Sleepy Princess T1 à 4 : le prix du sommeil
J’ai déjà pu aborder à de nombreuses reprises dans mes articles le cas des séries qui axent une grande partie de leur attrait sur l’humour. Un choix complexe au vu des nombreuses contraintes que cela implique et du fait de se renouveler constamment pour ne pas tomber dans une boucle pouvant ennuyer le lecteur. Un genre très difficile à mettre en place et encore plus quand le récit tourne autour d’une seule même idée. Et pourtant, cela peut donner des aventures assez folles et rafraîchissantes comme c’est le cas pour le titre que l’on va aborder aujourd’hui. Provenant tout droit du catalogue de Meian et faisant l’objet d’un abonnement, il s’agit de Sleepy Princess dont les quatre premiers volumes viennent de sortir. Ce manga est déjà connu du fait qu’il y a eu une adaptation anime disponible sur Crunchyroll et a donc attiré le regard à son annonce. N’ayant pas eu l’occasion de voir cette version, j’étais curieux de découvrir le matériau de base qui promettait de bons fous rires au vu de son pitch. Cependant, si l’aspect comique de ce récit fonctionne, c’est un autre élément qui a réellement su m’interpeller durant ma lecture. Préparez-vous pour aller à la rencontre d’une princesse qui aime bien aménager sa prison.
Un otage qui n’en fait qu’à sa tête
Sleepy Princess in the Demon Castle, imaginé par Kagiji Kumanomata, nous emmène dans un monde fictif où une catastrophe vient de se produire. Cela fait depuis fort longtemps que les humains cohabitent difficilement avec les démons sur ces terres. S’il y a déjà eu quelques échauffourées entre les deux camps, cela n’allait jamais trop loin. Mais c’est là que le Roi Démon décida de changer la donne afin d’asseoir son pouvoir. Pour cela, il décida de kidnapper Syalis, une princesse humaine qui se retrouve maintenant prisonnière de son château. Entourée par une horde de démons qui veille sur elle constamment, tout semble indiquer qu’elle ne peut rien faire dans sa situation si ce n’est attendre d’éventuels secours. C’est bien ce qu’espère son ravisseur qui souhaite se confronter au héros qui osera braver les nombreux obstacles qu’il a dressés sur sa route. Mais ce que le souverain démoniaque n’avait pas du tout envisagé, c’est que son otage puisse se moquer royalement de son sort. En réalité, tout ce qui compte pour Syalis n’est pas d’être parmi les siens, mais de pouvoir dormir le plus paisiblement du monde. Et si elle s’ennuie fortement au sein de sa cellule, cette demoiselle décide qu’il est de son devoir d’aménager au mieux l’endroit afin qu’elle puisse trouver rapidement le sommeil. Mais une telle quête s’annonce compliquée au vu de sa situation et aussi du peu de moyens dont elle dispose pour améliorer son confort.
Malgré ces obstacles, la ténacité surprenante de la princesse à dormir royalement pourrait bien lui donner la force nécessaire pour trouver des solutions. Après tout, si elle n’a pas son mobilier habituel, il lui suffit de fabriquer tout ça par elle-même. Et on peut dire qu’il y a beaucoup de travail au vu de l’état de la pièce. Entre un oreiller pas assez moelleux, un lit qui n’a rien d’apaisant ou même les nombreux courants d’air qui circulent au sein de sa nouvelle demeure, les épreuves s’enchaînent. La voilà prête à s’évader de sa geôle non pas dans le but de retrouver son foyer et sa famille, mais bel et bien de dénicher toutes les ressources nécessaires à la confection de son petit cocon. Le Roi Démon pensait avoir trouvé un plan imparable pour mettre à mal l’humanité, il n’imaginait pas un seul instant qu’il venait d’inviter chez lui une véritable tornade capable de tout ravager sur son chemin. Tous les démons s’apprêtent à faire connaissance avec l’obstination de cette jeune femme qui ne cèdera jamais tant qu’elle n’a pas obtenu ce qu’elle désire. Ainsi débute le quotidien mouvementé de cette armée infernale qui va faire pâle figure face à une princesse qui n’en fait qu’à sa tête et qui entre et sort de sa prison comme si c’était un moulin. Le calvaire ne fait que commencer, car si Syalis parvient à enchaîner les siestes réparatrices, c’est loin d’être le cas de ses gardiens qui vont sans cesse craindre de ce qu’elle est capable de faire. Voilà une pensionnaire qui s’apprête à laisser une empreinte indélébile dans l’esprit de ces démons.
