Baki T13 à 16 : le tournoi reprend de plus belle !
Vous le savez, pour certaines longues séries, j’apprécie beaucoup faire un point sur l’évolution de l’histoire et de l’écriture. Cela permet toujours de constater comment se développe une intrigue, mais aussi de voir si l’artiste parvient à maintenir l’attrait que l’on peut avoir pour son manga. C’est actuellement ce que je fais pour Karakuri Circus et la licence que je vais aborder de nouveau aujourd’hui. Vous l’aurez compris, on va parler des tomes 13 à 16 de Baki qui sont sortis il y a peu du côté de chez Meian. Avec déjà autant de volumes, on est en droit de se demander si la série arrive encore à surprendre ou bien si elle se conforte dans ce qu’elle maîtrise déjà. Le mangaka va rapidement nous prouver, notamment avec cette salve de chapitres, qu’il ne se repose pas sur ses lauriers. Dans l’univers du manga de baston, on peut se dire qu’il suffit de délivrer des combats remarquables pour séduire le lecteur. Cependant, c’est loin d’être le cas. En effet, il faut réussir à outrepasser ce simple divertissement brutal pour réussir à conter quelque chose par le biais de chaque coup transmis. Il est donc grand temps de voir comment la série y parvient !
Une invitation surprise
Baki the Grappler, imaginé par Keisuke Itagaki, avait su mettre le feu avec le lancement du tournoi qui allait décider de l’homme le plus fort au monde. Bien évidemment, cette compétition n’était pas uniquement pensée dans ce but. C’est aussi un moyen pour l’organisateur d’attirer l’attention de celui qui a actuellement ce titre et qui semble totalement indétrônable. Il s’agit bien évidemment de Yûjirô Hanma que l’on surnomme l’ogre et dont le fils est actuellement le champion de l’arène souterraine du Tokyo Dome. Un être dont la force dépasse l’entendement humain et qui est toujours à la recherche de nouveaux défis dignes de son intérêt. S’il y en a bien un qui désire le faire tomber de son piédestal, c’est Baki. Au vu de leur passé commun sanglant et surtout de son envie d’être enfin perçu comme un danger de sa part, le jeune garçon n’a eu de cesse de repousser ses limites. Malheureusement, il est très loin d’être encore à la hauteur de ce dernier et cette compétition est la chance pour lui de s’améliorer afin de se rapprocher de lui. Mais il est très loin d’être le seul à vouloir se frotter à cette bête à forme humaine. Il suffit de regarder les noms des participants pour y observer bon nombre de légendes dans leur discipline respective. C’est ainsi que débute ce qui devrait être l’événement le plus important de tous ces combattants ayant accepté de répondre à l’appel de l’arène.
Les premiers duels résonnent au sein de cet espace où la foule est en délire à chaque rencontre. C’est justement durant ce premier tour que Baki va réussir à se défaire de son opposant après avoir subi quelques déconvenues face à lui. A présent, le jeune champion se contente d’observer ceux qui pourraient rapidement devenir ses futurs adversaires. Il est alors admiratif du talent de chacun et surtout du courage qui anime leur regard. Mais le tournoi n’en est qu’à ses débuts que déjà de nombreuses surprises s’apprêtent à venir entraver sa bonne marche. En effet, un invité de dernière minute va venir s’incruster dans la compétition et Baki ne connaît que trop bien ce participant. Un réserviste de taille qui va faire bien des dégâts pour son arrivée et va ajouter un côté encore plus bestial à cet événement. Mais c’est sans compter sur l’intervention de Katsumi Orochi, le prodige du karaté et héritier de Doppo. Celui-ci continue de montrer une assurance à toute épreuve même face au plus imposant des adversaires. Est-il persuadé de décrocher la victoire peu importe la situation ? Ce qui est sûr, c’est qu’il n’est pas à prendre à la légère au vu de ses capacités. Mais nombreux sont les duellistes à ne pas sous-estimer et notamment Kaoru Hanayama. Le roi des bagarreurs et vieille connaissance de Baki compte bien aussi montrer qu’il ne suffit pas de maîtriser un art martial pour être un vrai combattant. Tout ce beau monde se jette dans la mêlée sous le regard d’un invité surprise dont la simple présence risque fort de chambouler le déroulement de cette compétition.
Avec ces quatre tomes de Baki, on va être pleinement plongé dans le tournoi et son ambiance endiablée et bestiale. Mais le premier point à retenir est surtout que cet événement va contribuer à faire de notre protagoniste un acteur parmi tant d’autres. Si cela avait débuté précédemment, c’est réellement entre ces pages que notre regard va bien plus se porter sur les autres combattants que sur le champion. En quelques chapitres, nous voilà totalement impliqués dans l’affrontement de ces gens qui étaient encore des inconnus il y a peu. Une situation qui va rapidement créer des affinités et surtout des légendes que l’on veut suivre.
