Holyland-Vol.1-2

Holyland T1 & 2 : une lutte pour trouver sa place

En cette première moitié de 2023, on peut dire que les nouveautés attendues furent nombreuses. Des titres qui enchantent le cœur de beaucoup de fans et qui s’avèrent captivants à décortiquer. Voilà pourquoi j’apprécie toujours de voir ce qui se cache derrière un manga qui se veut particulièrement désiré au-delà de l’aura qu’il peut y avoir forcément autour de l’auteur. Si je parle de ça, c’est parce qu’aujourd’hui on va parler d’une série qui est dans ce cas de figure. Il s’agit tout bonnement de Holyland qui a fait ses débuts récemment dans le catalogue de VEGA-Dupuis. Débarquant avec ses deux premiers volumes, cette sortie est l’occasion rêvée d’analyser ce qui peut faire l’attrait de cette histoire. Alternant entre le calme apparent d’une journée étudiante banale et une nuit mouvementée dans les ruelles sombres d’un quartier animé, cette introduction va rapidement frapper un grand coup. Alternant entre l’action frénétique d’un furyo et une quête plus personnelle, cette aventure a largement de quoi retenir l’attention. L’heure est donc venue de sortir la nuit et de braver les dangers qui rôdent dans cet environnement urbain.

Le chasseur de yankees

Holyland Vol.1Holyland, imaginé par Kouji Mori, nous conte l’histoire de Yû Kamishiro. Ce lycéen qui semble tout à fait banal vit en réalité un profond mal-être en lui. Il a le sentiment qu’il n’a sa place nulle part que ce soit en cours ou chez lui. A vrai dire, il n’a même pas l’impression d’exister. Se faisant constamment marcher dessus par les autres, il se questionne vraiment sur sa place dans ce monde et s’il ne ferait pas mieux de tout abandonner pour disparaître à tout jamais. Mais c’est à ce moment précis qu’une simple découverte va radicalement changer son existence. C’est en découvrant une revue sur la boxe qu’il va découvrir une leçon pour apprendre à faire un jab-cross, une technique de base de cette discipline. Sans réellement comprendre pourquoi, il se dit qu’il va s’entraîner à l’exécution de cet enchaînement. Il a beau ne pas être un sportif dans l’âme, Yû va pourtant s’accrocher et ses journées vont devenir des successions de coups dans le vide afin de s’exercer à cette attaque. C’est après avoir enfin maîtrisé ça qu’il va prendre la décision de sortir de sa bulle et de se rendre de nuit dans le quartier de Shimokitazawa. Un lieu peu rassurant le soir au vu des nombreux yankees qui pullulent dans les rues et qui n’hésitent jamais à se battre pour un oui ou pour un non. Malgré ça, cet adolescent continue de vagabonder au gré de ses envies. Mais la présence d’un être aussi chétif en apparence va être suffisante pour les voyous des environs de s’en prendre à lui. 

Cependant, ces derniers ne s’attendaient pas du tout à faire les frais de son entraînement. Ils se retrouvent tous mis en déroute par ce simple enchaînement qui est devenu instinctif chez Yû. Cette situation en est venue à un tel point que les habitués du quartier ont fini par lui donner le surnom de “chasseur de yankees de Shimokita”. Pourtant, tout ça n’est absolument pas voulu par Yû qui n’a fait que se défendre à chaque fois. Alors qu’il pensait avoir trouvé un lieu où il puisse se sentir en paix et vivant, il va finalement être aspiré dans une spirale de violence et de confrontations. Il faut dire qu’il a humilié sans le vouloir bon nombre de membres de gangs qui ne désirent plus qu’une chose : la vengeance. C’est d’ailleurs très risqué pour Kamishiro de se balader actuellement, car l’un de ces groupes a décidé de faire appel à un judoka connu pour ne pas faire dans la dentelle. Mais face à un adversaire aussi expérimenté, le jeune garçon doit-il fuir pour autant ? Si la peur est bien présente dans son coeur et résonne dans tout son corps, il y a quelque chose d’autre qui le pousse à se rebeller. Peu importe ceux qui viendront se dresser devant lui, le lycéen ne veut plus jamais reculer peu importe les blessures et les coups qu’il risque de prendre. Ainsi débute le combat existentiel de Yû pour trouver enfin sa place. Même si cela doit se faire dans la douleur et la brutalité, rien ne semble pouvoir freiner sa détermination. Il est maintenant le seul à pouvoir décider de son destin.