Quand on s’attarde quelques instants sur le synopsis de Sleepy Princess, on comprend rapidement que l’on a devant nous un manga qui ne se prend pas au sérieux. Utilisant comme intrigue principale un schéma bien connu des années, l’auteur va réussir à transformer ça pour en faire une comédie hilarante et surtout qui témoigne de sa créativité florissante. Ce château du roi démon, au lieu d’inspirer la peur, va se transformer en un véritable terrain de jeu pour le mangaka et son héroïne qui vont n’avoir de cesse de tourmenter les habitants de ce lieu pour améliorer le sommeil de la princesse kidnappée.
Un runing gag à toutes les sauces
Alors oui, cela peut paraître fou, mais Sleepy Princess in the Demon Castle axe tout son récit autour de ce décalage entourant la princesse et son statut d’otage. Un parti-pris où l’on se demande rapidement si l’on ne va pas tomber dans de la redondance étant donné que ce souhait de bien dormir ne semble pas propice à une longue épopée. Et pourtant, l’auteur va nous montrer, à travers ce choix, toute la richesse de son imagination. En effet, cette simple idée de base va être l’occasion pour cet artiste de multiplier les scènes folles et absurdes tout en offrant une diversité inattendue à toute cette aventure. En se focalisant uniquement sur cette recherche du sommeil parfait, le manga va nous délivrer à chaque fois des chapitres dédiés à un élément en particulier. Cela peut être la recherche d’un oreiller bien moelleux, d’une fenêtre pour empêcher les courants d’air ou bien la fabrication d’une couverture réconfortante. Une multitude de petites activités qui vont se transformer en véritables aventures au vu de l’environnement proposé et du caractère imprévisible de cette princesse. Et c’est là que repose une grande partie de la force de cette œuvre. Le mangaka a parfaitement su parler de choses concrètes autour du sommeil pouvant parler à n’importe qui tout en y incorporant une dose de fantasy. Ainsi, ce qui peut nous sembler en apparence banal se transforme ici en quelque chose de fantastique où pour obtenir ce qu’elle désire, Syalis va se confronter à des voiles fantômes, dompter des démonounours et faire vivre un enfer aux autres habitants du château.
De ce fait, cela va créer la surprise pour le lecteur qui se demande à chaque fois comment elle va réussir à atteindre l’objectif qu’elle s’est fixé durant ce chapitre. De même, il est très ingénieux de s’être joué du stéréotype de la princesse en détresse pour créer une héroïne qui tourmente ses kidnappeurs sans chercher à s’enfuir absolument. Cela amène une atmosphère très légère à l’ensemble de ces volumes où, au départ, on va bien rire en la voyant s’échapper dans l’unique but de récolter quelques éléments nécessaires à son confort. Si cette formule provoque l’hilarité dans un premier temps, notamment au vu des réactions disproportionnées des démons et de l’attitude de cette jeune fille, un autre sentiment va rapidement s’installer. Les rires, qui sont toujours présents, vont aussi laisser la place à un chaleureux sourire. En fait, ce cirque constant que l’on revit constamment, au même titre que les démons, va finir par se transformer en une routine agréable. C’est Syalis qui est à l’origine de tous les problèmes qui assaillent le château et est donc la source principale d’amusement et d’animation. Même ses geôliers finissent par s’habituer à ça et à même apprécier cette présence qui rend chaque jour unique. Elle bouscule les codes et va, sans le vouloir, se jouer des nombreux stéréotypes du récit de fantasy pour juste apprécier sa nuit de sommeil. Une lecture qui parvient donc autant à nous divertir par l’avalanche de situations désopilantes que l’on va vivre qu’à nous proposer un voyage réconfortant où le plaisir est immédiat.