Le champion n’est plus seul
Voilà un élément qui a son importance et encore plus dans une œuvre comme Baki. En effet, dans chaque manga, il est normal d’avoir des personnages secondaires qui peuvent interpeller et nous intéresser par leur écriture. Cependant, on a toujours cette figure du héros qui se tient devant nous et qui le rend souvent à part au sein d’une équipe. Là, nous sommes face à une série où il est avant tout question de combats et où notre protagoniste est loin d’être le seul à pouvoir être redoutable dans l’arène. C’est justement à ça que va servir ce passage précis de cet arc narratif. Auparavant, on était encore dans l’inconnu concernant tous ces nouveaux individus qui faisaient leur entrée sur scène. Mais avec ces quatre tomes, on va avoir largement le temps d’admirer leurs exploits et surtout leur capacité à vaincre leur opposant. Baki a beau être une force de la nature qui a un potentiel énorme, il n’est plus au centre de l’attention. Au contraire, on peut même dire que l’auteur prend un malin plaisir à le mettre en retrait pour laisser plus de place aux autres. A part les combats qui lui sont destinés, le fils de l’ogre a principalement un rôle de spectateur et va être lui-même témoin que le chemin vers la victoire sera loin d’être facile. Ce tournoi représente l’éclatement de cette figure héroique pour n’en faire qu’un participant comme les autres ayant autant des chances de réussir que d’échouer.
Et cela a un autre effet très intéressant pour le lecteur. Ce dernier va avoir tout le temps nécessaire pour s’attacher à d’autres duellistes que celui qui donne son nom au manga. Ainsi, en fonction des duels, on va être bien plus happé par le style de combat d’un personnage ou bien la détermination d’un autre. Cela provoque en nous un réel sentiment d’être dans le public et de se laisser porter par l’énergie qui se dégage de ces participants, mais aussi du reste des spectateurs. On va même ressortir de chaque affrontement avec l’envie de voir tel ou tel combattant aller le plus loin possible. Le lecteur se prend au jeu de faire ses propres pronostics en fonction de ses affinités et des prouesses de chacun. Ainsi, le tournoi n’est pas uniquement là pour nous divertir et nous offrir un spectacle épique et sanglant. Il est aussi là pour servir de vitrine à tous ces gens qui ne craignent pas les blessures pour simplement faire étalage de leur puissance. Des individus qui ont tous des motivations qui leur sont propres, mais qui sont unis par ce désir d’atteindre le sommet. En plus de ça, le fait d’avoir une telle diversité de profil au sein de casting va être un atout pour le récit surtout entre les mains du mangaka. Il va ainsi pouvoir s’amuser en créant des affiches pouvant sembler improbables, mais qui vont réussir à nous accrocher totalement. Des hommes qui se dédient corps et âme à leur envie d’en découdre et qui veulent voir quel art sera finalement le meilleur.
On est dans une phase que l’on peut souvent considérer de “classique” quand on parle de mangas sur les arts martiaux. Pourtant, Baki montre sa capacité à proposer quelque chose de très fort au sein de cet enchaînement de combats. En effet, l’auteur va aussi réussir à raconter quelque chose par le biais de ces affrontements, mais sans pour autant prendre le même chemin que certains. Ici, si l’individu est mis en avant, c’est réellement sa vision du combat qui va être traité. En entrant dans cette arène, chacun va confronter sa manière de percevoir ce qui fait de quelqu’un un champion.
Le sens du combat
On attaque là une part importante de Baki et qui surtout n’aura jamais été aussi pertinente qu’entre ces pages. Jusqu’à maintenant, il est vrai que l’on se concentrait sur Baki, son histoire et surtout son désir de surpasser son père. Une quête personnelle que l’on suivait avec plaisir tant la construction de celle-ci se montrait efficace. Mais si l’opposition au sein de cette famille captait notre attention, il s’agissait avant tout d’une représentation assez basique de la force qui écrase tout entre eux. Un ogre et sa progéniture qui se livrent une lutte déséquilibrée d’entrée de jeu tant il y a un écart d’expérience et de puissance. Mais le tournoi que l’on nous offre ici est aussi l’occasion de se détacher de cette vision basique du combat pour nous amener à observer une bien plus grande richesse quand on parle de puissance. En fait, on peut même dire que chaque participant ici à sa propre vision de ce qui fait que l’on est fort ou non et que l’on peut surpasser les autres. Certains ne sont pas des artistes martiaux et pourtant n’ont pas à rougir de leur détermination face aux guerriers aguerris. Ceux-ci nous montrent par exemple que ce n’est pas parce que l’on maîtrise un art mortel que l’on n’est pas redoutable. Pour eux, tout est une question de courage, mais aussi d’une certaine insolence où tous les coups sont permis. Ils nous rappellent qu’un combat ne respecte pas à la base de règle de courtoisie et que c’est celui qui sait le mieux s’adapter qui peut espérer être le gagnant.
