Gama et Iori : deux rôles qui s’inversent
Avec la sortie prochaine du nouveau tome de Gamaran – Le tournoi ultime chez Kana, j’avais à coeur de parler de toute cette licence ayant commencé avec Gamaran. Mais je me suis demandé comment proposer quelque chose d’intéressant concernant ces deux séries étroitement liées. C’est alors que j’ai pu trouvé un point de vue pertinent pour évoquer à quel point ces deux titres sont les faces d’une même pièce tout en proposant une opposition prometteuse. Voilà pourquoi aujourd’hui, je vous propose de nous attarder sur deux personnages qui sont au centre de ces histoires. Il s’agit bien sûr de Gama et Iori, deux combattants aguerris qui donnent tout pour atteindre les sommets de leur art mortel. Si l’on pourrait aisément s’attarder sur le lien qui les unit propre à l’intrigue de cette saga, je vais plutôt me concentrer sur une autre approche qui prend en compte ces deux mangas. C’est comme ça que l’on va observer comment l’auteur a su inverser les rôles non pas au cours d’une même intrigue, mais de ses deux œuvres. Il est donc grand temps de suivre le destin de deux épéistes de renom décidés à monter les marches vers le sommet.
Le fils désireux de dépasser son père
Avant toute chose, il est important de remettre en contexte ce qui a amené à suivre la quête de Gama l’ayant amené à lutter contre bien des ennemis. En effet, ce jeune épéiste n’est pas uniquement un petit prodige à l’énorme potentiel. Il est surtout un enfant vouant une haine farouche à l’égard de son père, considéré alors comme le plus grand guerrier qui soit. C’est en voulant mettre un terme aux agissements de ce dernier et montrer de quoi il est capable que se lance pleinement l’intrigue de Gamaran. Une série de Yosuke Nakamaru qui nous amène à suivre une succession d’affrontements épiques entre de multiples combattants. C’est d’ailleurs dans le lot que l’on retrouve Iori qui est considéré comme le meilleur représentant du style Ogame après le père de Gama. Cela fait de nos deux sujets du jour des confrères par rapport à leur style commun, mais aussi des rivaux dans cette première série. Il faut comprendre que si notre jeune garçon se présente comme très talentueux, il est encore loin d’avoir le niveau pour concurrencer son compatriote et encore moins son père. Gamaran va ainsi faire de lui le personnage central de l’intrigue et nous montrer son apprentissage du style Ogame au fil de ses nombreux duels. En fait, on se rend compte dans cette histoire que ce qui fait principalement défaut à Gama ne sont pas tant ses compétences, mais son expérience. Du fait de son jeune âge, il n’a pas encore eu l’occasion de mettre pleinement sa vie en péril lors de rencontres où la mort peut frapper à tout instant.
Sa vengeance contre Jinsuke va être l’excuse parfaite pour l’amener à rencontrer bien des maîtres dans leur domaine respectif et de tirer un enseignement de chaque combat mené. Mais quand on prend du recul, on se rend compte que Gamaran est avant tout une œuvre se présentant comme une ode aux arts martiaux et au dépassement de soi. Chacun cherche à s’en sortir et cela passe forcément en étant meilleur que son adversaire. Une fatalité qui va autant s’exprimer par la différence de talent, la ruse, la maîtrise de son art ou tout simplement une détermination plus forte. Iori a beau être déjà remarquable et considéré comme un guerrier redoutable, cela ne l’empêche pas de vouloir constamment s’améliorer. C’est pour ça qu’il est toujours à la recherche d’opposants de valeur lui permettant de vivre des confrontations intenses et surtout de perfectionner ses compétences. Nous sommes face à une course constante vers l’avant de la part de ces personnages qui ne désirent que devenir toujours plus forts et ayant chacun leurs propres raisons derrière cet objectif. Gamaran nous conte donc leur parcours tout en focalisant une grande partie de son récit sur cette opposition entre Gama et son géniteur. Plus les tomes passent et plus on va être témoin du chemin parcouru par cet adolescent qui n’a plus rien à voir avec celui qu’il était au départ. Son assurance des premières pages laisse place à un épéiste ayant compris la valeur de la vie et luttant avec ardeur pour vaincre tous ceux qui se trouvent devant lui. On finit la série en étant admiratif de ce dernier, mais aussi à l’égard de tous ceux qui ont survécu à cet intense conflit ayant servi à savoir qui étaient les plus dignes de se tenir au sommet. Concernant la relation entre Gama et Iori, ce dernier est pendant longtemps un objectif à atteindre de la part du premier. Si l’on termine le manga en se disant que ce rapport n’a pas tant changé malgré l’évolution de notre protagoniste, cela va être bien plus complexe qu’il n’y paraît.
