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Décryptage de scènes cultes : l’arrivée au bout du monde de Grandia

Après avoir pris le temps de décrypter une scène précise et marquante de Final Fantasy X, il était grand temps de s’attarder sur un autre passage culte. Voilà pourquoi je vous propose aujourd’hui une toute nouvelle chronique pour analyser un de ces moments qui marque le joueur, spectateur ou lecteur. On reste ici dans le domaine du jeu vidéo avec un titre qui a profondément construit ma passion du JRPG, à savoir Grandia. J’ai déjà eu l’occasion de parler régulièrement de ce premier opus de cette excellente série qui représente pour moi la quintessence de ce que peut être une aventure avec un grand A. Le périple de Justin et de ses compagnons est fantastique, car il s’adresse directement à l’enfant qui sommeille en chaque joueur et le ramène à ce moment où l’on désirait vivre de grandes épopées. Mais si ce voyage vidéoludique nous délivre bien des moments inoubliables, il y a un passage en particulier qui s’inscrit dans la mémoire de tous ceux qui y ont joué. Il s’agit de cet instant où l’on arrive à ce fameux “Bout du monde” censé être la fin de notre périple. Voilà donc le moment de retourner à l’assaut de cet immense mur dont la récompense est sans commune mesure.

Un rêve semblant irréaliste

Comme on a pu le dire dans une précédente chronique, Grandia est une œuvre qui s’adresse directement au joueur en éveillant en lui son âme d’aventurier. En effet, le personnage de Justin est un héros auquel on peut facilement s’identifier étant donné que c’est gamin rêveur qui ne pense qu’à partir explorer des recoins inédits de ce monde. Cependant, on nous dit très clairement dès le départ que quasiment tout a déjà été parcouru par les explorateurs et autres aventuriers aguerris. La seule chose que l’on nous dit qui semble inaccessible est cette barrière naturelle qui fut appelée le bout du monde et qui est symbolisée par un gigantesque mur. Ainsi, le jeu veut nous faire croire que ce monde a bel et bien un terminus par le biais de cette limite qui est connue de tous et qui restreint donc ceux en quête de gloire de se limiter à ce qui est disponible à leur portée. En faisant ça, le récit veut provoquer en nous et en Justin une certaine frustration à l’idée qu’il soit impossible d’être le premier à faire une toute nouvelle découverte. Des terres présentées comme totalement explorées et où le mot aventurier n’est finalement qu’un terme désignant des gens qui sont plus là pour quelques expéditions ou bien monstres à vaincre. C’est là qu’entre en jeu le rêve de ce jeune garçon que l’on incarne qui est de montrer qu’il doit y avoir quelque chose au-delà de cette impressionnante muraille. Un désir qui semble totalement fou pour la majorité des gens, mais qui va justement faire tout le sel de cette épopée. Tout au long des premières heures, on avance avec un objectif clair en tête et qui va être enrichi par les découvertes que l’on va faire dans les ruines que l’on explore et qui supposent qu’il y a bien quelque chose plus loin. 

Cela va créer de nombreuses attentes par rapport à ce moment fatidique qui pourrait autant signifier la naissance d’une découverte hors du commun ou bien la fin de ce voyage. De ce fait, nous ne sommes pas face à une scène qui va apparaître d’un coup et nous marquer directement. En réalité, les développeurs ont ingénieusement préparé ce moment où l’on se retrouverait face à cette vérité autant motivante qu’effrayante. Toute la première partie du jeu va ainsi servir à construire cette attente qui semble interminable jusqu’à ce que l’on arrive au pied de ce mur. Le joueur n’est même pas encore face à ce monument exceptionnel qu’il se met déjà à imaginer ce qui l’attendra une fois sur place. Une pensée qui ne va jamais nous quitter et nous pousser même à redoubler d’efforts pour faire face aux nombreux défis qui se dressent devant nous. Ces derniers vont autant nourrir cette grande aventure qu’est Grandia que se présenter comme des éléments venant renforcer cette impatience que l’on a de voir si oui ou non le monde a raison de croire qu’il n’y a rien au-delà de cette frontière. D’ailleurs, on a beau nous dire que l’on sera face à une construction qui touche le ciel, nous ne sommes pas encore conscients de cette véritable grandeur qui va autant susciter notre émerveillement que notre inquiétude à l’idée de devoir passer cet obstacle. En plus de ça, on va constamment se retrouver face à des individus qui se cantonnent à ce qu’ils pensent savoir sans espérer un seul instant que tout ça ne soit que tromperie et que leur univers finisse par être bien plus grand que ce qu’ils auraient pu imaginer. Justin symbolise cette envie de briser les barrières et surtout de cette force que peut donner un rêve qui semble pourtant totalement fou. Arrive alors le moment tant souhaité et craint où l’on se retrouve au pied de cet édifice défiant toutes les lois humaines.

