Karakuri Circus T5 à 8 : que la vraie bataille commence !
Après avoir eu le droit à quatre premiers tomes absolument captivants, Karakuri Circus fait enfin son retour avec les tomes 5 à 8. Provenant tout droit du catalogue de Meian, cette nouvelle édition de ce titre très atypique a déjà su séduire bon nombre de lecteurs. Qu’ils découvrent la licence à travers cette version ou bien qu’ils soient connaisseurs de la première sortie du manga, on a été une grande majorité à être bluffé par le travail fourni en plus d’être conquis par l’histoire. Il faut dire que les surprises furent nombreuses tout au long de cette introduction à cet univers. On était donc très curieux de voir comment cela allait évoluer au vu des événements majeurs ayant eu lieu précédemment. A présent que l’on a ces volumes entre les mains, on peut dire que l’on ne s’attendait pas du tout à la tournure que va prendre le récit. Ce qui n’était autrefois l’histoire que d’un trio uni par la force des choses s’est transformé en une lutte à deux facettes. D’un côté, le monde du cirque montre son quotidien et de l’autre une bataille effroyable voit le jour. Accrochez-vous donc, car il y a beaucoup à dire sur cette suite de ce manga bluffant.
Combat sur deux fronts
Avant toute chose, il est important de se remémorer un tant soit peu ce qu’il s’est passé dans les précédents tomes de Karakuri Circus afin de bien appréhender ce qui se cache ici. L’œuvre de Kazuhiro Fujita nous avait laissés alors que Shirogane et Masaru s’étaient décidé à partir en voyage dans l’espoir de s’éloigner de ceux qui en avaient après le garçon. En effet, en tant qu’héritier d’une immense fortune, le gamin avait attiré à lui une violente confrontation familiale ayant entraîné dans son sillage de nombreuses souffrances. Il a beau avoir mis un terme à cette poursuite, Masaru ne peut oublier le souvenir de l’homme qui lui a tant appris. Narumi, un individu rencontré par hasard et qui l’a sauvé des griffes de ses poursuivants avant de l’accompagner dans son périple jusqu’à ce jour fatidique. A jamais, les mots de son mentor résonnent dans son esprit et lui donnent la force de continuer tout en gardant le sourire. Finalement, gardant en mémoire le précieux souvenir de leur ami, le tandem va entrer en contact avec une troupe itinérante répondant au nom de “Cirque Nakamachi”. Enfin, cirque est un bien grand mot étant donné que le groupe se limite à un père et ses deux fils acrobates. Ayant connu la faillite, ils tentent tant bien que mal de remonter la pente et la rencontre avec Shirogane et son jeune maître est peut-être l’occasion pour eux d’agrandir leurs rangs.
Malheureusement, ils se questionnent aussi sur la pertinence d’engager un gamin qui ne connaît rien à ce milieu et qui pourrait juste devenir une autre bouche à nourrir. Mais alors que Masaru veut montrer qu’il est prêt à se retrousser les manches, le chaos semble régner en ville. C’est en essayant d’arrêter le trouble qui s’empare des gens que les cinq artistes vont faire la connaissance de Liselotte. Cette dernière n’est autre qu’une impressionnante dompteuse de fauves dont les intentions semblent bien mystérieuses. Cependant, une demoiselle avec un tel don pour capter l’attention des animaux pourrait devenir un atout précieux pour la renaissance de la troupe Nakamachi. Les événements s’enchaînent et il semblerait bien que tout ce beau petit monde décide de faire route ensemble vers de nouveaux lieux qui accepteront d’assister à leur prestation. C’est le début d’une nouvelle vie pour cet enfant qui, il n’y a encore pas longtemps, était chassé par des ennemis redoutables. L’espoir est de nouveau permis afin qu’il puisse profiter d’une existence paisible en compagnie de ces gens qui deviennent une seconde famille à ses yeux. Il ignore totalement que très loin d’ici, un combat se mène pour la sauvegarde du monde. Un conflit opposant d’étranges automates à des marionnettistes surhumains. Le rideau se baisse sur ce chapitre du cirque de Masaru et Shirogane pour démarrer un nouveau spectacle qui s’annonce encore plus sanglant que ce qui a déjà été présenté.