De même, on observe des maîtres dans leur discipline qui eux vont faire preuve d’un sang-froid à toute épreuve. Connaissant parfaitement leurs capacités physiques, ils représentent un sens du combat beaucoup plus affûté et précis. Le calme et la sérénité sont pour ces gens les meilleures armes possibles face à des montagnes de muscles. Même ceux qui paraissent vieux et moins fougueux que les plus jeunes peuvent tirer leur épingle du jeu par cette sagesse qu’ils ont. Et on se rend compte, plus on progresse dans cette compétition, que les combattants ne luttent pas uniquement pour la victoire, mais pour démontrer aussi que leur approche de la baston est la bonne. Aucun d’eux ne veut reculer et se dire que tout ce qu’il a construit jusqu’ici s’effondre tout simplement parce qu’il n’a pas pu montrer sa vision du combat. Cela donne encore plus de profondeur à chaque duel où l’on va être happé par ce double discours qui se présente à nous. Un très bon exemple de ça est Hanayama. Il est un yakuza qui lutte sans réellement avoir appris un art martial. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle le roi des bastonneurs. C’est parce que pour lui, une véritable bataille fait totalement fi des styles de chacun et l’on revient tout bonnement à une confrontation de la détermination de chacun. Cela rend chaque rencontre aussi palpitante qu’unique étant donné que même si l’on connaît les participants, on ignore totalement qui réussira à imposer son sens de la baston à l’autre. L’action est là pour mettre en avant la voie de chacun et montrer qu’il n’existe pas qu’une seule façon de lutter.
Baki maîtrise tellement bien sa capacité à exprimer ce qu’il veut au travers de cet événement central de la série. Si l’on avait eu le droit jusqu’ici à un traitement pertinent de notre jeune protagoniste, cette fois c’est à l’ensemble de ces grands combattants de montrer de quoi ils sont capables. Des maîtres dans leur domaine qui n’ont rien à envier au fils de l’ogre et qui inscrivent à jamais leur nom et leur vision du combat en lettres de sang sur le sol de cette arène. Un champ de bataille où ils s’en donnent à cœur joie afin de savoir qui sera le champion incontesté et l’homme le plus fort au monde.
Baki et ses rivaux
On entre dans une phase très intéressante de Baki avec ce tournoi qui nous délivre déjà notre lot de moments grandioses. Avec ces quatre volumes, on est totalement immergé dans cette arène souterraine où le cri des spectateurs se mêle au fracas des poings. On suit ce pugilat où chaque combattant donne tout ce qu’il a pour espérer franchir une nouvelle étape de la compétition. En mettant en arrière notre protagoniste, l’auteur s’assure que le spectateur ne soit pas uniquement focus sur ce dernier. Il veut nous montrer que même s’il est le héros de cette histoire, cela n’empêche pas d’autres de briller aussi sur scène. En fait, on pourrait même dire que cet arc narratif en cours est un véritable hommage aux arts martiaux et à tout ce qui gravite autour. Bien sûr, la bestialité et la sauvagerie dont font preuve les duellistes ajoutent une partie encore plus épique à ces confrontations. Mais si l’on s’arrête quelques instants sur ce qui nous est raconté derrière toutes ces techniques et échanges de coups, on se rend compte que le mangaka maîtrise parfaitement son sujet. Un artiste qui utilise avec brio l’action frénétique de sa série pour nous conter une lutte des valeurs et de la vision de la baston. Un manga qui parvient donc à conserver ce qui fait toute son âme tout en enrichissant ses propos et son show par le biais de ces nouvelles affiches qui nous sont proposées dans ce tournoi.
Baki montre pleinement qu’il est un incroyable récit où l’action sert la narration et où un combattant inconnu au bataillon peut rapidement devenir un personnage que l’on a envie d’encourager. De même, si l’ogre continue d’être la représentation d’une force quasiment impossible à vaincre, le reste du casting arrive à contrebalancer ça par une sorte d’honneur à l’égard de ceux qui luttent. Une fresque guerrière où de nombreux lutteurs échouent, mais laissent malgré tout leur empreinte dans l’histoire de cette compétition. Si certains écrasent leurs adversaires, il n’y a pas un seul participant qui ne décide de baisser les bras face à l’adversité. Des êtres conscients de leurs forces et faiblesses, mais qui vont tout donner non pas pour les spectateurs, mais pour eux-mêmes. Cette série continue de se présenter comme un divertissement fabuleux et surtout grisant où l’on est emporté par ces prouesses martiales dont nous sommes les témoins. Une saga qui ne déroge absolument pas de tout ce qu’elle a construit auparavant et qui arrive en plus à proposer un événement majeur en adéquation avec la philosophie de cette aventure. A présent, il est inévitable d’avoir quelques questions pour la suite de cette épopée. Est-ce que Baki sera finalement le grand gagnant de ce tournoi ? Assisterons-nous à l’avènement d’un outsider inattendu ? Que compte faire l’ogre face à une telle brochette de combattants aguerris ? Le prochain acte s’annonce musclé !
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces tomes de Baki. Etes-vous toujours autant emporté par ce tournoi et l’effervescence qu’il y a autour ? Croyez-vous que l’on aura le droit à encore beaucoup de surprises pour la suite de cette compétition ? Pensez-vous que notre jeune champion a une chance de venir à bout de tous ses adversaires et de se confronter à celui qu’il désire tant combattre ? Quel est votre participant favori au sein de cette arène et a-t-il su vous étonné au fil du temps ? Qu’attendez-vous pour la suite de la série ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.
© 1991 Itagaki Keisuke, Akita Shoten