Grandia - Aventure

Un parcours semé d’embûches

Quand je parle de parcours, il s’agit dans un premier temps de tout ce que l’on va traverser pour atteindre notre objectif. Entre un chef de guilde particulièrement agaçant, l’exploration de ruines et défier l’armée, Justin ne nous laisse clairement pas le temps de nous reposer. Tout cela a une incidence importante sur la manière de construire notre personnage, mais aussi à approfondir l’immersion du joueur. En effet, tous ces combats que l’on va mener aux commandes de ce héros vont servir à façonner ce sentiment d’aventure que l’on a tant voulu dès lors que l’on a quitté le village natal de nos protagonistes. On a beau faire face à bien des défis, cela fait partie intégrante de l’expérience voulue et cela ne fait que renforcer notre motivation à l’idée de se rapprocher de notre but. Mais alors que l’on lève les yeux sur l’imposante structure qui sert de bout du monde à cet univers, on comprend que notre plus grande épreuve est encore à venir. Le seul moyen pour enfin faire la lumière sur la présence de terres derrière ce mur est de l’escalader. Une ascension qui va être particulièrement éprouvante pour le groupe et le joueur. Le studio a fait en sorte que l’on ressente ce sentiment de piétiner au fur et à mesure que l’on progresse le long de ce mur disproportionné. Chaque étage que l’on atteint nous semble interminable et l’on finit même par se demander si cet édifice a réellement un sommet. Une crainte partagée avec les personnages qui vont se demander si oui ou non ils ne feraient pas mieux de laisser tomber. Pour la première fois, on fait face à un obstacle qui ébranle presque la conviction des principaux acteurs de cette histoire ainsi que de celui qui est aux manettes. On partage totalement le côté éprouvant de cette ascension qui n’est maintenue que par cette détermination chancelante d’être le premier à lever le voile sur ce qui pourrait être la plus grosse erreur de l’humanité.

Il y a donc tout un travail qui est fait sur le ressenti du joueur tout au long de ce parcours qui ne va pas uniquement se contenter de le faire monter toujours plus haut. Les ennemis sont très nombreux et l’on a même le droit à quelques énigmes qui vont se présenter comme la cerise sur le gâteau de ce donjon à ciel ouvert. Tout est pensé pour que l’on se sente éprouvé par ce trajet qui n’en finit pas et qui pourtant trouve toujours le juste équilibre pour ne pas que l’on finisse par baisser les bras. De même, c’est là que tout ce que l’on a fait jusqu’ici va aussi servir. Au vu de tout ce que l’on a traversé dans le passé, on ne peut s’empêcher de se dire que tout ça ne doit pas être inutile. L’âme d’aventurier que l’on a aiguisé dès l’instant où l’on a entamé ce périple résonne en nous pour que l’on ne cède pas tout comme Justin. Et finalement arrive ce moment tant espéré. Un soulagement s’empare de nous en voyant enfin que le sommet est à portée de main. Et là, il va se passer quelque chose de captivant. Même en étant au pic de ce mur, on ne nous montre pas tout de suite ce qui peut se cacher derrière. On est tellement pris par le soulagement d’avoir enfin atteint cette destination que l’on s’arrête pour souffler et contempler tout ce que l’on a effectué jusqu’ici. Ainsi, notre regard se porte en premier lieu sur cet horizon que l’on connaît très bien et qui a représenté nos premiers pas dans cet univers. Ce n’est qu’ensuite que l’on va enfin lever le voile sur l’un des plus grands mystères de ce récit. La crainte que l’on pouvait avoir s’efface alors pour ne laisser place qu’à une joie incommensurable en observant ces paysages qui nous sont inconnus. Des terres qui s’étendent à perte de vue et qui montrent que ce “bout du monde” n’est rien d’autre qu’un mur qui a simplement brisé la volonté de ces aventuriers qui n’ont jamais osé tenter l’ascension. Cette scène s’inscrit alors à jamais dans l’esprit du joueur au même titre que pour Justin et ses deux amies. Un spectacle à couper le souffle pour l’époque et qui est autant sublime sur le plan visuel que sur tout ce qu’il représente pour nous et la suite de ce récit.