Ce qui était très fort avec ce que l’on avait déjà pu lire de Karakuri Circus fut la manière dont l’auteur a su frapper un grand coup. Nous délivrant une scène terrible assez rapidement dans son récit, cela nous permettait d’entrevoir toute la brutalité de cet univers sans pour autant dire adieu à toute forme d’espoir. Au contraire, le mangaka va brillamment utiliser ce moment tragique pour amener nos héros à vivre une nouvelle expérience changeant radicalement de ce qu’ils ont pu connaître. Le cirque leur ouvre les portes et on va avoir une forte envie d’assister à leurs futures représentations.
La découverte du cirque
Comme on a pu le dire en introduction, cette partie de la licence Karakuri Circus se divise réellement en deux faces d’une même pièce. Auparavant, on suivait constamment le même chemin que nos trois protagonistes jusqu’à la fin de ce premier arc narratif. A présent, on voit deux points de vue se former et l’un d’entre eux va nous apporter une expérience très spécifique. Il s’agit de celle où l’on suit Masaru et Shirogane dans leur quotidien au sein du cirque Nakamachi. Ce qui étonne, c’est que l’on n’est clairement plus ici dans une phase tournée vers l’action. En effet, il est avant tout question cette fois d’en apprendre plus sur ce monde du spectacle et ceux qui donnent vie à ces shows. Cela donne presque le sentiment que nos deux amis rangent les armes et cherchent à tourner la page en suivant ce que leur dicte leur coeur. Si l’on avait déjà pu entrevoir cela dans le tome 4, ce changement de ton s’opère pleinement au travers de cette suite. Cela peut décontenancer au premier abord, mais c’est justement ce qui fait tout le charme de cette série. S’il faut prendre en considération l’autre grande partie de l’histoire qui vient entrecouper ces moments de quiétude, le fait d’être plongé dans cette troupe n’est pas anodin. On sent cette envie de nous en apprendre plus sur ces artistes qui passent leur vie sur les routes et cherchent à toucher le plus grand nombre à travers leurs numéros.
De ce fait, ce parti-pris a autant pour vocation de nous instruire sur le sujet que de nous montrer une autre alternative à tout ce combat qui marque les débuts de nos héros. Dans un sens, on se laisse facilement prendre au jeu tant il y a ce côté chaleureux et bienveillant qui s’exprime tout au long de notre parcours avec ce groupe. Ils ont beau faire face à de nombreux défis, cela fait partie de leur mode de vie et bascule justement le manga dans une forme de slice of life teintée de comédie dont le résultat est plus que probant. Un relâchement pour les personnages et le lecteur qui est bienvenu au vu de tout ce que l’on peut observer en dehors de ce cocon qui entoure Masaru et ses compagnons. Mais cela ne veut pas dire pour autant que l’on perd l’émotion et le drame qui entourent ce récit. En réalité, le fait d’avoir accès à cette seconde existence pour cet enfant et sa gardienne accentue encore plus ce qu’ils ont perdu auparavant. Ils ont beau être heureux de ce qu’ils ont actuellement, leur esprit n’oublie jamais ce qu’il s’est passé dans les premiers chapitres de la saga. C’est en voulant être à la hauteur de ce qui leur fut légué qu’ils avancent même s’ils ont le cœur lourd de chagrin. Les sourires que l’on peut contempler sont sincères et vont rendre encore plus marquants les moments où le passé refait surface pour réveiller de profondes cicatrices. Il ne s’agit donc pas uniquement d’un choix fait pour nous amuser et offrir un peu de légèreté. Cela s’inscrit parfaitement dans la construction de ces personnages qui doivent progresser en dépit du poids qu’ils doivent supporter.
