Baki T17 à 20 : la finale approche !
Vous le savez sûrement, mais quand j’aborde certaines longues séries j’aime voir comment celles-ci évoluent au fur et à mesure des tomes. Dans ce domaine, j’ai souvent pu le faire avec quelques titres de chez Meian du fait qu’ils sortent quatre volumes simultanément. Cela permet d’avoir un regard global sur la progression d’une œuvre et surtout sur ce que peut raconter un arc narratif au fil de son avancée. Vous l’aurez donc compris, aujourd’hui on retourne en terrain connu, car je vais vous parler de Baki et plus précisément des tomes 17 à 20. Il est fou de se dire que l’on a déjà atteint ce nombre de volumes et surtout d’observer la construction de cette histoire qui s’écrit dans le sang et la sueur. Alors que l’on pourrait se dire qu’un manga principalement axé sur la baston pourrait rapidement tourner en rond, c’est tout le contraire qui se passe ici. Une fois de plus, cette épopée musclée nous montre que derrière cette brutalité se trouve une captivante réflexion sur bien des sujets autour des arts martiaux et de cette envie d’être le plus fort. Il est donc grand temps de reprendre nos places dans les gradins et de contempler à nouveau ces incroyables combattants.
Un tournoi plein de surprises
Avant toute chose, il est important de remettre en place le contexte de Baki afin de comprendre ce qui nous attend au sein de ces quatre volumes. Le manga de Keisuke Itagaki s’était arrêté alors que le tournoi battait son plein. Pour le jeune champion, ses quelques combats lui permirent de se hisser dans les derniers participants encore en lice. S’apprêtant à affronter une véritable légende de la lutte, il se retrouve totalement surpris en voyant que ce dernier lui demande de le laisser gagner. Alors qu’il avait toujours combattu vaillamment, le grand gaillard lui servant de futur adversaire se mettait à l’implorer pour une chose qu’il ne pouvait faire. Mais cette arène fut aussi l’occasion pour le tsuppari Chiharu Shiba de montrer sa détermination face au champion de boxe Iron Mickael. Alors que le premier n’est qu’un débutant dans le monde des sports de combat, il arrive à tenir tête à cette légende qui comprend progressivement que les règles sont bien différentes ici que sur un ring. Laissant tomber ses gants, le combattant aguerri respecte le feu qui brûle dans les yeux de son jeune adversaire. A présent, c’est un duel d’endurance qui se joue entre les deux tandis qu’ils se rendent coup pour coup. Un pugilat qui impressionne toute l’assistance. Tandis que tout le monde était au départ derrière le boxeur, les voilà admiratifs de ce voyou qui a su montrer qu’une vraie baston ne s’arrête pas à quelques règles.
Ici, pour l’emporter, il faut autant se montrer plus déterminé que son opposant, mais aussi savoir encaisser chaque assaut. Mais alors que tout le monde a les yeux braqués sur cette intense confrontation, quelque chose semble se passer dans les coulisses de ce tournoi. Un homme, gardé en réserve au cas où il y aurait un problème avec l’un des participants, commence à perdre patience. Un géant qui ne souhaite que prouver sa force et ainsi rendre honneur à sa patrie. Cependant, sa patience pourrait bien être prochainement récompensée au vu de la brutalité des combats. Il suffit parfois d’un seul coup pour qu’une personne ne puisse plus du tout être apte à poursuivre. En plus de ça, tous ces artistes martiaux ont aussi un autre poids qui pèse sur les épaules. Dans les tribunes se trouve celui pour qui ils sont venus se battre. Yujiro l’ogre est présent et semble assez ennuyé de ce qu’il voit. Ayant fait irruption avec l’un de ses poulains, il observe distraitement ces gens se donner en spectacle. Pour cette bête aux allures d’homme, il ne cherche qu’à trouver la personne qui saura l’amuser un tant soit peu avant de finir déchiqueté entre ses griffes. Tout le monde sait pertinemment à quel point sa puissance est sans commune mesure et pourtant tous veulent se frotter à celui qui se tient au sommet de la chaîne alimentaire. Même le fils de l’ogre ne peut contenir son impatience de mettre un terme à leur histoire commune. Mais pour avoir une chance de se mesurer à lui, il faut encore parvenir jusqu’à la finale. Le chemin est encore long pour affronter le seigneur des combattants.