Se plonger dans Sleepy Princess, c’est avant tout découvrir une aventure qui n’a pour unique but que de nous amuser au travers des nombreuses péripéties de cette héroïne. Jouant admirablement bien avec les codes de la fantasy et même du jeu vidéo, ce titre parvient à transformer une idée initiale simple en une source inépuisable de gags et situations désopilantes. On finit même par avoir de l’empathie pour ces démons qui se retrouvent souvent à être les victimes des caprices de cette demoiselle. Une parodie efficace du récit de la princesse en détresse !
Sleepy Princess nous berce
Comme je l’ai dit en introduction, je n’ai pas eu l’occasion de me pencher sur l’anime avant que le manga n’arrive. J’étais donc à la fois curieux et sceptique concernant la capacité de cette histoire à réussir à maintenir son intérêt en se focalisant uniquement sur un élément précis. Et pourtant, je suis content de voir que cette découverte a su me donner tort alors que cela aurait pu facilement être possible. Justement, l’auteur ne tombe jamais dans la facilité et parvient à garder la même formule tout en donnant toujours ce sentiment de vivre une autre petite péripétie. Il ne faut pas voir Sleepy Princess in the Demon Castle comme une grande épopée où il va se passer des événements grandiloquents. Nous sommes juste face à une comédie qui maîtrise son sujet et qui surtout nous montre à quel point l’imaginaire peut donner lieu à bien des situations uniques et drôles même en visant un point aussi précis que le fait de chercher le sommeil. En plus de ça, j’ai adoré à quel point l’artiste réussit à se jouer des codes habituels de ce type de récit pour toujours trouver le petit détail qui va provoquer le rire. En plus de ça, son trait colle parfaitement à l’ambiance globale de la série et va même contribuer à enrichir cette atmosphère douce, chaleureuse, et même conviviale. En effet, on a beau être en contact avec de prétendus terrifiants démons, les péripéties de cette princesse viennent désamorcer leur dangerosité pour en faire des personnages loufoques et plus ancrés dans le rôle de victime que de bourreau.
D’ailleurs, il faut aussi souligner à quel point l’imagination du mangaka ne se limite pas uniquement aux objectifs farfelus de son héroïne. Il nous délivre aussi un impressionnant bestiaire collant avec l’aspect coloré de ce récit. Une virée qui arrive à avoir cette faculté à nous faire oublier ce qui nous entoure et à avoir juste envie de passer un bon moment en compagnie de Syalis. Une héroïne qui en fait voir de toutes les couleurs aux autres personnages et qui pourtant arrive toujours à conserver un fort capital sympathie de par toute cette animation qu’elle apporte au sein de ce lieu. Dans un sens, c’est presque toujours réconfortant de la voir se démener autant pour finalement atteindre le même objectif qui est de dormir paisiblement. Une ode à la quiétude de cet instant où l’on ferme les yeux et où l’on se laisse embarquer au pays des songes. Si vous désirez une lecture pas prise de tête et qui saura vous faire rire alors Sleepy Princess est sûrement fait pour vous. En tout cas, je ressors de cette lecture satisfait, mais aussi avec quelques questions à l’esprit. Est-ce que les prochains tomes nous réserveront d’autres surprises venant bouleverser ce quotidien ? La princesse finira-t-elle par regagner son royaume ? Décidera-t-elle de loger à jamais dans sa nouvelle demeure ? Quelles autres transformations va-t-elle appliquer à sa chambre ? Quels nouveaux démons va-t-elle tourmenter ? Tant d’interrogations qui me donnent envie de connaître la suite de cette histoire.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces premiers volumes de Sleepy Princess. Trouvez-vous que l’idée de base est bien amenée et que l’auteur parvient à renouveler régulièrement ses gags ? Avez-vous finalement de la sympathie pour cette princesse qui n’en fait qu’à sa tête et met le bazar dans ce château démoniaque ? Est-ce que vous appréciez le fait qu’il puisse y avoir autant de situations différentes et extravagantes autour de cette envie de dormir ? Le manga fait-il, selon vous, preuve d’une grande créativité à ce sujet ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.