Si cette partie de Karakuri Circus ne se concentre pas tellement sur l’action, elle n’en reste pas moins prenante. Un témoignage de la construction de cette famille du cirque qui voit sans cesse de nouveaux artistes faire leur apparition. C’est justement un petit bonheur que de voir ce groupe se développer et offrir à ses membres une vie qu’ils n’auraient jamais pensé avoir un jour. Un moment de réconfort qui va être entrecoupé par l’autre facette du manga. On bascule alors dans une atmosphère plus pesante quand on ouvre les yeux sur le danger qui menace ce monde et la population.
Marionnettes contre automates
On attaque maintenant la partie la plus délicate de cette histoire étant donné qu’il est très difficile d’en parler sans spoiler des éléments importants du récit. On préfère donc prévenir que l’on fera de notre mieux pour éviter d’en dire trop, même si cela sera compliqué. Dès le tome 5, on va rapidement nous faire comprendre que notre regard ne va pas uniquement se concentrer sur le destin de Shirogane et Masaru. S’ils représentent la joie et la bonne humeur dans ce manga, une autre intrigue va venir s’incruster pour renforcer la violence dont peut faire preuve cette licence. C’est durant cet arc narratif, qui a lieu en parallèle de la vie de nos amis dans le cirque, que l’on va faire connaissance avec la véritable menace qui plane sur l’ensemble des pays. Encore une fois, le mangaka fait un travail d’exception pour nous présenter des ennemis qui ne ressemblent à aucun autre et qui collent à cette thématique du cirque et du spectacle de rue. Mais sa maîtrise de la tension ne s’arrête pas là. Nous ne sommes pas uniquement guidés vers une confrontation se déroulant dans les coulisses du monde. Il y a un travail titanesque qui est réalisé afin de créer une aversion de plus en plus forte à l’égard de cet opposant. Les automates que l’on nous montre font preuve d’une joie à la fois robotique et sinistre qui nous glace le sang. Derrière leurs costumes de bouffons, clowns et autres artistes se cachent des êtres qui n’ont aucun scrupule à s’en prendre aux innocents.
Cela entraîne une escalade de la violence qui retient toute notre attention et va même nous choquer à de nombreux moments. On est face à ce que l’auteur réussit le mieux à faire qui est de créer un danger qui trouve parfaitement sa place dans ce décor tout en jouant sur des codes horrifiques réussis. Ainsi, chaque rencontre avec l’un de ces êtres va se transformer en une expérience à la fois marquante et insoutenable. C’est encore plus vrai lorsque l’on arrive vers le tome 7 et 8 où l’intensité des combats et du drame en cours nous touchent en plein cœur. Mais ce qui est encore plus remarquable, c’est quand on observe ceux qui combattent ces créatures à la fois absurdes et cauchemardesques. Les marionnettistes ne sont pas présentés comme des héros. Bien au contraire, l’auteur veut nous montrer des gens qui ont finalement de grandes similitudes avec leurs ennemis de toujours du fait de leur personnalité et de leurs capacités si particulières. On est à la fois admiratif de leurs prouesses que courroucer par les décisions qu’ils prennent. Leur priorité n’est pas de venir en aide aux autres, mais de vaincre coûte que coûte cet adversaire qu’ils affrontent depuis bien trop longtemps. De par cette lutte, on va nous raconter ce qui fait d’un être humain ce qu’il est et que perdre cette humanité peut conduire à être perçu comme un monstre même quand on fait face à l’un de ces démons d’acier. Là où l’on nous faisait jouer sur l’espoir au contact de Masaru, c’est ici un cauchemar sans nom que l’on vit où l’on partage la souffrance de celui qui se retrouve au cœur de cette guerre.
C’est en réussissant à combiner ces deux facettes que Karakuri Circus parvient à trouver un rythme efficace et prenant. On alterne les scènes de combat grandioses avec des instants plus intimes autour de ce petit cirque ambulant. Tout cela contribue à donner une aura singulière et hypnotique à cette série qui façonne sa propre route sans jamais dévier de ce que l’auteur cherche à construire. On a vraiment une incroyable démonstration d’écriture, d’évolution des personnages, mais aussi de tension qui va atteindre un niveau inconcevable dans ces volumes pour un résultat qui nous tient en haleine du début jusqu’à la fin.
