être intéressant tout en partant sur de nombreux codes bien connus de la science-fiction. Omega 6 n’est pas une œuvre qui se veut ambitieuse sur le long terme, mais qui va nous proposer un court récit à la fois intense et ayant la capacité de nous projeter dans cette galaxie aux multiples possibilités. Une virée qui se veut assez loufoque, mais qui va aussi avoir une forme de sincérité touchante tout au long de cette chasse au criminel. On est ainsi invité à faire partie de cet équipage qui a déjà un long vécu et où pourtant on a l’impression que tout commence.
Une proposition délirante et accrocheuse
Parler d’Omega 6 est assez particulier étant donné que l’on est sur une œuvre assez atypique. Tout d’abord, la première chose qui frappe en tournant les premières pages sont les dessins qui ne sont pas forcément les plus spectaculaires. Il est aussi important de noter que l’ensemble du manga est en couleur et il s’agit d’un élément essentiel pour bien cerner ce qui fait la force de cette histoire. Car oui, ce titre a quelque chose de captivant à nous raconter au-delà de l’aspect simplement esthétique. Quand on se laisse emporter par ce que souhaite nous proposer l’auteur, on se rend rapidement compte que son désir n’est pas de nous faire suivre une grande intrigue venant tout juste de débuter. En seulement quelques cases, on comprend qu’il y a déjà un grand vécu pour les protagonistes qui ont de l’expérience dans leur domaine et aussi dans l’exploration spatiale. Cela peut donner le sentiment d’arriver en plein milieu d’une histoire alors que la réalité est tout autre. On a beau savoir que l’on est présent pour juste un contrat, on n’a jamais ce sentiment d’être perdu ou bien lâché au cœur d’une épopée ayant déjà commencé depuis fort longtemps. C’est comme si on avait toujours été auprès de cet équipage qui ne cesse de nous étonner par les membres qui le constituent. De fortes personnalités et surtout des êtres très différents et surréalistes. On colle ici à l’idée que l’espace est un terrain de jeu qui nous est inconnu et qu’il est donc propice à l’imagination fertile de l’auteur.
Celui-ci voit vraiment cet ouvrage comme un immense bac à sable où il peut laisser libre cours à sa créativité et c’est ce qui est fantastique. On sent très bien son expérience sur des licences qui étaient aussi du domaine de la science-fiction et qui ont nourri son imaginaire sur ce qui pourrait y avoir dans le firmament. Il y a cette forme d’innocence enfantine et ludique qui se dégage de cette lecture et fait que l’on adhère autant à cette expérience littéraire. Encore une fois, si l’histoire arrive à nous proposer quelques rebondissements, on est avant tout ici dans l’envie d’aventure. Un appel auquel nos deux amis vont justement répondre, car l’ennui propre à leur mission est palpable. Ils se détachent progressivement de leur devoir pour se concentrer sur ce qu’ils veulent réellement même si cela implique de se frotter à des criminels dangereux. De même, il y a une notion très intéressante autour de la jeunesse qui est omniprésente dans ce manga et qui vient appuyer un peu plus les propos de l’œuvre. En définitive, on fait face à une escapade qui ne dure qu’un bref instant et qui pourtant a ce don de nous offrir un pur moment d’évasion. Il n’est pas nécessaire d’avoir un trait incroyable ou bien une intrigue haletante pour plaire au lecteur. Parfois, il suffit juste d’avoir ce sentiment de faire partie de ce monde que l’on nous propose et que l’on s’y amuse tout simplement. C’est ce qui arrive dans ce one shot qui a très bien compris ça et qui nous laisse participer à un petit moment de la vie de ces personnages, mais qui est déjà remarquable pour nous.
Omega 6 brille par sa capacité à nous faire partager le plaisir de son auteur à mettre au point un univers où il peut se lâcher. On se laisse alors facilement convaincre par cette péripétie dont la principale force ne vient pas de son design ou bien de son intrigue, mais bel et bien par cette capacité à nous procurer ce sentiment d’évasion. Une lecture qui se présente comme une parenthèse barrée et explosive où tout semble possible. On finit même par avoir une forme d’attachement pour cet équipage avec qui on aura passé seulement quelques minutes. Une expérience littéraire qui réussit son pari.
Omega 6 nous fait voyager
Comme dit en introduction, on ne savait pas du tout à quoi s’attendre avec Omega 6 et le résultat final est plus que probant. Encore une fois, le design global du manga peut être sujet à discussion en fonction des goûts de chacun. Mais il est surtout incroyable de voir comment l’auteur a su créer une porte dans laquelle on s’engouffre avec plaisir pour finalement atterrir dans un univers où tout semble possible. Même en se limitant à un one shot, le mangaka a su parfaitement capturer un passage de la vie de ces personnages et nous le partager sans que l’on ait le sentiment de ne pas savoir où l’on va. Tout est bien expliqué et l’on comprend les enjeux de cette quête avant de finalement nous attarder sur ce qui fait l’essence de cet ouvrage. En tant que spectateur, on nous délivre ici tout simplement un divertissement qui veut nous transmettre l’importance de rêver et surtout de laisser parfois l’enfant en nous prendre le dessus. Les devoirs que l’on peut avoir sont importants bien sûr, mais il faut aussi toujours garder une petite partie d’amusement et de rêve pour vivre de formidables aventures. C’est autant un récit barré qui nous est proposé qu’une ode à cet imaginaire que l’on peut tous avoir et qui nous permet de nous évader même si ce n’est que le temps d’une lecture. Voilà pourquoi cette expérience littéraire fut saisissante à nos yeux et qu’elle vaut le coup d’œil pour tout ce qu’elle arrive à raconter.
Il est clair que Omega 6 pourra autant plaire qu’être boudé par certains lecteurs. C’est compréhensible, car on est dans un périple qui est au croisement de nombreux chemins. Le manga ici n’est qu’une toute petite partie de la richesse de cette œuvre qui arrive autant à nous donner le sentiment de vivre un instant fun qu’à diffuser des propos prometteurs à analyser. Un très bon exemple de la diversité qui anime ce médium et qui n’a de cesse de nous surprendre au vu de la créativité de tous ces auteurs. On ressent pleinement les inspirations vidéoludiques au sein de ces pages et surtout le reflet du travail de cet homme qui a passé une bonne partie de sa vie à concevoir des personnages et véhicules qui ont fait rêver bon nombre de joueurs. A présent, il utilise son savoir-faire pour l’appliquer à un autre format et si le résultat peut décontenancer de prime abord, son talent est toujours bien présent. Un titre qui pourra plaire à ceux cherchant une lecture sans prise de tête et qui sait nous transporter dans son univers. Bien sûr, il n’y a pas de questions à se poser étant donné que cela signe la conclusion de notre virée galactique. Malgré tout, on peut laisser notre esprit vagabonder en imaginant les péripéties qui pourraient attendre cette équipe qui risque fort de faire des étincelles partout où il passe. On repense à ces quelques pages avec une certaine nostalgie en se disant que leur odyssée est encore loin d’être finie dans notre esprit.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant Omega 6. Trouvez-vous que cette histoire arrive à être intéressante à travers ce petit morceau de voyage dans la longue épopée de nos compagnons ? Pensez-vous que le récit aurait pu aller plus ou cela se suffit amplement en un seul tome ? Est-ce que vous avez été attiré par l’ambiance si singulière de cette œuvre et de ses personnages hauts en couleurs ? A travers cet ouvrage, avez-vous su trouver une lecture plaisante qui montre l’efficacité d’un one shot ? Quel est votre personnage préféré ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.