Ce qui est bien quand on s’attaque à des tournois dans le monde du manga, c’est la manière dont le mangaka va chercher à nous accrocher tout au long de cet événement. Dans Baki, alors que cette compétition dure déjà depuis bon nombre de volumes, on remarque que l’auteur va justement amener des phases différentes dans cet arc pour exprimer d’autres choses sous couvert de cette réunion d’artistes martiaux. Des combats endiablés dont la première qualité va être justement de nous surprendre alors que l’on pouvait être sûr de certains pronostics.
Des combats toujours plus grandioses
Comme à chaque fois, il est important de s’attarder sur les confrontations dans Baki. Il est vrai que l’on pourrait croire avoir fait le tour de ce qu’il y a à dire dessus au vu des très nombreux duels qui ont déjà parsemé la série. Cependant, dans une œuvre qui axe autant son histoire autour de ce déferlement d’action, il est vital de voir si justement l’auteur arrive toujours à offrir une forme de renouvellement dans l’écriture de ces scènes. Et là, je dois dire que le mangaka fait très fort au fur et à mesure que l’on progresse dans le récit. Evidemment, au vu du tournoi, il est évident que l’on retombe sur les mêmes visages qui semblent avoir combattu il y a seulement quelques chapitres. Mais justement, ces derniers arrivent toujours à nous étonner au vu de ce qu’ils peuvent cacher ou bien de leur capacité à se surpasser. En fait, cette compétition est pour eux autant une occasion de prouver qui est réellement le plus fort que de s’améliorer au contact d’adversaires remarquables. On le sent pleinement au sein de ces pages et cela concerne autant notre jeune protagoniste que les autres participants. Personne n’est mis de côté et c’est ce qui fait aussi tout l’intérêt de cette série. Nous ne suivons pas le destin d’une seule personne, mais une multitude d’experts qui cherche à se dépasser et à montrer la suprématie de leur art respectif. Ainsi, si l’on a pu être témoin des capacités de ces compétiteurs, cela ne signifie pas pour autant qu’il suffit de faire la même chose pour enchaîner les victoires.
Justement, tout va être ici une question d’adaptation et surtout de maîtrise de soi afin d’imposer son style face à celui de l’autre. On peut le voir très clairement concernant certaines affiches qui vont vraiment tirer le meilleur des deux opposants. Mais en plus de ça, l’ombre de l’ogre n’a jamais été aussi pesante qu’entre ces pages. En plus de faire une intrusion pour le moins remarquée, la cible de tous ces gens va aussi amener une pression supplémentaire sur leurs épaules. Il n’est plus uniquement question de venir à bout de son adversaire. Il est important de réussir à prouver, en quelques minutes, qu’ils sont des combattants dignes d’éveiller l’intérêt de ce monstre. C’est donc comme s’il y avait deux combats qui s’opéraient à chaque fois au sein de cette arène. De ce fait, cela donne encore plus d’enjeux à ces confrontations qui, en plus de ça, vont encore nous réserver bien des surprises. L’auteur arrive à trouver un juste équilibre entre prouesses martiales, incertitudes sur le résultat et grosses surprises venant chambouler cet événement. Mais ce qui est encore plus remarquable, c’est que même les perdants ne ressortent jamais dans l’indifférence. Au contraire, il arrive à créer des personnages qui ont su se hisser jusqu’à ce niveau de la compétition et dont la défaite cause surtout une certaine amertume de ne pas les voir aller plus loin. On se dit alors que l’on a un respect pour ces individus qui sont prêts à encaisser tous les coups possibles pour tout bonnement briller l’espace de quelques minutes devant une foule en délire.