Il est vrai que le contexte initial de Holyland a de quoi éveiller l’intérêt. Le fait d’avoir comme figure centrale un jeune homme frêle en apparence et qui pourtant parvient à tenir tête aux pires voyous a quelque chose d’intrigant. Mais ce n’est pas uniquement dans cette proposition que l’œuvre va réellement capter l’attention du spectateur. C’est en s’immergeant au sein de ces pages que l’on va pleinement comprendre ce qui fait la force de ce manga. Un titre qui ne se limite pas uniquement à une virée nocturne dans le milieu des loubards et autres bagarreurs. C’est avant tout une histoire sur la recherche de soi et le fait de s’affirmer.

Des poings qui expriment une profonde souffrance

Comme j’ai pu le dire en introduction, Holyland est une œuvre qui avait déjà une importante aura avant même de sortir en France. J’étais donc très curieux de m’attarder sur la série notamment au vu de l’attrait que j’ai pu avoir pour les autres mangas du mangaka. Autant dire que j’ai été soufflé à bien des égards par ce qui nous est proposé au sein de ces deux premiers volumes. La première chose qui nous frappe est cette ambiance qui se dégage de ce récit. On sent cette emprise de la nuit sur le lecteur et qui va pleinement nous plonger dans ce quartier animé une fois que le soleil disparaît. Une effervescence qui se ressent pleinement et qui va aussi sublimer ce sentiment de danger propre à cet univers où les bandes font la loi. C’est donc un paysage urbain réussi que nous dessine l’auteur et qui ne va pas être uniquement une toile de fond à cette histoire. Au contraire, ce lieu, où se passe la majorité de l’action, va aussi être un symbole notamment pour notre jeune protagoniste. On aborde alors un élément central de la série et qui fait une bonne partie du charme de celle-ci. Il s’agit tout bonnement du personnage de Yû. On met un peu de temps avant de faire sa connaissance, n’entendant parler de lui qu’à travers la rumeur qui circule concernant le “chasseur de yankees”. On se dit donc tout naturellement que l’on va faire face à un vrai bagarreur au niveau du physique et pourtant c’est tout le contraire qui se passe. 

On découvre un héros qui est loin d’être impressionnant par sa carrure et qui déborde d’une normalité qui détonne avec l’endroit où il est. Et c’est justement ce contraste qui va appuyer initialement l’intérêt du lecteur à l’égard de cet étudiant. En réalité, on va se demander ce qu’il fait là et surtout, au vu de son caractère, comment il peut être désigné comme le cauchemar des brutes du coin. Mais c’est en progressant dans l’intrigue que l’on va pleinement prendre conscience de la richesse de ce personnage. En fait, nous sommes devant un adolescent qui a l’impression de ne plus avoir sa place en ce monde. Harcelé à l’école, craintif et ayant du mal à échanger avec les autres, il finit inlassablement par se refermer sur lui-même, impactant de ce fait sa famille. On assiste à cette solitude qui s’empare de lui et qui peut tout à fait se comprendre au vu de ce qu’il traverse et ressent. La lueur d’espoir viendra de ce simple enchaînement de boxe qu’il va découvrir. Un élément qui peut sembler anodin, mais qui va lui donner la force de se confronter de nouveau au monde extérieur. Cela ne signifie pas pour autant qu’il change totalement. Au contraire, il reste un adolescent peureux et qui se questionne constamment. Mais maintenant, même quand la terreur le paralyse, il ne veut plus reculer. C’est cette quête pour enfin s’épanouir et se forger son propre avenir qui est au centre de l’intrigue. De ce fait, on ne peut s’empêcher d’être admiratif de ce lycéen qui, même face à plusieurs voyous, évite de flancher. Une leçon de courage qui donne des frissons autant au lecteur qu’à ceux qui assistent à ses combats. Nous voilà face à un jeune homme qui veut simplement prouver qu’il existe et qu’il a aussi le droit de vivre.