Grandia ne faisait que commencer

En assistant à ce moment fabuleux, il va se passer deux choses dans l’esprit du joueur. La première est le sentiment d’avoir accompli quelque chose d’exceptionnel au vu de tout ce qu’il a traversé. Une découverte sans précédent qui inscrit déjà Justin et ses compagnons comme de grands et véritables aventuriers. Devant ce paysage, on comprend pleinement le sens de cette voie que l’on a choisie au début de cette épopée. C’est l’envie de découvrir des choses uniques, des lieux fabuleux et surtout d’être le premier à y parvenir qui constituent le cœur d’un explorateur. Grandia est un grand jeu pour tout un tas de raisons, mais il a surtout su pleinement nous mettre dans la peau d’un de ces individus en quête de gloire, de renommée, mais surtout nourri par le désir de repousser les frontières de ce monde. Une sensation grisante et qui prend pleinement son sens tandis que l’on observe cette étendue brumeuse et ce soleil au loin. Si l’on peut considérer comme un accomplissement fantastique pour le groupe et surtout une grande victoire que l’on peut crier à la face du monde, il va aussi y avoir un autre effet encore plus important. Pour arriver jusqu’à ce stade, il aura fallu bien des heures pour explorer chaque recoin de cet univers connu. Mais là, ce moment nous indique clairement que tout ceci n’était qu’un amuse-bouche. A présent, il reste tellement de terres à explorer et de zones à découvrir que l’on ne peut qu’être jouasse à l’idée de foncer vers ce nouveau monde.

On prend conscience que l’on n’a juste effectué une très longue introduction pour nous amener jusqu’à ce moment où l’on commence véritablement notre vie en tant qu’aventuriers. A partir de ce point, chaque pas, chaque combat et chaque rencontre vont être quelque chose d’inédit. Ce moment n’est donc pas uniquement splendide à voir. Au même titre que cette frontière qui sépare le monde connu et l’inconnu, elle symbolise aussi pour le joueur une étape-clef dans sa progression. Une aventure aux deux facettes et où l’envie d’être un aventurier finit par se concrétiser pour nous lancer pleinement dans cette incroyable épopée qui n’a réellement commencé qu’une fois que l’on a atteint le sommet de ce mur. Voilà pourquoi cette scène est culte et aussi d’une importance capitale dans l’écriture de ce périple que l’on vit. Cela ne dure que quelques minutes, mais ce paysage qui s’étend à nos pieds résonne très fortement dans le cœur de Justin et dans le nôtre. Une ode à l’imaginaire, à notre envie de dépasser nos limites et surtout à cette volonté de réaliser ses rêves peu importe ce que l’on peut dire à leur égard. J’espère en tout cas que cette chronique vous aura plu et qu’elle aura su capter tout ce qui fait la force de cet instant fabuleux d’un jeu tout aussi fantastique. N’hésitez pas à me dire si vous avez connu ce passage ou même à me faire vos suggestions de scènes cultes que vous aimeriez que je décortique. La fiction peut être un formidable moyen d’évasion que de mettre en scène des histoires qui enrichissent notre propre personne.

Grandia - bout du monde

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