Dragon Quest – Les Héritiers de l’Emblème : une aventure exceptionnelle
On se rapproche de la fin d’année et il est évident que l’on a de moins en moins de nouvelles licences à analyser. Pourtant, cela ne nous empêche nullement de nous arrêter sur des séries qui sont déjà bien installées et qui méritent le coup d’œil. Il faut dire que le marché est toujours aussi florissant et les aventures toujours aussi prenantes. C’est pour ça qu’aujourd’hui, j’avais envie de revenir sur une licence qui a su rapidement me séduire et surtout me tenir en haleine même après déjà 25 volumes. Ce manga nous vient tout droit du catalogue de Mana Books et il s’agit de Dragon Quest – Les Héritiers de l’Emblème. Comme toujours, l’éditeur est spécialisé dans les œuvres qui sont tirées d’univers vidéoludiques. Ce titre ne déroge pas à la règle en s’inscrivant dans le lore de cette grande saga de Square Enix. Pourtant, même les connaisseurs de la licence initiale peuvent être surpris par cette odyssée à la fois sombre et palpitante qui n’a eu de cesse de s’étoffer au fil des tomes. Une épopée dont il est grand temps de parler en détail. J’espère donc que vous êtes prêts pour partir sur des terres rongées par le chaos et l’obscurité.
Un scénario qui ne cesse de monter en puissance
Avant toute chose, il est important de savoir ce que nous raconte Dragon Quest – Les Héritiers de l’Emblème pour bien percevoir la force de cette œuvre. Ce manga, dessiné par Kamui Fujiwara et scénarisé par Jun Eishima, nous emmène au sein d’un monde qui a depuis longtemps perdu toute sa lueur et sa magie. Alors qu’il y a vingt-cinq ans, les héros étaient parvenus à venir à bout du roi des démons, la paix obtenue fut de courte durée. Pendant quelques années, les gens purent profiter d’un peu de répit jusqu’à ce que tout bascule en une journée. Tandis qu’une fête est organisée au cœur du château royal, tous les participants vont disparaître en un claquement de doigts. Cela signifie autant les invités, les serviteurs que les souverains de cette terre. Pour ne rien arranger, ce tragique événement s’est accompagné d’un phénomène encore présent aujourd’hui : la disparition totale de la magie. Un élément qui faisait partie de la vie de chaque habitant de ce monde et où tout le monde doit maintenant apprendre à s’en sortir dans cette oppressante obscurité qui s’installe. Si les recherches furent nombreuses pour trouver des survivants à cette mystérieuse disparition, une seule personne a réellement pu échapper à ce destin. Il s’agit d’Aros, le prince héritier, qui n’a plus aucun souvenir de son passé. Totalement amnésique, il finit par être récupéré par un groupe de bandits qui décide de le prendre dans ses rangs.
Inconscient de son statut, le jeune homme évite de se rebeller et préfère faire partie d’une bande plutôt que d’être seul et livré à lui-même. Mais cette vie est très loin de lui plaire. En effet, il est constamment chargé d’attaquer les villages alentour afin de récupérer les ressources que les habitants auraient sur eux. Il devient l’ennemi de la paix en enlevant le pain de la bouche d’enfants et de vieillards qui veulent juste survivre aussi face au chaos qui s’empare de ce monde. Car les brigands ne sont pas l’unique malheur qui frappe ces contrées. Le manque de magie et la perte de l’éclat qui illuminait ce monde ont fini par permettre aux démons et monstres de revenir progressivement. S’il n’y a pas encore de hordes aussi imposantes qu’à l’époque de leur seigneur, leur nombre ne fait que grandir au fil du temps. Les prémices d’une terrible tempête qui pourrait bien amener la destruction totale de toute cette société. Mais pour Aros, tout cela n’a guère d’importance. Il a beau ne pas vouloir se battre et se montrer assez fuyant, ses camarades souhaitent le voir se salir les mains afin de le considérer comme un des leurs. C’est alors qu’ils tombent face à deux experts en arts martiaux qu’ils comptent bien détrousser. A cet instant précis, le prince amnésique ignore totalement que cette rencontre va bousculer à jamais son destin. Les rouages de son futur se mettent en marche alors qu’il retrouve enfin des gens qui semblent le connaître. Le bandit s’apprête à laisser la place à un héritier ignorant tout du fardeau qui pèse sur ses épaules.