En effet, le cadet désireux de dépasser son aîné a fini par prendre une voie qui lui est propre et c’est finalement dans le spin-off Gamaran – Le tournoi ultime que tout va prendre une autre tournure. L’auteur va habilement jouer sur ce lien que l’on a pu connaître par le passé entre les deux personnages pour provoquer quelque chose de très intéressant en matière de développement. Iori, qui est maintenant considéré comme le numéro 1, se retrouve dans une posture bien délicate.
L’homme voulant être le numéro 1
Il faut comprendre que dans la première série, Iori était un personnage qui ne faisait pas rapidement son entrée sur scène. C’est au bout de bien des chapitres que celui qui deviendra le meilleur élément de l’école Ogame va faire son apparition. En faisant ça, le mangaka va pleinement glorifier son introduction en faisant de lui un combattant qui semble quasiment imbattable. On est ébahi par sa force au même titre que Gama qui voit en lui une figure à dépasser. Mais quand arrive Le tournoi ultime, c’est un revirement assez captivant qui se passe et qui est encore plus remarquable quand on a pu découvrir le manga d’origine. Cette fois, Gama n’est pas au centre de l’histoire. C’est bel et bien Iori qui se retrouve embarqué dans une épopée guerrière afin de déterminer qui est réellement le numéro 1. Les meilleurs combattants se réunissent pour cette compétition mortelle où chaque duel ne peut se conclure que dans le sang. En tant que meilleur prétendant à ce titre et considéré par beaucoup comme l’homme à abattre, Iori va prendre deux rôles. Il est tout d’abord le protagoniste de ce spin-off et supplante donc le jeune héritier de l’école Ogame. Mais il remplace aussi Jinsuke en tant que cible principale des autres combattants. Une position qui va autant lui plaire par le fait que cela lui permettra de renforcer ses talents que de le déranger au vu de tout ce que cela implique. Cette aventure raconte autant une autre forme d’ascension pour désigner le meilleur parmi les meilleurs qu’une fenêtre ouverte sur le potentiel qui se cache encore derrière cet homme.
Plus les combats s’enchaînent et plus on se rend compte que Iori est encore loin d’avoir atteint le zénith de son art. Mais le plus important à noter, c’est que Gama est aussi présent dans cette intrigue. Il va lui aussi être un participant aguerri de ce tournoi qui lui donnera l’occasion de montrer ses capacités tout en réglant certaines affaires. Il ne faut alors que quelques instants pour ouvrir les yeux sur les progrès qu’il a pu faire entre la première et la seconde œuvre. Cela ne vous rappelle rien ? C’est exactement ce qui s’est passé dans Gamaran, mais où ce fut Iori qui fit une apparition aussi remarquée. Les rôles s’inversent de manière brillante et on a presque le sentiment que le jeune épéiste est bien plus dangereux que son homologue qui fut autrefois un modèle à atteindre. Là où Iori a le sentiment d’être bloqué à son niveau, son jeune comparse ne cesse jamais d’aiguiser sa lame. On sent que le mangaka ne veut pas uniquement nous raconter une histoire puissante au travers de ces multiples affrontements. Il veut aussi provoquer une certaine résonance entre son premier titre et cette nouvelle intrigue. Ce parti-pris fonctionne à merveille tant c’est quelque chose de beaucoup plus grand qui se joue devant nous. Au-delà de cette démonstration de force, c’est avant tout une rivalité qui s’exprime entre Iori et Gama et qui a commencé bien avant ce fameux tournoi ultime. Un lore qui s’enrichit et qui s’approprie parfaitement tout ce qui a été construit en amont pour donner vie à une dualité bien plus impressionnante qu’il n’y paraît. Que ce soit en tant que membre de la même école ou en tant que simples combattants, ces deux guerriers se poussent l’un à l’autre vers le haut.