Karakuri Circus prolonge le spectacle
On avait déjà été séduit par les premiers tomes de Karakuri Circus, mais ces quatre volumes ont su nous conquérir totalement. L’équilibre entre les deux parties, et même leur alchimie va rendre le rythme de l’aventure encore plus prenant. On passe d’une bataille intense et souvent sanglante à des scènes plus conviviales, douces et chaleureuses. En faisant ça, l’auteur nous montre qu’il maîtrise à la perfection son œuvre pour qu’elle ne soit jamais ennuyeuse même quand il s’agit tout bonnement de découvrir comment fonctionne le monde du cirque. Il a même su créer tout un lore palpitant autour de ce combat opposant les automates aux marionnettistes. Le spectateur assimile chaque information avec une joie incroyable tant tous ces éléments vont venir enrichir l’expérience vécue. De même, le principal rebondissement que l’on peut avoir dans ce segment de la saga aurait pu susciter le débat par rapport à ce qu’il nous fait relativiser sur ce que l’on a vécu. Pourtant, la série parvient à transformer ce revirement en un morceau important de cette histoire et surtout à amener tout un tas de thématiques captivantes autour de celui-ci. A aucun moment on n’a boudé notre plaisir, car même les moments du quotidien de cette troupe sont un petit bonheur à suivre. Ils viennent désamorcer la tension que l’on peut ressentir en les quittant et vont aussi nous apporter cette lumière dont on a besoin. Une œuvre magistrale où Kazuhiro Fujita dirige son spectacle d’une main de maître.
Vous l’aurez rapidement compris en lisant cette chronique, mais Karakuri Circus reste un énorme coup de cœur. On peut même dire qu’il a facilement renforcé notre attrait pour la saga au vu des événements dont on est témoin. Ce qui est fort, c’est que l’on ne s’attendait pas du tout à ce que le mangaka réussisse à nous faire autant vibrer au vu du niveau qu’il nous avait déjà proposé d’entrée de jeu. Pourtant, c’est encore le cas avec, notamment, un passage qui nous reste en mémoire et qui va parfaitement symboliser toute la complexité des personnages de cet auteur. A chaque nouvelle péripétie, il transforme son casting pour le rendre plus attachant, mais aussi plus puissant dans l’émotion retranscrite. Une aventure qui a une identité qui lui est propre et qui se consolide de chapitre en chapitre. Si vous avez déjà apprécié les quatre premiers tomes, alors vous aimerez sûrement la suite. Voilà un titre qui a un charme unique en son genre et qui est le parfait représentant de la créativité d’un auteur remarquable parvenant sans cesse à repousser les frontières de son univers. Bien sûr, qui dit fin de chronique dit questions qui nous restent en tête. Est-ce que l’on va assister prochainement à l’union de ces deux parties qui constituent le manga ? Masaru et Shirogane pourront-ils profiter pleinement de leur nouveau mode de vie ? Qui l’emportera dans cette sinistre et épouvantable bataille entre ces deux camps qui n’ont rien d’humain ? Il nous tarde déjà de plonger dans les prochains tomes.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces quatre volumes de Karakuri Circus. Trouvez-vous que l’auteur réussit constamment à renouveler son histoire ? Avez-vous été happé par tout ce qui nous est présenté et surtout par l’évolution que prend le récit ? Est-ce que vous avez apprécié la synergie qui se dégage entre ces deux facettes de l’œuvre qui prennent des chemins bien différents ? Pensez-vous que l’on aura le droit à un rassemblement futur de ces deux parties ? Trouvez-vous que le manga réussit à combiner moments d’amusement à des situations insoutenables ? Qu’attendez-vous pour la suite de la série ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.