Bien sûr, Baki est un manga qui se veut avant tout grisant dans sa manière d’exposer les arts martiaux et de nous faire suivre des affrontements endiablés. Cependant, il faut aussi prendre du recul pour voir à quel point cette saga peut aussi aborder des thèmes bien plus forts justement par le biais de son action. Ce passage du tournoi en est un très bon exemple notamment en nous dévoilant peu à peu le passé de certains personnages et surtout la voie qu’ils ont décidés d’emprunter. Des hommes déterminés à aller toujours plus loin peu importe les sacrifices nécessaires.
A la poursuite de l’ogre
Quand je parlais un peu plus haut de l’importance de la présence de Yujiro, même en tant que simple spectateur, dans ce tournoi, cela va encore bien plus loin. En fait, depuis le début de la série, on assiste à la lutte de nombreux personnages dans l’objectif d’être considéré comme le plus fort. Un but que l’on peut comprendre par rapport à leur statut d’artiste martial, mais qui va aussi basculer dans l’abus quand cela dépasse ce cadre. En effet, s’il y a une dimension sportive autour de ces affrontements du fait du style de chaque duelliste, on se rend compte aussi que cette quête du sommet est ancrée bien plus profondément en eux. C’est même en tant qu’homme qu’ils déclarent haut et fort désirer la puissance et prouver au monde leur supériorité. On peut alors être déboussolé de ce raisonnement qui dépasse le simple dépassement martial au vu du fait qu’il s’agit juste d’écraser chaque ennemi jusqu’à s’asseoir sur le trône. Mais c’est justement là qu’est tout le génie du mangaka. En nous plongeant dans cette course effrénée et presque autodestructrice, il souhaite montrer le côté animal de l’être humain qui cherche juste à appuyer sa suprématie sur les autres. Yujiro en est justement un parfait exemple étant donné qu’il considère sa soif de combat comme étant au même niveau que de manger. Il appuie le fait qu’il n’y a pas de raison grandiose derrière son attitude, mais juste un besoin vital pour lui et qu’il veut donc profiter de duels grandioses au même titre que de savourer un plat savoureux.
Et si cet homme se présente comme une exception au vu de sa force prodigieuse, on sent aussi que ces quatre tomes vont montrer la face plus sombre de nos combattants. Ainsi, on peut en voir certains, cherchant désespérément à tirer leur épingle du jeu, prêts à abuser de stratagèmes qui n’ont absolument rien de sportif ou d’honorable. D’ailleurs, on a le droit à toute une partie très intéressante entre la force naturelle, cultivée au fil des années, et le dopage qui peut transformer le plus chétif des individus en un véritable monstre. Les parallèles sont nombreux et ainsi vont donner encore plus d’impact à chaque duel. Même Baki va montrer que sa raison de surpasser son père n’est plus uniquement dans le but de sortir de son ombre. Il a aussi quelque chose qui l’anime et qui s’est déclenché dès lors qu’il y a eu le plus gros drame de sa vie. Et même ceux qui se présentent comme des maîtres ont aussi cette flamme dévorante qui brûle en eux et qui les consume petit à petit pour devenir le meilleur quitte à enchaîner les stigmates, cicatrices et autres profondes blessures. Mais c’est aussi en étant au contact avec ces autres personnes poursuivant le même objectif qu’ils vont réussir à aller de l’avant et à perfectionner ce qui semblait déjà parfait. Une œuvre qui aborde la question du dépassement de soi, mais aussi cette quête destructrice pouvant guider certains hommes désireux d’être au-dessus des autres. En comprenant ça, il y a un mélange d’admiration et de tristesse qui s’empare du lecteur face à des individus qui dédient entièrement leur vie à ce but, mais qui peuvent totalement être dévorés par celui-ci.