Gama et Iori se livrent une rivalité fracassante
Pris séparément, Gamaran et Gamaran – Le tournoi ultime peuvent totalement être apprécié pour le divertissement proposé. Même si le second amène quelques références à ce qu’il s’est passé dans le premier, cela n’empêche nullement d’apprécier l’histoire qui nous est contée. Mais quand on a suivi cette épopée depuis son commencement, on découvre alors toute l’ingéniosité de l’auteur en matière d’écriture de ses personnages. C’est exactement le cas pour Gama et Iori qui sont chacun le héros de leur propre aventure. Deux élèves du même style et dont le parcours est étroitement lié à tel point qu’il va se passer cette inversion des rôles d’une œuvre à l’autre. Sans oublier l’ombre de ce père et maître qui continue d’influencer leur vie. Il est donc captivant d’analyser à quel point il y a cette relation de cause à effet entre les deux titres tout en admirant la capacité de cet auteur à narrer son intrigue en grande partie par l’action. L’univers de Gamaran s’est construit progressivement au fil des victoires et des défaites où les gagnants sont les seuls à pouvoir en écrire la suite. Une œuvre qui nous montre aussi que même l’homme le plus redoutable peut aussi mettre un genou à terre s’il finit par s’enliser sur son piédestal. En réalité, cette licence est avant tout la représentation de cette envie d’avancer constamment pour ne jamais être dépassé par les événements et les gens suivant la même voie que nous. Des rivalités sanglantes, mortelles et parfois amicales faisant progresser chaque personnage de cette épopée.
J’adore le fait qu’il y ait autant un impact qui se joue entre le développement de Gama et celui de Iori. Celui qui voulait absolument devenir le plus fort et qui n’a jamais cessé de se remettre en question a fini par continuer sa progression. Tandis que l’autre, en touchant le sommet, s’est rendu compte que ce statut pouvait être à double tranchant. C’est exactement ce que nous raconte la saga, notamment dans le tournoi ultime, où il faut attendre le retour du chaos et d’un danger proche pour que Iori retrouve ce qui lui manquait. Un contraste qui ajoute encore plus d’impact à ce que l’on suit et qui peut facilement ravir les fans de Gamaran tant on est sur deux œuvres étroitement liées. Deux récits qui mettent à l’honneur l’art martial de chacun et leur maîtrise de ce dernier afin de savoir qui hissera son style au-dessus des autres. Mais c’est aussi l’histoire de combattants qui dédient leur vie à cette voie où leur existence peut s’arrêter à tout moment s’ils ne font pas attention. Une lecture parfaite pour ceux désirant se lancer dans des combats frénétiques et surtout une oeuvre où il est question d’un développement constant. On se retrouve en tant que témoin des prouesses martiales de ces artistes qui veulent viser le sommet, mais dont beaucoup vont finir par s’écraser au sol. J’espère en tout cas que cette chronique vous aura plu et surtout qu’elle vous aura donné envie de découvrir la saga. Gamaran est l’exemple parfait du manga qui est parvenu à transformer son action en un vecteur d’histoire et c’est fantastique d’assister à chaque confrontation tant elles façonnent cet univers. N’hésitez pas à me dire dans les commentaires si vous connaissez ces deux titres et si vous appréciez celles-ci.