J’étais impatient de découvrir pourquoi Holyland semblait faire autant de bruit parmi les fans. Avec ses deux premiers volumes, j’ai rapidement compris pourquoi. Une licence qui arrive rapidement à nous plonger dans son histoire et surtout à focaliser notre attention autant sur les phases d’action que sur le développement de notre protagoniste. Un adolescent loin d’être sans peur et qui justement arrive à avancer grâce à cette angoisse qui le ronge. C’est en la confrontant à son désir de ne plus se faire marcher dessus que l’on assiste à la naissance d’un protagoniste capable de nous donner des frissons.

Holyland frappe dans le mille

Holyland Vol.2Je suis vraiment très content de m’être lancé dans ce début d’Holyland au vu de toutes ses qualités. Il y a vraiment deux aspects qui se complètent mutuellement tout au long de cette introduction. D’un côté, on a l’aspect combat qui marche vraiment bien et où l’on est impliqué dans chaque duel que l’on nous propose. De l’autre, on a aussi le droit à une partie bien plus centrée sur l’humain et ce qui anime notre protagoniste. En dehors du fait qu’il se confronte à des brutes quasiment chaque soir, son histoire peut facilement parler au plus grand nombre. Les questions qu’il se posent peuvent résonner en nous, car n’importe qui peut se demander où est sa place dans cet univers et surtout trouver un lieu où l’on se sent épanoui. A noter aussi un point important concernant tout ce qui touche aux affrontements. L’auteur va fréquemment appuyer ce qu’il se passe en venant briser un peu le quatrième mur afin de nous expliquer en quoi ces techniques de sport de combat sont efficaces. De ce fait, il y a aussi un petit côté instructif qui se mélange à merveille avec cette ambiance brutale et pourtant grisante. C’est en tout cas une franche réussite et où le mangaka va surtout réussir à nous faire accrocher au développement de son protagoniste. On a envie de voir jusqu’où il ira et s’il finira par devenir un vrai cauchemar pour les diverses bandes ou bien s’il trouvera sa propre voie sans forcément devoir se battre constamment. Ce qui est sûr, c’est que ses poings vont encore être utiles prochainement.

Vous l’aurez donc aisément compris, Holyland fut un très beau coup de cœur pour moi. Ce fut une très bonne idée de sortir les deux premiers tomes simultanément, car cela permet de réellement s’imprégner de ce qui anime Yû tout au long de ses virées nocturnes. De même, j’ai été comblé par le trait de l’artiste qui ne se limite pas uniquement à nous donner des duels prenants. Il va aussi donner vie à un décor qui joue un rôle considérable dans la construction de cette histoire. Alors qu’il pourrait très bien se limiter à sa vie d’étudiant, Yû préfère se confronter aux dangers nocturnes de ce quartier pour avoir le sentiment d’avancer réellement. Une série qui pourra donc autant plaire aux fans de l’auteur qu’à ceux souhaitant une aventure mêlant furyo et développement personnel. Evidemment, c’est l’heure des traditionnelles questions que je me pose suite à cette lecture. Est-ce que Yû va réussir à se faire sa place dans cet environnement ? Quels seront ses prochains adversaires ? Va-t-il enfin trouver la paix ou sa vie ne sera-t-elle qu’une succession de combats ? Va-t-il renouer avec son quotidien ou bien se perdre dans les ruelles de ce quartier à chaque nuit ? Que va donner sa rencontre avec certains des habitués de ce lieu ? Il me tarde de découvrir la suite !

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de Holyland. Trouvez-vous que le manga réussit à nous faire avoir de l’empathie pour son protagoniste ? Avez-vous envie de voir ce qu’il va bien devenir au fil de ses péripéties nocturnes ? Appréciez-vous ce contraste justement entre l’image qu’il reflète et ce qu’il est capable de faire ? Est-ce que la série parvient, selon vous, à être autant divertissante dans son action que puissante dans ce qu’elle raconte par le biais de ses personnages ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

© 2000 Mori Koji, Hakusensha

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