Comme on avait pu le dire dans notre chronique de l’époque sur le premier volume, Dragon Quest – Les Héritiers de l’Emblème apporte une césure assez forte avec ce que l’on peut connaître dans le produit d’origine. Ce n’est pas que la licence Dragon Quest n’aborde pas des thèmes forts, mais c’est qu’elle a toujours eu cette ambiance colorée qu’on lui connaît. Ici, d’entrée de jeu et pendant toute notre escapade, on va explorer un monde terne et même sinistre. Des contrées ayant perdu toute forme de lumière et où survivre peut se montrer extrêmement difficile. Un contraste qui va grandement jouer sur notre appréciation en plus de donner vie à un univers qui semble sans fin.
Un univers sans limite
Comme on peut se douter, Dragon Quest – Les Héritiers de l’Emblème a énormément de matière pouvant être traitée dans ce récit au vu de la série originale dont elle découle. Cependant, il ne faut pas uniquement voir ce manga comme une interprétation de cette saga vidéoludique. Cela serait passer à côté de tout ce que cette œuvre peut offrir en matière d’écriture, mais aussi d’aventure. En effet, s’il n’est pas rare d’avoir un opus de cette licence vidéoludique qui puisse traiter de thèmes forts, on reste souvent dans un univers très coloré. Ici, c’est l’inverse qui se passe étant donné que l’on est dès le départ amené à être dans un monde en proie à la noirceur. D’ailleurs, le trait du dessinateur arrive parfaitement à retranscrire ça à travers un appui profond sur le noir et le gris. On comprend d’entrée de jeu que l’espoir n’existe pas et on arrive donc au premier point fort de la série qui est son ton très mature et violent. En effet, il ne faut pas longtemps pour être témoin des atrocités commises sur ces terres où règne la loi du plus fort. Même Aros, considéré comme le héros de l’histoire, va assister, et même participer à cette brutalité constante. Ignorant tout de son rang, il se laisse guider par les décisions d’autres personnes même s’il fait de son mieux pour ne pas commettre l’irréparable. Mais malgré cela, il ne peut qu’être happé par les ténèbres de ce monde qui vont justement l’amener, à de nombreuses reprises, à se questionner sur son réel impact au sein de cet univers.
Ces hésitations et doutes vont amener notre jeune prince à se remettre souvent en question et par ce biais créer un développement à la fois captivant et difficile. On sent au fil des tomes à quel point tout cela lui pèse sur les épaules et c’est encore plus le cas lorsqu’il comprend la destinée qui l’attend. Se croyant n’être qu’un humain lambda, le voilà avec des responsabilités qui lui semblent impossibles à assumer. On va donc assister à toutes ces épreuves qui vont l’amener de la vie de brigand à celle d’un véritable héros dont on admire le charisme. Une évolution fabuleuse et qui va aussi se propager à l’ensemble du casting. Chaque personnage a le droit à une écriture soignée qui va aussi coller avec l’atmosphère dramatique de cette œuvre. Des combattants prêts à tout pour ramener la paix sur ces terres même si cela implique de perdre ce qui leur est le plus précieux. Il arrive même que Aros laisse totalement la place aux autres, car on ne suit pas l’épopée d’un seul homme, mais d’une myriade d’individus qui tentent de lutter contre cette ombre qui s’étend de plus en plus. Sans oublier bien sûr l’incroyable univers qui nous est proposé où chaque nouveau tome est l’occasion d’en apprendre plus sur le lore impressionnant de la série tout en créant ce sentiment de faire partie d’une aventure hors du commun. Voilà sûrement la plus grande force de ce manga qui est, même après déjà autant de chapitres, de réussir à nous donner cette impression de grandeur et d’évasion.