Voilà en quoi cette nouvelle partie de Baki se montre particulièrement intéressante. Quatre tomes imposants et qui pourtant vont passer à une vitesse folle tant on est emporté par ce tournoi. Mais surtout, j’ai beaucoup apprécié à quel point l’auteur réussit à raconter quelque chose d’encore plus fort que simplement un enchaînement de combat. A travers ce déferlement de coups, il nous raconte à quel point ces individus se sont acharnés dans leur voie respective dans l’espoir d’atteindre le même but. Une multitude de chemins différents et qui pourtant amènent tous vers un objectif commun.
Baki franchit un nouveau cap
Comme j’ai pu l’indiquer en introduction, j’adore voir comment une série évolue au fil des tomes et encore plus quand elle souhaite s’inscrire dans le temps. En effet, c’est en multipliant les volumes que l’on peut constater si une licence va progressivement changer ou bien développer ses nombreux sujets pour donner encore plus d’impact à l’histoire. Avec Baki, c’est exactement le cas. J’ai déjà pu parler plusieurs fois de la série et surtout de la manière dont elle grandit au fur et à mesure de ses arcs narratifs. Avec cette suite de tomes, on est encore témoin de la capacité du mangaka à ne pas rester sur ses acquis. Bien sûr, le manga reste avant tout un gros divertissement où l’on assiste à des affrontements dantesques et d’une grande violence. Cependant, il faut aussi apprécier ce qui nous est transmis au travers de ce spectacle bestial. Le simple fait d’avoir abordé des thèmes aussi importants ici que le dopage, la peur de tout perdre ou même l’âge qui influence forcément les capacités physiques permet de donner encore plus de profondeur à cette histoire. Chaque combattant, à travers ses actions dans l’arène, nous écrit aussi sa propre légende tout en nous partageant son passé. C’est le cas pour Baki tout comme pour tous les autres. De plus, le fait d’aller encore plus en profondeur dans le traitement de cette quête de puissance amène aussi beaucoup d’émotions différentes chez le lecteur.
On admire certains de ces maîtres qui ne sortent jamais de la voie qu’ils ont choisie. La peur nous assaille aussi à l’égard de ceux qui se cramponnent tellement à cette envie d’être le plus fort qu’ils sont prêts à l’obtenir quitte à ce que cela soit de courte durée. Tout cela fait de Baki une œuvre qui joue aussi bien sur la forme que sur le fond de son récit. Oui, il est tout à fait possible d’apprécier cette épopée musclée pour ce qu’elle est au premier abord. Les affrontements nous captivent tandis que l’on est tenu en haleine en attendant de savoir qui sortira vainqueur. mais au-delà de tout ça, il y a surtout une histoire finalement très humaine qui se dégage de ces tomes. Des gens qui se lancent à corps perdu dans une quête personnelle aussi intense que dangereuse où chaque duel peut devenir le dernier. Une course constante pour rattraper un homme qui n’a plus rien d’humain et qui pourtant attire tous les regards. C’est en tout cas un très grand oui pour moi et surtout je suis fasciné à quel point cette saga a su maintenir ce qui fait son attrait principal tout en parvenant à cultiver les nombreux messages derrière ces épreuves de force. A présent, j’ai pas mal de questions qui me trottent dans la tête. Qui sortira grand vainqueur de ce tournoi ? Le gagnant aura-t-il une chance face à l’ogre qui attend sa future proie ? Que nous donneront les trois derniers combats de cette compétition ? Est-ce que Baki réussira à régler ses différends avec son père ?
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant cette partie de Baki. Trouvez-vous que le manga arrive toujours à garder de l’intérêt dans le développement de ce tournoi ? Avez-vous été happé par l’ensemble des combats qui ont eu lieu dans ces ouvrages ? Est-ce que vous trouvez que le titre réussit habilement à parler de cette recherche de puissance pour atteindre le sommet ? Est-ce que la série est parvenue à vous surprendre par rapport au résultat de certains duels et à ceux qui se hissent aux premières places de cette compétition ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.
© 1991 Itagaki Keisuke, Akita Shoten