Dragon Quest – Les Héritiers de l’Emblème est bien plus qu’une aventure voulant surfer sur son produit d’origine. On fait face à une histoire qui arrive à se distinguer de toutes les autres par ses qualités scénaristiques, mais aussi au niveau de la conception de ce monde. On se laisse emporter avec joie dans ce périple qui nous fait passer par bien des émotions au vu de la tournure très dramatique de ce récit. Un voyage qui se présente comme une aventure avec un grand A tout en jouant habilement sur ce ton adulte qui l’anime depuis le départ. Voilà une création qui enrichit à merveille une licence déjà spectaculaire.
Les Héritiers de l’Emblème et son sens de l’épopée
Si j’avais à cœur de dédier une chronique complète à Dragon Quest – Les Héritiers de l’Emblème, c’était justement pour faire un point sur cette fabuleuse série. Alors que l’on est déjà au tome 25 et qu’elle compte déjà 34 volumes au Japon, l’ennui ne se fait pas sentir. Il y a une telle construction qui se forme au sein de ces pages que l’on a le sentiment de voir quelque chose de grandiose se créer. Une épopée au-delà de tout ce que l’on pouvait espérer et qui recolle justement très bien avec l’aspect aventure de la licence d’origine. Tout cela se combine à un scénario bien plus surprenant qu’il n’y paraît et qui surtout veut nous montrer rapidement toute la noirceur de ce monde. Même dans l’écriture de certains protagonistes, on est constamment surpris. On peut assister à la chute d’un personnage que l’on pensait important, de la déchéance d’un héros ou au contraire de voir des ennemis se repentir et prendre une toute autre voie. Avec le matériau de base, le scénariste et le dessinateur ont su créer une histoire totalement unique et palpitante où il n’est pas nécessaire de connaître tous les mythes de Dragon Quest pour apprécier ce qui est raconté. En plus de ça, l’expérience proposée est si propre à cette saga que l’on avance en ayant l’impression de vivre quelque chose de totalement original en matière d’histoire. Une belle preuve de ce que peut donner un contenu annexe d’une série majeure du paysage vidéoludique et qui n’a absolument rien à envier aux grandes épopées du genre.
Il est vrai que se lancer dans Dragon Quest – Les Héritiers de l’Emblème peut être difficile au vu du nombre assez important de tomes. Cependant, on fait face à une saga qui a parfaitement su utiliser l’adn de la licence Dragon Quest pour l’adapter à sa sauce et façonner ainsi une aventure qui est à part entière dans la mythologie de cette franchise. Une lecture qui va monter crescendo et nous réserve tellement de rebondissements et d’émotions au fil des pages. Alors que l’on vient tout juste de terminer le dernier tome en date en France, on se rend compte de tout le chemin parcouru et on a un véritable sentiment de progression et d’accomplissement. Les défis des premières cases sont maintenant remplacés par des ennemis encore plus retors et puissants qui permettent à nos héros d’exprimer tout leur courage, mais aussi leur détermination. Il suffit simplement de voir le parcours d’Aros pour comprendre qu’il est le parfait reflet de ce périple. Un garçon perdu au milieu des ombres et qui a dû surmonter bien des épreuves pour enfin se lancer dans ce qui est sûrement la plus grande bataille de sa vie. Que vous soyez fans de cette licence vidéoludique ou non, Les Héritiers de l’Emblème est un titre qui peut s’adresser à tous les amoureux de grandes aventures. J’espère en tout cas que cette chronique vous aura donné envie de découvrir la série et surtout qu’elle aura su retranscrire les diverses qualités de cette très belle œuvre.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant Dragon Quest – Les Héritiers de l’Emblème. Lisez-vous la série depuis son lancement ? Trouvez-vous qu’il y a beaucoup de qualités derrière ce titre ? Est-ce que cette saga arrive, selon vous, à apporter des choses inédites ou intéressantes à l’univers de cette saga vidéoludique ? Croyez-vous que cette épopée peut encore durer un moment au vu de la progression de son histoire ? Appréciez-vous la manière dont les personnages sont construits ainsi que le monde dans lequel ils évoluent ? Qu’est-ce qui vous a le plus marqué tout au long de ce manga ? Qu’attendez-vous pour la suite ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.